Sigean | Gabriel Sanchez du camping “Le Pavillon” jugé pour abus sur deux fillettes

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Viols à Sigean : “Ça reste en moi, ça le sera toujours… Il a gâché ma vie”
Illustration © thinkstock.
Depuis ce mardi 7 juin, Gabriel Sanchez est jugé pour “agressions sexuelles” et “viols” sur deux fillettes âgées de 8 et 7 ans. Les faits ont lieu de juin à octobre 2010 pour l’une, et en septembre 2015 pour l’autre, au camping ‘‘Le Pavillon’’ de Sigean.

Depuis mardi 7 juin, un Biterrois de 60 ans comparaissait à huis clos pour répondre de viols et d’agressions sexuelles sur deux fillettes, alors respectivement âgées de 8 et 7 ans, au sein du camping “Le Pavillon” de Sigean. Retraité de la mine d’or de Salsigne, l’accusé avait déjà été condamné à cinq ans de prison en 2001 pour “agressions sexuelles sur mineurs”, et il est de nouveau en mis en examen pour les mêmes faits qui lui valent la cour d’assises aujourd’hui..

Le pédophile a-t-il récidivé avec deux fillettes du camping ‘‘Le Pavillon’’ de Sigean, au cours de l’été 2010 et de l’automne 2015 ? Depuis ce mardi 7 juin, Gabriel Sanchez, âgé de 60 ans, comparaît ainsi devant la cour d’assises de l’Aude, pour répondre de viols et d’agressions sexuelles sur deux fillettes, âgées respectivement de 8 et 7 ans lors des faits.

“Je conteste toujours, parce que ce n’est pas vrai !”,

a déclaré l’accusé à la présidente Anne Haye. Du profil judiciaire du sexagénaire, on apprend pourtant qu’il a été mis en examen le 21 juillet 2021, pour les mêmes faits qui lui valent aujourd’hui de comparaître devant une cour d’assises. Et qu’il a déjà été condamné à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Carcassonne en avril 2001, pour des faits d’agressions sexuelles à l’encontre de six mineurs.

“Vous avez eu un suivi sociojudiciaire durant dix ans dès votre sortie de prison en 2003 ? Est-ce que ça vous a permis de faire un travail sur vous-même ?”,

a demandé la présidente à l’accusé.

“Ça m’a aidé à mettre des barrières, si on veut”,

a-t-il répondu en avalant ses mots.

Sur la personnalité de Gabriel Sanchez, natif de Béziers, on découvre qu’il est le troisième enfant d’une fratrie de six. Il est célibataire, divorcé, père de trois enfants. C’est un ancien de la mine d’or de Salsigne, où il a œuvré durant onze ans. Mais c’est aussi quelqu’un qui a travaillé dans l’agriculture, la serrurerie ou encore l’électricité. Sa grande passion, c’est la musique qu’il pratique depuis l’âge de 5 ans. Ses instruments de prédilection : le piano et la guitare. C’est d’ailleurs par le biais de cours de guitare dispensés gratuitement que l’accusé parvenait à approcher les enfants, pour ensuite en abuser.

Il m’a fait des menaces, en disant que je n’avais pas intérêt à parler. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Morgane, âgée aujourd’hui de 19 ans, est la première des deux victimes à avoir eu le courage de déposer devant la cour :

“J’étais toute petite quand je l’ai connu avec ma famille (elle avait 8 ans, Ndlr). Il jouait de la guitare au snack du camping, et moi j’aimais beaucoup la guitare. Voyant qu’il était visiblement sympa, maman l’a invité à notre maison. Le lendemain, il est revenu avec une guitare pour enfant et m’a proposé de faire des cours avec lui… Il m’a proposé d’aller dans la caravane, et a commencé à poser la guitare sur mes genoux.”

Toujours très affectée, Morgane poursuit :

“Comme mes parents venaient de se disputer à la maison, il m’a proposé de faire un câlin et m’a enlevé la guitare… Il s’est dirigé vers mes parties intimes et a commencé à me toucher. Il m’a déboutonné le pantalon et a commencé à me lécher le sexe, puis a mis ses doigts. Il m’a ensuite vite rhabillée, en voyant que quelqu’un essayait d’ouvrir la porte. Il m’a fait des menaces, en me disant que je n’avais pas intérêt à parler. Je ne comprenais pas ce qu’il venait de se passer.”

Le lendemain, Morgane raconte qu’il a recommencé :

“Il trouvait toujours un prétexte… Je n’ai pas osé dire non, car il me faisait très peur ! Ce sont des faits qui se sont réalisés plus d’une dizaine de fois. À chaque fois, il me disait que j’étais belle, qu’il voulait se marier avec moi.”

En 2015, le cauchemar a recommencé alors que Morgane résidait à La Palme avec sa mère, qui n’était pas encore au courant du calvaire de sa fille.

“Dès que je repense à tout ça, j’ai le bras qui me gratte. Ça reste en moi, ça le sera toujours ! Il a gâché ma vie. Même à l’heure actuelle c’est compliqué.”

C’est en mars 2016 que Morgane fera ses premières déclarations à la gendarmerie.

J’ai dit à maman qu’il me faisait peur, et que je ne voulais plus le voir.

Luna, qui vient de fêter ses 14 ans, est aussi l’une des jeunes victimes de Gabriel Sanchez. C’était en 2015 :

“De base, c’est juste le voisin de mon grand-père au camping. Un jour, il m’a dit de venir, qu’il allait m’apprendre à jouer de la guitare. La seule fois où je me suis retrouvée seule avec lui, c’était un soir. Je m’étais posé sur le canapé, et lui, il s’est posé sur moi en me chuchotant à l’oreille. Il a baissé mon pantalon, a mis sa tête et a commencé à me faire un bisou sur les parties intimes… Il a rentré sa langue dedans, m’a caressé le sexe, puis il est venu sur moi en me disant qu’on allait faire du ventre à ventre… Je suis parti en courant, j’avais honte.”

Luna, entendu par les gendarmes le 24 mai 2016, était âgée de 7 ans quand elle dit avoir été agressée par celui qui était censé lui apprendre la musique :

“C’était la seule fois. Après, quand il me croisait, il me disait que j’étais belle… J’ai dit à maman qu’il me faisait peur, et que je ne voulais plus le voir.”

Cité à la barre en qualité de partie civile, le papa de Luna est revenu sur sa rencontre avec l’accusé en 2015, alors qu’il venait d’arriver au camping au début de l’année :

“Il avait un patrimoine sympathie, était très avenant. On voyait que Luna était alors très perturbée, mais jamais on aurait pensé à ça. Jamais je me suis imaginé qu’on avait affaire à un prédateur ! C’est lui qui s’est proposé de donner des cours à ma fille, prétextant qu’elle avait un potentiel musical.”

La mère de Luna confirmera que l’accusé n’arrêtait pas de dire que sa fille avait “du talent, qu’il voulait lui donner des cours de guitare gratuitement…”

Lors des débats qui se tiennent à huis clos, avec une dérogation spéciale pour la presse, il a aussi été évoqué le projet de l’accusé de se marier au Maroc avec une jeune fille de 14 ans, il y a un peu plus de dix ans.

“Je me suis fait embobiner. On voulait me filer une femme contre de l’argent… Non elle n’était pas mineure, c’est un de mes frères qui dit ça !”,

a indiqué le sexagénaire à la cour. Ce mercredi 8 juin, les débats reprennent devant la cour d’assises, avec des témoins mais aussi des experts. Le verdict de ce procès est attendu dans la journée de jeudi.

Condamnation

Dans l’après-midi de ce jeudi 9 juin, à l’issue de trois jours de débats et de près de 5 heures de délibéré, la cour d’assises de l’Aude a finalement condamné Gabriel Sanchez à 14 ans de réclusion criminelle, assortis d’un suivi sociojudiciaire de 7 ans. Cet homme âgé de 60 ans, ayant désormais dix jours pour interjeter appel de cet arrêt rendu par la cour, comparaissait depuis mardi pour répondre de “viols”, et de “récidive d’agressions sexuelles” sur deux fillettes de 8 et 7 ans lors des faits, qui ont eu pour cadre le camping ”Le Pavillon” de Sigean, à l’été 2010 et courant 2011 pour Morgane, et à l’automne 2015 pour Luna. Ces deux victimes sont respectivement âgées de 19 et 14 ans, aujourd’hui.

Depuis le début de son procès, comme il l’a fait tout au long de l’instruction de cette affaire, Gabriel Sanchez, dit Gaby, n’a pas cessé de contester les faits reprochés :

“Je n’ai jamais mis mes doigts dans le sexe de Morgane”,

dont les pleurs devant la cour sont “du cinéma”. Au sujet de Luna,

“je ne me suis jamais allongé sur elle, ni même léché son sexe !”

Ce jeudi encore, avant que la cour se retire pour délibérer, ces derniers mots ont été :

“On m’accuse de quelque chose d’horrible que je n’ai pas fait !”

Il dit qu’il est guéri, mais il va au Maroc pour acheter une fillette.

Cette partition de l’accusé ponctuée de fausses notes, Me Sébastien Pinet n’a pas manqué de la souligner en portant la parole des jeunes victimes, face aux souffrances vécues et à venir :

“La troisième agression qu’elles ont subie de la part de l’accusé, c’est son déni.”

Et le pénaliste narbonnais de revenir sur les multiples contradictions de la défense :

“Son axe de défense, qui consiste à dire qu’il n’est pas coupable parce qu’il a été traité, me surprend ! Il dit qu’il est guéri, mais il va au Maroc pour acheter une fillette. Pourquoi est-il en prison aujourd’hui ? Pour des faits similaires (en cours d’instruction)… Comme pour la première affaire, qui lui a valu 5 ans de prison en 2001, il se servait de la musique pour attirer les enfants. Là, il change de stratégie à chaque fois qu’il est mis en danger. Il varie selon que le vent tourne !”

Selon Me Pinet, l’accusé n’est pas malade, comme il l’a prétendu à la cour au début du procès :

“C’est un prédateur conscient ! La version des fillettes est la bonne. Elles n’ont pas varié, et sont bien précises dans ce qu’elles ont vécu… Quand il dit qu’il est malade, c’est un peu avouer.”

Enfonçant le clou jusqu’à la planche, l’avocat des parties civiles est revenu sur l’un des coups de théâtre de ce procès, avec

“la fille de l’accusé venu dire qu’elle croyait les victimes, et pas son père… Aujourd’hui, il vous dit qu’il ne comprend pas pourquoi il est là, alors que sa culpabilité ne fait aucun doute. La musique a été ici l’instrument de la violence !”

On n’a presque pas envie d’entendre la parole de l’accusé, car celle de l’enfant est sacrée.

Pour la défense de Gabriel Sanchez, Me Sylvie Bar a tout d’abord souligné

“la difficulté de ces dossiers dans lesquels il y a des enfants. Nous avons tous ce même moment de vertige. Notre société a désormais changé, et c’est tant mieux ! On n’a presque pas envie d’entendre la parole de l’accusé, car celle de l’enfant est sacrée”.

Pour l’avocate biterroise, il est nécessaire de

“prendre en compte la notion du temps dans ce dossier, car on doit faire avec ces dates (de prévention). La réalité, c’est qu’on ne connaît pas la temporalité dans cette affaire ! Par exemple, je ne sais pas durant combien de temps Morgane a pris des cours de guitare avec mon client ! Est-ce qu’il a soustrait un enfant au regard de ses parents pour en abuser ? Là non plus, nous n’avons pas quelque chose de linéaire.”

Me Sylvie Bar est ensuite revenu sur le mode opératoire attribué à l’accusé, en arguant que

“la musique ne lui a pas servi à attirer les enfants. Chez lui, la musique est une donnée de sa vie”.

Sur le volet marocain :

“La fille en question, c’est la cousine de la femme de son frère. C’est la famille de la belle-famille de son frère qui lui a proposé ce mariage…”

Par rapport à l’attitude de son client lors de son procès, l’avocate de la défense a expliqué qu’il n’était pas dans

“un retranchement par rapport aux faits, mais par rapport à lui-même. Un traumatisme (l’accusé dit avoir été agressé sexuellement par un ecclésiastique au Sacré-Cœur de Béziers, alors qu’il avait 8 ans), ça bloque l’introspection…”

Après plusieurs d’attente, c’est avec des larmes de joie que les jeunes victimes ont accueilli le verdict. Morgane et Luna sont aujourd’hui officiellement reconnues comme des victimes à part entière, et c’est un pas de plus dans leur travail de reconstruction.

Pas moins de 12 ans requis par l’avocat général Eric Camous

Convaincu de la culpabilité de l’accusé, l’avocat général Éric Camous a sollicité

“une peine qui ne soit pas inférieure à 12 ans de réclusion, assortis d’un suivi sociojudiciaire de 7 ans”

dès le début de son réquisitoire. Pour le magistrat,

“le viol est un outil de destruction d’asservissement, mais la pire chose qui existe ce sont les souvenirs. Violer un enfant, c’est porté atteinte à sa fragilité”.

Pour l’accusé,

“le psychiatre a parlé de paraphilie pédophilique… C’est quelqu’un qui présente une incapacité à se remettre en question, à faire un travail sur lui-même.”

Pour autant,

“il a choisi de ne pas parler de ses vérités, et par conséquent de vous mentir ! Selon le pédopsychiatre Claude Bouillon, qui a examiné les deux plaignantes, il y a aucune place au mensonge et à la mythomanie dans leurs déclarations. Luna et Morgane sont porteuses de vérité… La seule chose qui compte pour l’accusé, c’est lui-même ! Il n’y a jamais eu de demande de pardon, pas une excuse”.

Le stratagème utilisé :

“La guitare, c’était le moyen d’attirer les enfants. Posez-vous la question de savoir ce qui pouvait l’animer le matin, la journée et soir… Tout ce qui est arrivé à ces deux fillettes n’est pas de leur responsabilité. C’est un homme qui a déjà été condamné en 2001. En 2022, on y est encore ! Il est dans un processus qui ne lui permet pas d’avancer… Il fait subir aux autres celui dit avoir lui-même vécu.”

De leur côté, les deux plaignantes ont parlé

“des souffrances qu’elles ont endurées, avec toute leur sincérité. Vous devez considérer qu’elles n’ont pas menti, et si c’est le cas le condamner !”

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