Affaire du père Preynat | L’ex Prêtre condamné à 5 ans de prison ferme 30 ans après les faits
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 16/02/2016
- 00:00
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Mise à jour du 22 Mars 2020 :
Pédophilie dans l’Église : l’ex-père Bernard Preynat condamné à cinq ans de prison ferme
La sentence est tombée. L’ex-père Bernard Preynat a été condamné, par le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône) à 5 ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur mineurs, ce lundi 16 mars 2020. Il a été jugé en janvier 2020 pour de multiples agressions sexuelles commises entre 1971 et 1991 dans le diocèse de Lyon.
C’est 3 ans de moins que ce qui avait été requis par le procureur de la République, le 17 janvier 2020 et qui avait demandé aux juges du tribunal correctionnel « une peine d’au moins 8 années » afin de réprimer fortement cet acte.
Pas de mandat de dépot
Le jugement a été rendu dans un palais de justice fermé sur décision de la garde des Sceaux, comme les autres tribunaux du pays, en raison de l’épidémie du Covid-19.
Selon l’avocat du condamné, Me Frédéric Doyez, le jugement du tribunal correctionnel n’ordonne pas de mandat de dépôt. Cette peine de 5 ans – inférieure aux réquisitions du ministère public qui en avait réclamé au moins 8 – ne permet qu’un aménagement partiel. Faute d’appel, il ira donc en prison.
« Je suis enfin libéré, en espérant qu’il ne fera pas appel dans les 10 jours. C’est une grosse page qui se tourne j’espère » ,
a réagi l’une des victimes, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, estimant cette peine « correcte » compte tenu des 75 ans du prévenu.
Une décision qui « marque le coup »
Après un long combat judiciaire entre les victimes et le prédateur sexuel, la décision du tribunal correctionel de Lyon semble « ferme et lourde » pour François Devaux, victime de l’ancien prêtre et partie civile lors du procès, contacté par actu Lyon.
L’homme se satisfait d’un tel jugement
« même s’il a fallu attendre 25 ans »
pour que l’ex-prêtre soit jugé et condamné.
Il semblerait que le tribunal ait voulu marquer le coup.
« On condamne et on passe à autre chose ? »
Le cofondateur de l’association « La Parole Libérée » espère que cette sentence va, de manière individuelle, « apaiser les victimes ». Mais selon lui, cette condamnation ne répond pas à une problématique bien ancrée dans la société : celle de « la déviance sexuelle ».
Je trouve que l’emprisonnement répond à une éventuelle réparation mais pas aux notions de danger et de péril. Ce n’est pas en lui mettant des années d’emprisonnement, qu’il en ressortira plus pédophile.
Là est le combat de François Devaux, des membres de l’association et des autres victimes constituées partie civile au procès :
« démontrer l’évidence de tout ça. Démontrer les défaillances de l’église ».
Avant le debut de l’audience, Didier Bardiau, partie civile livre ses impressions :
“Ce procès va changer l’avenir. Il y aura un après procès Preynat”.
Son avocat Frédéric Doyez considère que « cette peine, même si elle n’est pas mise en exécution aujourd’hui, aurait dû être assortie d’un sursis » étant donné l’ancienneté des faits. Mais il n’était pas en mesure de dire s’il allait interjeter appel.
De son côté, Emmanuel Germain-Thill, se dit
« très soulagé de ce jugement, on était vraiment dans l’attente. On a envie de tourner la page de cette affaire et de continuer de construire notre vie »,
a t-il conclu.
Barbarin quitte le diocèse de Lyon
Cette affaire avait éclaboussé le cardinal Philippe Barbarin qui a été jugé pour « non-dénonciation d’abus sexuels ». Condamné l’an dernier pour ses silences sur les actes de Preynat à l’issue d’un retentissant procès, l’ancien archevêque de Lyon a depuis été relaxé en appel mais il a préféré démissionner du diocèse pour lui permettre d’ouvrir un nouveau chapitre.
La condamnation attendue depuis presque 30 ans par les victimes est tombée, lundi 16 mars 2020 au tribunal correctionnel de Lyon (Rhône) : 5 ans de prison pour l’ex-prêtre Preynat.
Article du 16 Février 2020 :
François Devaux, 37 ans, président de l’association La Parole Libérée, et victime présumée du père Preynat
Comment expliquez-vous que le cardinal Barbarin, et d’autres, n’aient pas dénoncé les faits plus tôt alors qu’ils savaient ?
Je ne me l’explique pas. C’est de l’irresponsabilité. L’église a des habitudes de fonctionnement et ne veut pas se remettre en cause. Elle veut à tout prix éviter le scandale. Elle préfère trop souvent l’omerta aux dépens des victimes.
Nous sommes victimes et en plus on nous plonge dans le déni, on ne veut pas nous reconnaître en tant que telles.
Qu’est-ce qui a, selon vous, conduit le prélat des Gaules, à changer de version, à reconnaître qu’il était au courant depuis 2007 et non 2014 ?
Il y a des éléments qui montrent que lui, comme d’autres personnes, était au courant dès 2007, des agressions commises par ce prêtre.
Ces pièces et la tempête médiatique suscitée par cette affaire l’ont sans doute aidé à «bien» se rappeler.
Vous et les autres victimes avez mis plusieurs années pour briser le silence, révéler ce que vous avez subi. Pourquoi tout ce temps ?
La plupart d’entre nous souffrent encore et toujours au plus profond d’eux-mêmes. Après de telles agressions, il faut du temps pour se reconstruire et parfois même oser en parler. Certains ont d’ailleurs parlé mais n’ont pas été crus.
Aujourd’hui les choses avancent et nous voulons aller jusqu’au bout pour que cette affaire ne soit pas une affaire de pédophilie de plus mais l’une des dernières. Malheureusement, sur les 45 victimes que l’association recense pour l’instant, beaucoup d’entre elles ne pourront obtenir réparation car les faits sont prescrits.
Qu’attendez-vous précisément de la justice ?
Qu’elle condamne ceux qui sont responsables, ceux qui savaient et n’ont rien dit, ceux qui n’ont rien fait pour mettre hors d’état de nuire ce religieux.
L’église n’est pas au-dessus des lois. Le droit doit s’appliquer partout.
Il faudrait, comme pour le terrorisme, décréter l’état d’urgence en la matière.
Nous voulons aussi que le législateur s’intéresse de plus près aux fonctionnements opaques de l’église.
Il faut un contrôle de cette institution, ne plus lui laisser le pouvoir d’encadrer des enfants sans devoir rendre de comptes à personne.
Nous ne remettons pas en cause la foi. Il y a des prêtres biens et nous le savons.
Nous ne voulons plus que des enfants soient ainsi livrés à des prédateurs intouchables.
Source: http://www.ladepeche.fr/
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