Pontoise | Dans cette salle, on écoute les enfants victimes de violences
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- 16/03/2017
- 00:00
Hôpital de Pontoise. L’unité d’accueil médico-judiciaire pédiatrique (UAMJP), du centre hospitalier René-Dubos. Ici, les enfants victimes de violences sont entendus.
« Le flot de paroles de l’enfant, il faut l’ouvrir. Prendre le temps, donner à la victime les moyens de s’exprimer. »
Dans les locaux de l’Unité médico-judiciaire (UMJ) de l’hôpital de Pontoise, il existe une salle qui ne ressemble à aucune autre.
Une fresque verdoyante offre une échappatoire pour le regard, au milieu de murs d’un jaune vif.
« Les enfants aiment beaucoup ces couleurs »,
se félicite Le Dr Céline Dumillard, responsable de l’UMJ, qui nous accueille pour la première fois depuis l’installation.
En effet, depuis octobre 2015, le service est équipé d’une salle d’audition dédiée aux mineurs victimes de violences.
Plus d’une quarantaine de jeunes val d’oisiens y a déjà été accueilli.
L’autre antenne de l’UMJ, basée à Gonesse, espère être prochainement dotée d’un équipement équivalent.
Car ces salles, entièrement meublées par l’association la Voix de l’Enfant, donnent enfin aux petites victimes le statut particulier qu’elles méritent.
Les mineurs entendus ici ont, pour la plupart, subi des agressions sexuelles.
« Mais il peut aussi s’agir de maltraitance », explique la responsable.
« Il faut savoir entendre ces enfants. Comme ils ne connaissent pas bien les mots, ils utilisent souvent des métaphores. Parfois ils suggèrent car ils ne peuvent pas dire. »
Dans la pièce, des caisses contenant des poupées, des marionnettes, des livres sont à disposition, pour encourager les explications.
La table est transparente
« afin de pouvoir observer la gestuelle. »
Au plafond un micro et au mur deux discrètes caméras,
« que les enfants oublient vite. »
Chaque audition, menée par un enquêteur spécialement formé, est filmée et regardée en direct depuis une autre salle.
À quelques mètres, un autre enquêteur observe, accompagnée d’un psychologue de l’UMJ et lorsque c’est possible d’un médecin légiste.
Le contact est établi entre les deux salles par une oreillette.
Après l’audition, la victime sera examinée par un médecin, puis par un psychologue.
« Tout cela se fait dans un même lieu, en un temps réduit et par une équipe pluridisciplinaire », souligne le Dr Dumillard.
« C’est sécurisant pour une jeune victime. Et avec le film, on évite la répétition. »
D’autant que les enfants peuvent être amenés à revenir.
Soit pour bénéficier de l’aide aux victimes.
Soit parce que la parole peut être longue à délier.
Entre deux dossiers, la chef de service pense à cette enfant de quatre ans, au comportement étrange, qui vient de croiser sa route.
« Il n’est rien ressorti de l’audition, ni de l’examen. Mais l’absence de lésion ne veut pas dire absence d’agression. Dans son cas il se passe quelque chose, qu’elle n’arrive pas encore à dire. La révélation, cela peut être long d’où l’intérêt d’avoir un lieu commun permettant d’échanger entre professionnels. »
L’UMJ a également le projet d’utiliser sa salle d’audition comme lieu de « confrontation indirecte », toujours grâce à l’aide de la Voix de l’Enfant.
Ce dispositif permet d’organiser une rencontre entre la victime et son présumé agresseur, par écran interposé.
« La confrontation directe, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, fait beaucoup de dégâts », constate Céline Dumillard.
Source: leparisien.fr
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