« Il y a des affaires qui reviennent trop souvent devant le tribunal. Et il y a des postures trop classiquement adoptées dans ce type de dossier. »
Les affaires dont a parlé M e Charlotte Dubois-Maret, mardi devant le tribunal correctionnel de Limoges, sont celles traitant d’agressions sexuelles d’un grand-père sur un petit-enfant. En l’occurrence, ici, un petit-fils. Et la posture du prévenu est celle du déni, pur et simple, quasi-systématique.
Une révélation spontanée. Le petit garçon, âgé de six ans au moment de la révélation des faits en 2014, vient de passer les vacances chez ses grands-parents paternels dans le nord de la Haute-Vienne. Son papa s’interroge sur le fait que son fils dorme les fesses à l’air chez ses parents et il lui demande pourquoi.
Spontanément, le petit lui répond que « c’est Pépé qui veut. Il joue avec mon zizi et moi, je joue avec le sien ». Pour le petit, c’est un jeu et il ne voit pas le mal. Pour le papa, cette révélation faite sur le ton de la conversation est un cataclysme. Il décide, avec sa femme, de porter plainte contre son propre père trois mois plus tard.
« L’hypothèse d’un complot paraît peu crédible »
Brutalement, une déclaration de leur fils qui, à trois ans déjà, leur avait dit que « Pépé lui touchait le zizi », prend toute sa dimension. À l’époque ils avaient pris cette petite phrase avec toutes les précautions d’usage, pensant simplement que le petit faisait allusion à la crème de soin qu’on lui mettait à l’époque.
Le petit ne varie pas. Constant, circonstancier, spontané, l’enfant est interrogé par les enquêteurs et les psychologues. Il précise que les faits se déroulaient toujours avant la sieste et au coucher, pendant les séjours réguliers qu’il passait chez ses grands-parents.
Il ne varie pas, n’en rajoute jamais. Même un an et demi après. L’expert dira qu’il paraît « crédible ». Si l’enfant ne présente pas de troubles particuliers, l’expert craint que ceux-ci ne se développent à l’adolescence.
Complot. Pendant la procédure et devant les juges, le pépé en question, professeur en retraite, claironnera : « Je conteste formellement les faits qui me sont reprochés. Ce n’est pas chez moi ni avec moi que ça s’est passé. J’ai l’impression qu’on a voulu l’éloigner de nous car la façon dont on s’occupait de son éveil culturel ne convenait pas ».
Selon lui, il serait victime d’une sorte de vengeance de la part de son fils et de sa belle-fille. Notamment à cause de travaux concernant une suite parentale que les grands-parents n’auraient pas financés.
« L’hypothèse d’un complot paraît peu crédible, d’autant que les parents ne sont pas animés d’esprit de vengeance, rétorque la substitut du procureur Marie Simbille, avant de requérir dix mois de prison avec sursis, mise à l’épreuve avec l’interdiction d’entrer en contact avec son petit-fils.
Décision renvoyée
Pour les parents, M e Dubois-Maret demande 1.500 € de dommages et intérêts chacun, et 3.000 € pour l’enfant. La maman, présente à l’audience, se lèvera uniquement pour faire passer le message que son fils lui a demandé de dire : « Il est triste de ne plus voir ses grands-parents ». Ce qui n’empêche pas cette maman d’approuver la demande du parquet d’interdire au grand-père de revoir le petit garçon.
Pour la défense, l’honorable M e Jacques Grandon du barreau de Poitiers, âgé de 89 ans, a rappelé que son client « a toujours contesté les faits », avant d’ajouter : « Que d’efforts à la recherche de la vérité, toujours ténue ! »
Jugement
Ce vendredi 7 avril, le tribunal correctionnel a rendu sa décision. Le grand-père a été condamné à douze mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant trois ans. Sa mise à l’épreuve comprend l’interdiction d’entrer en contact avec son petit-fils, à qui il devra payer 3.000 euros pour son préjudice. Il devra également payer 1.500 euros à chacun des parents. Son nom a été inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuels.
Source: Le Populaire