Nanterre | Condamné pour viols incestueux, le sexagénaire a failli échapper à la justice

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Apres deux non-lieu pour viols sur 5 victimes !
Un homme de 64 ans a été condamné mercredi soir à quinze ans de réclusion pour de nombreux viols ou agressions sexuelles imposées à des enfants de son entourage. Après deux premiers non-lieux.

Il a nié jusqu’au bout mais les jurés ont tranché : cet homme de 64 ans aux sévères déviances a imposé attouchements, agressions sexuelles et viols à cinq victimes, enfants et jeunes adolescents.

Tel est le sens du verdict rendu mercredi soir au tribunal judiciaire de Nanterre, au terme de huit jours de procès et dix heures de délibéré, qui le déclare coupable d’abus commis sur une fille de l’âge de 5 à 15 ans, deux autres entre ses 7 à 15 ans, une fillette de 8 ans et un garçon de 10 ans. Le tout entre 2002 et 2017.

Les victimes font toutes partie de l’entourage très proche de cet homme arrivé d’Égypte dans les années 1980 et devenu chauffeur d’autobus. Il s’agit des filles et demi-sœur de ses épouses successives, d’une voisine et d’un voisin.
Le récit de ce que ces enfants, adultes aujourd’hui, racontent avoir subi donne la nausée.

Les viols se comptent par dizaines, voire par centaines, et étaient imposés dans la cave de l’appartement du chauffeur de bus à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) à une époque, dans celle de son logement de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) plus tard. Les sévices ont duré des années.

Deux premiers non-lieux

Il s’en est fallu de peu pour que cet homme ne soit jamais jugé.

Deux informations judiciaires ouvertes en 2002 et 2006 pour viols et agressions sexuelles de mineures de moins de 15 ans s’étaient conclues par un non-lieu.

Mais après la plainte d’un garçon de 10 ans déposée en 2017, pour un viol commis à Gennevilliers, les anciennes affaires sont ressorties. Le parquet a alors relancé les investigations « sur charges nouvelles ».
En 2002, c’est aussi une petite voisine que cet homme était alors soupçonné d’avoir agressée. Une enfant de 8 ans. Dans le cadre de l’enquête alors menée, les policiers avaient interrogé une copine de cette fillette, qui n’est autre que la belle-fille du chauffeur de bus.

Elle n’avait pas dénoncé le mari de sa mère à ce moment. Les enquêteurs avaient bien relevé son malaise pendant l’entretien : « elle s’est montrée très tendue et fuyante ».
Quatre ans plus tard, nouvelle plainte.

Cette fois, c’est la demi-sœur de l’épouse du chauffeur de bus qui avait déposé plainte. Elle avait 14 ans.

C’était un peu parole contre parole, les éléments de preuve manquaient, le juge a rendu un non-lieu.

«Transgression majeure de type pédophilique»

En 2017, toutes les procédures ont été jointes. Les enfants étaient devenues de jeunes femmes. La police les a convoquées à nouveau, interrogées encore sur ce qu’elles auraient vécu dix ou quinze ans plus tôt. Là, elles ont parlé, détaillé les viols à la cave, « seulement le week-end, mais tous les week-ends », les menaces pour qu’elles ne disent rien.
L’homme, qui s’inscrit « dans une transgression majeure de type pédophilique, incestueuse et para-incestueuse » selon un expert psychiatre, usait aussi de subterfuges.

Pour soumettre l’une de ses victimes qui se passionnait pour le conte d’Aladin, il lui disait qu’il connaissait le génie et qu’il allait donner à la petite fille tout ce qu’elle veut. Mais pour ça, il fallait le laisser « rentrer dans son corps ».

Les victimes ont expliqué leur silence d’enfant notamment par la peur de représailles, par la crainte d’être placées ou renvoyées au Maroc pour l’une d’entre elles.

Un probable procès en appel

Chez le chauffeur de bus, les policiers ont découvert plus de dix mille fichiers pornographiques. Mais pas pédopornographiques. Et une caméra espion, utilisée pour filmer ses ébats avec sa dernière épouse et peut-être pour filmer enregistrer l’une des filles sous la douche.
À la peine de réclusion, la cour a ajouté un suivi sociojudiciaire de cinq ans, suivant ainsi la recommandation de l’expert psychiatre pour qui, en cas de condamnation, ce suivi sociojudiciaire est « une nécessité absolue ». Selon le spécialiste, cette « transgression majeure […] accompagnée de stratégies multiples et les actes répétés traduiraient une problématique sexuelle perverse ».
Au procès comme depuis le début de l’instruction, le sexagénaire a expliqué les accusations des enfants par un complot familial et assuré que toute cette histoire n’était que « mensonge ».

Ses avocats, Mes Camille Martini et Fabien Arakelian, ont donc plaidé l’acquittement. Selon toute vraisemblance, leur client devrait faire appel.

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