Saint-Denis | Un nouveau réseau de proxénétisme de mineurs découvert, une quinzaine de jeunes filles étaient prostituées

Les trois proxénètes violaient et exploitaient quinze jeunes filles mineures

LP/O.A.

Trois hommes soupçonnés de proxénétisme aggravé ont été présentés au parquet de Bobigny. Ils prostituaient une quinzaine de jeunes filles mineures dans des appartements de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise.

C’est un nouveau dossier de prostitution de mineures qui vient s’ajouter à la cinquantaine d’enquêtes en cours au parquet de Bobigny. Mais celui-ci se distingue par le nombre élevé de ses victimes : une quinzaine de jeunes filles ont été contraintes à faire des passes dans des appartements loués pour l’occasion, des hôtels miteux ou au domicile de l’un des trois proxénètes.

Ces 3 hommes ont été interpellés les 18 et 19 mai à Saint-Denis, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).

Des hommes de 30 à 37 ans qui ont été déférés ce vendredi au parquet de Bobigny pour « proxénétisme aggravé sur mineur et en bande organisée, association de malfaiteurs, traite d’êtres humains, recours à de la prostitution de mineur par un réseau Internet ».

Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

Agées de seulement 16 ans pour certaines

Les plus jeunes victimes n’avaient que 16 ans. Elles présentaient toutes le même parcours : elles étaient en fugue d’un foyer d’aide sociale à l’enfance ou en rupture familiale.

« Toutes les jeunes filles sont très vulnérables et elles constituent pour ces prédateurs un vivier inépuisable »,

analyse Me Lorraine Questiaux, avocate pour le Mouvement du Nid qui intervient dans une quinzaine de procédures à Bobigny.

Recrutées sur Internet et violées

Ces jeunes en rupture de ban étaient recrutées sur un site de petites annonces en ligne. Elles étaient d’abord violées par leurs souteneurs.

« Souvent elles ne parlent pas de viol, elles disent qu’elles étaient testées et restent sous l’emprise psychologique de leur bourreau »,

précise Me Questiaux.

Puis, elles devaient se livrer à des prestations tarifées dans des appartements d’Aubervilliers, de Saint-Denis ou de Sarcelles.

Le réseau avait été repéré depuis plusieurs mois. Fin octobre, la police locale identifie une première équipe à Saint-Denis.

L’enquête sera ensuite confiée au service départemental de la police judiciaire du 93 (SDPJ) qui découvrira un véritable réseau criminel ramifié sur deux départements.

«Un phénomène massif et alarmant»

Les quinze jeunes victimes, pratiquement toutes Françaises, vont pouvoir bénéficier d’une nouvelle modalité d’accompagnement mise en place au début de l’année sur le ressort de Bobigny.

Me Anaïs Defosse, responsable de la commission victime au barreau de Bobigny précise :

« Ces mineures étaient souvent absentes des procédures. Nous avons obtenu la désignation d’un administrateur, SOS Victimes, qui les représentera ».

Le parquet de Bobigny est particulièrement sensibilisé à ce fléau depuis trois ans.

« Les magistrats commencent même à renvoyer des clients devant le tribunal et c’est extrêmement rare ajoute Me Lorraine Questiaux. Il y a dans cette juridiction une prise de conscience sur la nécessité de lutter contre ce phénomène extrêmement alarmant et massif. Mais cela fait 10 ans que nous alertons sur cette question. »

Source : leparisien

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