Rennes | Condamné pour avoir violé ses deux garçons pendant des années

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Les frères ont refusé la correctionnalisation de leur procès
La cour criminelle de la Loire-Atlantique a condamné un retraité du Croisic, très investi dans la vie associative, à douze ans de réclusion criminelle, vendredi 3 février 2023, pour les viols qu’il avait commis entre 1987 et 1996 sur ses fils quand la famille habitait encore Rennes et Montfort.

La cour criminelle de la Loire-Atlantique a condamné un retraité du Croisic à douze ans de réclusion pour des viols commis sur ses deux fils entre 1987 et 1996.

Cet ancien « technicien de la recherche agronomique », âgé aujourd’hui de 77 ans, qui comparaissait libre à son procès et qui n’avait jamais été placé en détention provisoire, a dix jours pour faire appel du verdict. En attendant, il a été incarcéré.

Le septuagénaire avait été rattrapé par la justice après la plainte déposée en mars 2018 par ses deux fils, âgés aujourd’hui de 42 et 41 ans, à Nantes. Soutenus par l’association SOS Inceste, ils avaient alors dénoncé des viols et des agressions sexuelles de la part de leurs deux parents.

Ces faits étaient survenus alors que le couple était « toujours en conflit » et consommait « beaucoup d’alcool », avaient rapporté les plaignants.

Des années bien plus tard, la mère des deux enfants avait laissé des messages vocaux à l’un de ses fils où elle accusait son mari de les avoir « sodomisés ».

« Toi tu n’aimes pas le sexe, il fallait bien que je me débrouille », lui avait répondu l’accusé.

Les deux avaient été placés en garde à vue en 2019.

Lors d’une audition, l’accusé avait ainsi tenu des « propos contradictoires », selon la présidente de la cour criminelle de la Loire-Atlantique, admettant avoir pu « déraper » et avoir commis « une erreur ».

Son épouse, quant à elle, avait nié les faits et avait certifié les avoir « découverts lors de [sa] convocation » devant les policiers. Sa mise en examen s’était finalement soldée par un non-lieu : elle est décédée le 19 juin 2019 à Saint-Nazaire.

Une « correctionnalisation » des faits reprochés à son mari en « agression sexuelle aggravée » avait alors été proposée à leurs deux enfants, mais ces derniers s’y étaient « fermement » opposés, a-t-il été rappelé lors du procès devant la cour criminelle.

« Jamais je n’ai abusé de mes enfants », a certifié le septuagénaire devant les cinq juges professionnels nantais :

« Je ne comprends pas ces accusations. »

Lors de son contrôle judiciaire, l’accusé avait regretté que ce soit « une drôle de façon de terminer [sa] vie » et disait « espérer un jugement rapide » de la part de la justice. Le veuf se projetait en tous cas vers l’avenir puisqu’il voulait « s’inscrire en agence matrimoniale » pour tromper « la solitude » qui lui « pèse ».

Cet ancien technicien de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) de Rennes, à la retraite depuis 2008, était en fait « soucieux de sa réputation », selon son épouse.

« S’il y a un article sur toi dans le journal, tu feras moins le malin devant tes copains », avait-elle ainsi menacé cet homme habitué à boire « de la bière, du whisky et du rosé ».

Elle avait en effet déjà été hospitalisée aux urgences de l’hôpital de Saint-Nazaire après « un apéro au Croisic » qui s’était fini en violences en 2005.

Devant la cour criminelle, le retraité n’a « pas nié avoir eu un problème avec l’alcool » mais certifie que ce n’était « pas régulier » grâce aux « responsabilités » et aux « déplacements » que lui imposait son travail à l’Inra de Rennes.

Lors de son procès, l’un de ses fils s’est néanmoins rappelé avoir surpris son frère « à quatre pattes » alors que son père se rhabillait précipitamment.

« Il cherchait plus que le bisou du soir », a dit l’une des deux victimes présumées, devenue officier dans la marine marchande.

Après avoir « confronté leurs souvenirs » et s’être assurés « que le cauchemar qu’on avait vécu était bien réel et pas seulement un mauvais rêve », les deux frères avaient donc porté plainte.

« J’ai besoin de voir mon père derrière les barreaux d’une prison, pour poser des limites », a-t-il dit sans détour aux juges de la cour criminelle.

Le plaignant craint aussi qu’il y ait pu avoir d’autres victimes depuis : la fille d’une cousine aurait elle aussi connu un « épisode traumatique » lors de l’été 2012 après des vacances passées dans la maison de ses parents au Croisic…

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