Outreau un procès hors-norme selon le Parisien
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 16/05/2015
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C’est un épais dossier très partial sur Outreau, que nous dévoile aujourd’hui Le Parisien.
5 grand Titres sont développés dans ce journal
Le Récit > Outreau un procès Hors Norme – De la “cité de l’horreur” au Fiasco judiciaire – Le procès en appel des 6 “innocents” – Une affaire d’État
Les Leçons > Les leçons d’un fiasco
Que sont-il devenus > Les enfants victimes – Les acquittés – Les magistrats
La chronologie >
Les archives du Parisien >
Oui ! Outreau à été un véritable séisme judiciaire !
Ce n’est pour les raison évoquées par les journalistes du Parisien….
Cette affaire à fait l’objet d’un véritable emballement médiatique.
Aveux, rétractations, instruction menée à charge, failles dans les expertises, témoignages d’enfants piétinés… Ce dossier reste dans les mémoires.
L’Affaire d’Outreau à surtout entrainée de gaves dérives notamment dans le traitement de la parole de l’enfant.
►Procès de Saint- Omer du 2 juillet 2004
4 condamnations sans appel suite à aveux pour viols, agressions sexuelles, proxénétisme et corruption de mineurs :
– Myriam Badaoui est la mère de Chérif Delay (14 ans au moment du procès). Elle a innocenté 13 coaccusés avant de revenir sur ses déclarations. Elle a été condamnée à 15 ans et a été libérée en septembre 2011.
– Thierry Delay, est le beau-père de Chérif Delay. Il a été condamné à 20 ans.
– David Delplanque est un des « voisins ». Il a été condamné à 6 ans.
– Aurélie Grenon est la femme de David Delplanque. Elle a été condamnée à 4 ans.
6 condamnations avec appel :
– Sandrine Lavier et Franck Lavier : 3 ans avec sursis et 6 ans de réclusion pour corruption de mineurs.
– Dominique Wiel, (30 mois de détention) prêtre : 7 ans de réclusion pour viols d’enfants
– Thierry Dausque (38 mois de détention), travaille dans le bâtiment : 4 ans de réclusion dont un avec sursis pour agressions sur mineurs
– Daniel Legrand fils (deux ans et demi de détention) : condamné à 3 ans de détention pour viols sur mineurs
– Alain Marécaux (23 mois de détention) : huissier : 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur son fils
7 acquittements :
– Christian Godard (83 jours de détention, décédé en 2009) et Roselyne Godard dite « la boulangère »
– Karine Duchochois devenue journaliste après avoir été vendeuse entre autres métiers
– David Brunet (deux ans de détention) : mari de Karine Duchochois.
– Pierre Martel chauffeur de taxi
– Daniel Legrand-père (30 mois de détention, décédé en 2012) ouvrier métallurgiste
– Odile Marécaux (7 mois de détention) épouse d’Alain Marécaux, infirmière scolaire
►Procès de Paris en appel du 1er décembre 2005
Acquittements de tous les condamnés du procès de Saint- Omer. Après le procès, Pascal Clément le ministre de la justice, annonce une enquête sur les services judiciaires, policiers et sociaux et la possibilité de sanctions administratives. Il présentera ses excuses aux acquittés.
12 enfants déclarés victimes !
Si l’affaire Outreau a fini par sortir, c’est avant tout que dans ce quartier, plusieurs réseaux pédophiles s’entrecroisaient.
Il n’a jamais été possible d’établir l’existence de ces réseaux devant la justice, même si tous les protagonistes qui ont parlé, coupables et victimes, ont aussi parlé de réseau.
Voici en résumé quelques évènement connexes à l’affaire d’Outreau
Le 26 juin 2001, deux couples sont arrêtés dans le cadre d’un dossier parallèle à l’affaire Delay/Badaoui, pour des faits de pédophilie. A ce moment, un avocat explique dans la presse qu’il y avait 6 ou 7 dossiers similaires dans ce quartier de la Tour du Renard, à Outreau.
Le journaliste Frédéric Lavachery, auteur d’un livre sur l’affaire Dutroux, qui a éclaté en 1995 en Belgique, explique que, dès 1999 les renseignements généraux français se sont intéressés au mouvement de citoyens belges contre les réseaux pédophiles, les Comités Blancs, qui ont fait si peur au pouvoir belge. Il écrit:
“En 2001, la presse a commencé à rendre compte de l’affaire d’Outreau et, très rapidement, il est apparu qu’elle prenait l’exact contre-pied de l’attitude adoptée par la presse belge entre 1996 et 1998.”
Le procès Danger/Vandevelde
Le 12 novembre 2001, alors que l’affaire Outreau fait la “Une” des médias depuis près d’un an, trois couples sont arrêtés. Il s’agit de trois frères, les Danger, mariés à trois sœurs Vandevelde, avec quelques échanges d’un couple à l’autre, et 16 enfants au total (ils ont été placés le même jour). Ils vivaient dans un immeuble en face de chez les Delay. Ce sont les deux aînés de la famille, placés depuis 1999, qui ont parlé à leurs assistantes maternelles.
Les trois couples Danger/Vandevelde ont été arrêtés pour des actes pédophiles répétés sur leurs enfants, ainsi que la grand-mère maternelle, chez qui se seraient déroulés une partie des faits. C’est le procureur Lesigne qui suit l’affaire, comme pour Outreau. Il n’a donc été question que d’une “affaire d’inceste familial“.
La presse dépeint les trois couples, défendus par les ténors de l’affaire Outreautels que Moretti, Berton et Delarue fils,comme des débiles qu’on attaque injustement, à cause du délire de l’affaire Outreau.
En mai 2002, alors que les trois couples sont toujours en préventive, une codétenue d’une des sœurs Vandevelde, ulcérée, est entendue par la police. Elle explique que cette femme est “très intelligente” mais “joue les naïves” (comme tous les accusés dans cette affaire, d’ailleurs). La codétenue déclare qu’elle a dit avoir commis des attouchements sur les enfants, et même qu’elle faisait partie d’un réseau pédophile. En gros, on prostituait les enfants contre de l’argent ou des provisions. Là aussi, il est question de cassettes vidéos, qui auraient “été dégagées avant l’arrivée de la police“.
Finalement, les trois couples sont relâchés discrètement en septembre 2004. Leur procès est reporté à juillet 2005, juste après le procès en appel de l’affaire Outreau.
Le 2e procès des Lavier
Le couple Lavier figure parmi les acquittés de l’affaire Outreau. Franck avait été condamné en première instance. Au moment où toute la presse française encensait lesdits acquittés à l’occasion des dix ans de l’affaire Outreau, le procès des Lavier pour corruption de mineurs démarre, en février 2012.
Un an plus tôt, le couple avait été placé en garde-à-vue suite à la fugue de deux de leurs enfants de 10 et 11 ans en plein mois de février. Deux frères de Lavierétaient également arrêtés et poursuivis. Les deux gamins avaient parcouru plusieurs kilomètres en pleine nuit et en hiver pour regagner le domicile de leur assistante maternelle, où ils avaient été placés durant l’incarcération de leurs parents.
Ils ont dénoncé diverses maltraitances, et une enquête est lancée, qui aboutit à la perquisition chez les Lavier, au cours de laquelle plusieurs vidéos de soirée arrosées montrent des gestes sexuellement explicites en présence de mineurs. Dans les extraits des vidéos projetés lors de l’audience, on y voit les Lavier, en compagnie d’amis et de membres de la famille, adopter des positions obscènes auxquels assistent des enfants, parfois pris à partie. “C’est venu dans l’amusement“, souligne Sandrine Lavier. “Et vous trouvez normal d’embrasser votre fille mineure à pleine bouche ?“, tonne la juge. Des photos des maltraitances ont été diffusées aussi, montrant la fille des Lavier couverte de bleus.
L’affaire Rudy L.
Deux autres acquittés, les Legrand père et fils, sont cités par un enfant de la famille comme l’ayant agressé sexuellement. Expulsée de sa maison, la famille Legrand (les parents et les fils G. et Daniel) a résidé durant 5 mois chez une tante, la belle-sœur de Legrand père. Les six enfants de cette tante étaient placés depuis mars 2001, comme Rudy, mais revenaient le week-end.
Entendu en janvier 2002, Rudy L. explique : “Les trois cousins m’ont déshabillé, ils ont baissé mon pantalon et mon slip en bas des jambes, et eux ont fait la même chose“, puis “ils ont mis leur fifi chacun dans mon derrière. Mes cousins m’ont demandé de me mettre à quatre pattes la tête dans le fauteuil, et chacun leur tour ils ont rentré leur fifi dans mon derrière, je ne voulais pas, mes cousins me tenaient“. Ce qu’il déclare est confirmé par sa sœur qui a vu Daniel commettre des attouchements sur des enfants.
Les assistantes maternelles ont aussi entendu leur mère dire à ses enfants : “tu as intérêt à fermer ta gueule et ne plus parler de tes cousins à ta tata” (son assistante maternelle chez qui il a été placé).
Bizarrement aussi, les deux Legrand ont évité jusqu’au bout de parler au juge et à la police de leur passage chez la mère de Rudy L., durant cinq mois. S’ils ont parlé de ce séjour, c’est parce que les enquêteurs leur ont clairement posé la question. Daniel Legrand n’est peut-être pas très malin, mais il sait mentir par omission.
Au moment de ces révélations, Daniel Legrand fils avait avoué à plusieurs reprises avoir violé les enfants, et il avait même avoué un meurtre. Pourtant il semble bien que cette affaire du possible viol d’un cousin soit tombée aux oubliettes.
Pourtant, Daniel Legrand n’est pas une oie blanche : il a été arrêté pour des chèques volés en Belgique en 1999, et le 30 janvier 2007, il est arrêté par la douane au retour d’Ostende. Il se balade avec 130 g d’héroïne qu’il avait avalée et cachée dans son slip. “Il s’agirait de son quatrième voyage d’approvisionnement en Belgique depuis octobre 2006. M. Legrand devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire en attendant de comparaître devant le tribunal correctionnel“. Il a pris un an de prison dont 9 mois avec sursis pour “transport et importation” (pas la vente ni l’achat, donc), ce qui n’est pas cher payé du tout pour ce type de trafic.
Le procès Legrand bis
Daniel Legrand fils a été acquitté pour les faits qu’on lui reprochait alors qu’il était majeur. Né en 1981, il devait encore répondre des faits reprochés entre 1997 et 1999.
Or, ce procès n’est jamais venu et il a fallu que l’association Innocence en Danger et une victime rappellent à la justice de fixer enfin une date pour ce procès pourqu’enfin cette partie des faits soit examinée. Car en octobre 2013, les faits auraient été prescrits si cette procédure n’avait pas été relancée in extremis.
Ce procès est programmé pour le 18 mai 2015 à Rennes, et plusieurs avocats d’Outreau I rempilent, comme Mes Dupont Moretti ou Delarue. Ils seraient une dizaine, prêts à s’attaquer à la partie civile.
Il serait intéressant, par exemple, de vérifier les propos de Daniel Legrand selon lesquels il était payé pour participer aux partouzes, auquel cas il était victime de prostitution. Ou de vérifier si, comme il le dit aussi, il n’a jamais mis les pieds à Outreau.
En tout cas encore une fois, les médias en font des tonnes sur “le fiasco du procès Outreau“, sous-entendant que tout a été dit même s’ils font comme si aucun enfant n’avait été reconnu victime, ce qui est bien réel mais jamais dit.
Et il semble qu’une chose grave se soit produite au sujet de ce procès. Quand il apprend qu’il comparaîtra finalement pour cette période d’infraction, il explique : “Ça m’a surpris quand même. Normalement c’était fini tout cela. Le procureur de Paris avait dit qu’on ne passerait pas par là ! Je n’ai rien à me reprocher alors j’irai la tête haute.” Tiens donc : le procureur avait dit que ce procès n’aurait pas lieu, alors que légalement il devait avoir lieu.
Le copain de Dupont Moretti, chroniqueur judiciaire au Figaro, à savoir Durant-Soufflant, nous apprend en juillet 2013 que “L’avocat Éric Dupond-Moretti accuse, dans un courrier, le procureur général de Douai d’avoir “renié la parole du parquet général“”.
Utilisant une bonne vieille rhétorique déjà utilisée dans tous les scandales de pédophilie, il qualifie Innocence en Danger que “militants jusqu’au boutistes de la cause des enfants” qui ont fait rouvrir le procès rien que pour embêter tout le monde. Car, ce journaliste fait partie de ceux pour qui rappeler l’existence d’enfants reconnus victimes dans cette affaire revient à faire du “révisionnisme”, selon son expression.
Enfin, bref, on comprend donc que le parquet général a fait la promesse à un avocat de la défense de ne pas faire ce procès, ce qui est assez incroyable il faut le dire. “Dans un courrier cinglant, Me Dupond-Moretti rappelle à Olivier de Baynast que l’un de ses prédécesseurs avait assuré à la défense de Daniel Legrand que “cette affaire ne viendrait jamais devant une juridiction”: il reproche au procureur général de «renier la parole du parquet général“, lit-on ainsi dans ce journal.
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