Seine-et-Marne | Un réseau de prostitution de mineurs démantelé

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« Ce sont des filles complètement perdues, complètement accros »
Trois femmes, de 17 et 19 ans, et cinq hommes, de 18 à 20 ans, ont été mis en examen après le démantèlement d’un réseau de prostitution actif sur la région parisienne, plus particulièrement en Seine-et-Marne, à Meaux, Melun et Fontainebleau.

Elles étaient âgées entre 16 et 20 ans, même si la plupart sont des mineures le plus souvent en déshérence, en fugue d’un foyer où elles étaient placées.

Des proies faciles, influençables, enrôlées en tant que prostituées par un réseau composé de jeunes garçons… et de jeunes filles également.

Ses membres recrutaient les clients via le site « Sexmodel », lesquels se rendaient dans des locations de courte durée situées en région parisienne et notamment en Seine-et-Marne, à Melun, Fontainebleau et Meaux.

C’est dans cette ville qu’il a fini par attirer l’attention de la police, qui vient de mettre fin à ses activités après plusieurs mois d’enquête.

Tout commence effectivement en mars dernier lorsqu’une enquête préliminaire est ouverte par les enquêteurs de la brigade des stupéfiants du commissariat de Meaux pour des faits de proxénétisme aggravé à la suite de surveillances fructueuses de la brigade anticriminalité locale dans le centre-ville, non loin de la cathédrale.

Cigarettes et protoxyde d’azote fournis

Leurs investigations leur permettent d’établir petit à petit le mode de fonctionnement de cette équipe.

Une information judiciaire était ouverte par le parquet de Meaux et une commission rogatoire délivrée en juin 2025.

En parallèle, l’unité d’investigation nationale (UIN) de la direction nationale de la police judiciaire était saisie, afin que cette dernière puisse venir en renfort des enquêteurs du commissariat de Meaux.

Patiemment, ils vont ensemble identifier les différents protagonistes et de définir leurs rôles au sein du réseau.

Les proxénètes, deux jeunes hommes et une jeune femme, tout juste majeurs et peu connus des services de police, s’occupaient de trouver de jeunes mineures.

Ils mettaient ensuite à leur disposition toute la logistique pour recevoir les clients.

Du logement, à la nourriture, en passant par les vêtements, la cosmétique ou les cigarettes, tout était fourni.

Y compris le protoxyde d’azote.

« Ce sont des filles complètement perdues, complètement accros », confie un proche du dossier.

La sécurité était assurée grâce à la présence de « gardes du corps », généralement dissimulés dans la salle de bains.

Les proxénètes présumés faisaient travailler les jeunes femmes, soit à leur demande, soit en les menaçant et ce, sur l’ensemble de la région parisienne pour éviter d’éveiller les soupçons des forces de l’ordre.

« Certaines prostituées adoptaient un rôle ambivalent, conduisant d’autres jeunes filles à se prostituer », indique Jean-Baptiste Bladier, le procureur de la République de Meaux.

Les suspects photographiés avec de gros billets

Mardi 7 octobre dernier, décision est prise de procéder à l’arrestation des membres du réseau.

Pas moins de 77 policiers issus de l’UIN, de la compagnie départementale d’intervention de Seine-et-Marne et de nombreux policiers du commissariat de Meaux sont mobilisés pour aller chercher leurs objectifs en Seine-et-Marne, en Seine-Saint-Denis et dans l’Aisne.

L’exploitation des téléphones des suspects permettait notamment de confirmer l’existence d’un véritable business plan, affichant les prix des prestations et des « offres de fidélité » pour les clients habitués telles que « 50 euros les 10 minutes » ou encore « 100 euros les 30 minutes avec une fellation offerte ».

L’ensemble des charges, le niveau de rémunération des filles et des agents de sécurité, ainsi que le chiffre d’affaires réalisé, était également détaillé.

Cerise sur le gâteau, les enquêteurs vont y retrouver des photos où l’on voit les proxénètes exhibant des liasses de billets de grosses coupures.

À l’issue des gardes à vue, vendredi dernier, huit personnes ont été mises en examen, dont trois ont été placées en détention provisoire.

« Parmi elles, on dénombre trois femmes de 17 et 19 ans et cinq hommes de 18 à 20 ans, connus des services de police pour des infractions de basse intensité (délits routiers, infractions à la législation sur les stupéfiants, vols, extorsion) », indique le procureur, qui précise que l’information judiciaire se poursuit.

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