Var | La famille de la fillette abusée à l’école de La Garde sort du silence
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 04/11/2016
- 00:00
Rarement, enfant et parents ont vécu la rentrée avec une telle pression. Zoé (1), petite fille de neuf ans, est scolarisée à La Garde. Mais contrairement aux enfants de son âge, c’est avec un poids tout particulier qu’elle est retournée en classe.
En avril de l’année dernière, Zoé a été victime d’attouchements à caractère sexuel de la part d’autres élèves de l’école. Selon un même rituel, dans les toilettes des filles, sous le préau.
Six mois plus tard, Zoé est toujours suivie par un psychologue et le sera probablement longtemps. Malgré des améliorations, ses parents la voient toujours en souffrance. Et le retour en classe a ravivé son mal-être.
Comportement devenu étrange
Si les faits ont été révélés début mai, et s’ils ont heureusement immédiatement cessé à partir de cette date, les séquelles sont là.
Aujourd’hui, les parents de Zoé rompent le silence et veulent raconter cette histoire. Leur histoire.
Celle de leur fille d’abord, qui a commencé à se comporter de manière étrange. Comme si elle se détraquait. Puis, ils ont découvert l’impensable.
Les parents de Zoé ont agi du mieux qu’ils ont pu eux aussi sont bouleversés. Mais ils n’ont pas toujours trouvé l’écoute qu’ils espéraient. S’ils louent la réaction de l’Éducation nationale et des enseignants qui ont agi promptement, ils gardent grief vis-à-vis de la mairie de La Garde, qui n’aurait pas, selon eux, pris la mesure de la gravité des faits.
L’inscrire ailleurs ?
La mairie argue en réponse qu’elle a réagi de façon proportionnée, au regard des informations dont elle disposait. La difficulté étant de protéger un enfant, tout de suite, alors qu’une enquête s’ouvrait à peine. Celle-ci est toujours en cours.
La mairie explique aussi avoir proposé, dans un souci d’apaisement, que l’écolière puisse “changer d’établissement en dépit de la carte scolaire”.
La proposition a heurté la famille pour qui il était inacceptable que la victime soit en quelque sorte punie, en changeant d’école, tandis que ses agresseurs présumés y seraient restés.
Côté Éducation nationale, on estime que “faire partir la petite agressée n’était pas envisageable”.
À moins bien sûr que l’enfant et sa famille ne le demandent expressément.
Un autre volet interroge. Étant âgés de 11 ans, les agresseurs de Zoé, trois élèves (qui ne sont pas tous impliqués au même niveau) ne sont pas pénalement responsables. Vu leur très jeune âge, il est peu probable qu’un procès ait lieu. Comment faire en sorte que la réponse judiciaire soit efficace, non seulement pour la victime, mais aussi pour les auteurs ?
1. Pour protéger l’anonymat de l’enfant, tous les prénoms ont été modifiés.
“Notre fille n’avait pas menti”
C’est souvent par une chute brutale des résultats scolaires qu’émergent les premiers indices de la souffrance d’un enfant. La jeune Zoé (1), alors en classe de CE2, inquiète sa maîtresse, à cause d’un plongeon anormal dans sa scolarité. Nous sommes après les vacances de Pâques, au mois d’avril.
L’enseignante est la première à alerter les parents sur une difficulté, dont tous ignorent la nature.
Mais ce signalement n’a pas résonné dans le vide. À la maison, Zoé ne se comporte pas comme d’ordinaire.
“Nous la voyions prendre tout ce qu’il y avait dans sa chambre – jouets et vêtements –, les mettre en tas au milieu de la pièce. Puis, elle les rangeait. Tous les jours.”
Vanessa garde une émotion très forte quand elle se remémore ces moments. Sa fille “présentait clairement des troubles du comportement”.
Au robinet des toilettes
Impossible d’obtenir de Zoé qu’elle s’en explique. Le soir, au coucher, “elle se couvrait entièrement, malgré la chaleur. Portait des pyjamas d’hiver et se couvrait le cou”.
Le malaise grandit pendant quelques semaines. Jusqu’au 7 mai. La grande sœur de Zoé, d’une dizaine d’années son aînée, réussit enfin à la mettre en confiance.
“Nous avons alors appris que Zoé était harcelée. Depuis Pâques. Trois élèves de CM2 lui mettaient la tête sous l’eau au robinet des toilettes. Ou, lui accrochait sa tresse autour du robinet.
Et ils lui donnaient des coups de pieds dans les jambes.”
“Les garçons n’ont pas nié”
Cette première information ne sera que le début de la révélation. “Ensuite, on a su que les garçons lui avaient soulevé le tee-shirt pour lui toucher la poitrine”, expliquent les parents, Vanessa et Daniel.
Un entretien est aussitôt demandé à la maîtresse et aux parents des enfants concernés.
“Les garçons n’ont pas nié.”
Préventivement, ces trois élèves, âgés de 11 ans, ont été sortis de toutes les récréations, pour ne pas être en contact avec Zoé – “avec l’accord de leurs parents”.
Pourtant, Zoé n’allait pas mieux. “Elle était tout le temps couchée, sous sa couette.” Ses parents réussissent à engager le dialogue.
« C’est là qu’elle a énoncé des attouchements sexuels. L’un faisait le guet. Les deux autres la coinçaient dans les toilettes. »
Ils lui ont baissé son jogging et sa culotte. Ils lui ont touché ses parties intimes que la fillette désigne ainsi : “On m’a touché ma petite boule.”
Les faits se seraient produits à plusieurs reprises, sur une durée de trois semaines.
“Notre fille ne se laisse pas faire, elle a tenté de se défendre, explique Daniel. On a su par la suite qu’elle s’était interposée entre eux et une petite fille. On pense que c’est pour ça qu’elle a été prise pour cible.”
Le service des mineurs de la police nationale à Toulon a été saisi. _Un pédopsychiatre a mené des expertises auprès de tous les protagonistes. Une enquête judiciaire a été ouverte pour “agression sexuelle et viol” par le parquet pour mineurs de Toulon.
Des pyjamas chauds tout l’été
La mère de Zoé s’est arrêtée de travailler pendant trois semaines. C’était un cataclysme pour la famille. “Il a été important de dire à ma fille qu’elle ne passait pas pour une menteuse.
” La petite fille a avoué à ses parents qu’elle “avait eu peur de leur faire de la peine”.
Zoé a porté des pyjamas chauds tout l’été avec «un tissu autour du cou» pour dormir.
Début septembre, le retour à l’école a été difficile. Ses parents restent très inquiets. Leur fille leur a fait une confidence.
“Je ne veux pas d’enfants, pour pas qu’ils aient de problèmes à l’école.”
1. Les prénoms ont été modifiés
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