Nantes | Pierre-Alain Cottineau accusé d’avoir violé une fillette de 4 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 09/12/2024
- 17:53
La scène, qui se répète souvent le week-end, est touchante.
On voit Pierre-Alain Cottineau, un grand brun à la barbe rase, la trentaine élancée, aller nourrir ses poules au fond du jardin en compagnie de deux fillettes émerveillées, qui manifestent bruyamment leur joie.
Ses voisins du chemin du Prieuré, à Oudon (Loire-Atlantique), les connaissent bien.
La petite brune à lunettes, une gamine vive et bavarde de 4 ans, c’est sa fille biologique.
L’autre, une blondinette du même âge, est une petite handicapée qui lui a été confiée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
La pauvre enfant a des grosses difficultés d’élocution et ne parle quasiment pas.
C’est dommage, car elle aurait beaucoup de choses à raconter…
Discret et sans histoire, il consacre sa vie à l’enfance
Originaire de la région, Pierre-Alain a un parcours professionnel atypique.
Au départ, ce garçon discret et sans histoire, est aide-soignant à domicile.
C’est à la fin des années 2010 qu’il rencontre une jeune femme du pays, Myriam.
Ils s’installent alors à Couffé, une commune paisible entre Nantes et Ancenis, où va naître leur fille en 2019.
Une révélation, semble-t-il, pour le jeune papa qui décide de consacrer sa vie à la petite enfance.
Pour cela, il lui faut un diplôme. Il entame donc une formation d’assistant familial.
En 2022, le couple, qui ne pourrait être que de façade, se sépare.
Une rupture dont on devine aisément les raisons puisque le garçon, dès 2017, va afficher ouvertement son homosexualité, créant même une section locale du mouvement LGBTQI+.
Myriam et lui restent néanmoins en bons termes et décident de se partager la garde alternée de la fillette.
La fillette est mutique et ne boit que du lait
Cet arrangement oblige Pierre-Alain à s’installer dans le coin.
Il achète alors la maison du chemin du Prieuré, à quelques kilomètres de Couffé.
Située dans une impasse, cette vieille grange aux poutres apparentes, restaurée avec goût, a l’avantage d’avoir un petit jardin.
Il commence un potager et installe quelques poules qui font, on l’a vu, le bonheur de la fillette.
Alors que s’achève sa formation d’assistant familial, il prend contact avec l’aide sociale à l’enfance, en expliquant qu’il aimerait s’occuper de préférence d’une enfant du même âge que sa fille.
Justement, l’ASE cherche à placer une gamine lourdement handicapée, Jade*.
Le 7 décembre 2023, alors qu’il vient tout juste d’être diplômé, Pierre-Alain accueille la petite.
Les débuts sont difficiles. La fillette, mutique, repliée sur elle-même, ne boit que du lait et fait pipi au lit.
Mais il s’en occupe avec un dévouement de papa poule, tandis que sa fille s’attache à elle comme à une sœur.
Résultat, la petite Jade fait de rapides progrès. Même si elle ne parle toujours pas, elle devient propre, mange toute seule et les deux gamines, qui entrent dans la même classe de maternelle, deviennent inséparables.
Pierre-Alain les emmène sur le marché où il distribue des tracts pour La France insoumise, ou chez sa grand-mère qui habite non loin de là.
Le garçon a semble-t-il en revanche moins de chance avec ses aventures amoureuses.
On lui connaît plusieurs copains mais aucune relation durable.
Il se console en se consacrant à plein temps à la petite Jade.
Il se livre d’ailleurs sur son compte Facebook :
« En tant qu’assistant familial, je suis quotidiennement engagée dans le bien-être et le développement de l’enfant qui m’est confié. »
C’est lui qui le dit.
La réalité, on va bientôt l’apprendre, est très différente.
Des scènes répugnantes qui s’apparentent à de la barbarie
Mercredi 11 septembre, La Hayes (Pays-Bas).
Les policiers néerlandais chargés de traquer les cybercriminels sont en train de surfer sur le réseau Telegram quand ils tombent sur des images abominables.
On y voit une petite blonde, âgée de 4 ou 5 ans, se faire violer dans des conditions inhumaines par un adulte.
Certaines scènes, particulièrement insoutenables, s’apparentent carrément à de la torture.
Les enquêteurs, à la recherche d’indices permettant d’identifier la victime et son bourreau, dissèquent les séquences.
Ils finissent par isoler quelques mots en fond sonore.
Quelques mots exprimés en français.
Ils transmettent aussitôt le dossier à leurs homologues de l’Office mineurs (Ofmin), un nouveau service créé à Nanterre en novembre 2023 pour lutter spécialement contre les violences faites aux mineurs.
Ceux-ci visionnent à leur tour les images. Impossible, a priori, d’identifier le pervers ou la victime, pas plus que l’endroit d’où les vidéos ont été postées.
Mais les informaticiens de l’Ofmin sont passés maîtres dans ce genre de traque.
Pas question, évidemment, de dévoiler les méthodes ultra-sophistiquées qu’ils utilisent, mais le résultat est là.
En quelques jours, ils finissent par identifier la fillette.
Il s’agit, on l’a compris, de la petite Jade.
Quant à mettre un nom sur son bourreau, ce n’est plus qu’un jeu d’enfant.
Lundi 23 septembre, aéroport de Nantes-Atlantique.
Des policiers en civil se sont discrètement mêlés à la foule qui se presse devant la porte des arrivées.
On vient d’annoncer l’atterrissage du vol en provenance de Tunis.
Les premiers passagers commencent à passer la douane.
Parmi eux, un homme brun, grand, cheveux courts et barbe rase s’avance d’un pas décontracté.
Pierre-Alain Cottineau, qui est allé officiellement rejoindre sa cousine en vacances en Tunisie, n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive.
Des policiers en civil l’approchent avec discrétion, il se retrouve entouré et entraîné à l’écart.
Placé en garde à vue, l’assistant familial, confronté aux images accablantes du viol, ne peut pas nier.
Il passe des aveux complets et reconnaît même spontanément qu’il a ces tendances pédophiles « depuis de nombreuses années ».
Ce n’est sans doute pas un hasard s’il venait de partir sur un coup de tête la semaine passée en Tunisie, peut-être sentait-il le vent tourner…
L’enfant se trouve Dans une « extrême fragilité »
À l’issue de sa garde à vue, Pierre-Alain Cottineau a été mis en examen pour viols avec acte de torture ou de barbarie, agressions sexuelles sur mineur de 15 ans, enregistrement, détention et diffusion d’images à caractère pédopornographique.
Bien que présumé innocent, il a été écroué.
Le procureur de la République de Nantes, en rendant publique le dénouement de l’affaire, a souligné « l’extrême fragilité » de la petite Jade qui a dû être hospitalisée au service de psychiatrie enfantine du CHU de Nantes.
On imagine l’onde de choc quand ses parents, sa grand-mère, ses amis, mais aussi ses collègues et l’ASE, ont découvert brutalement le double visage de Pierre-Alain Cottineau.
Et l’enquête est loin d’être close.
Les policiers ont saisi chez lui un ordinateur et des téléphones portables qui vont être passés au crible.
Dans le même temps, on a appris que le garçon, avant de devenir aide-soignant, avait fait du baby-sitting pendant plusieurs années.
On devine l’angoisse des parents qui lui avaient confié leurs enfants à l’époque.
Affaire à suivre, comme on dit.
Mais la formule, cette fois, est lourde de menaces, comme une bombe à retardement.
*Le prénom a été changé.
Une enquête de Vincent Sénécal
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