Samer | Un ancien militaire trouvait sa belle-fille «provocatrice» et l’agresse sexuellement, 4 ans ferme

Un ancien militaire de carrière de 57 ans comparaissait ce mardi matin devant le tribunal de Boulogne pour avoir agressé sexuellement sa propre belle-fille, qu’il élevait depuis ses 4 ans.

C’est quand elle est devenue ado que les faits ont eu lieu. « Elle avait tout ce qu’il faut, là où il faut », a-t-il expliqué pendant l’instruction. Comme si c’était un crime…

De crime, justement, parlons-en.

Car l’ancien militaire à la carrière sans un pli aurait pu se retrouver aux assises pour viol.

La première fois qu’il est convoqué chez les gendarmes après le dépôt de plainte de la mère, il s’épanche.

« Non, je n’ai pas violé ma belle-fille, il y a juste eu une pénétration digitale. »

Il ignore alors que la loi considère cela comme un viol…

Quand les gendarmes le lui apprennent, il comprend vite qu’il a tout intérêt à livrer une version plus édulcorée des agressions sexuelles pour échapper à une sanction autrement plus lourde.

« C’est elle qui me provoquait »

Alors oui, il reconnaît avoir agressé sexuellement, au moins à cinq reprises entre 2014 et 2015, cette jeune adolescente qu’il a connue toute petite, vers 3-4 ans.

À cette époque-là, les parents de Pauline*, la victime, viennent de se séparer.

La maman de la jeune fille a rencontré un militaire de 20 ans son aîné, qui se trouve être le supérieur hiérarchique de son mari, lui aussi militaire.

Pauline grandit avec celui qu’elle appelle « Patou » et qu’elle considère comme son deuxième père.

C’est à l’adolescence que les choses se gâtent.

La première fois, Pauline n’a que 14 ans.

Il prétend, comme il l’a dit et répété devant les gendarmes et le juge d’instruction, que c’est elle qui le provoquait.

« Elle était en demande, elle s’asseyait à côté de moi dans le fauteuil, dans le lit, elle portait des shorts. »

Le président lâche les mots que lui n’ose pas prononcer.

« En bref, elle vous allumait quoi ? »

Des shorts trop moulants

C’est ça.

Pauline, ses 14 ans un peu rebelles, ses shorts que le beau-père trouve trop moulants et ses talons de quelques centimètres serait celle par qui tout ce malheur est arrivé.

« Elle s’habillait comme une fille plus âgée », poursuit-il.

« On aurait pu croire qu’elle avait 18 ans ».

Sauf que, sur les photos que la maman en pleurs sort de son portefeuille, c’est un visage d’enfant qui saute aux yeux.

Les joues rebondies, le regard rieur, cette Pauline, c’est tout sauf une bimbo de collège.

Ce qui n’empêche pas le beau-père de la caresser avec de plus en plus d’insistance.

« C’était à elle de me dire, si elle ne voulait pas.

Or, elle ne me demandait pas d’arrêter. »

Un appel au secours

La maman, malheureusement, n’apprendra les faits qu’un jour de septembre 2015 quand, en rentrant du sport, elle trouve son mari allongé dans la banquette dans la chambre de sa fille.

Pauline est à son bureau, blême.

« C’était comme un appel au secours.

J’ai vu tout de suite dans le regard de ma fille que quelque chose n’allait pas ».

Depuis, rien ne va dans la vie de Pauline.

Ni dans celle de sa mère.

« Leur vie a explosé.

Elles vont avoir du mal à se reconstruire », ont confié leurs avocates.

L’ancien militaire de carrière, lui, est en détention provisoire depuis septembre 2015.

Il travaille, continue de penser que c’est sa belle-fille qui l’a provoqué mais s’excuse.

« J’ai très honte de ce que j’ai fait ».

Condamné à 4 ans de prison ferme

La substitut du procureur a été suivie dans ses réquisitions.

Implacable, elle a su poser les bonnes questions.

Et notamment celle-ci :

« Pensez-vous qu’à 14 ans on peut avoir envie de quelqu’un de 54 ? »

Les juges ont répondu à sa place en condamnant Patrick Jouannet à cinq ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans.

Il lui est par ailleurs interdit d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs.

* Prénom d’emprunt.

Source : La Voix Du Nord

Source(s):