Thizy-les-Bourgs | Cinq ans ferme pour avoir agressé sexuellement ses deux jeunes voisines en 2014

Mercredi 14 décembre, un homme âgé de 52 ans a été jugé par le tribunal de Villefranche-sur-Saône pour agression sexuelle sur deux fillettes, en 2014, à Thizy-les-Bourgs.

« J’avais prévenu le père, je lui avais fait lire ma condamnation. » © photo illustration christian verdet

Les deux petites filles, alors âgées de 5 et 6 ans et aujourd’hui placées, trouvaient régulièrement refuge chez leur voisin du dessous. Leur mère était gravement malade et leur père rencontrait des problèmes d’alcool. Quand ils n’étaient pas en mesure de s’occuper d’elles et de leur petite sœur, l’une allait « chercher parrain », qui n’est autre que l’accusé, quand celui-ci ne montait pas chez cette famille en difficulté pour « leur rendre service ». « Elles savaient que, chez lui, c’était moins pire que chez elles. Elles choisissaient entre la peste et le choléra », lance l’avocate de la partie civile.

Alors, le parrain prenait parfois en charge les deux petites, dans son logement. La présidente, Aurore Jullien-Vernotte, reprend les faits : « Vous mettiez le matelas par terre, dans le salon ». C’est là que l’homme les agressait sexuellement, là qu’il dormait avec elles. « Je ne pouvais pas dormir dans le lit avec ma femme, car le matelas se cassait. Je devais dormir dans le salon, sur le matelas posé au sol. »

« Les fillettes choisissaient entre la peste et le choléra »À la barre, l’accusé s’est défendu. « Je suis allé trop loin. Mais je suis formel, je ne les ai jamais touchées. » Il dit avoir pu effleurer les fillettes « par malchance » ou bien « en dormant ». Il contredit l’enquête, et même ses propres dires, lors de ses auditions. Notamment concernant les sous-vêtements des petites filles, qu’il qualifie de « trop larges », alors qu’ils étaient « trop serrés » selon ce qu’il avait indiqué au juge d’instruction.

Pourtant, l’accusé avait été condamné en 2013 pour des faits identiques. Il avait reçu l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs. L’homme avait rencontré le père des filles en détention. Tous deux avaient un projet d’entreprise, à leur sortie de prison. C’est aussi à leur libération qu’il devient le parrain d’une des fillettes.

Quand la présidente a reproché à l’accusé d’avoir « ignoré l’interdiction », celui-ci a répondu que, maintenant, il s’en « rendait compte ». « J’avais prévenu le père, je lui avais fait lire ma condamnation. »

Si l’accusé a nié les faits racontés par les deux enfants, l’expert psychiatre n’a noté, chez elles, aucun trouble, aucune pathologie qui pourraient engendrer des propos mensongers. « Leur témoignage n’a jamais varié d’une virgule, alors que vous ne racontez jamais deux fois la même chose », ajoute l’avocate de la partie civile. Concernant les fillettes, Marie-Paule Colombel, représentante de l’association Enfance et Partage, a précisé que, aujourd’hui, les filles « ne vont pas bien ». Elle a évoqué des cauchemars, des troubles alimentaires et une grande culpabilité chez la filleule de l’accusé. « Elle pense que tout est sa faute car c’est elle qui allait le chercher. »

Un comportement narcissiqueL’accusé ne peut expliquer les propos des petites. L’expertise psychiatrique a relevé « un comportement narcissique compatible avec les faits qui lui sont reprochés ». L’homme a persisté à dire qu’il voulait « rendre service » en habillant les enfants, en les couchant, en les aidant à prendre leur douche. « À 7 heures, si je me rendais compte qu’ils étaient en retard, je montais pour les aider. J’aime rendre service, je ne sais pas dire non. »

Mais la présidente a noté que les parents des enfants « n’ont jamais demandé d’aide ». « Vous profitiez de leurs difficultés car cette famille était dépendante de vous : ils n’avaient pas de permis, pas de voiture. Pourquoi n’avez-vous alerté personne face à la situation de ces fillettes ? » « Mes enfants ont été placés. Je ne voulais pas qu’il leur arrive la même chose », a répondu l’accusé.

Le tribunal l’a condamné à 5 ans de prison. Une peine supérieure à celle requise par la procureure, qui était de 4 ans. Un suivi sociojudiciaire lui est ordonné pendant dix ans, avec deux ans d’emprisonnement en cas de non-respect. Inscrit au Fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, il lui est, en outre, interdit d’entrer en contact avec les victimes et avec des mineurs. Chaque victime sera indemnisée à hauteur de 5.000 €.

Maïté Barbier

 

Source: http://www.le-pays.fr

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