Rennes | Violée et traumatisée à 16 ans elle laisse son nouveau né dans une poubelle
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 16/11/2024
- 22:32
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Les mots émanent d’une lettre rédigée par une jeune femme de 17 ans.
Avec ses mots, elle décrit des violences graves commises par son petit ami de l’époque :
« Un jour, on s’est vu chez lui, débute Telma (le prénom a été changé) dans ce courrier écrit depuis la prison. J’ai voulu partir, il a fermé la porte à clé (…) J’étais enfermée chez lui, il a pris mon téléphone, il l’a cassé, il a commencé à me gifler, il me donnait des coups de pied, il me traitait de pute, j’étais par terre en train de pleurer. »
Plus grave encore, sans utiliser le mot de viol, la jeune femme relate de nombreuses agressions commises par son petit ami qui l’aurait
« forcée à avoir des relations sexuelles violentes. Il m’étranglait, me forçait à le sucer, il me tapait aussi, il m’insultait, me traitait de pute, de chienne… »
Des relations sexuelles contraintes, brutales et régulièrement filmées afin de faire chanter Telma :
« Par exemple, il me forçait à coucher avec lui, et si je refusais, il allait diffuser la vidéo. »
A la suite de ce courrier, l’avocate de Telma, a déposé plainte le 29 janvier 2024 contre le jeune homme ciblé par sa cliente.
Et les résultats de ces investigations pourraient éclairer d’un jour nouveau une autre enquête, ouverte il y a un an.
Les parents du bébé retrouvés six jours après sa naissance
Ce 20 octobre 2023, une femme en pleurs contacte les pompiers de Rennes, paniquée.
En allant jeter ses poubelles, elle a entendu les pleurs très reconnaissables d’un nourrisson.
Des cris provenant du fond d’un conteneur à ordures.
Quelques instants plus tard, les pompiers sont sur place, et descendent dans le conteneur à l’aide d’une corde.
Au fond de celui-ci, ils découvrent « un nouveau-né, entouré dans une serviette, placé dans un sac. »
L’enfant, toujours pourvu de son cordon ombilical, est en hypothermie.
Il semble être né quelques minutes plus tôt seulement.
Pris en charge par le Samu, le bébé est sauvé.
« Il a été prénommé Noah Briac Alban, selon le choix du sapeur-pompier, de la sage-femme et du médecin l’ayant secouru. Il est en bon état de santé »,
Annonce alors Philippe Astruc, le procureur de Rennes.
Le lendemain, le magistrat transmet même la photo de l’enfant à la presse locale…
Plus discrètement, les enquêteurs cherchent de leur côté à retrouver les parents de ce bébé.
Ils y parviennent six jours après sa naissance, grâce à un prélèvement ADN qui permet d’identifier le père de l’enfant, dont l’empreinte génétique est connue des services de police.
Le 26 octobre 2023, le père est placé en garde à vue.
Âgé de 24 ans, il affirme tomber des nues et ne pas avoir su que cette jeune mineure de 16 ans avec qui il avait une relation depuis plus d’un an était enceinte.
L’exploitation de son téléphone portable laisse penser l’inverse.
Le 1er octobre, il a ainsi répondu à la jeune femme qui demandait à le voir — tout en lui disant ne pas souhaiter de relation sexuelle — « quand tu accoucheras, parce que là, tu as un gros ventre on ne pourra pas… »
Quelques heures après ce placement en garde à vue, Telma est interpellée par la police.
Alors âgée de 17 ans, elle reconnaît rapidement être la mère de l’enfant et l’avoir abandonné dans une poubelle.
« Quand j’ai commencé à accoucher, c’était moi, explique la jeune mineure aux enquêteurs. J’ai accouché, j’ai vu le bébé, je l’ai pris dans mes bras, je l’ai regardé… Mais je ne sais pas, après, d’un coup… Il y a un truc qui m’a dit « il n’y a personne qui sait que tu es enceinte chez toi, le père non plus »… et donc j’ai fait ça… »
Une « entrée précoce dans une psychose »
Au fil des mois passés en prison par Telma, se dessine alors le portrait d’une jeune mineure seule et perdue, pas vraiment sûre d’être enceinte malgré des doutes :
« Quand j’ai vraiment réalisé, c’était quand j’ai accouché. Mais au mois de juillet, j’avais des doutes, j’étais pas vraiment sûre. »
À son domicile, loin de chez ses parents installés à Mayotte, ni ses frères ni ses cousins n’avaient détecté cette grossesse non désirée.
Aucun d’entre eux n’a été capable de l’aider, de l’orienter vers des professionnels.
Dans sa vie de tous les jours aussi, Telma s’est retrouvée désespérément seule.
Ni ses professeurs ni les éducateurs de son établissement scolaire n’ont su détecter ses changements physiques ou psychologiques, notamment marqués par une troublante et soudaine chute de ses résultats scolaires.
« Cette affaire est symptomatique de la solitude de ces jeunes filles qui face à la grossesse, à la méconnaissance de leur propre corps, au poids des traditions et à la honte, ne savent pas, se cachent, s’enferment, souligne Me Amina Saadaoui. C’est une jeune fille qui a pour seul soutien au quotidien son téléphone portable, d’abord pour la relier à sa famille qui vit à près de 8 000 km mais aussi pour lui donner l’impression d’exister à travers le prisme des réseaux sociaux avec toutes les dérives et dangers que ceux-ci représentent. »
Après quelques mois de détention provisoire, Telma a été placée dans un foyer il y a quelques semaines.
Au cours des soins qu’elle doit suivre régulièrement, les médecins ont noté que la jeune femme souffrait « d’épisodes de décompensations, marqués notamment par des hallucinations auditives et des pensées suicidaires ».
Une « entrée précoce dans une psychose » qui pourrait notamment s’expliquer selon les praticiens par « un vécu traumatique depuis la relation avec le père de l’enfant ».
Et notamment ces viols dénoncés par la jeune fille.
« Pour Telma, son corps n’existe pas, elle ne le ressent pas, souligne Me Amina Saadaoui. Il était primordial que l’on puisse comprendre cela et ce d’autant plus au regard des faits qui lui sont reprochés. Aujourd’hui, les violences physiques et les faits de viol dénoncés, couplés aux éléments psychiatriques dont nous disposons, apportent des réponses essentielles. »
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