Niederroedern | 20 ans de prison pour le notable Jean-Christophe Karcher

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Ses 2 filles servaient d’appât pour attirer des pré-adolescentes
Maire adjoint, prof et chef scout : un homme au-dessus de tout soupçon est jugé à partir de lundi devant les assises du Bas-Rhin pour des viols et agressions sexuelles sur 34 fillettes commis entre 2007 et 2018

Actualisation du 15 octobre 2022

Jean-Christophe Karcher, notable pédocriminel condamné à 20 ans de réclusion

La cour d’assises du Bas-Rhin a condamné vendredi Bas-Rhin: 20 ans de réclusion requis contre un notable pédocriminel, ancien élu local, professeur et chef de camp scout, à vingt ans de réclusion criminelle pour 34 agressions sexuelles de fillettes et trois viols, à l’issue de deux semaines de procès à Strasbourg.

Debout dans le box, face à une salle comble, remplie de la plupart de ses victimes et de leurs parents, l’ancien premier adjoint au maire d’un village de 1.000 habitants du nord de l’Alsace n’a pas montré d’émotion particulière à l’énoncé du verdict. Le jury l’a reconnu coupable de toutes les questions posées, le condamnant au maximum légal, écartant néanmoins la période de sûreté des deux-tiers requise.

«Les victimes sont soulagées»

«Les victimes sont soulagées, leur processus de reconstruction peut débuter, c’est peut-être la chose plus difficile (…) pour qu’elles se construisent en tant que femmes», a commenté Me Michaël Plançon, avocat de huit parties civiles, saluant un procès «digne».

«Évidemment c’est une sanction lourde, mais M. Karcher s’y attendait», a pour sa part indiqué Me Gaëlle Mootoosamy, avocate de l’accusé, qualifiant à son tour les victimes «d’incommensurablement dignes».

«M. Karcher se sent aujourd’hui libéré d’un poids, d’un lourd secret qu’il a tenu pendant plusieurs années»

, a ajouté le conseil.

Alors qu’il avait nié les trois viols digitaux au cours de l’instruction, l’accusé de 50 ans a finalement reconnu l’ensemble des faits reprochés face à la cour et à la plupart de ses victimes présentes aux audiences.

«Jeu du requin»

Celles-ci étaient pour l’essentiel des amies des deux filles de l’accusé (elles-mêmes agressées), qui agissait selon un mode opératoire bien rôdé. Les fillettes étaient invitées dans la piscine familiale où il imposait le «jeu du requin» et en profitait pour les saisir sur leurs parties intimes ou sous leur maillot de bain.

D’autres agressions auraient eu lieu lors de camps scouts auxquels il participait.

Les faits retenus se sont déroulés entre 2007 et 2018, la plupart des victimes avaient entre neuf et 11 ans. La notabilité de Jean-Christophe Karcher, très intégré dans la vie locale, avait sans doute découragé les victimes et leurs parents de le dénoncer. Incarcéré depuis fin 2018, il a déjà passé près de quatre ans en détention.

Destruction de preuves

Les jurés lui ont également imposé un suivi sociojudiciaire de 10 ans avec injonctions de soins, et l’ont privé de l’autorité parentale sur sa fille mineure. Une peine de dix ans d’inéligibilité a par ailleurs été prononcée à l’encontre de l’ancien élu.

La cour a également suivi les réquisitions concernant le père de l’accusé, 79 ans, jugé pour destruction de preuves: Jean Karcher a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, sans mandat de dépôt.

À la demande de son fils, il avait brûlé dans sa chaudière plusieurs clés USB sur lesquelles se trouvaient certainement des vidéos des agressions commises par son fils.

«Je ne savais pas ce qu’il y avait dessus», a-t-il réaffirmé à l’issue du verdict.

«Ma première pensée va aux victimes et à leurs parents, et ensuite à mes petites filles car elles ne méritaient pas cela»

, a-t-il également affirmé.

«Mon fils n’a pas lieu de faire appel, il a le maximum et il ne peut pas se rétracter, par respect pour les victimes»

, a-t-il encore déclaré.

«Ce procès m’a apaisé. J’ai laissé ma colère à la barre et j’ai pu renouer d’anciennes amitiés», a indiqué la fille aînée de l’accusé, aujourd’hui âgée de 20 ans, qui ne pardonnera «certainement pas» à son père.

Débuté le 3 octobre, le procès de Jean-Christophe Karcher, surnommé le «requin de Niederroedern», s’est partiellement tenu à huis clos.

Seul un journaliste de la presse locale avait été autorisé à assister aux débats, ses confrères étant priés de quitter la salle avant le début des débats.

L’Association confraternelle des journalistes de la Presse judiciaire (APJ) avait exprimé «sa stupéfaction» devant cette mesure inédite tandis que le Syndicat national des journalistes (SNJ) avait dénoncé «une pratique consistant à faire le tri entre les médias».

Article du 3 octobre 2022

Un « requin » aux assises face à 34 victimes, il est jugé à partir de lundi aux assises du Bas-Rhin.

L’homme utilisait ses filles pour attirer des pré-adolescentes, il vivait avec ses deux filles et son épouse, qui ne se doutait de rien.

Ce prof, maire adjoint et chef scout est soupçonné d’avoir commis des viols et agressions sexuelles sur 34 fillettes, en utilisant ses filles pour appâter les victimes.

Incarcéré depuis la fin 2018, Jean-Christophe Karcher, 50 ans, devra répondre d’agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans, agressions sexuelles incestueuses, et de trois viols sur mineurs.

S’il a reconnu les attouchements, il nie les viols.

Le procès, qui doit durer deux semaines, pourrait se tenir à huis clos total ou partiel.

Ses deux filles, nées en 2002 et 2006, servaient d’« appât » alors que leur père invitait leurs copines à venir jouer dans la piscine à l’arrière du pavillon familial.

Un moyen de banaliser les choses et de « rassurer les enfants ».

Prétextant le « jeu du requin », il poursuivait les fillettes dans le bassin, les saisissant par les fesses ou touchant leur poitrine, passant parfois les mains sous les maillots de bain.

« Attiré par la pré-adolescence »

À l’heure de la douche ou du bain, il entrait de manière intempestive dans la pièce.

Régulièrement, il se rinçait nu face aux enfants et à son tour lavait les fillettes, pourtant en âge de le faire seules.

Les jeunes victimes subissaient ensuite des massages, et parfois des agressions sexuelles ou viols.

Une caméra intégrée dans un ordinateur portable filmait ces agressions sexuelles.

Au cours des interrogatoires, le cinquantenaire a déclaré s’être masturbé en visionnant ces vidéos.

Les amies de l’aînée devenues trop âgées pour satisfaire les perversions sexuelles de l’accusé, les camarades de sa cadette se sont retrouvées dans l’eau face au « requin », qui intimait de garder le secret sur ces « jeux ».

Devant l’expert psychiatre, Jean-Christophe Karcher a reconnu être « attiré par la pré-adolescence, le moment où le corps d’enfant devient un corps d’adulte ».

L’affaire, tentaculaire, a fait vaciller le village de Niederroedern, 923 âmes, où l’accusé occupait les fonctions de premier adjoint, en charge de la communication.

Des preuves détruites

Parfaitement connu aux alentours, l’homme au casier judiciaire vierge était professeur de physique-chimie dans un collège et encadrait des camps scout, auxquels participaient ses deux filles.

Certaines victimes ont subi des massages sous la tente le soir venu et des élèves se sont plaintes de gestes déplacés et de regards gênants.

Son épouse, avec qui il vivait en compagnie de ses deux filles, ne se doutait de rien.

Début 2018, c’est finalement la confidence d’une des fillettes devenue lycéenne, à l’assistante sociale scolaire, qui permettra un signalement de l’Éducation nationale et libérera la parole des victimes.

Ses parents, à qui elle s’était confiée quelques semaines plus tôt, n’avaient en revanche pas osé déposer plainte face au notable, de peur d’« histoires » dans les villages, si leur fille n’était pas crue.

Le père de l’accusé sera jugé pour destruction de preuves : il a brûlé dans sa chaudière plusieurs clés USB à la demande de son fils, sur lesquels se trouvaient des vidéos de victimes.

 

 

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