Meurthe et Moselle | Le chef de chœur Denis Dupays enfin jugé pour viol

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Pédocriminel En liberté

Descente aux choeurs des enfers
L’ex-chef de la Maîtrise de Radio France sera jugé pour viol sur un jeune choriste. Denis Dupays, à l’issue d’une procédure de plusieurs années, est renvoyé devant la cour criminelle de Meurthe-et-Moselle pour des faits dénoncés par Cédric, 14 ans à l’époque.

Actualisation du 27 Août 2024:

Témoin au procès de l’ex-chef de choeur, Gildas Bernard se dit impatient de témoigner au procès devant la Cour Criminelle de Nancy de Cédric – une autre victime pour qui les pédocrimes ne sont pas prescrits – contre Denis Dupays, 75 ans, ancien chef de choeur de l’opéra de Nantes.

Denis Dupays encourt 20 ans de réclusion criminelle

Ça n’enlèvera pas les souffrances vécues lorsqu’il était ado.

Gildas Bernard dénonce des attouchements à deux reprises, en 1985, par son ancien chef de choeur de l’opéra de Nantes, Denis Dupays.

Des faits prescrits, il n’y aura donc jamais de procès pour le Nantais.

En revanche, après plus de dix ans d’instruction, il y en aura bien un pour Cédric, ex-chanteur de Neuilly-surSeine, une autre victime présumée de Denis Dupays.

Ce dernier sera jugé pour viol et agression sexuelle sur mineur.

Une ordonnance de renvoi devant la cour criminelle de Nancy, où habite le septuagénaire, a été prononcée début juillet. Denis Dupays n’a pas fait appel.

La plainte déposée par Gildas Bernard en 2023 a été versée à ce dossier.

Une pièce importante pour comprendre la personnalité de l’accusé.

« Je l’ai fait, même trente-huit ans après, pour Cédric. Et tenter d’éclairer les jurés sur des comportements déviants de longue date de Denis Dupays. »

Gildas Bernard sera amené à témoigner.

La perspective d’une confrontation remue les souvenirs du quinquagénaire qui a, depuis, trouvé soutien et énergie au sein du mouvement de dénonciation des violences sexuelles #MeTooMedia.

« Ces faits ne doivent plus, ni être occultés, ni se reproduire. Et une vraie réflexion doit être menée concernant la prescription de ce type d’agissements. »

De son côté, Pauline Ragot, l’avocate de Cédric, qui avait 14 ans au moment des faits dénoncés, s’est félicitée de la tenue de ce procès, « une première victoire » dans un « long combat judiciaire ».

Elle espère qu’il provoquera un sursaut dans les milieux du chant. Il pourrait avoir lieu en 2025.

Présumé innocent, Denis Dupays encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Contacté, son avocat Alain Behr s’est refusé à tout commentaire.

Après les déclarations de Gildas Bernard, alors âgé de moins de 15 ans, le musicien avait été « licencié pour faute grave » en 1985.

L’ordonnance de renvoi mentionne que les faits dénoncés n’avaient pas été contestés par Denis Dupays.

Article du 13 Août 2024:

D’anciens petits chanteurs victimes d’actes pédocriminels osent enfin parler.

Au fil des années, les victimes se seraient multipliées autour de la chorale des Moineaux de Nogent-sur-Marne. Des jeunes garçons abusés par des adultes, notamment des chefs de chœur, pourtant déjà écartés pour « des faits répréhensibles envers un enfant ».

D’anciens choristes se confient pour la première fois.

Sa voix s’étrangle. Son regard s’évade. Quand apparaît le visage de Denis Dupays au détour d’un vieil album photo jamais rouvert, le profond mal-être de Cédric, 44 ans, resurgit.

« J’ai fait des tentatives de suicide, j’ai été hospitalisé durant plusieurs mois, j’ai fait plusieurs dépressions, et aujourd’hui encore j’ai des angoisses et je dors mal » reconnaît celui qui a réussi à trouver la force, en 2014 de déposer plainte pour viol contre son chef de chœur.

Une procédure toujours à l’instruction, près de neuf ans plus tard.

L’origine de ses maux remonte à 1993. Cet été-là, avec sa chorale de la Vierge Noire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), l’adolescent part en tournée aux États-Unis et au Canada.

Denis Dupays encadre cette virée Outre-Atlantique. Grâce à sa renommée internationale, celui qui sera ensuite chef de chœur à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) de 2001 à 2008, a ses entrées partout. Il dirige alors la prestigieuse Maîtrise de Radio France (1989-1998), après avoir pourtant été remercié quelques années plus tôt (1985) par l’Opéra de Nantes (Loire-Atlantique) pour « des faits répréhensibles envers un enfant ».

« Quand on avait l’attention de quelqu’un comme lui, on se sentait flatté », se rappelle Cédric.

Avec sa voix cristalline, cet enfant de 14 ans ne tarde pas à taper dans l’œil de Denis Dupays.

« Pour dormir en tournée, nous étions répartis chez les habitants, et, un soir, Denis Dupays qui m’avait giflé la veille parce que je faisais trop de bruit me dit que du coup je dois dormir avec lui, alors que les deux jours précédents il avait partagé sa chambre avec mon meilleur ami », lâche Cédric.

Il se rappelle parfaitement son entrée dans la petite pièce :

« Il me fait m’asseoir à côté de lui, commence à me toucher entre les jambes, puis il a pris ma main pour la mettre dans son caleçon. Le lendemain, dans une autre ville, il recommence et décide que je dormirai dans un camping-car avec lui. Je suis sous la douche, l’eau est froide, mais je ne veux pas en sortir, je sais déjà ce qui m’attend. Je finis par sortir et il vient avec une serviette, m’essuie. On se retrouve rapidement l’un contre l’autre sur le lit. Je suis tétanisé. Il prend ma tête et appuie fort dessus pour m’obliger à lui faire une fellation. »

Cédric est loin de sa famille, en tournée, et l’aura de Denis Dupays est telle qu’il a peur de ne pas être cru. Son mutisme va de pair avec sa descente aux enfers.

« Je n’ai trouvé la force de parler que lorsque mes parents m’ont dit, près de vingt ans plus tard, que la mort de mon meilleur ami n’était pas accidentelle comme on me l’avait fait croire au moment des faits, mais qu’il s’était suicidé.

Immédiatement, je me suis rappelé que lui aussi, la nuit avant moi, il avait dormi avec Denis Dupays. On ne pourra jamais savoir s’il y a un lien. Mais je ne peux m’empêcher d’y penser.

Et c’est ce qui m’a décidé à déposer plainte. Pour qu’il n’y ait plus d’autres victimes. »

Peu après cette virée avec la chorale de Neuilly-sur-Seine durant ses vacances, Denis Dupays est aussi écarté de la Maîtrise de Radio France où là aussi des suspicions d’abus sexuels l’ont rattrapé.

À la suite d’un signalement, une enquête de la brigade de protection des mineurs a même été diligentée. Mais rapidement classée sans suite.

« Ce qui est incroyable c’est qu’il ait pu continuer toutes ces années, soupire Gildas, une autre victime. J’avais 13 ans en 1985 quand j’étais à l’Opéra de Nantes. Denis Dupays faisait des blagues salaces, il nous demandait si nos poils poussaient.

Je sais que certains enfants entretenaient des relations étroites avec lui et étaient allés plusieurs fois à son domicile. Mais pas moi. Pourtant, un jour, il m’a convoqué dans son bureau. Cela arrivait pour la désignation d’un soliste par exemple. Mais là, il n’y avait aucune raison. Et une fois dans la pièce, il a baissé ma braguette et commencé à me toucher le sexe. J’ai été surpris. Ça m’a perturbé. Je ne savais pas si c’était normal ou pas. »

« Puis une autre fois, poursuit Gildas, après une répétition il m’a emmené dans une loge. Là, il a pris ma main, l’a mise dans son caleçon et m’a obligé à le caresser. À la fin, il m’a mis 500 francs (75 euros) dans la poche. Il achetait mon silence.

C’est là que j’ai compris qu’il y avait un problème. J’ai posé l’argent à l’accueil et j’en ai parlé à ma mère. »

Les courriers des parents de Gildas aboutiront au licenciement de Denis Dupays de l’Opéra de Nantes. Le chef de chœur retourne à Toulouse (Haute-Garonne), où il avait débuté sa carrière.

Là-bas, personne n’avait parlé ouvertement jusque-là des abus sexuels du chef de chœur. Et pourtant, après quelques recherches…

« Dans le bus, il jouait à touche-pipi et aux chatouilles à l’entrejambe, c’était malsain », souffle un chanteur de l’époque.

« Je sais que des enfants allaient parfois chez lui, regrette une adulte, accompagnatrice bénévole de la chorale de la Croix-Potencée de Toulouse qui travaillait par ailleurs en tant que magistrate dédiée aux mineurs au tribunal.

Je l’ai arrêté une fois ou deux alors qu’il faisait sauter un enfant sur ses genoux de manière équivoque. Une autre fois, il accompagnait un choriste et ses mains sont descendues des épaules jusqu’aux fesses. »

Mais cette vigilance n’a semble-t-il pas suffi.

« J’ai été victime de lui, j’étais ado, j’avais 16 ans, on était en voyage sur un voilier et il dormait sur la couchette au-dessus de moi, il a laissé son bras dans le vide jusqu’à m’effleurer puis il a commencé ses gestes déplacés, relate un ex-choriste de Toulouse aujourd’hui père de famille.

Personne de mon entourage n’est au courant car je n’ai pas considéré cela comme un viol, je m’interrogeais sur ma sexualité. Je suis allé chez lui quelques semaines plus tard. Il a défait mon pantalon et m’a fait une fellation. Mais avec le recul, je pense que c’est quelqu’un de dangereux pour les enfants car je n’étais pas encore majeur et lui avait presque 40 ans. »

Mais aucun de ces faits ne s’ébruite. Et Denis Dupays — qui n’a jamais été jugé ou condamné pour un quelconque fait — accède à la direction de la Maîtrise de Radio France, puis en 2001 devient chef de chœur à Nogent-sur-Marne, dans cette chorale des Moineaux qui a déjà vu passer deux prédateurs. Et l’un d’eux était même un ecclésiastique…

« On comprend désormais, avec les recoupements, ce qu’il s’était passé pour notre frère », témoignent deux frères d’Hervé qui est décédé voici quelques années d’une longue maladie.

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, cet enfant est le soliste des Moineaux.

« Il allait souvent répéter chez le père Coutelle, se rappellent ses frères. Le prêtre nous emmenait même en vacances tous les trois.

Et en revoyant les photos, on se rend compte qu’on est toujours torse nu tous les trois. Mais à l’époque, le curé, c’était comme un membre de notre famille. Il confessait notre mère. Il était très proche, intrusif même, et venait manger à la maison le week-end. »

C’est seulement en 1972, qu’Hervé s’ouvre auprès de ses parents de la « relation suivie qu’il a entamée depuis plusieurs années avec le curé », rapporte le président de l’association de l’époque qui a recueilli la parole de l’enfant et des parents, meurtris.

« Nous, on était jeunes, on ne nous a rien dit, il y a eu une dispute, et on n’a plus revu le père Coutelle à la maison.

Notre frère, lui, a eu des comportements déviants. Il n’a jamais eu une vie tranquille par rapport à nous. Il a fugué, s’est drogué, s’est prostitué même, à un moment. Il a fait des tentatives de suicide.

Je pense que mes parents nous ont caché ce qu’il s’était passé avec le père Coutelle, pour nous préserver. Hervé aussi, car il ne nous en a jamais parlé. »

L’ex-compagnon d’Hervé, qui l’a accompagné jusqu’à sa mort renchérit :

« C’était quelqu’un de très sensible, longtemps dépressif. Et tout est lié avec ce qu’il a vécu à la chorale. Il a enduré des actes pédophiles récurrents… Il m’avait raconté ça un peu après notre rencontre. »

Le père Coutelle est déplacé en 1973 dans une autre paroisse par l’évêque. Claude Desprez, son adjoint, prend sa succession à la tête de la chorale des Moineaux.

Et après vingt-deux ans d’exercice, ce chef de chœur, un laïc, a été condamné en 1995 par le tribunal de Créteil pour avoir touché et embrassé régulièrement au moins cinq enfants, durant les tournées ou à la fin des cours de chant, au sein de la chorale des Moineaux.

Il a écopé de 3 mois de prison en semi-liberté, ainsi que 21 mois de prison avec sursis (une peine qu’on exécute seulement en cas de récidive).

« Mais il a fait plusieurs dizaines d’autres victimes, on le sait », lâche Sébastien Watremez qui était l’une des parties civiles au procès.

Ce quadragénaire, actuellement adjoint au maire à Chalifert (Seine-et-Marne) n’avait que 11 ans quand il a quitté la chorale :

« En tournée, certains étaient dans ma chambre et avaient le droit eux aussi, comme tout le monde, à leurs caresses sous le pantalon avant de s’endormir. Je l’ai vu. Mais eux, ils n’ont jamais rien dit.

Moi, j’ai juste eu la chance que mon camarade en parle à son père qui a eu le courage de déposer plainte. Cela m’a incité à le dire aussi à ma mère quand, après un appel du papa de mon camarade, elle m’a posé la question.

Mais d’autres n’ont pas osé en parler à leurs parents, d’autres encore n’ont pas été crus ou incités à se taire. Ils ont dû faire comme si cela n’avait pas existé, et l’un d’eux a fini bourré de tics. »

Cette année, dans le lycée professionnel où il exerce, Sébastien Watremez a raconté son histoire à ses élèves qui partaient en stage.

« Le but est de libérer la parole, ce n’est pas aux victimes d’avoir honte et, s’il y a le moindre problème, j’ai dit à mes lycéens de m’appeler », glisse-t-il.

Claude Desprez est le seul des chefs de chœurs des Moineaux à avoir été condamné.

« Et c’est l’impunité qui rend fou », lâche la maman d’un choriste qui attend toujours réparation.

Son enfant avait 10 ans lorsqu’il est parti en tournée en Haute-Savoie, en 2016 avec la chorale des Moineaux.

« J’ai été violé par un homme dans une famille d’accueil, relate-t-il aujourd’hui. Il m’a pris ma jeunesse. J’ai eu des angoisses, des comportements extrêmes ensuite. Je ne savais pas ce que c’était que le sexe moi, j’étais si jeune… »

Plus de cinq ans après la première plainte, l’instruction est toujours en cours…

« Car le chef de chœur, François Olivier, n’a jamais voulu nous répondre ou donner des éléments à la justice pour savoir dans quelle famille mon fils était hébergé, s’emporte la mère de la victime.

On n’a pas eu de nom, pas d’adresse, pas d’excuse, rien. Mais ce comportement ne m’étonne pas. C’est quelqu’un qui a longtemps été l’adjoint de Denis Dupays, avant de prendre sa suite en 2008.

Ces gens-là ne se rendent pas compte du mal qu’ils ont fait dans cette ville durant toutes ces années. Et malheureusement, on ne sait pas tout… »

Contactés les mis en cause n’ont pas souhaité s’exprimer.


 

L’enquête aura duré douze ans.

Une première victoire pour cette victime aujourd’hui âgée de 45 ans.

Une éternité pour Cédric, victime de Denis Dupays, l’un des plus célèbres chefs de chœur de chorales pour enfants dans les années 1990.

« J’ai longtemps cru qu’un procès ne verrait jamais le jour, cela a été un véritable parcours du combattant, reconnaît l’ex-soliste de la chorale de la Vierge noire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) qui a 45 ans aujourd’hui.

Je suis content qu’il y ait enfin une avancée, mais je ne me réjouis pas pour autant. Car il y a de nombreuses personnes dans l’entourage de Denis Dupays qui auraient dû être inquiétées, elles aussi. Et surtout, depuis tout ce temps, on a laissé un homme potentiellement dangereux en liberté. »

Cette audience devant la cour criminelle de Meurthe-et-Moselle, département où réside aujourd’hui Denis Dupays, 75 ans, devrait se tenir au second semestre 2025 ou début 2026.

Pour viol et atteinte sexuelle sur mineur, avec violence et par personne ayant autorité.

« Il a reconnu les faits dès le début, et pourtant la procédure a traîné, donc je ne suis plus sûr de rien maintenant, j’espère juste qu’il ne pourra plus faire de mal à un autre enfant », glisse la victime qui « angoisse » à l’idée de se retrouver à nouveau face à son bourreau.

Car l’instruction, pas toujours bien menée durant ces douze années — c’est un euphémisme —, n’a pas retracé en détail le parcours du célèbre chef de chœur, ni même entendu une seule fois les parents de la victime.

D’ailleurs, même si la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), saisie par la Maîtrise de Radio France (Paris) à la suite de nos révélations, a annoncé en juin 2023 que trois enfants au moins avaient été victimes d’abus sexuels entre 1989 et 1998, lorsque Denis Dupays dirigeait cet ensemble vocal d’excellence, Cédric reste aujourd’hui pour la justice la seule victime du chef de chœur.

Lors de notre enquête dans le milieu des chorales, une victime d’abus sexuels de Denis Dupays avait également été retrouvée, dans la première formation qu’il avait dirigée à Toulouse (Haute-Garonne).

Mais les enquêteurs ne l’ont jamais entendue.

À Nantes (Loire-Atlantique), où Denis Dupays trouve un poste à l’opéra après avoir quitté Toulouse, il est pourtant aussi ouvertement mis en cause lors d’une procédure de licenciement.

En 1985, Gildas, choriste de 13 ans, signale à ses parents deux agressions sexuelles survenues en marge de répétitions, où il avait été isolé, sciemment, dans le bureau du chef de chœur.

La deuxième fois, Denis Dupays a même tenté d’acheter le silence du préadolescent en lui remettant 500 francs (75 euros aujourd’hui).

La famille de Gildas avait rendu compte de ces exactions au directeur de l’opéra qui avait fini par prendre conscience de la gravité des faits et s’était séparé du célèbre musicien.

« Dans le procès qui va s’ouvrir, il va falloir essayer de combler les manques de l’enquête »

pointe la victime de Nantes, Gildas, qui a déposé plainte en juin 2023, pour être sûr d’être entendu dans le cadre de l’affaire concernant Cédric.

Comme Gildas n’a subi « que » des agressions sexuelles (reconnues lors d’auditions par Denis Dupays) et non un viol, les faits sont aujourd’hui prescrits.

« Mes parents n’ont pas osé déposer plainte à l’époque parce qu’ils ont reçu la visite de la responsable de la chorale locale qui travaillait également dans une école où elle faisait intervenir Denis Dupays, je pense qu’elle était parfaitement au courant de tout ce qu’il se passait, tacle-t-il.

Elle a mis la pression sur mes parents. Ce genre de complicité n’a jamais intéressé la justice. »

De fait, malgré cette éviction dans un courrier administratif du maire de Nantes, mentionnant « des faits répréhensibles envers un enfant », et après un retour express à Toulouse, Denis Dupays gagne Paris en 1989 pour prendre le poste le plus convoité de la profession : la direction de la Maîtrise de Radio France.

C’est durant cette période, l’été de 1993, qu’il encadre une tournée en Amérique de la chorale de Neuilly-sur-Seine où il aurait donc violé et commis des atteintes sexuelles sur Cédric, âgé alors de 14 ans.

À Radio France, une enquête de la brigade de protection des mineurs (classée sans suite) provoquera le départ de l’éminent chef de chœur en 1998.

Ne l’empêchant pas de retrouver des fonctions à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), aux Petits Moineaux en 2001, grâce à la bienveillance de la Fédération française des Petits Chanteurs, où Denis Dupays était en charge de la formation des chefs de chœur exerçant dans toutes les chorales affiliées à l’instance nationale.

« La tenue de ce procès criminel marque une première victoire dans le long et courageux combat judiciaire que mène mon client depuis plus de dix ans, confie Me Pauline Ragot qui défend Cédric. C’est d’ores et déjà la victoire de la parole sur le silence imposé.

Si ce procès à venir est fondamental pour la reconstruction de mon client, il sera aussi très attendu par de nombreux enfants ayant croisé la route de Denis Dupays, et l’occasion de mettre en lumière le profil de l’accusé, dont le comportement a pu être dénoncé par plusieurs anciens élèves. »

Denis Dupays, ainsi que son avocat, n’ont « pas souhaité faire de commentaire ».

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