Montoire | Correctionnalisation de viols sur mineure pour le jeune homme sous curatelle
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 09/12/2020
- 07:00
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Tribunal de Blois : prison ferme pour une relation intime interdite
Un jeune homme sous curatelle a été condamné pour des agressions sexuelles commises sur une adolescente elle aussi carencée.
Sans un accord intervenu en amont entre les différentes parties, ce jeune homme de 23 ans aurait dû être jugé par la cour d’assises. Car c’est initialement sous l’accusation de viol et d’agressions sexuelles qu’il a été mis en examen et écroué l’an dernier.
Détenu depuis le printemps 2019, il a comparu mardi 1er décembre devant le tribunal correctionnel. Il fait l’objet d’un placement sous curatelle renforcée et bénéficie d’une atténuation de responsabilité en raison d’un retard intellectuel.
Comme l’a rappelé en préambule la présidente Julie Rouvet, l’affaire débute fin novembre 2018 dans les environs de Montoire par un signalement faisant état d’une relation amoureuse entre une adolescente de 13 ans, souffrant d’une légère déficience, et le jeune homme alors âgé de 21 ans.
Des échanges tendres sont retrouvés dans le téléphone de la mineure. La mère du garçon est une amie de la famille de la jeune fille. Lors de ces visites, le jeune majeur rejoint l’adolescente dans sa chambre.
C’est là que se seraient produites des atteintes sexuelles répétées. Cette révélation entraîne également des accusations de la part du frère aîné de la jeune fille. Lui aussi aurait subi des attouchements en 2012 de la part du garçon (ce volet de l’affaire sera jugé par le tribunal pour enfants).
Le 6 décembre 2018, le père de la jeune fille se rend à la gendarmerie pour porter plainte. Entendue par un enquêteur spécialisé, celle-ci confirme que le copain de son grand frère l’aurait régulièrement embrassée et qu’il se serait livré sur elle à des attouchements ainsi qu’à des pénétrations digitales.
Un jour, il aurait même profité de la situation pour frotter son sexe contre ses fesses. Le jeune homme ne l’a jamais menacée ni frappée mais elle n’osait pas le repousser de peur d’une réaction brutale de sa part.
Après cette audition, elle s’est sentie libérée mais elle souffre toujours de troubles du sommeil et a parfois du mal à se souvenir d’événements pourtant très récents. Elle a déclaré souhaiter la prison pour celui qui lui a fait du mal ainsi qu’à son frère.
La gendarmerie a placé le garçon en garde à vue le 8 avril 2019. Il a d’abord contesté les accusations, traitant l’adolescente d’allumeuse puis il a évoqué une histoire d’amour où les relations étaient consenties.
Il a fallu attendre son interrogatoire devant le juge d’instruction le 13 septembre suivant pour qu’il reconnaisse ses actes et exprime sa « honte ».
Dans le box mardi dernier, il a confirmé ses propos :
« Je reconnais, pas de souci. J’ai beaucoup parlé de cette affaire avec le psychologue de la maison d’arrêt pour apprendre à me contrôler. »
La présidente lui demande s’il a bien intégré que les relations entre un adulte et une mineure sont proscrites.
« Au début c’était amical, puis elle m’a dit qu’elle était amoureuse, je ne me suis pas posé la question de la différence d’âge. Je n’aurais pas dû faire ça, si je pouvais revenir en arrière, je ne recommencerais pas ».
L’expert psychiatre n’a pas décelé de pathologie mais a relevé chez lui des troubles du comportement et de la concentration. Il évoque une personnalité immature et égocentrée.
Me Émilie Halbardier, conseil de l’adolescente et de ses parents, indique que la victime a cru trouver dans le prévenu un grand frère de substitution quand le sien a été placé et qu’elle a ressenti pour lui un amour enfantin :
« Mais sans forcément être en demande de relations sexuelles ».
La partie civile évoque la nécessité d’un suivi à long terme pour cette jeune fille perturbée.
Le procureur Frédéric Chevallier est convaincu des efforts produits par le jeune homme dans la reconnaissance des faits mais juge sa prise de conscience de leur gravité encore fragile. C’est pourquoi il estime une remise en liberté encore « prématurée » et requiert une peine de quatre ans d’emprisonnement dont dix-huit mois avec sursis probatoire.
L’avocate du jeune homme, Me Anne Durand, insiste :
« L’enjeu ici n’est pas la reconnaissance des faits qui est acquise mais son retour à la liberté ».
Son client a en effet été pénalisé par le confinement et un problème d’hébergement lié à son isolement familial ce qui a entraîné la prolongation de sa détention provisoire.
Le tribunal a relevé l’altération du discernement et a condamné le jeune homme à trois ans de prison dont un assorti du sursis probatoire.
Sa libération devrait rapidement intervenir compte tenu du temps déjà purgé en maison d’arrêt. La victime et ses parents se sont vus accorder un total de 9.000 € en réparation.
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