Nouméa | Prison pour le beau-père et la mère accusé de viol sur sa fille

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Violée depuis son plus jeune âge
Encore une affaire de viol jugée aux assises de la Nouvelle-Calédonie. Des faits commis par un beau-père sur une enfant et qui se sont poursuivis pendant plusieurs années à Farino. Il a été condamné, ce jeudi soir, à 12 ans de réclusion et la mère de la victime, à 4 ans de prison dont 3 avec sursis.

Le 30 juillet 2021, une enquête préliminaire des forces de l’ordre était lancée.

Elle faisait suite aux déclarations d’une jeune fille mineure.

Celle-ci a confié à une éducatrice de l’internat provincial de Bourail qu’elle était victime d’attouchements et de viols.

Par son beau-père, depuis son plus jeune âge.

La période des faits, déterminée après enquête, a duré de 2015 à 2021.

La victime avait de neuf à quinze ans.

Ce jeudi 30 mars, en début de nuit, les jurés des assises ont rendu leur verdict.

Le beau-père a été condamné à douze ans d’emprisonnement, l’homme sera inscrit au fichier des auteurs d’infraction sexuelle.

Il n’était pas le seul accusé.

La peine de quatre ans de prison dont trois avec sursis simple a été prononcée envers la mère de la victime.

Elle était poursuivie pour non-dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger.

Un procès, deux accusés

Dans cette affaire, le beau-père, âgé de 72 ans, s’est décrit comme un homme ayant fait de nombreux métiers.

Père de trois enfants, il perçoit une retraite honorable.

Détenu au Camp-Est depuis la dénonciation, il comparaissait pour viol commis sur un mineur de moins de quinze ans, viol par une personne ayant autorité sur la victime, et agression sexuelle imposée à un mineur de moins de quinze ans.

Il encourait jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.

La mère de la victime, ouvrière agricole de profession, était quant à elle poursuivie pour non-dénonciation de mauvais traitement.

Âgée de 39 ans, elle risquait jusqu’à cinq ans de prison.

Au courant

Au matin du jeudi 30, le beau-père a été entendu devant les assises.

Décrit par certains comme colérique, il reconnaît qu’il a pratiqué des attouchements et des pénétrations sur sa belle-fille.

Sa femme, sous contrôle judiciaire, admet pour sa part qu’elle était au courant de la situation.

Elle dit regretter de ne pas avoir arrêté son mari.

“Pourquoi il a fait ça ?”

La victime, aujourd’hui âgée de dix-sept ans, vit en famille d’accueil.

Elle est inscrite en CAP.

“Une jeune adolescente presque comme toutes les autres”, qui doit vivre avec des souvenirs d’attouchements et de viols.

Selon elle, cela a commencé dès ses quatre ans.

Un âge qui n’est pas confirmé par le juge d’instruction, sans rien enlever à la gravité des faits.

La jeune femme déclare :

“Ça a débuté avant la puberté, dès que ma mère n’était pas là”

A l’âge de douze ans, celle-ci lui demande d’enregistrer une vidéo via un téléphone portable.

Elle voit son mari toucher sa fille, mais décide finalement d’effacer la vidéo de crainte de perdre ses droits de garde.

La victime pense à “se couper les veines”.

Et de terminer ainsi sa déclaration :

“Pourquoi il a fait ça ?”

Réponse du beau-père :

“Je ne sais pas ce qui m’a pris dans la tête”

Experts psychiatres à la barre

Après une interruption d’une heure, le procès a repris ce jeudi après midi avec les expertises des médecins psychiatres.

Le Dr Lehericy a expertisé le beau-père en 2021.

Au départ, l’accusé reconnaît seulement les attouchements, puis également des pénétrations, mais en minimisant les choses.

Le médecin le décrit comme un homme n’ayant pas profité de sa jeunesse, ayant commencé à travailler très jeune.

Il fut boulanger, pêcheur, peintre, ouvrier de la SLN.

“Il se place au même niveau que sa belle-fille”

À la retraite, le voilà gardien d’une propriété à Farino.

Là, il vit avec sa femme et sa belle-fille dans une demi-lune.

“Il se place au même niveau que sa belle-fille, comme si ils avaient eu une relation sexuelle d’homme à femme, et pas comme une adolescente avec un homme de 70 ans.”

Il s’agit d’une confusion de langue entre adulte et enfant, est-il estimé, l’homme n’a pas la capacité à réfléchir sur ses actes incestueux.

“Il a une intelligence médiocre et fruste”, sera-t-il déclaré.

“Il souffre de déclin cognitif physiologique mais pas de signe de démence”, dit aussi l’expert.

Par ailleurs, “ni abolition ni altération du discernement chez l’accusé”, et “pas de risques de récidive”.

Dégoût

Le Dr Charlot a quant à lui expertisé la victime, une jeune fille qui souffre d’une déficience intellectuelle légère.

Pour lui, l’adolescente décrit sa vie comme étant “objet et non pas sujet”.

Il ajoute :

“Elle est gênée par la compréhension de certains mots”

En 2021, “elle était agitée, triste, énervée” mais lorsqu’elle rencontre le psychiatre, elle lui dit :

“Ma vie a changé, je suis heureuse”

La jeune femme semble par ailleurs se sentir en sécurité dans sa famille d’accueil.

Reste que “la confrontation avec la sexualité très jeune a entraîné chez [elle] un dégoût par rapport au sexe”.

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