Témoignage | Une jeune mère de famille reviens sur une enfance de violences et d’inceste

Delphine*, 32 ans, a été victime d’inceste très jeune. Un passé douloureux sur lequel elle revient pour rappeler aux petites victimes qu’il est nécessaire de parler.

La jeune mère de famille a vécu une enfance particulièrement insoutenable. « Je n’ai pas eu de vie de petite fille, ni de vie d’ado ». Comme de nombreux Français, 4 millions selon un sondage Harris pour l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste (AIVI) datant d’octobre 2015, Delphine a été victime d’inceste.

Des coups…

« Notre père était alcoolique et nous battait avec un martinet, un ceinturon avec ou sans la boucle selon son humeur mais également avec les poings.

Nous avons régulièrement été balancés contre les murs ou les portes », se remémore Delphine, habitante du Pays de L’Aigle.

La jeune femme a été témoin de nombreuses disputes entre ses parents.

« Notre père nous rabaissait, nous insultait.

Il disait que nous étions une famille de merde.

Un jour, il s’en est pris à notre chien, un caniche.

Nous nous sommes retrouvés en réunion de famille dans le garage.

Notre père avait un couteau dans la main et menaçait Snoopy.

Il l’a finalement balancé violemment ».

Une enfance difficile et un contexte particulièrement violent où le père de famille parlait ouvertement de sexe même à ses enfants en bas âge et ne se cachait pas lors de ses ébats…

Le père de Delphine a également passé une nuit en garde à vue.

« Il a été soupçonné d’attouchements sur une amie de ma sœur ».

…des attouchements

« Une nuit, mes deux grands frères, alors âgés de 8 et 11 ans, sont venus dans ma chambre et m’ont demandé si je voulais faire han-han », se souvient difficilement Delphine.

Masturbation, films pornographiques…

« Rapidement cela s’est transformé.

C’était plus que des attouchements.

Ils me demandaient aussi de faire certaines choses ».

« J’avais 4 ans »

« J’ai eu une paire de patins à roulettes pour mes 4 ans », raconte la jeune femme.

« Je me souviens que tout à commencer peu de temps après mon anniversaire ».

Les deux aînés s’introduisaient en cachette dans la chambre de la jeune fille « mais pas tous les soirs ».

« Un soir, ils m’attendaient derrière la porte des toilettes.

Je n’avais pas envie, j’ai crié « Non, je ne veux pas faire han-han ».

Ma mère nous a surpris.

J’avais 8 ans ».

Le lendemain, les deux frères ont été punis et les relations non consenties ont cessé.

Des gestes destructeurs

« Je me suis laissée faire, je suis dégoûtante, je m’en veux ».

De nombreuses victimes d’inceste se sentent coupables.

Aujourd’hui, l’Aiglonne prend la parole pour aider à libérer celle des autres.

« Ils m’ont détruite ».

« Il y a huit ans, à la naissance de l’enfant d’un de mes frères incestueux, j’ai tout dit à ma sœur et sa fille mais également à ma mère ».

Cette dernière a assuré à Delphine qu’elle ne savait pas, qu’elle ne se souvenait pas de la nuit où elle a trouvé deux de ses fils qui attendaient derrière la porte des WC.

« Elle ne me croit pas, elle protège ses fils, ses trois fils ».

Delphine est la 4e d’une fratrie de cinq.

« J’ai une grande sœur, deux grands frères et un petit frère ».

Après cette confession, la nièce de Delphine, aujourd’hui majeure, s’est souvenue de certaines choses.

Les victimes de viols ou d’inceste enfouissent généralement les faits.

« On oublie et un jour tout remonte ».

« Ma nièce a vécu le même cauchemar que moi.

Elle, a été victime de mon petit frère ».

A ce jour, la nièce a porté plainte contre son oncle.

« Il est libre, on attend le jugement », détaille Delphine.

Pour sa part, elle n’a pas souhaité traduire ses agresseurs en justice.

« Je ne veux pas exposer mon histoire à tous.

C’est trop difficile ».

*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la victime.

Source : Actu

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