“Je présente mes excuses aux familles”
Au cours de la réunion et devant les familles venues chercher des réponses, le maire de Rivesaltes confirme que des documents ont été trouvés après la réunion du 10 décembre dernier.
Des archives indiquant que les tombes ont été déplacées entre le 15 et le 19 septembre 1985 par la mairie, à la demande de l’armée au cimetière communal de Saint-Saturnin.
“Je présente mes excuses” dit André Bascou.
Le maire reconnaît qu’il n’a pas fait faire de recherches extensives avant le 10 décembre 2024 malgré les demandes répétées des familles.
“On aurait pu faire mieux” dit celui-ci en prétextant ne pas savoir qui a signé le document de transfert des petits corps.
La déclaration d’André Bascou laisse éclater la colère des familles présentes en mairie, envahies par un sentiment d’incompréhension et d’injustice bien que soulagées de connaître enfin la vérité.
“Il est trop tard pour des excuses, pas pour un ancien combattant, pas pour des enfants. Ce ne sont pas des numéros, ce sont des citoyens français”, tempête la nièce d’un ancien interné du camp de Rivesaltes à l’encontre de l’édile.
“On a tourné en rond pour rien”, poursuit la nièce de Monsieur Atout. “Vous aviez la vérité”
Les dépouilles déplacées discrètement dès 1985, à qui la faute ?
Au jeu des responsabilités, le maire n’endosse que la faute de ne pas avoir été “attentif” aux documents signés dans les années 80.
Ce dernier qui dit n’avoir été contacté que par une seule famille de réfugiés Harkis renvoie la balle vers l’Armée.
La Grande Muette n’aurait, selon lui, à l’époque pas été en mesure de fournir des documents permettant d’identifier formellement les 60 corps.
Une accusation balayée par la Ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants.
“Cela n’a rien à voir avec l’Armée et Monsieur Bascou doit faire la lumière sur ce qu’il s’est passé” a répondu Patricia Miraillès.
Les dépouilles auraient donc ainsi été transportées sans mot dire il y a déjà 40 ans au cimetière qui se trouve à 8 km de l’actuel Mémorial du Camp de Rivesaltes, au cœur de la ville de 9000 habitants.
51 “tombes” sans aucune indication de nom ou de numéro et sept autres flanquées d’un simple numéro. Enfin, deux sépultures porteraient les noms d’Atout et de Gueriere du nom de réfugiés décédés dans le camp ou à l’Hôpital de Perpignan.
Selon la Ministre, c’est un arrêté municipal en date de 1985 qui aurait permis, sur demande de l’Armée, de déplacer les dépouilles suite à la vente d’une partie des terrains militaires au Département des Pyrénées-Orientales.
Des familles encore en attente de réponses
L’autre information importante du jour a été révélée par les archéologues mobilisés sur les recherches des dépouilles.
Ces derniers ont expliqué que parmi les 146 personnes décédées et internées dans le camp de Rivesaltes, 71 corps ont ainsi été envoyés vers les cimetières de l’ouest et du Vernet à Perpignan.
En tout, ce sont donc 131 dépouilles qui ont enfin été localisées au grand soulagement des familles après tant d’années à réclamer leur recherche. Neuf corps de défunts décédés à l’Hôpital resteraient encore à ce jour introuvables selon les archéologues.
Les réponses apportées ce vendredi par André Bascou en mairie de Rivesaltes suscitent colère et incompréhension pour des familles de réfugiés Harkis qui n’ont eu de cesse depuis des années de rechercher leurs défunts. Ces révélations impliquent évidemment beaucoup d’autres questions auxquelles va devoir répondre le maire de Rivesaltes.
Les familles qui sont sur place actuellement attendent également une identification formelle des corps et la possibilité d’un lieu de recueillement.