Suisse | Il touche 1500 francs suisse pour avoir agressé sexuellement sa fille de 7 ans

«Sa maman me demandait 15’000 francs pour oublier l’affaire»

Acquittement à Lausanne d’un homme prévenu d’attouchements il y a dix ans sur une fillette dans d’étranges circonstances.

Cette déclaration véhémente du prévenu, non contestée, aurait peut-être suffi à faire douter mardi les juges du Tribunal correctionnel de Lausanne de la réalité des faits.

Si cet homme a été acquitté, ce qui est plutôt rare dans ce genre d’histoire, c’est parce que la Cour, tout comme le procureur avant elle, n’a pas cru en la réalité des attouchements que ce monsieur aurait commis il y a dix ans sur la fillette de cette dame, l’enfant étant alors âgée de 7 ou 8 ans.

Des accusations que la jeune fille est pourtant venue répéter au procès, accompagnée de sa mère. Avec des variations qui n’ont pas fait bonne impression malgré des accents de sincérité et quelques larmes.

Le Ministère public aurait pu décider de classer purement et simplement le dossier.

Cela aurait évité la complication d’un procès.

Si le magistrat l’a soumis à un tribunal dans la version de la plaignante, c’est parce que la loi l’y contraint quand il n’est pas absolument exclu qu’une condamnation puisse être prononcée.

«La souffrance de la fille est palpable, mais il faut reconnaître que les déclarations du prévenu sont constantes, observe le procureur Pascal Gilliéron.

Il y a des affaires difficiles où on ne peut s’empêcher de penser qu’il existe un doute sur la véracité de la solution qu’on va proposer.»

 

Actes accablants

De fait, les actes relatés sur l’acte d’accusation étaient accablants.

Il était reproché à cet homme au regard sévère d’avoir commis des attouchements sur l’enfant qui lui aurait été confiée par sa mère, appartenant à la même communauté kosovare.

Cela se serait produit alors qu’il se trouvait seul dans l’appartement de Renens en compagnie de la fillette et de sa cousine âgée de 10 mois qui regardaient la télévision. Il aurait prodigué et demandé à la première des caresses que la loi et la morale condamnent sur une enfant.

Au procès, celle qui est désormais une grande ado a ajouté que la scène aurait comporté aussi le visionnement d’une cassette porno mettant en scène l’abuseur et une prostituée.

Selon la jeune fille, cela se serait produit le matin.

L’homme, qui n’aurait pas insisté après son refus de continuer, serait resté dans l’appartement jusqu’à ce que les enfants soient couchées.

La fillette n’en a parlé à sa maman que trois ans plus tard. Pourquoi ?

«Avant, je ne savais pas si c’était normal, bien ou mal», répond-elle.

Une plainte pénale est déposée en 2010.

Une psychothérapie est ordonnée.

L’enfant ne peut décrire l’agresseur, mais elle affirme l’avoir identifié avec l’aide de sa mère sur une planche de photos montrée par la police, cela quand bien même il ne portait plus les cheveux mi-longs qu’il avait à l’époque.

Il faudra du temps pour mettre la main sur le suspect, car il ne vit pas en Suisse. Il finira par se faire arrêter à la douane.

Le procureur n’estime pas nécessaire de l’incarcérer. Il est d’ailleurs venu libre à son procès depuis la France voisine, où il réside.

«Ça ne peut être moi car à l’époque j’étais en France et je ne pouvais pas facilement quitter le territoire, a expliqué l’accusé.

J’avais une fille du même âge, comment aurais-je pu faire une chose pareille!

Toute cette histoire a été montée pour me nuire.»

Interrogée par le tribunal, son épouse confirme qu’il n’est jamais venu en Suisse pour garder cette enfant.

Pour Me Loïc Parein, défenseur d’office, la jeune fille a probablement vécu quelque chose susceptible de l’amener à ses déclarations, mais rien ne permet de dire que c’est le fait de son client, père de trois enfants et jouissant d’une bonne réputation.

Et de déplorer que la plaignante puisse s’approprier la justice pénale à dire que la condamnation est un élément indispensable pour lui permettre de tourner la page.

Acquitté, l’accusé a été gratifié de la modeste indemnité de 1500 francs qu’il a demandée pour le tort moral subi.

Source : 24 Heures

 

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