Pau | Un médecin ORL condamné pour des agressions sexuelles sur des patients

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Je n’ai pas pris à pleine main le sexe et les testicules
Un ORL de 69 ans à 4 ans de prison ferme pour agressions sexuelles dans le cadre de ses consultations entre 2019 et 2022. Des attouchements commis lors de palpations de l’aine sur des patients qui souffraient du nez, de la gorge ou de l’oreille.

Le médecin Oto-Rhino-Laryngologue (ORL), âgé de 69 ans et à la retraite aujourd’hui, a été conduit ce jeudi soir à la maison d’arrêt de Pau après neuf heures d’une audience intense.

Il a été reconnu coupable des faits d’agressions sexuelles sur des patients : des ados ou des jeunes hommes.

Sept séries de faits en tout, commis entre début 2019 et le printemps 2022 et une instruction qui a conclu à beaucoup de prescription et quelques non-lieux faute d’éléments.

Une défense en boucle

Tout est parti d’une plainte après une consultation en mars 2022. Ce jour-là, l’ORL reçoit un jeune garçon de 14 ans qui se plaint de mal entendre d’une oreille.

Le jeune garçon raconte qu’il est reçu seul, sans sa mère, qui reste dans le bureau du médecin.

Dans la salle d’audiométrie, le praticien lui demande d’enlever son pantalon et son caleçon pour des palpations au niveau de l’aine.

Le jeune l’accuse de lui avoir touché ses parties intimes.

Pendant toute l’audience, comme pendant toute l’enquête, le mis en cause nie toute caresse. Pour lui, il n’y a qu’un malentendu entre lui et tous ces hommes.

Il est tout seul à l’audience. Sans un proche, juste son avocat. Et aux innombrables interrogations, il nie toute intention sexuelle :

 “Je n’ai pas pris à pleine main le sexe et les testicules“.

C’est ce que racontent plusieurs de ses patients.

Mais j’ai dû créer un malaise. Je suis rigoureux, très méticuleux. Peut-être que je ne donne pas assez d’explications“.

C’est sa seule remise en cause.

Des palpations injustifiées et que sur les hommes

Il dit avoir été marqué en début de carrière par un lymphome qu’il n’a pas su détecter chez un patient.

C’est ce qui explique qu’il ait recours à ces palpations de l’aine fréquentes. Bien plus fréquentes que chez ses confrères.

À propos d’un plaignant :

“L’examen a dû le mettre mal à l’aise. Il a perçu ça comme une agression”.

Lui ne parle que d’effleurements involontaires. Il est bavard au début et peu à peu, sous le feu des questions, ses réponses sont plus courtes.

C’est un homme marié. Qui a des enfants. Sans casier judiciaire. Il a même été trésorier du conseil de l’ordre départemental des médecins.

C’est aussi un dossier qui parle du geste médical. Et les médecins qui ont été consultés sont assez unanimes pour dire que la palpation de l’aine est une pratique très rare chez un ORL.

La juge d’instruction a fait interroger les patients hommes du spécialiste. Sur les 254 reçus en six mois, 81 ont raconté avoir subi des palpations de l’aine.

Plus troublant encore :  la juge a fait aussi interroger ses patientes : 120 femmes, aucune n’a subi de palpation de l’aine.

En prison après l’audience

Le tribunal le déclare coupable et le condamne à quatre ans de prison. Avec mandat de dépôt à l’audience.

Lui qui n’a pas fait un seul jour de détention provisoire est parti à la maison d’arrêt de Pau.

Il n’avait que son cartable de médecin avec lui. Il l’a laissé à son avocat avant qu’on lui passe les menottes et de suivre l’escorte.

Il devra aussi verser en tout 11.500 euros aux différentes parties civiles pour leurs préjudices moraux.

À sa sortie de prison, il devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire qui comprend des obligations de soin.

La justice a également décidé de lui retirer son droit d’exercer définitivement.

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