La Réunion | Le médecin de nouveau poursuivi pour détention d’images pédopornographiques
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 06/07/2017
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Médecin généraliste à la Ravine-des-Cabris, Jean-François C. est actuellement mis en examen pour téléchargement, détention et consultation d’images pédopornographiques. L’homme avait été condamné en 2010 pour les mêmes faits. Il sera jugé le 9 novembre prochain.
Dans les coulisses de la profession, l’affaire provoque des remous. “Ce type de comportements porte préjudice à tout le monde.
D’autant que ce médecin avait bénéficié d’un traitement de faveur du conseil de l’ordre à l’époque. Comment peut-on défendre cela auprès des patients ?”, témoigne l’un de ses confrères. De fait, le cas de Jean-François C., généraliste installé à la Ravine-des-Cabris, a de quoi questionner à bien des égards.
Âgé de 66 ans, il est actuellement poursuivi pour détention et consultation habituelle d’images pédopornographiques.
Cette ouverture d’information judiciaire date de mars 2016 et le praticien “sera jugé le 9 novembre prochain à 14 h”, indique le parquet de Saint-Pierre. En attendant, et cela depuis la révélation des faits, Jean-François C. a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer sa profession et même d’apparaître sur son lieu d’exercice professionnel, à savoir son cabinet situé Ligne des Bambous.
Notons au passage que son associée, qui est toujours en activité à cet endroit, n’a absolument rien à voir avec ces faits. Cette affaire secoue d’autant plus le milieu médical réunionnais que ce sexagénaire a déjà été condamné pour la même infraction. En octobre 2010, il écopait de 6 mois de prison avec sursis et d’une mise à l’épreuve de deux ans avec obligation de soins.
Durant l’audience, l’homme s’était repenti, qualifiant ses actes d’”honteux et inavouables”. Son arrestation, suivie de sa mise en examen, datait d’un an auparavant. En octobre 2009, sa remplaçante était tombée sur des photos pornographiques impliquant des mineurs… en libre accès sur l’ordinateur du cabinet.
Alertés, les enquêteurs avaient découvert une centaine de clichés que le parquet avait qualifiés de “véritable abomination”.
Lors de son procès, Jean-François C. avait admis en télécharger depuis quatre ans. Cela pour combler une frustration : une maladie l’avait rendu sexuellement impuissant. Âgé d’environ 55 ans à l’époque, il se rabat sur ces photos de mineurs. “Je me suis laissé entraîner dans un terrible engrenage”, s’était-il justifié. Les expertises psychologiques n’avaient pas décelé de dangerosité chez ce médecin en terme de passage à l’acte.
En 2013, le parquet avait aussi noté un cheminement du pédophile (terme qui désigne l’attirance sexuelle et non le passage à l’acte). Au début de la procédure, il s’était montré quelque peu condescendant, “ne comprenant pas pourquoi on venait l’ennuyer avec ça” avait souligné le procureur.
Mais à l’aune de la suite des événements, cette rédemption affichée pose questions. Car après avoir passé l’épreuve du procès pénal, justice qui lui avait alors épargné l’interdiction d’exercer, l’homme s’est montré bien plus à l’aise devant les instances ordinales.
Pour cause, au moment de son arrestation, Jean-François C. était membre de ce conseil de l’ordre. Il s’était mis en retrait à la révélation des faits mais, plutôt que d’en faire un motif de sévérité à l’encontre d’un homme qui se devait d’être encore plus exemplaire, ses pairs s’étaient montrés d’une troublante clémence.
La chambre disciplinaire de La Réunion ne s’était réunie que 3 ans après le procès pénal, laps de temps pour le moins étonnant. Cette lenteur, et le secret qui l’entourait, avait d’ailleurs exaspéré des médecins réunionnais.
Une centaine d’entre eux avaient ainsi lancé une pétition, encore visible sur internet, réclamant des sanctions et la transparence. Cette sanction est venue, mais sous la forme d’un simple sursis passé sous silence. Le parquet, qui a son mot à dire dans ces procédures, avait fait appel de cette décision pour le moins disproportionnée.
Saisie, la chambre nationale basée à Paris s’est prononcée le 13 mars 2015 :
“Il s’était vu infliger une interdiction d’exercer la médecine pendant 6 mois dont 4 mois avec sursis, sanction qu’il a exécutée du 1er septembre au 30 octobre 2015”, indique le procureur de Saint-Pierre.
En 40 ans d’exercice, le médecin saint-pierrois n’a fait l’objet d’aucune plainte de patient pour un comportement déplacé. Mais il a bel et bien réitéré dans le téléchargement de fichiers illicites.
Les faits ayant été commis plus de 5 ans après sa première condamnation, Jean-François C. n’est pas considéré comme récidiviste aux yeux de la justice. Ce précédent pèsera cependant dans les futurs débats. Et cette nouvelle affaire d’images pédopornographiques, encore découverte de manière fortuite, semble aussi – et enfin – avoir changé la donne au conseil de l’ordre de la Réunion.
Cette fois, cette instance a prononcé une radiation à l’encontre du médecin, dès le 19 septembre 2016. Décision qui a fait l’objet d’un appel et sera donc prochainement étudiée devant la chambre nationale. Nul doute que la profession suivra avec intérêt les évolutions de ce dossier.
Le lanceur d’alerte sanctionné Dans cette affaire, un autre point s’avère troublant. En parallèle de l’action ordinale concernant le médecin fautif, le conseil de l’ordre avait également engagé une procédure à l’encontre de son ancien associé. Selon nos informations, ses pairs lui reprochaient d’avoir conseillé aux patients de ne pas laisser leurs enfants seuls avec ce médecin. Un principe de précaution que le conseil a pointé comme un manquement à la confraternité, infligeant une amende au lanceur d’alerte. Saisissant.
Source : clicanoo.re
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