Toulon | L’ex-curé pédo saisi par de nouvelles plaintes

En Octobre 2025, une des victimes s’exprime :

“Ado, je ne voulais pas que ma famille l’apprenne, je voulais les préserver. J’acceptais ce qui m’arrivait, tant que ça n’arrivait pas à d’autres ».

Celui qui s’exprimait ainsi au diocèse de Fréjus-Toulon, lors d’une journée de soutien aux victimes varoises de violences sexuelles au sein de l’Église, est l’une des victimes de l’ancien curé de la Farlède. Il n’a pas été le seul.

Vingt ans après, une Varoise vient de déposer une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Toulon. Selon une source, des documents font mention d’une alerte mais ces courriers demeurent aujourd’hui introuvables.

Il est aujourd’hui difficile d’avoir une connaissance précise de la manière dont ce dossier a été suivi à l’époque, compte tenu du contexte, de l’évolution des pratiques et du renouvellement des personnes en responsabilité.

Est-ce que les alertes sont répertoriées dans les archives du diocèse ? Est-ce que l’évêque démissionnaire Dominique Rey pouvait être interpellé par les agissements de cet individu ?

« Les éléments d’archives actuellement disponibles au Diocèse ne permettent pas d’apporter une réponse définitive. Des documents font en effet mention de courriers d’alerte reçus dès 2001; toutefois, ces courriers eux-mêmes n’ont pas été retrouvés dans les fonds d’archives aujourd’hui conservés », constate-t-on au niveau des services que nous avons interrogé.

Des courriers semblent avoir été retirés des dossiers. Autant de morceaux de puzzles qui peuvent remonter à la surface pour reconstituer une histoire bien plus lourde qu’il ne semble.

Jean-Michel Le Gac, désormais âgé de 71 ans, qui n’exerce plus de fonctions dans l’Eglise catholique, a laissé de nombreux traumatismes derrière lui.

Originaire de Brest, né dans une famille de six enfants, fils d’un médecin de marine devenu généraliste, il suit durant deux ans des études de médecine avant de s’engager dans la Marine, activité qu’il abandonne pour rejoindre le séminaire d’Avignon.

Il est décrit comme lunatique, versatile, colérique sur le plan personnel. Les relations ne sont pas au beau fixe avec deux de ses soeurs.

Immature avec des aménagements pervers

Devant l’expert psychiatre qui l’a reçu dans le cadre de l’affaire d’agressions sexuelles où il a été condamné à six ans de prison, il se pose en victime.

Il est dépeint comme immature avec des aspects narcissiques et des aménagements pervers. Le psychologue préconisait un suivi socio-judiciaire indispensable pour écarter toute dangerosité.

Ordonné en 1985 à Toulon par l’évêque Madec, il est nommé vicaire de Carqueiranne jusqu’en 1986, puis il reste deux mois à Draguignan. De 1988 à 1989, il est vicaire à St Joseph du Pont-du-Las, avant de rejoindre Sanary de 1989 à 1991 puis La Farlède de 1991 à 1993 comme paroisse de rattachement tout en étant envoyé à Rome pour une thèse.

En 1994, il est nommé curé de La Farlède jusqu’à l’été 2002 où il part aux Foyers de Charité de Châteauneuf-de-Galaure pour intervenir comme aumônier au collège de Saint-Bonnet de Galaure, établissement avec internat pour garçons.

Il est renvoyé en juin 2003 à la suite de plaintes pour des agressions sexuelles.

Inscrit au fichier des délinquants sexuels

Il sera condamné en 2006 à six années de prison ferme, à une interdiction d’exercer auprès de mineurs et à une inscription au fichier des délinquants sexuels.

Le Vatican a prononcé en 2010 son retour à la vie laïque.

Depuis, l’homme s’est fondu dans le paysage. Il est retourné à sa condition de civil. Il a pu solliciter l’effacement du fichier des délinquants sexuels. S’il est visé par une plainte avec constitution de partie civile, il n’en demeure pas moins présumé innocent.

« Qu’est-ce que j’attends de cette procédure ? D’être confrontée à celui qui restait enfermé pendant une heure, chaque semaine avec moi, dans le presbytère. En tête à tête. Et les détails, je m’en souviens bien. Ce sont mes cauchemars », commente Lise.