Paris | Un instituteur soupçonné de plusieurs agressions sexuelles

Une enquête pour «agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant abusé de ses fonctions» a été ouverte. La Brigade de protection des mineurs de la police judiciaire (PJ) a été saisie, et a entendu ces dernières semaines plusieurs petites victimes potentielles.

Groupe scolaire Sainte-Jeanne Elisabeth (VIIe). C’est dans l’école primaire de ce groupe scolaire qu’exerçait l’instituteur mis en cause, et désormais visé par une enquête de la brigade des mineurs de Paris.LP/Elodie Soulié

Des câlins trop appuyés. Des bisous et des mots doux, des SMS trop tendres et familiers, agrémentés pour certains de photos ambiguës…

La loi du silence se brise de jour en jour, autour de l’école primaire du groupe scolaire semi-privé Sainte-Jeanne-Elisabeth, dans le VIIe arrondissement de Paris.

Dans cette école «cocon», petite structure et petites classes, les parents d’élèves n’auraient jamais imaginé vivre «l’enfer» qu’une poignée de familles a décidé de porter au jour : les gestes pour le moins «déplacés» d’un instituteur de CM2, dans l’école lors de l’étude du soir, en séjours de classes vertes ou lors de cours à domicile.

Une demi-douzaine de fillettes au moins en auraient été victimes, parfois sans réelle conscience de l’ambiguïté de ce professeur si complice et apprécié de tous, y compris des parents.

Cet homme d’une quarantaine d’années était parfois celui qui les consolait d’un chagrin, les encourageait… Il était aussi «un prédateur», s’effraie une maman. Depuis combien de temps ? Contre combien d’enfants ?

Ce jeudi matin, plusieurs parents sont reçus au diocèse de Paris, administrateur des écoles catholiques, dont ils dénoncent «le déni», voire la volonté de taire des faits pourtant assez précis pour que le Parquet des mineurs ait ouvert une enquête pour «agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant abusé de ses fonctions ».

La Brigade de protection des mineurs de la police judiciaire (PJ) a été saisie, et a entendu ces dernières semaines plusieurs petites victimes potentielles.

«C’est lui qui a fait entrer le loup dans la bergerie…»

Depuis fin mars, lors des premières révélations et de la suspension de l’instituteur, discrètement annoncée pendant les vacances de printemps, des parents ont aussi créé une association de défense. Ils sont décidés à «briser l’omerta».Mais aussi à dénoncer «le mépris» globalement opposé à leurs questions, et «la volonté manifeste du directeur de l’école, proche de l’instituteur en cause, de protéger son ami».

«Il nous dit qu’il ne savait pas, mais c’est lui qui a fait entrer le loup dans la bergerie», s’émeut une autre maman, dont la fillette compte parmi les victimes.

Au fil de l’enquête, les parents ont également appris que le prof n’en serait pas à ses premiers soupçons, et aurait dû quitter deux précédentes écoles, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Vincennes (Val-de-Marne), pour des faits similaires.

«On ne comprend pas que le diocèse et le directeur l’aient recruté en fermant les yeux !», s’étonnent les parents, choqués. Déterminés, ils ont écrit à l’inspecteur d’Académie, à la maire du VIIe Rachida Dati, saisi le diocèse… «Il faut que tout cela sorte et que ça n’arrive plus», répètent-ils.

L’instituteur suspendu dès le signalement A l’Académie de Paris, la réaction n’a pas traîné : le recteur, alerté par des parents, le Parquet et par Rachida Dati, a suspendu l’instituteur dès le signalement.

Quant au directeur de l’école Sainte-Jeanne-Elisabeth, «j’ai fait un signalement aux autorités compétentes et je les laisse faire leur travail», défend simplement Jean Carvallo.
Au diocèse, l’affaire commence à embarrasser. Alors qu’il y a deux semaines, le directeur diocésain, Jean-François Canteneur, refusait «de laisser dire que des faits n’auraient pas été pris au sérieux», ce jeudi il entend «savoir ce que ces parents ont en tête.
Le fait qu’il y ait une enquête signifie que le Parquet l’estime nécessaire, admet-il, mais quant à nous, le diocèse n’a pas accès au casier judiciaire des enseignants, et rien ne nous permettait, dans le dossier de celui-ci, de préjuger d’un comportement dangereux.
Je comprends que ces parents aient l’impression d’être trahis, mais de là à croire qu’ils sont aussi victimes de dissimulation, c’est autre chose !», s’agace-t-il.
De fait, le casier judiciaire du présumé coupable ne porterait pas trace des deux précédents, qui ne seraient pas passés par le stade judiciaire. Il n’empêche, «le diocèse doit prendre ses responsabilités», répètent les parents.
Source : leparisien.fr

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