Lyon | Une ex-athlète de haut-niveau accuse un ancien entraîneur de viol

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J’étais son objet
L’ancienne sportive de haut niveau Anna Quenet, originaire de Bourg-en-Bresse dans l’Ain, témoigne sur les réseaux sociaux pour alerter sur les viols d’enfants dans le sport.

Dans un post aussi glaçant que courageux publié sur les réseaux sociaux, l’ex-athlète internationale de haut niveau en planche à voile Anna Quénet, originaire de Bourg-en-Bresse (Ain), près de Lyon, livre son témoignage et accuse un ancien entraîneur de viols et agressions sexuelles.

L’étudiante, présidente de l’association pour l’égalité des sexes lancée par l’ONU HeForShe, avait 14 ans au moment des faits qu’elle décrit.

Un entraîneur de 45 ans visé

« Pour que plus jamais vous n’ayez à lire ça. » Engagée contre les violences sexistes et sexuelles, Anna Quénet estime que le meilleur moyen de « faire face » à cette réalité est de « changer le regard que nous portons collectivement sur les victimes pour que la parole puisse se libérer ».

« J’avais 14 ans quand je me suis faite agresser sexuellement pour la première fois par un de mes entraîneurs », annonce Anna Quénet, qui s’entraînait alors dans un club de voile de la région de Lyon.

Lui avait 45 ans et représentait pour la jeune sportive « une personne en qui j’avais confiance, que j’admirais et qui était pour moi le moyen de m’approcher un petit peu plus de mon rêve des Jeux Olympiques ».

« Ce jour-là, je me suis réveillée en pleine nuit par ses mains balayant mon corps d’enfant. J’étais tétanisée », retrace-t-elle. Des faits qui se seraient reproduits « encore et encore » jusqu’à que cela « devienne une habitude ».

Toute relation sexuelle entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans est qualifiée de viol : le consentement n’est pas pris en compte jusqu’à cet âge, puisqu’il s’établit sans discernement, établit le droit français.

« Il me demandait de garder cela secret »

Persuadée que comprendre les mécanismes qui permettent les violences sexuelles sur les enfants est la meilleure manière de les prévenir, Anna Quénet décrit l’emprise qu’elle subit alors.

Il m’a dit qu’il était amoureux de moi. Ne sachant pas ce que c’était, je l’ai cru […]. En plus d’être son objet sexuel, j’étais son objet tout court. Je lui devais des comptes. Il me demandait de garder cela secret ‘pour mon bien’ et m’isolait […].

Anna Quenet

Elle évoque la difficulté à sortir de cet « enfer », après « un an supplémentaire de violence, alors même qu’une première personne avait porté plainte ».

Après le traumatisme, place à la colère

La jeune femme, visiblement accoutumée aux attaques du genre, se défend : alors que « porter plainte coûte en moyenne 10 000 euros quand seulement 1% des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation », Anna Quénet affirme ne pas mener cette longue démarche pour l’argent.

Alors que « à 14 ans, aucun enfant ne cherche cela » et que « face à un homme de 45 ans, le consentement existe d’autant moins », elle se défend aussi d’être « une chaudasse qui l’a bien cherché ».

Aujourd’hui âgée de 21 ans, Anna Quénet décrit une procédure judiciaire de cinq ans à l’origine de nombreux traumatismes, transformés en colère.

Une colère « contre tous ces adultes qui ont dit à la police ‘on s’en doutait’ ou ‘on n’est pas surpris’, […] contre ces gens qui ont fermé les yeux pour se protéger eux, alors qu’ils avaient le devoir de me protéger moi […]. Contre ceux qui ont été alertés et qui ont préféré couvrir […]. Contre cet homme dangereux qui a détruit ma vie et qui est aujourd’hui en liberté ».

À travers son témoignage, Anna Quénet espère mobiliser le plus grand nombre et appelle à ne pas fermer les yeux sur ces violences. Elle remercie par ailleurs la Fédération française de voile « pour toutes les initiatives prises en ce sens ».

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