Pont-St-Pierre | Dominique Hébert, maître-nageur, jugé pour viols, il aurait fait au moins 23 victimes

L’affaire avait éclaté en décembre 2015. Depuis, Dominique Hébert est en prison. Il sera jugé du 8 au 15 novembre 2019 aux assises de l’Eure, à Évreux, pour viols sur mineurs.

Accusé de viols et d’agressions sexuelles sur vingt-trois mineurs de moins de 15 ans, Dominique Hébert, qui fut le premier maître-nageur de la piscine de Pont-Saint-Pierre, dans l’Eure, comparaîtra à partir du vendredi 8 novembre prochain devant la cour d’assises d’Évreux. (©L’Impartial)

Bientôt quatre ans que celui qui fut le premier maître-nageur de la piscine de Pont-Saint-Pierre est en prison, dans l’attente de son procès qui va se dérouler du vendredi 8 au vendredi 15 novembre 2019, devant la cour d’assises de l’Eure, à Évreux.

Dominique Hébert, aujourd’hui âgé de 52 ans, y répondra des accusations de viols et abus sexuels sur de jeunes nageurs.

Vingt-trois répertoriées à ce jour, dont dix-sept se sont portées parties civiles. « Mais d’autres peuvent encore se faire connaître durant le procès », assure une source judiciaire.

C’est de toute évidence ce nombre important de victimes qui explique la durée de la procédure et du procès.

« Quatre plaintes ont été déposées mais tout laisse à penser qu’il y en aura d’autres » 

nous précisait en décembre 2015 Dominique Puechemaille, procureure de la République de l’Eure.

Un an plus tard on apprenait qu’une quinzaine de plaintes étaient en cours d’examen, émanant pour l’essentiel d’anciens nageurs de la section compétition d’Andelle Natation conduite par Dominique Hébert.

Essentiellement des garçons qui avaient entre 10 et 13 ans à l’époque.

Un an seulement après l’ouverture

Le chiffre a donc encore grossi, suite aux investigations menées par les gendarmes, laissant supposer un procès hors-normes compte tenu du nombre de parties civiles présentes ou représentées à partir du 8 novembre à Évreux.

Des victimes qui feront face à leur bourreau, pour certaines plus de vingt ans après les faits.

C’est en effet en janvier 1994, lors de l’ouverture de la piscine de Pont-Saint-Pierre, que Dominique Hébert avait pris ses fonctions de maître-nageur. Et tout laisse à penser qu’il n’a pas attendu longtemps pour se livrer aux agissements pervers dont il est accusé et qu’il a reconnus pour partie.

En janvier 2016, une victime nous confiait en effet :

Les faits remontent pour certains aux années 1995 et nous pouvons à l’heure actuelle affirmer qu’ils se sont reproduits régulièrement jusqu’en 2007, au moins, mais nous ne savons pas encore quand ils se sont arrêtés…

 

Procès à huis clos ?

Selon nos informations, il est très probable qu’à la demande de certaines victimes, le procès du maître-nageur se déroulera à huis clos.

Reste que plusieurs d’entre elles se sont déjà exprimées à visage découvert, tels ces hommes d’une trentaine d’années filmés par les caméras de TF1 dans le cadre de son magazine d’informations Sept à Huit diffusé en mars 2017 :

Finalement, on avait une sexualité débridée dès cette période-là…

J’ai plaqué ma femme à cause de lui, j’avais des idées noires, j’ai fait des tentatives de suicide…
À 10 ans, on n’est pas conscient des faits que nous subissons…
Citons encore ce témoignage terrible de Nicolas évoquant un séjour encadré par le maître nageur en charge de la section compétition d’Andelle Natation.

Parce que dans la chambrée c’était le bazar, par punition, il m’a envoyé dans sa chambre. J’ai dormi avec lui, c’était ma première fellation, ma première sodomie….

« Je n’avais pas conscience des viols »

À l’écran aussi de jour là, une phrase de Dominique Hébert :

J’ai eu une attirance pour les jeunes garçons sur cette période. On était assez proche et on s’est retrouvé dans des circonstances qui m’ont permis de passer à l’acte. À l’époque je n’avais pas conscience des viols, mais j’avais conscience de la gravité des faits.

Des propos confortés par ceux de son avocate, Maître Arielle Le Guedes, qui précisait notamment à nos confrères de TF1 que son client « ne pouvait pas se contrôler, bien que conscient des interdits ».

Nul doute que les victimes ne se satisferont pas d’une telle ligne de défense, eux qui attendent avec impatience mais aussi avec beaucoup d’appréhension, le procès de celui qu’ils avaient considéré non pas simplement comme leur maître-nageur ou leur entraîneur, mais souvent comme un ami.

« Je veux le regarder en face… »

Il y a quelques jours, sous couvert d’anonymat, un de ces hommes meurtris par ce qu’il a vécu à la fin des années 90, nous confiait en effet :

Oui, Dominique était comme un copain, et pas seulement pour nous, mais aussi pour nos parents qui le connaissaient bien, l’appréciaient, le recevaient même parfois à la maison. Jamais ils ne l’auraient imaginé capable de tels actes à notre encontre. On leur aurait dit à l’époque qu’ils ne nous auraient d’ailleurs certainement pas crus…

Personnellement, je veux et j’espère pouvoir le regarder en face et lui dire, les yeux dans les yeux, le mal qu’il m’a fait et qui me ronge encore aujourd’hui.

Jamais je ne lui pardonnerai et j’espère vraiment qu’il sera fortement condamné…
Illustration d’un traumatisme encore bien présent, même vingt ans après, d’autres ne souhaitent pas assister au procès, comme l’explique ce père de famille.

Mon fils n’a pas l’intention d’y aller, sauf bien sûr s’il y est contraint par la justice. Pour lui comme pour plusieurs de ses copains, c’est une plaie qui ne s’est jamais refermée, malgré les années…
Autant dire que le procès qui s’annonce risque d’être chargé d’émotion.

Rappelons qu’à ce stade de la procédure, Dominique Hébert est toujours présumé innocent.

Source : actu.fr

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