Montlouis-sur-Loire | Le coach de badminton condamné pour agressions sexuelles sur 7 enfants

L’ancien entraîneur de 63 ans du club de Montlouis-sur-Loire a été condamné, hier, à 4 ans de prison dont trois avec sursis pour les agressions sexuelles commises sur sept de ses joueuses, de 10 à 13 ans au moment des faits.

badminton, image la nouvelle république

« Il voulait toucher mes muscles, mesurer ma souplesse. Il a caressé mes seins, sous mon soutien-gorge, m’a touché le sexe, puis il a fouillé mon vagin, a bougé ses doigts dans tous les sens, je lui ai dit que j’avais mal », dépose une des victimes.

Sept âmes blessées face aux silences du coach de badminton

Tribunal correctionnel de Tours

Cet après-midi a apporté davantage de questions que de réponses.

Une certitude en revanche à l’issue de ces quatre heures de débats : au-delà de la condamnation à quatre ans de prison dont trois assortis du sursis prononcée à l’encontre de leur agresseur, les cinq plaignantes présentes à l’audience hier en sont ressorties comme elles étaient arrivées : en miettes.

Confrontées à Yong Lip pour la première fois depuis la dénonciation des faits, en décembre 2016, elles n’ont obtenu que de longs silences confus.

Une attente de quatre années déçue par des « oui » laconiques répétés à l’envi.

Pas par calcul ni volonté de l’intéressé de nier les penchants tactiles et les caresses pénétrantes dont on l’accuse.

L’ancien bénévole, 63 ans, recroquevillé sur lui-même à la barre, s’est laissé dépasser par ce procès, au cours duquel il aurait pu expliquer « comment et pourquoi il en est arrivé là », selon la formule de la présidente, Christine Blancher.

L’entraîneur du club de badminton de Montlouis-sur-Loire a reconnu l’ensemble des agressions sexuelles qui lui étaient reprochées, commises sur sept anciennes joueuses.

Toutes mineures, âgées de 10, 11 et 13 ans au moment des faits.

“ Certaines se sont adaptées voire habituées ”

Devant le tribunal correctionnel de Tours, ce sont des adolescentes et des jeunes femmes qui ont pris place sur le banc de la partie civile.

La plupart ne se sont pas revues depuis les premières auditions.

Pourtant, face au coach et à la justice, elles font bloc.

En interrogeant avec pudeur sur ce samedi de décembre, l’instruction égraine les longues minutes de gêne et de douleur imposées à Léa (1) le 3 décembre 2016.

La scène se déroule sur le parking d’un gymnase de Saint-Cyr-sur-Loire, au sortir d’une compétition.

Les termes choisis par le prévenu, évoquant massage du tendon, « geste pas planifié », gomment la domination et la pulsion sexuelle, taisent le viol de l’intimité d’une fillette de 13 ans.

Entendre les mots exacts.

Les retranscrire aussi pour témoigner de la violence subie :

« Il voulait toucher mes muscles, mesurer ma souplesse. Il a caressé mes seins, sous mon soutien-gorge, m’a touché le sexe, puis il a fouillé mon vagin, a bougé ses doigts dans tous les sens, je lui ai dit que j’avais mal », dépose une des victimes.

La plainte fait l’effet d’une bombe.

Elle est passible d’une cour d’assises.

Cependant, l’affaire a été correctionnalisée.

Et libère la parole d’autres sportives, dénonçant tout à tour massages de la poitrine, palpations, caresses et gestes appuyés lors d’entraînements.

« J’ai eu de la chance », lâche Margaux, en apprenant le sort réservé à Léa.

Hier, les cinq victimes ont traversé les débats sans prendre la parole.

Par le truchement de leurs avocates, on comprend qu’une d’elles « s’interrogeait de savoir s’il s’agissait de gestes normaux », que d’autres « se sont adaptées voire habituées ».

Car Yong Lip, joueur chevronné, éducateur très apprécié et respecté des familles et des joueuses, bénéficie de l’indulgence dévolue à son poste.

Une position dont il a abusé pour arriver à ses fins, estiment les magistrats.

Le coach a cinq ans pour poursuivre l’introspection qu’espéraient de lui les parties civiles à l’audience.

Un parcours de soins marqué d’avance par l’interdiction d’exercer une activité au contact de mineurs.

La lourde porte du prétoire se referme derrière les cinq plaignantes.

Avec pour seule réponse celle que leur a donnée le tribunal.

(1) Les prénoms des victimes citées, toutes mineures, ont été modifiés.

Source : lanouvellerepublique

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