Versailles | Une victime accuse de viols collectifs une vingtaine de pompiers
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 20/12/2018
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Une jeune femme victime de viols collectifs par une vingtaine de pompiers s’est indignée face à la décision de la justice qui requalifie ces agressions en atteinte sexuelle.
En 2010, Julie avait porté plainte contre des agents pompiers pour des viols qu’elle avait subis quand elle avait 13 et 15 ans. Huit ans après, elle a appris que le parquet de Versailles avait demandé en septembre une requalification des actes de viols en atteinte sexuelle.
Le magistrat a énoncé un défaut de consentement qui apparaît insuffisamment caractérisé.
Face à cette décision, aujourd’hui âgée de 23 ans, Julie s’est particulièrement indignée.
« A cet âge-là, on ne peut en aucun cas donner son consentement pour des rapports sexuels avec 20 personnes qui passent à la suite », a-t-elle souligné.
Dans ce contexte alors, les trois pompiers accusés sont inculpés pour un délit passible de sept ans de prison au lieu de vingt ans prévus pour viol aggravé.
La jeune femme a raconté les actes qui ont « détruit » sa vie, selon ses dires.
Quand elle avait 13 ans, elle a eu une crise de spasmophilie et a été secouru par P, un pompier parmi les secouristes.
Ce dernier l’a recontactée grâce au numéro inscrit sur la fiche d’intervention et pour elle, ils étaient devenus amis.
C’était à partir de ce moment que tout a commencé.
P. a profité de l’absence de la mère de Julie pour la violer.
« Il m’a posée sur le lit, s’est assis à califourchon sur moi et m’a violée, ma vie a été devenue un enfer à partir de cet instant », a-t-elle raconté.
Les faits ne s’arrêtent pas là ; des viols collectifs ont été commis plusieurs fois à plusieurs endroits même dans les toilettes de l’hôpital pédopsychiatrique où elle a été admise.
Les pompiers voyaient en elle un objet sexuel, une fille facile.
Pourtant, les soldats du feu savaient bien son âge et sa maladie.
« Non, je n’étais pas consentante », a-t-elle réitéré.
A l’époque, en effet, Julie n’avait pas été dans son état normal, elle avait besoin d’antidépresseurs, de neuroleptiques et d’anxiolytiques.
Alors, la jeune fille n’était pas capable de riposter et les agresseurs ont en profité.
« J’attendais seulement qu’ils terminent », a-t-elle déploré.
Tous ces actes d’agressions sexuelles ont eu de très mauvaises répercussions sur la vie de Julie.
Elle a déjà tenté de se suicider plusieurs fois.
Entre 2008 et 2010, 130 interventions des pompiers ont été nécessaires à cause de ses crises d’angoisse et de spasmophilie.
« J’ai subi trop d’agressions, et je ne m’en remettrai jamais », a-t-elle évoqué.
Alors 2010, elle a porté plainte contre les pompiers.
Ils étaient une vingtaine âgés de 20 à 35 ans.
La majorité a reconnu avoir eu des rapports sexuels avec l’adolescente mais en affirmant tous qu’elle était demandeuse.
« Je voudrais seulement que la justice fasse son travail », a déclaré la victime.
De leur côté, les nouveaux avocats de Julie ont affirmé que ces soldats du feu sont des prédateurs chassant en meute.
« Leurs actes doivent être jugés en cour d’assises », ont-ils précisé même si cela ne changera rien dans la vie de leur cliente déjà handicapée à 80%.
Source : L’Info
Actualisation du 01/03/20
“Cette affaire est à la fois un drame humain, ce qu’a vécu Julie, et c’est surtout un fiasco et un déni judiciaire”, a réagi mercredi 10 février sur franceinfo Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise et ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. 21
“On attend de la Cour de cassation qu’elle corrige ce déni de justice”, lance la sénatrice Laurence Rossignol
L’ancienne ministre espère la Cour de cassation fera justice à la souffrance de cette famille et se félicite du message “clair” adressé à la société par le gouvernement : “on ne touche pas à un enfant de moins de 15 ans”.
Elle est revenue sur l’affaire de violences sexuelles examinée en ce moment par la Cour de cassation et qui oppose cette jeune femme, Julie, à 20 pompiers de Paris, qu’elle accuse de l’avoir violée quand elle avait entre 13 et 15 ans.
Jusqu’alors, la justice a toujours requalifié les faits en “atteinte sexuelle”, évoquant le consentement de la jeune fille, adolescente au moment des faits.
“On voit très clairement quand on observe les décisions de justice rendues jusqu’à présent, qu’il y a une complaisance à l’égard des auteurs, probablement parce que ce sont des pompiers et que l’État et la République leur est redevable de beaucoup d’interventions”, a précisé l’ancienne ministre. “Mais en l’espèce, ils ont abusé d’une jeune fille fragile qu’ils emmenaient en intervention dont ils connaissaient l’âge, dont il connaissait la vulnérabilité”, dénonce Laurence Rossignol.
“Effectivement, dans le cadre de la loi actuelle, il faut prouver que Julie n’était pas consentante, or si le droit actuel était celui de demain, il n’y aurait pas à prouver ceci.”
Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise et ancienne ministreà franceinfo
Le gouvernement s’est dit “favorable” mardi à ce que tout acte de pénétration sexuelle commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans soit désormais automatiquement considéré comme un crime, sans qu’il soit possible d’interroger le consentement de la victime.
“Un viol à fragmentation”
“On attend donc de la Cour de cassation qu’elle corrige ce déni de justice infligé à cette famille qui ne vit que pour ça depuis des années. C’est un viol à fragmentation, affirme la sénatrice. C’est une affaire terrible et on espère que la Cour de cassation sera digne de cette famille, de leur souffrance et de la justice française”.
Comme le précise Laurence Rossignol, “les lois pénales ne sont jamais rétroactives” mais elle salue la décision du gouvernement.
“Le message qui est adressé à la société est clair : on ne touche pas à un enfant de moins de 15 ans. Un adulte n’a pas le droit. Les relations sexuelles entre un adulte et un enfant de moins de 15 ans c’est interdit”, poursuit-elle. “Et, pour reprendre une phrase de Camille Kouchner, si l’enfant ne dit pas non, c’est à l’adulte de dire non”, a conclu la sénatrice.
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