Nord | Libération conditionnelle du meurtrier de la petite Léa
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 13/10/2024
- 10:50
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Mise à jour du 13 octobre 2024 :
Vendredi 04 octobre 2024, la presse répand la nouvelle :
Florian, le meurtrier de la petite Léa, est sorti de prison …
Il a maintenant 20 ans et vit à 6 km de la famille Marmignon.
Voici l’article de la Voix du Nord du 04 octobre 2024:
MAIRIEUX.
Voilà un coup de téléphone qu’Alain Marmignon ne s’attendait pas à recevoir.
Du moins pas de sitôt.
« Je peux vous dire que ce qu’on m’a annoncé est peut-être aussi violent que le drame que nous avons vécu en mai 2018. »
Le vendredi 28 septembre, au bout du fil, un magistrat révèle au grand-père de Léa que le meurtrier de sa petite-fille va sortir de prison de manière imminente.
Léa aurait dû fêter (ce week-end) ses neuf ans.
« Nous devions nous réunir en famille en fin de week-end.
Car Léa aurait dû fêter ce jour-là ses neuf ans.
Je n’ai même pas osé annoncer la nouvelle à sa mère. »
UN FORT POTENTIEL DE RECIDIVE EVOQUE AU PROCES
Toute la famille a été convoquée le lundi suivant au tribunal d’Avesnes-sur-Helpe pour se voir expliquer cette décision.
Le 21 mai 2018, le corps de Léa était retrouvé dans la propriété des Marmignon à Mairieux.
L’auteur du crime n’était autre qu’un garçon de 14 ans placé par le département du Nord chez les grands-parents exerçant comme famille d’accueil.
Après une fuite qui avait duré 24 heures, l’adolescent avait pu être interpellé par les gendarmes.
Vu son jeune âge, il avait échappé à un procès en cour d’assises.
Mais devant le tribunal pour mineur, il avait été condamné à une peine de huit ans de prison sur les dix qu’il encourait.
Les proches de Léa n’ont rien oublié de ces journées d’audience éprouvantes.
« Imaginez vous dans quel état de stress nous vivons maintenant sachant qu’un meurtrier a été libéré à peine six ans et quatre mois après sa condamnation »,
souffle Marie-Christine Marmignon, la grand-mère de la fillette.
Lors de l’enquête, l’expert psychiatre avait mis en avant dans son rapport « un fort potentiel de récidive » chez un sujet dont la pathologie nécessiterait « un placement en unité de soins spécialisés ».
« HORS DE QUESTION QUE NOUS PARTIONS »
Le juge d’application des peines a néanmoins rappelé aux Marmignon que l’individu, âgé de 20 ans aujourd’hui, va faire l’objet d’un suivi socio-judiciaire jusqu’en 2034 avec une interdiction d’entrer en contact avec eux ou de paraître à leur domicile.
Des faits qui seraient suffisants pour révoquer sa libération conditionnelle.
« Si au moins il avait eu une interdiction de résider dans le Nord… fulmine Alain Marmignon.
On songe maintenant à installer des caméras et un portail sécurisé.
Il connaît bien les lieux, il vivait ici. »
En effet, toute la famille réside toujours à la même adresse.
Les membres n’ont pas l’intention de déménager.
« Léa est enterrée au cimetière à quelques centaines de mètres.
Il est hors de question que nous partions d’ici », assurent les grands-parents.
Comment fonctionnent les remises de peine ?
Prévues par le Code pénal, les demandes de libération conditionnelle sont examinées par un magistrat spécial qui peut accorder, selon les cas, entre trois et six mois de réduction de peine par année d’incarcération.
Pour cela, le détenu doit justifier d’un excellent comportement en prison et d’une preuve de réinsertion.
« En tant qu’avocat nous l’acceptons, les accusés restent des humains avant tout, avec leurs failles, mais ils peuvent changer »,
concède l’avocate de la famille des Marmignon.
« RESPONSABILITE LOURDE »
Un risque de récidive de l’accusé avait été pointé par les experts.
Lesquels avaient relevé chez lui une altération de son discernement, soit un trouble psychique dont il était atteint au moment où il a commis le meurtre.
Le traitement médical qu’il suit en détention lui a-t-il permis d’en guérir ?
L’information relève du secret médical, les parties civiles n’y ont pas accès.
« Dans tous les cas, avant une libération anticipée, un expert psychiatre doit donner son aval.
La responsabilité qu’a pris l’État en lui accordant est lourde ! », ajoute l’avocate.
« L’affaire Léa nous montre que la législation n’est pas adaptée pour les tueurs d’enfants.
Pour le même meurtre, un adulte aurait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Pour un ado de 14 ans, la loi ne permet pas de l’incarcérer plus de dix ans:
il est laissé libre avec un suivi, avec le risque que cela comporte»,
estime un professionnel du droit qui a travaillé sur le dossier.
Article “La Voix du Nord” par Morad BELKADI
Cette libération conditionnelle est vécue comme une double peine par la famille Marmignon.
Non seulement le deuil de Léa n’est pas encore terminé, mais maintenant, ils sont confronté au stress de savoir que le meurtrier est de retour, certes sous conditions, mais à 6 km de chez eux.
Florian connaît bien les lieux, les habitudes de la famille et a un discernement altéré, du fait de sa pathologie, et un fort potentiel de récidive.
Ces circonstances sont donc extrêmement anxiogènes pour la famille Marmignon.
Pourquoi la justice prend elle un tel risque?
Alain et Marie-Christine Marmignon, les grands-parents de Léa, de nouveau, tirent la sonnette d’alarme.
extrait de l’émission “Touche pas à mon poste du 08 octobre 2024”
Article d’origine du 12 avril 2024:
Dysfonctionnements de l’ASE : cas de l’affaire de la petite Léa
Mercredi 13 mars 2024, les députés du Parti socialiste annoncent qu’ils vont exercer leur droit de tirage annuel, leur donnant de facto la possibilité de lancer une commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Avec cette commission d’enquête, à l’initiative de la députée du Val-de-Marne Isabelle Santiago, les députés souhaitent “faire la lumière sur les dysfonctionnements de l’aide sociale à l’enfance”, indiquent les députés socialistes et apparentés dans un communiqué.
“Tous les clignotants sont aux rouges”, font-ils valoir, comme en témoigne la mort en janvier d’une adolescente de 15 ans, Lily, retrouvée pendue dans un hôtel du Puy-de-Dôme où elle avait été placée par les services de la Protection de l’enfance.
“Les professionnels en première ligne sont trop peu nombreux, travaillent dans des conditions extrêmement précaires et les structures sont inadaptées à l’accueil de jeunes aux parcours traumatiques”, explique le communiqué des députés socialistes.
Cette commission d’enquête permettant l’organisation de six mois d’audition avant un rapport, “est un préalable avant le lancement d’une réforme d’ampleur de ce secteur”, expliquent les députés socialistes.
Article Publié le 13/03/2024 sur Francetvinfo.fr
Il était temps! Cela fait bien trop longtemps que “Tous les clignotants sont aux rouges”.
La famille Marmignon en a malheureusement subi les conséquences à travers le drame du 21 mai 2018 qui leur a enlevé leur petite Léa, deux ans et demi, et ils en subissent toujours les conséquences six ans après.
Les dysfonctionnements de l’ASE dans l’affaire de la petite Léa
21 mai 2018, Mairieux dans le Nord, la vie de la famille Marmignon bascule dans l’horreur et le désespoir.
Léa, 2 ans et demi, a été tuée sauvagement par Florian, 14 ans, un des enfants placés par l’ASE chez Marie-Christine Marmignon, la grand-mère de Léa, qui est assistante familiale.
En plus de devoir endurer la dure épreuve du deuil de leur petite-fille et de devoir soutenir leur fille qui vient de perdre son enfant, ils vont se lancer dans un combat administratif et juridique pour faire reconnaître les manquements et l’absence de réaction de l’ASE, qui de par ses dysfonctionnements a une grande part de responsabilité dans ce drame.
Retour sur le drame
21 mai 2018. Ce jour-là, lundi de Pentecôte, la famille Marmignon s’est regroupée pour prendre le repas ensemble : Marie-Christine, assistante familiale et Alain son mari ainsi que les quatre enfants placés par l’ASE chez eux, leur fille et son mari et leurs deux petites filles dont Léa, deux ans et demi.
Florian, un des enfants placés âgé de 14 ans, profite du fait que tous soient occupé après le repas, pour entraîner discrètement la petite Léa au fond du jardin.
Ils passent quatre clôtures grillagées dont une électrique menant à la rivière, puis Florian déshabille la fillette et s’acharne sur la pauvre enfant.
Dans les minutes qui suivent, s’inquiétant de l’absence de Léa, tous partent à sa recherche.
Un des autres jeunes placés dans la famille prend l’initiative d’aller voir au fond du jardin, là où Léa ne va jamais.
Florian l’accompagne alors et lui dit:
” Ce n’est pas la peine de chercher après Léa, de toute façon imagine toi qu’elle a été violée, tuée et que son corps soit jeté dans la rivière…”
Les parents de Léa et Alain, son grand-père, le rejoignent au fond du jardin et descendent vers la rivière au fond du jardin, quand ils l’entendent crier :
“…ça y est, je vois le pied de Léa dans la rivière !”
C’est le grand-père de Léa, Alain Marmignon, qui retirera du ruisseau le corps nue, sans vie et meurtrie de sa petite-fille, hurlant:
“Il a tué Léa !”
Les vêtements sont jetés dans un arbre.
Entre temps, Florian s’est enfuie à travers champs.
Malgré les tentatives de réanimation des voisins, dont une voisine qui est médecin pédopsychiatre, puis des pompiers et l’intervention des médecins du SAMU, trois heures plus tard, Léa est déclarée décédée.
Les gendarmes déploient de grands moyens pour retrouver Florian avec 150 hommes, un hélicoptère.
Les soupçons s’orientent très vite sur lui.
Il sera retrouvé le lendemain en Belgique.
Pendant sa garde à vue pour homicide volontaire, il nie dans un premier temps.
Puis après avoir changé plusieurs fois de version, il avoue le meurtre de Léa et raconte avec froideur et détachement, les actes qu’il a commis.
Il reconnaît avoir traversé les barbelés et les orties avec Léa dans les bras, être descendu jusqu’à la rivière.
Il l’a alors mise au sol, l’a étranglée.
Constatant qu’elle respirait encore, il l’a frappée au thorax avec une petite binette, puis l’a déshabillée pour l’enterrer, selon ses dires, mais n’ayant pas de pelle, il a finalement décidé de la mettre dans le ruisseau.
L’autopsie pratiquée le lendemain confirmera les 22 coups donnés au thorax et la mort par asphyxie, sans toutefois préciser si celle-ci est due à la strangulation ou à la noyade.
Le médecin légiste n’a pas trouvé de trace avérée de viol.
Mais le doute subsistera toujours et restera légitime par la présence d’un poil pubien retrouvé sur la vulve du corps de Léa.
Les funérailles de la petite Léa ont lieu le 29 mai 2018.
Florian a été jugé au Tribunal pour mineurs d’Avesnes-sur-Helpe le 14 juin 2019.
«Un mineur poursuivi pour « meurtre sur mineur de moins de quinze ans » encourt habituellement vingt ans de réclusion criminelle mais « dans ce dossier, les experts ont unanimement conclu à la grave altération de ses facultés mentales […] ce qui ramène à treize ans la peine encourue », a précisé, la procureure de la République.
« En raison de cette altération du discernement », le parquet avait requis dix ans d’emprisonnement.
Extrait de l’article de Ouest France du 14 juin 2019
Lors du procès, Florian affiche une indifférence dérangeante.
Il n’a toujours pas conscience de la gravité de son acte.
La famille Marmignon apprend ce jour là que Florian avait été placé dans deux autres familles d’accueil avant eux.
Ces deux familles avaient rencontré d’énormes difficultés avec lui et avaient finalement demandé et obtenu le retrait de celui-ci.
Ainsi cet adolescent qui leur avait été présenté par l’ASE comme étant un jeune ayant uniquement des problèmes d’épilepsie, serait en fait porteur d’une déficience mentale et de troubles psychiatriques de types autistiques voir schizophréniques.
A la barre, la référente de l’ASE comparaissant en qualité de témoin.
Elle minimise les difficultés rencontrées par la famille Marmignon jusqu’au jour du drame et elle estime que la place de Florian était justifiée en famille d’accueil.
Au terme du procès, il est reconnu coupable et condamné à 8 ans de prison ferme ainsi que 10 ans de suivi socio judiciaire.
Il a également obligation de suivre une formation professionnelle ou d’exercer une activité professionnelle.
En cas d’inobservation de ces obligations, la peine encourue est de 3 ans supplémentaire.
Il a interdiction d’entrer en contact avec les sœurs, les parents et grands-parents de Léa, ainsi que les trois enfants placés dans cette famille d’acceuil.
Il fait appel de la décision. Le parquet fait également appel.
Lors du jugement en appel à Douai le 17 octobre 2019, le verdict du jugement en première instance est maintenu.
Par contre, et c’est là que de cette affaire va émerger une bataille judiciaire parallèle, la mise en cause du Président du Conseil Départemental ainsi que la demande de témoignage oral de la référente ASE de Florian sont déclarés irrecevables par la Présidente de la Cour d’Appel.
Car dans cette affaire, au-delà de la douleur engendrée par la perte de leur petite-fille, Marie-Christine Marmignon assistante familiale et son époux Alain, qui ont accueilli Florian chez eux, ont voulu mettre en avant le fait qu’avant le passage à l’acte de Florian sur Léa, il y a avait eu des signaux d’alarme forts qu’ils avaient signalés de nombreuses fois à l’ASE, mais qui étaient restés lettre morte.
Pour eux, les dysfonctionnements de l’ASE sont responsables du drame qui a coûté la vie à leur petite-fille Léa.
Et ces dysfonctionnements ne s’arrêtent pas là, ils ont littéralement détruit la vie de M.et Mme Marmignon puisque depuis ces évènements Marie-Christine n’a pas pu reprendre son travail suite à l’impact de ce drame.
L’incident pourtant déclaré comme accident du travail dans les jours qui ont suivi le drame, ne l’a jamais été reconnu en tant que tel par l’ASE.
Les faits et leur part de responsabilité continuent à être minimisés.
Il en est de même pour les parents de Léa.
Pour eux, la vie s’est arrêté le 21 mai 2018.
Audrey, la mère de Léa, est toujours hantée par les souvenirs de sa vie avec sa petite Léa.
Elle n’a pas réussi à faire son deuil continuant à se recueillir sur sa tombe plusieurs fois par jours.
C’est pour toutes ces raisons que la famille Marmignon a engagé une procédure au tribunal administratif contre le Département du Nord pour faute de service, ce qui est une première en France.
Pour qu’il n’y ait plus jamais de Petite Léa…
Peu d’informations sur le passé des enfants
Florian n’est pas le seul adolescent avec un profil difficile dont Marie-Christine a eu la charge.
Au cours des années précédentes, d’autres situations complexes avaient déjà mis en avant les incohérences du fonctionnement de l’ASE.
La procédure d’arrivée des enfants dans une nouvelle famille d’accueil implique un relatif silence sur le passé de l’enfant au sein de sa famille et/ou de son ancienne famille d’accueil, ainsi que sur ses éventuelles pathologies surtout quand elles sont d’origines psychiatriques.
Ceci peut paraître tout à fait contestable.
Dans le cadre professionnel, les informations au sein du secret partagé permettent de révéler ce genre d’élément en toute confidentialité.
Savoir si l’enfant est potentiellement dangereux pour les autres et pour lui-même permet d’anticiper des aménagements des locaux, d’emploi du temps, de se renseigner sur les pathologies et ainsi de mettre en place les suivis adéquats, etc.…
Ainsi, avant Florian, Marie-Christine avait déjà subit les conséquences de cette procédure de la discrétion sur le passé des enfants.
Premier cas: une des premières jeunes filles placées chez eux a fait de fausses déclarations en gendarmerie contre eux.
Une fois entendu par les gendarmes, Marie-Christine et son mari ont été convoqués par l’ASE qui leur a annoncé que l’affaire était classée « sans suite » .
En effet, la jeune fille avait menti. Et ce fait n’était pas étonnant pour eux chose car la jeune fille avait un passé de manipulatrice.
Donc l’ASE savait depuis le début du placement que la jeune fille était manipulatrice et savait donc qu’un incident de ce type avait de forte probabilité de se produire.
Mais au lieu d’alerter l’assistante maternelle et ainsi de se placer dans la prévention, l’ASE est restée muette, espérant sûrement que “le temps ferait bien les choses” et que le placement allait résoudre miraculeusement les problèmes.
Marie-Christine refusera ensuite de reprendre la jeune fille.
Deuxième cas : un peu plus tard, ils reçoivent un garçon de 10 ans réorienté (c’est à dire venant d’une autre famille d’accueil).
Ils n’ont aucune explication sur la cause de la réorientation.
Au bout de quelques jours, celui-ci devient violent et casse tout dans la maison.
En contactant le référent, Marie-Christine apprend que le garçon était aussi violent dans la famille d’accueil précédente, qu’il était suivi en psychiatrie (sans dire pour autant la pathologie dont il souffre) et que son traitement allait leur être envoyé.
Donc le jour de son arrivée, ni sa violence potentielle, ni sa pathologie n’avaient été évoquées par le référent de l’ASE.
Et encore plus aberrant ! Alors que ce jeune était suivi en psychiatrie (donc avait une pathologie assez lourde), son traitement n’avait pas était transmis à Marie-Christine lors de son arrivée chez elle.
En général, les arrêts brutaux de psychotropes provoquent des signes de sevrage dont l’agitation, les hallucinations et l’agressivité.
Ce n’est qu’après insistance auprès du référent de l’enfant, et après une tentative de meurtre sur Marie-Christine avec une fourche de jardin , que le garçon est finalement hospitalisé durant plus de 9 mois en hôpital psychiatrique sur Lille.
A sa sortie il intègre un établissement spécialisé en Belgique ne retournant chez les Marmignon qu’un weekend end par mois.
Troisième cas : n’ayant plus ce jeune en semaine, l’ASE amène chez Marie-Christine une jeune fille de 16 ans avec une extension d’agrément à 4 enfants.
Il s’avérera plus tard que cette jeune fille était schizophrène.
Personne ne voulant la prendre en relais pendant les vacances, Marie-Christine et Alain l’emmènent avec eux.
Une fois arrivés sur place, la jeune fille fugue.
C’est au bout de plusieurs fugues qu’elle finira par être hospitalisée de force par la gendarmerie et que les médecins la qualifieront de « dangereuse ».
Elle passera plusieurs mois en hôpital psychiatrique dans le sud de la France.
Lors de son rapatriement dans le Nord, les services sociaux refusent de prendre en charge les frais de retour.
La famille d’accueil se voit donc dans l’obligation de prendre à ses frais le déplacement en ambulance avec médecins et un infirmier (nécessaires étant donné le risque de violence et la dangerosité de la patiente).
Finalement, elle intégrée également un institut en Belgique.
Et enfin, octobre 2015, Florian arrive chez Marie-Christine et Alain.
D’après sa référente, il n’a absolument rien.
Juste des crises d’épilepsie mais cela fait plusieurs années qu’il n’en a pas faites.
« Vous ne pouvez pas toujours refuser, cette fois il faut accepter… »
Ils apprendront lors du procès que la première famille d’accueil de Florian avait demandé le retrait suite aux difficultés rencontrées avec lui et que ce retrait ne lui avait été accordé qu’avec l’intervention de Monsieur Patrick KANNER, Président du Conseil Départemental, auprès de l’ASE, suite à un courrier émanent de la fille de cette famille d’accueil car elle voyait que sa maman était en grand danger avec Florian.
La deuxième famille, elle aussi en grande difficulté, a également obtenu le retrait de Florian mais au prix d’une sanction par un blâme de la part de l’ASE.
Des problèmes signalés sans réponses
Les premiers jours se passent sans problème particulier.
Mais très vite, Marie-Christine et son mari, s’aperçoivent que Florian présente des troubles plus inquiétants que l’épilepsie présentée initialement.
Ils suspectent en particulier des problèmes d’ordre sexuel et peut-être de la déficience intellectuelle ou de l’autisme.
Ils rencontrent la référente du jeune en urgence en mars 2017 et celle-ci leur répond :
« Mais madame il est en pleine puberté, il faut qu’il se découvre… »
Suite à cette rencontre, Marie-Christine fera de nombreux mails et rapports d’incidents qui resteront sans réponse.
Les incidents se multiplient à la maison.
Vols (que ce soit dans les magasins ou encore au sein même du domicile de la famille Marmignon):
Extraits des notes de Marie-Christine et Alain Marmignon
Fugues:
Comportements sexuels exubérants et consultation de contenus pornographiques:
Il se frotte contre les murs et on retrouve très régulièrement du sperme dans la salle de bain, dans les toilettes ainsi que sur les murs de sa chambre.
Voici ce que Marie-Christine et Alain ont retrouvé en consultant l’historique du téléphone volé par Florian:
Il n’y a pas qu’au domicile que Florian se fait remarqué par ses actes délictueux, il est aussi ciblé à l’IME (Institut Médico Educatif) où il est scolarisé.
L’équipe éducative et thérapeutique de l’IME se réunit une fois par trimestre avec Florian, la famille d’accueil, la référente de l’ASE et les parents pour faire une synthèse du trimestre écoulé et des objectifs du trimestre à venir.
Au cours de ces synthèses pluridisciplinaires sont évoqués les réussites, les évolutions positives, mais aussi, les incidents qui émaillent le parcours de Florian à l’intérieur même de l’IME, le tout étant consigné dans un document appelé PPE (Plan Personnalisé Educatif) qui est actualisé à chaque réunion.
Comme en atteste cette note d’information de situation envoyée en juin 2017 à la référente de Florian ainsi qu’à ses chefs de service, tous les faits antérieurs signalés sont restés sans réponse.
A chaque incident correspond un mail et un rapport d’incident envoyé à la référente de Florian sans retour de sa part.
A partir de septembre 2017, certains évènements auraient du tout particulièrement alerter les services sociaux.
Les parents de Léa habitant à coté de chez Marie-Christine et Alain, la petite venait souvent rendre visite à ses grands parents en passant par un passage entre les deux terrains.
Plusieurs fois, Florian a tenté d’emmener Léa au fond du jardin où se trouve la rivière.
Et plusieurs fois, la mère de Léa a même eu la stupeur de retrouver la couche de Léa à l’envers à son retour à leur domicile.
Mais le plus inquiétant reste cet incident du 1er septembre 2017:
Bien évidemment, la référente a été informée de l’incident… mais ne répond pas, une fois de plus.
Devant la gravité des actes commis par Florian la nuit (vols, ouverture du gaz, tentative de viol, …), Alain a décidé d’installé alarme avec flash lumineux d’une ampoule de 200 watts ainsi qu’une sirène de plus de 110 décibels dans leur chambre qui les prévient si Florian sort de sa chambre.
Marie-Christine et Alain ne sont pas les seuls à s’inquiéter.
Les personnels de l’IME ont aussi conscience qu’il y a une montée en puissance du nombre et de la nature des incidents impliquants Florian.
Ainsi des faits inquiétants sont évoqués lors d’une réunion de synthèse à l’IME en présence de la référente de Florian le 05 avril 2018:
Durant cette réunion, le problème sexuel de Florien est soulevé.
Dans sa chambre, les éducateurs ont découvert des photos de femmes nues qu’il avait découpées dans des magazines.
Mme P., référente de Florian, s’engage à voir une personne sur Maubeuge dès le lendemain matin, afin de parler du comportement sexuel de Florian.
Au moment du drame il revoyait, les week-ends, ses parents biologiques qui bénéficiaient d’un droit de visite et d’hébergement.
Malheureusement, les enfants assistent aux ébats sexuels de leurs parents et on sait que Florian visionnait de la pornographie avec son père.
En réunion en présence des parents, le comportement de Florian est ambigu : il embrasse son père sur la bouche et le caresse.
La référente spectatrice, ne réagit pas en voyant ces gestes déplacés.
Marie-Christine, exaspérée, dit à la référente:
« Mais enfin Madame P. vous ne réagissait pas ?
Mais enfin dîtes et faîtes quelque chose…”
La référente écoute Marie-Christine, les éducateurs de l’IME sont également surpris du comportement de Florian mais le sont encore plus de la part de la référente qui réagisse pas.
Elle finit par lui dire, après intervention d’Alain:
« Mais Florian, ce n’est pas bien ce que tu fais… »
Il ressort de cette réunion que Florian est sexuellement dangereux.
La réponse de la référente montre bien qu’elle continuait à minimiser le comportement déviant de Florian :
« Il faut bien que Florian découvre sa sexualité ! »
Tout est outré de cette réponse.
Tous ces faits sont sont particulièrement inquiétants car la réunion a lieu le 05 avril 2018, soit à peine deux mois avant le drame.
Marie-Christine a également signalé les doutes qu’elle avait concernant les visites au domicile des parents et le fait que Florian soit exposé à de la pornographie.
Ce qui aurait du être interprété comme des signaux d’alerte n’a manifestement pas interpellé la référente de Florian qui a continué à minimiser les faits d’ordre sexuel se produisant au domicile des Marmignon ou à l’IME.
Lors de l’audience au tribunal, les éducateurs de l’IME ont confirmé ne jamais avoir eu de retour également à leurs propres signalements faits auprès de la référente de Florian suites aux incidents s’étant produit au sein de leur établissement.
La veille du drame, un incident d’ordre sexuel a eu lieu à l’IME.
Celui-ci sous-entend malheureusement que Florian était sexuellement actif.
Un numéro d’urgence inutile
En tant qu’assistante familiale, Marie-Christine disposait de plusieurs numéros de téléphone à utiliser en cas d’urgence pour contacter l’ASE.
Au cours de sa formation, il lui a bien été spécifié que les assistantes familiales ne seront jamais seules qu’il y aura toujours toute une équipe pluridisciplinaire à leurs côtés…
De belles paroles, sauf que la réalité est tout autre.
Document Astreintes de l’ASE du NORD pour les Assistantes Familiales
Le jour du drame, alors que les gendarmes et le procureur sont encore présents sur place, Marie Christine fait appel à la permanence téléphonique de l’ASE au numéro vert pour faire part de la situation concernant la fugue de Florian.
La réponse de la personne de la permanence a été :
« Si l’enfant qui est en fugue rentre chez vous, faites le dormir et demain vous verrez avec la référente ».
A ce moment là, Florian a un statut de témoin, mais les Marmignon savent très bien que Florian est celui qui a tué leur petite-fille, donc pour eux, la réponse est aberrante.
Les gendarmes toujours présents vont alors faire remarquer qu’il fallait que les autres enfants placés soient accueillis dans d’autres familles dès cette nuit-là.
Comme il était 21h30, cette fois Marie-Christine a appelé le numéro d’astreinte pour les urgences.
Il était nécessaire de trouver au plus vite une ou plusieurs familles pour ces trois enfants.
Une dame lui a alors répondu :
« Mais madame, je ne peux rien faire pour vous ! Je suis de Dunkerque et je ne connais pas votre secteur…
Donc débrouillez vous… »
Et c’est ainsi que Marie-Christine et Alain, encore sous le choc de la terrible journée qu’ils venaient d’endurer, ont du prendre contact avec d’autres assistantes familiales de leur connaissance afin de trouver un accueil d’urgence pour les trois autres enfants puisque l’ASE, manifestement, ne voyait pas d’urgence dans cette situation.
Et heureusement, des familles ont accepté de prendre en charge les enfants dès le soir même.
Peu de compassion et pas de reconnaissance de l’accident de travail
Le lendemain du drame, le Directeur des services sociaux accompagné de la responsable de l’ASE ainsi que d’un chef de service, sont venus à la rencontre de Marie-Christine à son domicile. Ils ont posé des questions sur le déroulement des évènements de la veille.
Alain et Marie-Christine leur ont expliqué tout ce qui s’est passé et leur ont confirmé que le meurtrier présumé était bien Florian et qu’il était toujours en fugue à ce moment là.
La perquisition a été organisée au domicile du couple par les gendarmes a révélé la présence de deux armes blanches cachées entre deux planches du baby-foot de la chambre de Florian..
Ils leur signalent également, avoir appelé le numéro d’urgent la veille et ne pas avoir reçu d’aide de la part de leur interlocutrice.
Suite à cet entretien, les services sociaux mettront en place une cellule d’aide de soutien psychologique pour accompagner la famille Marmignon dans ce drame horrible.
De son côté, Marie-Christine rencontre son médecin traitant qui décide, au regard de son état émotionnel, de la mettre en arrêt de travail dans le cadre d’un accident du travail.
L’arrêt de travail étant établi, il est envoyé à l’employeur qui doit effectuer une déclaration pour accident du travail auprès de la sécurité social.
C’est donc avec étonnement que le 16 août, Marie-Christine reçoit un courrier de la sécurité sociale lui indiquant que son employeur n’a pas procédé à la déclaration de l’accident de travail.
C’est donc à elle de faire la démarche auprès de la sécurité sociale directement.
La sécurité sociale reconnaît l’accident de travail mais pas l’ASE ?
Une fois de plus les Marmignon se sentent abandonnés par ceux-là même qui leur ont dit en formation qu’ils ne seraient jamais seuls…
A ce niveau, ce n’est plus de l’abandon, mais de la trahison.
Cette trahison sera confirmée par en octobre 2018 par le courrier suivant :
L’ASE justifie son refus de statuer sur la reconnaissance de l’accident du travail par le fait que le procès n’a pas encore eu lieu.
Pourtant, Florian a avoué lors de sa garde à vue donc il n’y avait aucun doute à avoir sur sa culpabilité.
Le doute pouvait exister au niveau de l’examen psychologique puisque celui-ci n’a été réalisé qu’en décembre 2018.
Il était alors à ce moment là difficile de cerner, compte tenu du détachement que présentait Florian face à ce meurtre, s’il avait vraiment conscience des conséquences de ses actes.
Vous pouvez d’ailleurs retrouver sur la chaîne YouTube Swen True Crime, un documentaire très complet sur le drame.
Celui-ci présente une analyse psychologique poussée de l’auteur au travers d’un entretien avec l’experte psychologue en charge du dossier.
Mais cela ne concernait absolument pas la reconnaissance le l’accident de travail !
L’incapacité de travail a bien été causée par un évènement lié directement à l’activité professionnelle de Marie-Christine, à savoir le fait qu’elle soit assistante familiale de Florian.
Son arrêt de travail et le fait qu’elle n’a pas repris son activité depuis (ce qui revient à une incapacité), sont effectivement liés à un accident du travail.
Finalement ce sera la sécurité sociale qui finira par trancher, 7 mois après l’envoi de la demande initiale.
L’ASE : parfait exemple de violences institutionnelles
La violence institutionnelle dans le champ social et médico-social telle que Tomciewiecz* l’a décrite, peut se définir ainsi pour l’ASE :
«La violence institutionnelle se réfère aux actions commises au sein d’une institution ou à l’absence d’action, qui entraînent une souffrance physique ou psychologique inutile pour l’enfant placé en protection de l’enfance.
Elle peut également entraver l’évolution ultérieure de l’enfant.
Cette violence peut être exercée par des professionnels, des familles d’accueil ou d’autres acteurs institutionnels.
Elle inclut des formes variées telles que la négligence, la discrimination, l’humiliation et les abus de pouvoir. »
Nous sommes alors dans le cas des violences institutionnelles faites aux enfants, ce qui est un autre aspect des maltraitances de l’ASE que nous relatons régulièrement dans nos articles.
Mais ici c’est de violence institutionnelle à l’encontre de son propre personnel dont il est question. La définition devient alors :
«La violence institutionnelle se réfère aux actions commises au sein d’une institution ou à l’absence d’action, qui entraînent une souffrance physique ou psychologique inutile pour le personnel travaillant au sein de l’institution.
Elle peut également entraver la carrière et/ou impacter la vie quotidienne.
Cette violence peut être exercée par des professionnels, des familles d’accueil ou d’autres acteurs institutionnels.
Elle inclut des formes variées telles que la négligence, la discrimination, l’humiliation et les abus de pouvoir. »
Sous ce double prisme, l’ASE apparaît comme une machine déréglée et ingérable qui détruit tout sur son passage.
Ses ennemis mais aussi ses amis…
En voulant aider les enfants en danger sans y mettre les moyens financiers nécessaires, cette institution devient maltraitante.
Maltraitante pour ses personnels médico-sociaux qui ne peuvent pas assurer leurs missions car étant en sous-effectifs.
Maltraitante pour les familles d’accueil peu formées, peu accompagnées dans le suivi des enfants, délaissées en cas de problèmes, menacées et punies en cas de rébellion (retrait d’enfant ou d’agrément sans justification).
Maltraitante pour les enfants qui subissent une double peine : la violence de leurs parents et celle de l’institution.
Par effet boomerang de la maltraitance des personnels, ce sont les enfants placés dans les familles d’accueil et les foyers qui subissent les conséquences de cette violence institutionnelle.
« S’ils avaient réagit, Léa serait toujours là.
On ne peut pas perdre un enfant à cause d’une erreur des personnes chargées de la protection de l’enfance »,
dénonce douloureusement Alain Marmignon, le grand-père de la jeune victime.
La famille Marmignon a elle aussi été doublement victime de la violence institutionnelle de l’ASE du Nord .
Tout d’abord par son manque d’écoute / d’empathie et son manque de professionnalisme (formation, suivi RH, gestion de la paye…) en tant qu’employeur de Marie-Christine, puis par sa négligence et son inaction en tant qu’institution protectrice de Florian et des autres enfants victimes collatérales, sans oublier la principale victime : Léa.
Et maintenant ?
La bataille juridique ne fait que commencer et le Département du Nord a déjà demandé à la famille Marmignon d’arrêter de faire un scandale auprès des médias mainstream, d’attirer l’attention sur leurs services.
Il faut dire que les services d’aide sociale à l’enfance du Nord sont dans la tourmente depuis 2018 et que malheureusement l’affaire de Léa était bien révélatrice du malaise au sein de ce service public.
Une tribune signée par des travailleurs sociaux, des juges pour enfants et des avocats dénonce « l’état catastrophique de la chaîne de prévention et de protection de protection de l’enfance » dans le département du Nord en octobre 2022.
Pour rappel, l’ASE a pour mission d’apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs en difficulté, à leur famille, aux mineurs émancipés et aux jeunes de moins de 21 ans confrontés à des problèmes sociaux graves.
Elle veille à la protection et au bien-être des enfants placés, en collaboration avec les autorités judiciaires et les autres acteurs sociaux.
Malheureusement, les faits prouvent que ce n’est pas le cas.
Suite aux obsèques et aux deux procès contre Florian, la famille a eu d’énormes frais.
Et comme l’action en justice continue cette fois contre le Conseil Départemental du Nord, avec un nouvel avocat, d’autres frais sont à prévoir.
Marie-Christine n’a pas pu reprendre son travail tout comme Audrey la mère de Léa.
C’est une famille entière qui a été brisée et mise à genoux.
Pour poursuivre leur combat, ils ont besoin de votre soutien.
Une cagnotte Leetchi a été lancée pour les aider à participer aux frais à venir pour les procès et ainsi leur donner un soutien dans leur quotidien si douloureux
Pour Léa
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