Tréguier | Agressions sexuelles sur des patientes : un médecin condamné à seulement 1 an de prison ferme

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Il « malaxait », « tripotait » et « en profitait »
Un médecin de Tréguier (Côtes-d’Armor) a comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, le 4 avril, pour des agressions sexuelles sur huit de ses patientes. Le tribunal a rendu son jugement ce jeudi 13 juin : le généraliste écope de quatre ans de prison, dont un ferme. Et d’une interdicti

Actualisation du 15 Juin 2022:

La cour d’appel de Rennes a confirmé vendredi 10 juin la culpabilité d’un ancien médecin généraliste et conseiller municipal d’opposition de Tréguier qui avait été condamné à un an de prison ferme et trois autres avec sursis en juin 2019 pour des agressions sexuelles commises sur huit jeunes patientes.

Patrick Fournis – âgé de 70 ans et qui est désormais à la retraite ne s’est toutefois pas vu infliger de prison ferme : les cinq ans d’emprisonnement prononcés sont intégralement avec sursis. Il demeure par ailleurs interdit d’exercer.

La peine demeure toutefois supérieure aux réquisitions de l’avocate générale, qui avait demandé quatre ans de prison avec sursis.

L’affaire avait démarré en janvier 2014 avec la plainte déposée par une jeune femme pour des faits datant de 2013 : J. XXX, 17 ans, interne au lycée Joseph-Savina de Tréguier, s’était rendue chez le médecin généraliste pour traiter un ganglion.

La demande de retrait du soutien-gorge et la palpation mammaire ne l’avaient pas surprise.

Mais la seconde fois, venue parce qu’elle « mouchait vert », elle n’avait pas compris pourquoi le médecin lui avait redemandé de retirer son sous-vêtement.

Palpant ses seins, il avait supposé qu’elle « devait aussi avoir mal au ventre », ce à quoi la jeune femme lui avait répondu « non ». « Il lui avait quand mis la main dans la culotte », avait alors relaté l’adolescente.

Il « malaxait », « tripotait » et « en profitait »

Lui lançant un « regard méchant », le médecin avait expliqué qu’il devait vérifier, là aussi, « au-dessus des lèvres ». Puis il lui avait « repalpé les seins ».

Venue pour un problème ORL, la jeune femme lui avait fait remarquer qu’il « n’avait examiné ni son nez, ni ses oreilles »… La psychologue qu’elle avait consulté par la suite avait décelé chez elle un « choc émotionnel ».

Après cette première plainte et la médiatisation de l’affaire, d’autres victimes s’étaient alors manifestées aux autorités et avaient livré des témoignages similaires : toujours en prétextant avoir senti un ganglion, le médecin leur demandait d’enlever leur haut et, sans prévenir, procédait à une palpation mammaire.

Le médecin généraliste « malaxait », « tripotait » et dans tous les cas « en profitait » :

 « il prenait les seins à pleines mains » sans rien dire, en regardant dans les yeux, avec une proximité qui déconcertait ses patientes.

Pas de complot politique

Inquiètes par la prétendue existence d’un ganglion, certaines avaient consulté par la suite un spécialiste, qui ne confirmait pas la présence de la moindre grosseur.

A l’inverse, une autre femme avait dit que, malgré ses antécédents de cancer de sein, elle n’avait jamais reçu de palpation mammaire de la part de ce médecin réputé pour « avoir des mains baladeuses ».

Parmi 165 patientes interrogées lors de l’enquête, celles qui avaient manifesté avoir été victimes d’attouchements avaient ainsi en commun de venir du lycée Joseph-Savina de Tréguier : Patrick Fournis était le médecin de l’établissement.

D’autres jeunes patientes venaient le consulter ponctuellement parce qu’il assurait les visites médicales du travail.

L’avocate générale avait aussitôt écarté l’argument d’un complot politique pour nuire à cet homme qui « démarrait une nouvelle campagne électorale » au sein de la commune qui avait déjà élu son père, Armand, médecin comme lui, en tant que maire.

Des victimes « plus vulnérables »

Elle avait même supposé qu’il ne s’agissait pas d’un « hasard » s’il n’y avait pas de victimes parmi sa fidèle patientèle.

« Ici, les victimes sont soit mineures, soit jeunes adultes »,

avait-elle fait remarquer.

« Elles sont plus vulnérables : les familles ne sont pas forcément sur place, c’est moins gênant que sur une cliente habituelle qu’il espère fidéliser »,

avait-elle explicité.

De plus « il y a une relation inégale » et une « forme de stratégie mise en œuvre pour surprendre la victime sans lui donner d’explication », avait-elle poursuivi.

 

Pas d’excuses

A la barre, le médecin avait dit qu’il y avait « deux menteuses » parmi les plaignantes : l’une aurait affirmé aux enquêteurs l’avoir vu « une fois par hasard », alors qu’il la suivait en réalité pour sa grossesse, tandis que l’autre, C. XXX, personnel de l’Education nationale, aurait dit qu’il lui « avait fait des choses horribles » il y a dix-huit ans.

« Mais elle m’a envoyé des centaines d’élèves pendant tout ce temps ! »,

avait-il fait remarquer, y voyant une forme de contradiction.

« Je suis un vieux médecin maladroit mais je ne suis pas un agresseur », avait conclu le docteur Fournis sans toutefois s’excuser.

 

Article du 14 Juin 2019

Un médecin généraliste exerçant à Tréguier (Côtes-d’Armor) a été condamné à quatre ans de prison, dont un an ferme et trois ans avec suris, pour des faits d’agression sexuelle sur huit de ses patientes, commis entre 2008 et 2013. Il écope également d’une interdiction définitive d’exercer et d’une amende de 10 000 €. Le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc a rendu son jugement, ce jeudi 13 juin 2019, deux mois après une audience éprouvante de plus de dix heures. Trois patientes victimes devront également être indemnisées à hauteur de 2 000 € et 4 000 €.

Première plainte en 2014

L’affaire a éclaté en 2014, avec la plainte d’une jeune fille de 17 ans, interne au lycée Joseph-Savina de Tréguier. Elle avait consulté le médecin attaché à l’établissement scolaire pour une sinusite. Celui-ci lui avait fait une palpation mammaire et lui avait touché le pubis.

Cette plainte fait boule de neige. D’autres patientes de ce médecin généraliste et conseiller municipal de Tréguier s’étaient déclarées à leur tour auprès de la gendarmerie, pour des actes qui les avaient gênées ou choquées. Huit se sont portées parties civiles. « Je me suis sentie salie », a dit une jeune femme, devant le tribunal.

Retraité mais exerçant à temps partiel

Aujourd’hui retraité mais exerçant à temps partiel dans un cabinet de Tréguier, le médecin nie toute agression sexuelle. Ces gestes, avait-il soutenu aux juges en avril, il les a faits pour des raisons thérapeutiques précises. Catherine Glon, son avocate, avait contré « la théorie qui a prévalu à l’instruction selon laquelle mon client s’en prenait aux patientes jolies, jeunes et de passage ». Elle réfute la contrainte et la surprise. « Quand on vient dans un cabinet médical, c’est pour se faire examiner. Il n’y a rien de surprenant à devoir se déshabiller. » Selon elle, c’est parole contre parole. « Que ce que disent ses patientes soit possible, vraisemblable, ne fait pas preuve. »

Pour la procureure, l’« intention sexuelle » ne faisait aucun doute. Lors de l’audience, elle avait requis trois ans de prison dont un ferme et une interdiction d’exercer. À l’issue de cette condamnation, le médecin est également inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

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