Mulhouse | Trois ans de prison ferme pour un « pédophile de confort »

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Une main qui effleure un corps, pour lui, ce n’était pas grand-chose mais ça détruit une vie
Un homme de 74 ans a comparu jeudi au tribunal de Mulhouse pour des agressions sexuelles sur sa petite fille lorsqu’elle avait entre 4 et 6 ans. Il a été condamné à trois ans de prison ferme, avec mandat de dépôt.

Aucune plainte n’a été déposée, en raison de la prescription, contre celui qui avoue avoir violé sa fille – et mère de la fillette – lorsqu’elle était enfant ainsi que sa belle-soeur.

« Une main qui effleure un corps, pour lui, ce n’était pas grand-chose. Pour une victime, ça détruit une vie ! Ça a détruit une partie de moi. Je ne pourrais jamais lui pardonner. J’ai 25 ans et tout le restant de ma vie, je devrais travailler sur ça… Je ne suis pas la seule victime dans la salle. Les autres ont aussi besoin de l’entendre. »

Cette jeune femme avait entre 4 et 6 ans quand son grand-père, habitant dans l’agglomération mulhousienne, lui a imposé des caresses.

Elle se souvient d’au moins quatre épisodes :

La fois où il a commencé à la toucher alors qu’elle était assise sur ses genoux.

Celle où il l’a caressée quand elle sortait de sa douche.

Le soir où il est venu alors qu’elle regardait la télévision dans le lit avec sa grand-mère et qu’il a profité que cette dernière se soit endormie pour s’allonger près de la fillette.

Enfin la fois où, sur le canapé, il a pris sa main pour la mettre sur son sexe en érection.

Quand elle avait 14 ans, elle lui en a parlé, mais il a minimisé les faits.

Plus tard, la victime en a également parlé à son petit copain et à sa mère.

Pour cette dernière, ces révélations ont fait remonter d’autres souvenirs.

Elle aussi, lorsqu’elle était enfant, avait été agressée par son père.

Dans son cas, cela avait été jusqu’au viol. Une belle-sœur a également fait partie des victimes quand elle était enfant.

Pour ces deux victimes, aucune plainte n’a été possible en raison du délai de prescription.

Face à la famille, venue lui demander de s’expliquer, le grand-père a reconnu en partie les faits, en y apportant des variations :

Sa fille « ne se plaignait jamais de ses actes », sa petite-fille « avait mis elle-même » la main de son grand-père dans son pantalon et lui « l’aurait réprimandé »…

« Et maintenant, quelle est votre version ? » a demandé Jouwaida Rachiq, auditrice de justice qui présidait l’audience. « Tout est exact. Je reconnais tous les faits. Je n’ai pas géré la situation », a répondu le prévenu. « Ça commençait par un jeu, des chatouilles, et ça a pris de l’ampleur. »

Selon les experts, l’homme s’adonnait à une « pédophilie de confort » qui peut être présente chez les hommes d’un certain âge.

Pas vraiment pédophile, il aurait utilisé les fillettes comme des objets sexuels parce qu’elles étaient à sa portée.

Pour la procureure, Audrey Uzureau, les faits s’apparentent à une trahison :

« Il a agi y compris en présence de tiers. Rien ne l’a arrêté. »

Elle a requis une peine de quatre ans de prison, avec mandat de dépôt.

« Pour expliquer ce qui s’est passé, on aimerait des discours construits. Mais c’est mission impossible », a noté Me Schultz pour la défense.« S’il a d’abord nié une partie des faits, c’était par peur de la sanction. »

Le tribunal a condamné le septuagénaire (*) à trois ans de prison, avec mandat de dépôt.

C’est donc menotté et encadré par deux policiers que le prévenu a quitté la salle d’audience.

Il devra par ailleurs respecter un suivi sociojudiciaire durant cinq ans et son nom sera inscrit au Fijais (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles).

La partie civile recevra 5 000 € pour le préjudice moral et 900 € pour les frais d’avocat.

(*) Nous ne publions pas son identité pour protéger l’anonymat de la victime.

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