
Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 67 | Réseau Bétharram-Bayrou-Béatitudes
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 10/03/2025
- 08:00
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- Alain Esquerre, Alain Hontangs, Antton Rouget, Bernard Ségure, Betharram, Christian Mirande, Claude Alègre, Damien Saget, Daniel Cohn-Bendit, Dominique Conil, Dominique Rousseau, Dominique Savio, Elisabeth Bayrou, Elisabeth Guigou, François Bayrou, Françoise Gullung, Gabriel Amorth, Gérard Croissant, Henri Suso, Jacques Marin, Jean Vanier, Jean-Charles de Castelbajac, Jean-Marie Delbos, Joseph Corteggiani, Karl Zéro, Marie MERCIER, Marie-Paul de Behr, Michel Camdessus, Michel Péricard, Nicolas Souchu, Philippe Douste-Blazy, Pierre Silviet-Carricart, Pierre-Etienne Albert, Rémy Heitz, Robert Coffy, Ségolène Royal, Serge Legrand, Thierry de Roucy, Thomas Philippe, Vincent Landel

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.
Podcast – Réseau Bétharram Bayrou Béatitudes (90′)
Ou en deux parties :
Podcast – Réseau Bétharram Bayrou Béatitudes Partie 1 (Bétharram, 60′)
Podcast – Réseau Bétharram Bayrou Béatitudes Partie 2 (Béatitudes, 30′)
Fin 2023, Alain Esquerre, 52 ans repasse devant son ancien collège où il a subit des violences de la part d’un surveillant.
Stupéfait, il voit ce même homme, des décennies plus tard, toujours en charge d’enfants.
Il n’en revient pas et se résout à passer à l’action.
Il crée un groupe Facebook pour réunir les témoignages de victimes.
Rapidement c’est le raz-de-marée, la France est enfin prête à entendre et à réagir, il était temps.
5.000 élèves y sont passés, dans un environnement de terreur, d’abus sexuels, de perversité absolue de la part d’une multitude d’agresseurs laïcs ou religieux…
expliquait Alain Esquerre, le porte-parole des plaignants, scolarisé dans l’établissement de ses 10 à 16 ans.
Bétharram, c’est le goulag des Pyrénées.
Ça ne m’a rien appris, sauf à briser l’enfant que j’étais à force de passage à tabac, poursuivait le quinquagénaire.

Les faits
Notre-Dame de Bétharram est un collège-lycée catholique construit en 1853 à Estelle-Bétharram (64), une commune à 30 km de Pau.
Elle jouit d’une réputation dans tout le sud-ouest d’être un excellent établissement, élevant des enfants « à la dure », forgeant des « hommes » et sachant mater les fortes têtes.

En janvier 1995, un élève casse un verre normalement facturé 2 francs au fautif.
Mais le surveillant décide que ce sera 5 francs.
Marc un adolescent de 14 ans qui assiste à la scène dit que c’est un peu cher pour un verre.
La remarque lui vaut immédiatement une énorme gifle dans l’oreille par Marie-Paul de Behr, le surveillant général.
Il a le tympan perforé entraînant une perte d’audition définitive de 40%.
En décembre 1995, est envoyé de nuit par zéro degré, en sous-vêtements (pieds nus, slip et t-shirt) sur le perron de l’établissement par une nuit noire sans lumière, sur les bords du gave de Pau, pour un soi-disant geste d’insolence.
Au bout d’une heure, Marc demande à rentrer transi de froid, le surveillant refuse, Marc se rebiffe.
Là, il se fait tabasser par le surveillant.
Un camarade assiste à la scène et lui prête une carte téléphonique pour appeler ses parents qui arrive 20 minutes plus tard.
En état de choc, son père l’emmène aux urgences en hypothermie avancée et le médecin lui donne une incapacité totale de travail de 3 jours.
Jean-François Lacoste-Séris, le père de l’élève, signale les faits à l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel), alors que le surveillant général avait déjà commis un acte de violence à l’encontre de son fils.
Personne ne bronche, c’est l’omerta.
Il fait alors imprimer un tract qu’il distribue à la sortie de bétharram.
Blasphème !
Le père Vincent Landel, père directeur de l’établissement l’accuse de mener une croisade contre Bétharram.
Le 11 décembre, le plaignant est destitué de ses fonctions de vice-président de l’Apel et sommé de présenter ses excuses.
En réaction, son père dépose une plainte pour « coups et blessures volontaires » et « traitements inhumains et dégradants » contre deux membres de l’encadrement et assigne l’établissement au civil en février 1996.
Les faits sont médiatisés en raison de la présence au sein de l’établissement de Calixte Bayrou, le fils de François Bayrou, ministre de l’Éducation de l’époque, et de deux petits-fils de son député suppléant.
Jean-François Lacoste-Séris, avec une douzaine d’anciens élèves de Bétharram, tente alors de constituer une association de victimes : « Droits des enfants ».
La direction de Bétharram déplore le « grave discrédit porté à l’institution ».
Les gendarmes recueille des témoignages dont celui de Julien avec la punition “des pieds de lit” : quand un interne perturbe le dortoir, le surveillant réveille tout les élèves (40 à 60 dans la même pièce) et ils doivent tous rester debout sans bouger ni parler pendant ou heure, ou deux, en pleine nuit.
D’autres élèves parlent “du perron” qui est assumé par l’institution ainsi que des “baffes” qui sont d’une force totalement disproportionnée.
Un autre surveillant avait enveloppé un élève de papier hygiénique pour mieux le frapper.
L’Inspection académique des Pyrénées-Atlantiques annonce l’envoi d’un inspecteur pédagogique régional « établissement et vie scolaire ».
D’anciens élèves, parmi lesquels Jean-Charles de Castelbajac et le député Michel Péricard, montent plusieurs comités de soutien pour défendre l’établissement, à l’initiative de Serge Legrand — avocat du prêtre directeur de l’établissement — avec huit avocats des barreaux de Pau et de Bayonne, des médecins et les cercles de notables locaux.
Tous défendent bec et ongles l’excellente réputation de l’institution de Bétharram, “les règles sont claires dès le début, les élèves savent à quoi se tenir”.



Serge Legrand, l’avocat de Bétharram est un proche de Bayrou, engagé dans le parti politique de Bayrou, candidat à des élections.
L’Apel de son côté soutient l’équipe éducative et ne cautionne pas la « généralisation et l’imprécision des faits tels qu’ils ont été rapportés, ni l’amalgame auquel ils ont servi dans le but évident de nuire à la réputation de l’établissement ».
Les méthodes pédagogiques de l’établissement font l’objet d’échange au sein de l’Apel du Pays basque.
Marie-Christine Etchebers, la présidente, qualifie d’inadmissible les « mauvais traitements à enfants ».
Mayté Irazoqui, directrice diocésaine de l’enseignement catholique, précise cependant que « les châtiments corporels ne constituent pas les fondements de la méthode pédagogique » de l’institution.
En mai 1996, François Bayrou et Philippe Douste-Blazy (celui qui s’est fait « poisser dans une partouze avec des petits garçons à Marrakech d’après Luc Ferry), ministres respectifs de l’Éducation nationale et de la Culture, se déplacent à Bétharram à l’occasion de la réception des travaux de réfection de la chapelle de l’établissement.
François Bayrou intervient alors en défense de l’institution :
Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques [contre Bétharram] avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice.
Ce n’est pas le ministre, ce n’est pas le parent d’élèves qui parle, c’est le Béarnais.
Il ajoute en sa qualité de ministre de l’Éducation nationale :
Toutes les informations que le ministre pouvait demander, il les a demandées.
Toutes les vérifications ont été favorables et positives.
Le reste suit son cours. Les autres instances qui doivent s’exprimer le feront.
La plainte contre le deuxième surveillant pour le perron est classée sans suite.
Le parquet poursuit Marie-Paul de Behr pour « violences n’ayant pas entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours sur mineur de 15 ans » et le fait comparaître devant le tribunal correctionnel, le 11 juin 1996.
L’ancien surveillant général affirme avoir « usé de son devoir de correction » afin de “tenir la discipline” de l’établissement.
Le procureur de la République admet « la nécessité de faire respecter l’ordre », tout en trouvant la punition « disproportionnée ».
Marie-Paul de Behr est relaxé pour la punition du perron, qui ne constitue pas une infraction au sens de la loi, tout en étant condamné à 5.000 francs d’amende (750 euros) avec sursis pour avoir infligé une gifle par la juge Corinne Balian et il est maintenu en poste à l’internat.
Tous les détails de cette histoire ont été rapportés par Thierry Sagardoytho sur la radio locale dans une série de podcast en 2021.
Vous pouvez lire la transcription ici.
Dans la presse régionale sur 1994-1996 on décompte au moins quatre tympans perforés et de nombreuses familles qui témoignent avoir enlevé leurs enfants à cause de cette violence.

Françoise Gullung, 47 ans, professeur de mathématiques, tente d’alerter en vain, elle est absente le jour de l’inspection car justement en arrêt maladie.
Ses collègues disent qu’elle veut « détruire Bétharram » ce qui est repris mot-pour-mot par l’inspecteur dans son pseudo-rapport d’inspection.
Je me retrouve dans un couloir, en face de moi arrivait Elisabeth Bayrou, et sur ma gauche y avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte hurler sur un enfant, on entendait les coups, et on entendait l’enfant qui suppliait qu’on arrête.
Je me retourne vers Elisabeth c’était spontané, et je lui dit « qu’est ce qu’on peut faire ? ».
Pour moi ça voulait dire qu’à deux on aurait pu peut-être ouvrir la porte, elle m’a simplement répondu que ces enfants là il y avait rien à en tirer, point barre (…)
J’avais l’impression que pour elle, ces enfants là étaient d’une espèce inférieure aux siens, c’était intégré comme normal qu’on les batte (…)
elle est partie de son côté, moi du mien et j’ai décidé que je ne la croiserai plus jamais (…)

Pour moi on a toujours sous-estimé le supplice du perron, pour moi c’est de la torture morale gravissime (…)
Imaginez ces enfants, sur un perron, la nuit, il fait froid, il n’y a pas d’éclairage, y a le bruit de la rivière, les chiens qui aboient, c’est atroce ce qu’on leur fait vivre, et ils y restent pendant des heures (…)
A un moment j’ai donné aux enfants le 119 (…)

On a suscité et on a poussé les grands à me tourner autour quand je traversais la cour,
Un jour on a provoqué un incident qui m’a fracturé les os de la face,
J’ai eu des agressions sur ma voiture, j’avais aussi des menaces téléphoniques chez moi, « on va mettre le feu » (…)
Le rapport d’inspection arrive à la conclusion qu’il faut m’écarter de l’établissement alors que j’étais absente ce jour là à cause d’un arrêt maladie justement, de plus si vous lisez bien les élèves interrogés sont des lycéens alors que le problème concernait des collégiens (…)
J’ai essayé d’écrire pour remettre la chose sur la table, il m’a dit « on dramatise » (…)
Ici, le climat de violences est tel que les enfants reproduisent le schéma auquel ils sont habitués
Il y aura bien une visite de l’inspection du rectorat en 1996 (la seule) mais ce n’est pas un vrai contrôle et il n’y en a toujours pas eu jusqu’à aujourd’hui.
Les entretiens sont menés avec des lycéens choisis par l’institution alors que les problèmes se pose avec les collégiens.
Gullung est opportunément en arrêt à cette date là à cause de faits étranges.
Rédigé le 15 avril 1996, le rapport se concluait ainsi :
Par un concours malheureux de circonstances, cet établissement vient de connaître des moments difficiles.
La qualité du travail qui y est effectuée, l’ambiance et les relations de confiance qui y règnent et la volonté de changement qui existe à tous les niveaux sont autant d’éléments positifs et d’atouts pour la réussite de Notre-Dame de Bétharram.
Le rapport affirme également :
Notre-Dame-de-Bétharram n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés.
Et ceci alors que toute la lecture du rapport confirme les violences physiques a minima.
En 2025, âgé de 88 ans, Camille l’inspecteur de l’époque admettra du bout des lèvres que son rapport « ne tient pas la route actuellement » alors qu’à l’époque non plus il ne tenait pas la route et qu’il lui avait même été vraisemblablement commandé pour blanchir Bétharram et clore le dossier, ce qui a été fait.
Ce n’était pas une inspection en bonne et due forme et il le sait très bien.
Il joue le naïf et tente de se dédouaner de son immense responsabilité ainsi que celle de son institution et de tous ses collègues qui l’ont précédé et suivi à ce poste.
Je n’ai pas cherché à savoir ce qui se passait dans les dortoirs ou avec les internes (…)
Je suis reparti en ignorant totalement ce qui aujourd’hui est reproché.
Bien sûr il est totalement faux que les faits reprochés ne concernaient que les dortoirs ou les internes.
Les violences étaient exercées par les professeurs en cours également, en toute décontraction.
Il le sait aussi et tente piteusement d’éluder les compromissions qui l’ont mené à accepter de fermer les yeux alors que tout le monde savait.
Il nous fait croire que l’absence de Mme Gullung était fortuite alors qu’elle était provoquée et que rien ne l’empêchait de la rencontrer aux vues de ses nombreux courriers d’alerte.
Le 11 avril 1996, La République des Pyrénées écrit par exemple que, « choquée par les méthodes musclées du pensionnat, où les surveillants ne semblent pas hésiter à frapper pour obtenir la discipline », l’enseignante a « déjà écrit trois courriers au père Vincent Landel (directeur de l’établissement 1993-2000) mais aussi à la direction diocésaine pour faire part de ses observations».
Ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu, je ne peux pas l’admettre, justifie-t-elle, en se disant étonnée par l’« omerta » qui règne à Bétharram.
L’article précise que Françoise Gullung a « récemment expliqué aux enfants qu’ils devaient apprendre à faire respecter leur corps et leur personne », leur donnant même « un numéro vert pour qu’ils appellent, en cas de problème, une association de défense des enfants maltraités ».
J’ai déjà été sidérée par la lecture de ce rapport, puisqu’il était ahurissant.
Il constatait l’existence des violences et des sévices corporels graves, les coups portés contre le jeune de 14 ans que je défendais.
Mais sa conclusion consiste à dire que finalement les élèves n’étaient pas brutalisés.
Il y a donc une contradiction évidente, très surprenante, qui montrait que ce travail n’était pas sérieux.
Pour ma part, je considère que ce rapport était destiné à couvrir Notre-Dame de Bétharram, à blanchir cette institution catholique, explique Jean-François Blanco.
Il a saisi le parquet général de Pau pour ouvrir une enquête pénale et administrative sur l’affaire Bétharram.

Le père Carricart alias Papy fraise
Le 28 mai 1998, Pierre Silviet-Carricart (Père directeur de 1975-1981 et 1987-1993), directeur de l’institution Notre-Dame de Bétharram depuis 1987, est mis en examen pour « viol et agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne abusant de son autorité » pour des faits présumés entre janvier et mai 1988, sur Franck, un élève du collège et pensionnaire de l’internat âgé de 10 ans et demi.
Le prêtre aurait profité de la fragilité psychique de l’enfant, déstabilisé par la mort de son père, pour se livrer sur lui à des attouchements, le matin de l’enterrement, avant que sa mère ne vienne le chercher pour l’emmener aux obsèques.
Le directeur conteste les accusations et dépose une plainte pour dénonciation calomnieuse.
Lors de cette affaire, trois personnes sont mises en cause, parmi lesquelles le père Silviet-Carricart et un surveillant, Patrick M. qui ne sera pas poursuivi.
La communauté éducative de l’institution réagit avec « réserve et prudence » à la procédure judiciaire qui met en cause l’ancien directeur de l’établissement.
Alors qu’il vient tout juste d’incarcérer le père Carricart, le juge Christian Mirande rencontre Bayrou à son domicile car il serait « inquiet pour son fils » qui est scolarisé à Bétharram à ce moment-là.
Il avait du mal à croire ce qui était reproché à Carricart.
Le juge lui confirme que les faits sont « patents et établis ».

Le Monde parle de cette rencontre au domicile du juge dès mars 2024 (même chose dite à TF1).
Le juge Mirande se protège en passant dans les médias mais il n’est pas celui qui tire les ficelles.
Placé sous mandat de dépôt, le prêtre reste deux semaines en détention provisoire à la maison d’arrêt de Pau, avant d’être remis en liberté le 9 juin, à la suite d’une demande formulée en appel à la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Pau, au motif « que la mise en détention n’est plus nécessaire à la poursuite de l’information ».
Le gendarme Alain Hontangs témoigne des faits quand il a amené Carricart au tribunal de Pau.
Lorsque j’arrive au tribunal avec Carricart dans le couloir le juge Mirande m’attend.
Il me dit qu’il y a un problème, la présentation va être retardée, M. Bayrou est intervenu auprès du procureur général qui demande à voir le dossier. (…)
En tant qu’enquêteur j’étais stupéfait car c’était la première fois que je déférais une personne et qu’on me disait ça pourtant Dieu sait si il m’est arrivé de déférer d’autres personnes beaucoup plus importantes que le père Carricart. (…)
8 jours plus tard le juge Mirande m’appelle pour me dire que le père Carricart a été remis en liberté par la chambre d’accusation,
J’ai du faire des bonds un peu sur mon fauteuil, ayant connaissance des faits, ça me paraissait être une décision intolérable.

Le procureur général Dominique Rousseau demande au juge Mirande une remontée du dossier à la demande de Bayrou pour a minima se renseigner sur son contenu.
Un premier signalement du procureur général près la cour d’appel de Pau a effectivement été effectué le 15 juin 1998 auprès d’Elisabeth Guigou alors ministre de la Justice.

Le courrier est suivi d’un autre, le 23 décembre 1998, en forme de point d’étape, affirmant qu’une «commission rogatoire est en cours pour entendre de nombreux anciens élèves de l’établissement».
Il a également, suite à une conversation téléphonique sur le même sujet du 26 mai 1998, écrit à la Garde des Sceaux pour lui exposer les faits ayant conduit à la mise en examen et l’incarcération de l’ancien directeur de l’établissement, le père Carricart.
Pour vous situer le personnage, Dominique Rousseau c’est un fils de magistrat de La Rochelle qui s’est illustré dans la presse lors des gilets jaunes pour dire que le RIC (Référendum d’initiative Citoyenne) est un outil de la tyrannie.
Je suis hostile aux référendums car ils sont un faux ami de la démocratie (…)
Le référendum est le moyen utilisé par les gouvernants pour canaliser le ressentiment populaire à l’égard des représentants.
On est dans le livre 1984 de Georges Orwell : « la démocratie, c’est la dictature ».

Les motifs invoqués par la chambre d’accusation étaient « ceux qui habituellement justifiaient le maintien en détention » selon l’avocat du plaignant interrogé par Le Monde en 2024.
Le juge d’instruction exprime rétrospectivement son étonnement devant cette décision inhabituelle au vu de l’aspect hors normes de l’affaire.
Sans faire état de pressions, il évoque néanmoins à l’époque les « nombreuses questions » de sa hiérarchie sur la suite qu’il compte donner au dossier et relate la visite de François Bayrou dans le laps de temps des 10 jours d’instruction de l’affaire.
François Bayrou est alors parent d’élève, député des Pyrénées-Atlantiques, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, et ancien ministre de l’Éducation nationale.
Ce dernier lui exprime « ses interrogations et ses doutes » sur la culpabilité du prêtre.
On retrouvera plus tard le premier plaignant de 1998, dénudé dans les rues de Bordeaux.
Alors, quel crédit accorder à ce « déchet de l’humanité », ça décrédibilise tout, c’est facile.
Le 6 juillet 1998, Pierre Silviet-Carricart est autorisé à quitter la France pour rejoindre le siège de sa congrégation à Rome.
La levée du contrôle judiciaire du religieux est également jugée « insolite ».
Fin 1999, le procureur de la République convoque de nouveau l’ecclésiastique à la suite d’une seconde plainte contre lui de la part d’un ancien élève de Bétharram, orphelin de père, pour des faits d’agressions sexuelles, dont il aurait été victime de la part du prêtre lui aussi, une douzaine d’années auparavant.
Puis, à sa suite, une troisième victime se manifeste.
On ne touchait pas aux enfants Bayrou mais ils savaient car ils voyaient les violences sur les autres camarades.
On recueille, en faveur du prêtre, des témoignages d’anciens élèves.
Parmi ceux-ci, les six pages de Bruno.
Il relate ses week-ends, ses vacances en compagnie du Père.
Las, une semaine plus tard, Bruno se présente seul devant le juge, demande à être entendu.
Tous ce qu’il a écrit est exact, dit-il, manquent seulement les fellations, les attouchements, etc.
Son témoignage est accablant.
Lui, il est un jeune homme bien sous tous rapports.
Il veut soutenir Fred, fort seul en son combat, sa petite amie lui conseille de se libérer de ces années qui lui pèsent.
Seconde mise en examen, le père est convoqué pour audition le 12 janvier 2000.
Le 5 janvier 2000, le prêtre âgé de 58 ans disparaît, une semaine avant de devoir se présenter devant le juge d’instruction.
Une lettre est retrouvée annonçant son suicide :
J’ai accompli mon chemin de croix, je suis au Golgotha, ma croix va se lever.
Celui-ci affirme qu’il n’a « violé aucun enfant », et que face à l’acharnement et au harcèlement dont il est l’objet, « sa vie sur terre s’achevait ».
Le 2 février, son corps en état de décomposition avancée est repêché dans le Tibre.
Il est méconnaissable, mais ses vêtements, un chapelet et une carte d’identité à son nom sont retrouvés sur lui.
Puis le 8 février 2000, le procureur prend de nouveau la plume, quelques jours après le suicide du père Carricart à Rome, mis en cause par un autre ancien élève.
Dans cette lettre, il tient à «rendre compte des derniers développements de cette procédure qui sont susceptibles de lui redonner un certain impact médiatique local, voire national».
Aucune réaction de Guigou et on le comprend bien, vu son comportement dans l’affaire Zandvoort.
Aucune suite n’est donnée aux auditions des nombreux élèves soi-disant entendus.
Il est enterré en France dans le petit cimetière de la congrégation à Lestelle-Bétharram le 10 février 2000, en présence d’Élisabeth Bayrou, l’épouse de François Bayrou.
Le 10 novembre 2000, le corps du religieux est exhumé après que des doutes sur son identité aient été exprimés.

Le 5 décembre, l’identification visuelle de plusieurs témoins et l’identification ADN confirment que le corps enterré est bien celui de Pierre Silviet-Carricart mettant un terme à l’enquête et à la procédure pénale.
En 2000, un ancien élève porte plainte mais elle est classée sans suite après une enquête bâclée.
En 2009, des parents écrivent à Bayrou, sans réponse.
En 2009, un article écrit par une journaliste de mediapart, Dominique Conil, fait état de la situation, sans échos.
En 2021, le diocèse de Bayonne-Pau a été le seul à refuser d’ouvrir ses archives à la commission sur les violences sexuelles commises au sein de l’église (Rapport Sauvé, 2021).
Vous pouvez télécharger le rapport Sauvé ici et les témoignages recueillis durant ce rapport ici.
Alain Esquerre et Pascal Gélie, deux anciens élèves, créent en octobre 2023 un groupe Facebook pour dénoncer les violences commises à Bétharram (avec plus de 2000 membres) et rassembler les victimes.
La médiatisation commence en décembre 2023 sur RCF Bordeaux pour atteindre rapidement un niveau national début 2024.
En février 2024, les premières plaintes provoquent une ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Pau.
Un premier surveillant est incarcéré en préventive fin février 2025, deux autres sont relâchés pour prescription des faits.
Témoignages

1957-1961 : Jean-Marie Delbos
En 1957, le père Henri Lamasse est nommé enseignant au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, établissement privé catholique accueillant 70 enfants et adolescents âgés de 10 à 17 ans dans le cadre du petit séminaire.
Surveillant du dortoir, le prêtre viole de nombreux enfants de l’internat au moyen de masturbations et de fellations.
Jean-Marie Delbos, plaignant dans l’affaire et orphelin âgé de 15 ans à l’époque, est peu après interné à l’hôpital psychiatrique militaire de la cité royale.
Il dénonce une manœuvre des pères du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram afin de discréditer son témoignage.
À sa sortie de l’hôpital, sa grand-mère, responsable légale de Jean-Marie Delbos, se voit menacer par trois prêtres de saisir ses biens si l’affaire venait à s’ébruiter.
En 2010, il raconte son témoignage dans une lettre envoyée au Saint-Siège.
Henri Lamasse est alors muté en Cisjordanie à Bethléem cette même année.
En 2018, Henri Lamasse, devenu supérieur de la communauté de Bethléem, revient à Bétharram pour y prendre sa retraite dans l’Ehpad communal, situé au sein de sa congrégation.
Il assure l’aumônerie du Carmel de Bethléem.
À ce jour, Henri Lamasse réside encore à l’Ephad de Bétharram, sans qu’aucune sanction canonique n’ait été prise à son encontre et nie les faits qui lui sont reprochés.
C’est une institution de salopards, point. Et le mot est faible (…)
Tous les provinciaux ils savaient, ils n’ont jamais rien dit (…)
Ils nous masturbaient pis ils nous faisaient des fellations, soutane ouverte, ils nous disaient rendormez vous c’est rien. (…)
On était terrorisés. (…)
Je lui ai donné les noms des gamins (des autres enfants violés), le directeur les a appelé un par un et leur a dit « dehors » (ils sont virés de l’établissement)».

Fin années 70 : Christophe
Il affirme avoir été violé par le père directeur de l’établissement.
Mais y a en trois aujourd’hui en garde-à-vue mais malheureusement les plus graves sont décédés, celui-là il s’est suicidé (le père Carricart), ce salopard.
1973-1980 : Emmanuel
Je suis arrivé à Bétharram en 1973, j’avais neuf ans et j’y suis resté jusqu’en 1980.
Quand je regarde aujourd’hui mon cahier de catéchèse, je me dis que j’étais au cœur d’une secte.
Le conditionnement psychologique, physique et culturel, c’était ça la force de Bétharram.
La violence, c’était l’ADN de l’établissement et cette hyperviolence va de pair avec l’hypersexualisation.
Le père Carricart (…) avait des mains baladeuses, nous touchait les fesses.
Il est à ce moment-là entouré de “Cheval”, mais aussi de pions et d’enseignants violents.
Un glissement vers les abîmes.
Personne n’avait accès au fonctionnement de l’internat (…), c’était la réserve de chasse.
Moi, tous les soirs pendant trois ans, je mettais mon sexe dans un gant de toilette avant d’aller dormir, c’était ma petite armure.
Ils voulaient des éphèbes, les ados poilus ne les intéressaient plus.
On avait la peur au ventre.
La violence allait du tabassage au viol, et moi j’étais au milieu.
J’ai subi des agressions sexuelles du père Carricart et d’autres élèves.
Mais on n’en parlait pas, on n’avait pas les mots pour ça, on était agressé tout le temps.
La situation exceptionnelle devient la norme.
Ma dernière année à Bétharram, j’ai 15 ans et je suis nommé surveillant de dortoir.
Je suis tout seul avec les “petits” de CM2 et de 6ème.
Les enfants se faisaient pipi dessus dans leur lit quand le surveillant surnommé Cheval retournait sa chevalière avant de frapper.
“Regarde ce que tu m’obliges à faire”.
Cette phrase, je l’entends encore. C’est une phrase de prédateur.
Dans mon dortoir, il y a 35 petits lits. Un soir, Carricart débarque.
Je le voyais mettre la main entre les cuisses des enfants. Je mets en place des stratagèmes (…).
Il vient dans le dortoir une à trois fois par semaine, entre minuit et 2h00 du matin, donc je garde ma lampe allumée jusqu’à 3h00 du matin.
J’avais trafiqué la serrure de la porte pour qu’elle couine quand il l’ouvrait et que je l’entende arriver.
Je n’ai pas dormi cette année-là, j’étais épuisé.
Pour moi, Bétharram c’est un puits aux âmes, une zone de non-droit. Ça a détruit ma vie.
La culpabilité m’habite depuis des années. Est-ce que j’aurais pu sauver plus d’enfants?
Il va me falloir toute ma vie pour tirer le fil de cette pelote monstrueuse.
Mon burn-out m’a fait me poser plein de questions et j’ai compris que j’avais voulu anesthésier mon cerveau par le travail.
Aujourd’hui, je vis les deux pieds dans la merde, avec le bruit et l’odeur.
Moi je n’attends rien, le mal est fait.
Dans ma tête, j’habite encore à Bétharram, avec des cauchemars et des terreurs nocturnes.
Aujourd’hui, dans le collectif, en sachant qu’on est tous victimes, on ne retrouve pas la parole, on peut juste se regarder et pleurer.

1979-1982 : Eric Veyron
Il m’a pris pour son sex-toy. (…)
Il venait me chercher à la gare. (…)
Si j’étais seul c’était un arrêt forcé, obligé de lui faire une fellation, si je ne voulais pas il me bouchait le nez (…)
J’ai tout fait pour aller à l’infirmerie aussi, mais il m’y poursuivait.
Si j’y étais tout seul voilà c’était la traque.(…)
Il ciblait des jeunes perdus comme moi, loin de leur région et de leur famille. (…)
C’est infernal, après on est terrorisé aussi, parce que de l’autre côté, les surveillants, les profs, tout le monde est violent là-dedans. (…)
Je flippais qu’il vienne la nuit alors je dormais très très peu, 4 heures par nuit c’était le bout du monde, j’étais toujours réveillé, la tête sous le drap.
Je faisais attention à la moindre torche qui s’allume c’était le cauchemar. Genre : pourvu que c’est pas moi. (…)
Tout le monde le savait entre Bordeaux, Bayonne et toutes ces villes. (…)
J’ai élevé mes petits dans la haine du curé. (…)
C’était il y a 40 et quelques années, donc y a prescription, je vois pas ce qu’elle va faire la justice pour moi.

1981-1983 : Jacques
C’est le cas de Jacques, qui nous avait détaillé les attouchements subis pendant deux ans de la part de l’ancien surveillant général, surnommé le « Cheval », entre 1981 et 1983.
Il me mettait la main dans le pyjama.
Ça a duré deux ans.
Je ne pouvais me confier à personne, avait expliqué cet employé de 52 ans.
J’ai fait du sport pour me vider la tête, mais impossible d’oublier.
Je me suis mis à boire, mais ce n’était pas la bonne solution.
Puis on explose, on raconte aux copains qui conseillent de se faire suivre.
Mais on n’ose pas, on a honte, on se sent coupable.
Les relations sentimentales sont chaotiques.
J’ai plusieurs fois pensé à me foutre en l’air, avait-il confié.

1981-1983 : Olivier Bunel
J’ai dit, y a un monsieur qui m’embrasse de force et qui m’embrasse sur le zizi, ma grand-mère ne m’a pas cru (…)
le surveillant général Cheval, de son vrai nom Damien Saget était le plus tyrannique,
il nous terrorisait, y a pas de mots pour décrire ce genre de personnes (…)
ces voyages en bus qu’on faisait avec la boule au ventre de Bayonne à Bétharram et on avait l’impression d’arriver en prison en fait (…)
C’est lui qui nous gardait qui faisait ses rondes, tout se faisait au milieu de la nuit, rien ne se faisait à la vue des autres (…)
on a toujours l’impression d’avoir été seul (…)
après nous avoir fait du mal comme sur le perron, pendant des heures, à genou en sang dans le froid, sur une règle métallique carrée
et si on bougeait on prenait une demi-heure de plus et dans l’infirmerie il nous disait « t’as vu ce que tu m’as obligé à faire »
puis il nous violait en nous faisant des fellations (…)
si on en parlait on prenait le reste la semaine qui suivait (…)
je veux être là le jour où nos bourreaux arriveront à Pau menottés et les regarder droit dans les yeux,
plus jamais ça, qu’il y ait un avant et un après Bétharram.
1984-1990 : Simon
C’est le cas de Simon, un ancien élève qui le compare à un « prédateur ».
L’homme lui aurait imposé une fellation lors d’un séjour à l’étranger chez sa tante, où le surveillant, qui s’était rapproché de la famille, avait été invité.
Laurent, qui a effectué tout son collège à l’internat entre 1984 et 1990, cible le même homme et raconte avoir été violé lors d’un voyage scolaire au Maroc en fin de 5e.

1985 : Frédéric
Frédéric se souvient d’une journée en particulier, celle du 29 mai 1985 où il a eu à faire à Damien Saget alias Cheval.
Il y avait un surveillant qu’on appelait Cheval qui m’avait puni.
On avait très peur de celui-là parce que c’est celui qui tapait le plus fort.
Ce soir-là, après lui avoir fait subir la punition du perron, “Cheval” emmène Frédéric dans son bureau :
Je pleurais à chaudes larmes. Il m’a demandé si je voulais un câlin.
Innocemment, j’ai répondu ‘oui’.
En fait, j’étais même plutôt très satisfait, car j’avais l’impression d’être protégé.
Il m’a caressé le visage, les cheveux, les cuisses.
La dernière image que j’ai de lui, c’est qu’il a les jambes écartées et à travers son pantalon marron,
je devine son sexe, et il me met le visage sur son sexe en érection.
C’est la dernière image dont je me souviens.

1986-1992 : Nemes
Bernard Ségure me convoque dans son bureau (…) je ne sais pas comment, la scène d’après je suis assis sur ses jambes,
il a sa bouche, sa langue, qui se balade dans la mienne et je comprends pas ce qui m’arrive,
ses mains qui se baladent sur moi, sur mon corps, il me masturbe,
moi je sais pas comment m’asseoir parce que je sens son pénis dur sous moi (…)
en fait à ce moment là je disparais dans ma tête, j’existe plus (…)
la scène d’après il me donne des bonbons , il me dit prends-en, prends-en plein et là j’oublie tout, je disparais (…)
la puissance des baffes c’était pour détruire, la première que j’ai prise de Cheval,
je rigolais lors d’une distribution de photos, tout le monde s’en va et il me dit de rester, il me dit « pourquoi tu rigoles ? »
je suis éberlué, je sais pas quoi dire et là il me regarde droit dans les yeux, un sourire narquois
et avant que j’ai compris quelque chose, j’avais reçu une déflagration dans ma joue quoi,
je la sentais même plus, le goût du sang dans ma bouche (…)
et j’en ai reçu d’autres par rapport à mes actes de rébellion sur le racisme genre sale négro ou sale négro tu pues (…)
et là pareil c’est des baffes pour exploser la tête à un gamin (…)
plus tard je me suis auto-saboté dans la boisson, la drogue, la vie nocturne, j’ai vraiment pris beaucoup de risques (…)
y en a qui ont mis fin à leur vie dans cette histoire, y en a qui ont sombrer, qui s’en sortent pas du tout (…)
la prescription quand même c’est incroyable, le message il est où ? (…)
faudrait faire en sorte que les adultes qui voient quelque chose soient obligés de le signaler, mettre en place quelque chose

1988-1989 : Boris
Je rentre à Bétharram pour me préserver, parce que je suis déjà victime d’un réseau de pédophiles (…)
j’arrive je vois les enfants pleurer, personne ne vient vers moi, personne ne m’explique et là ça commence :
le coup de sifflet où tout le monde se met en rang et se fige, tout marche au claquement de doigt (…)
le petit-déj’ c’est du pain dégueulasse, du lait et du café coupé à l’eau (…)
Papy Fraise c’était le père Carricart qui a priori est la personne la plus gentille qu’on ne peux soupçonner d’être violent
et dont on s’est aperçu que c’était certainement une des personnes les plus perverse de cette génération là,
il sait très bien pourquoi je suis rentré là,
il me fait appelé dans son bureau, est très gentil avec moi, et me rappelle que c’est un jour exceptionnel car c’est mon anniversaire,
il finit par me faire venir sur ses genoux et m’embrasse, me caresse l’entrejambe et me viole (…)
il achète mon silence avec une enveloppe de 50 francs, comme mon ancien agresseur (…)
avec Cheval pareil même méthode, sur le manque affectif, il me fait venir dans son bureau et me fait venir sur ses genoux… (…)
c’était une violence sadique, comment on peut infliger autant de violence à des enfants aussi jeunes

1989-1990 : Pascal Gélie
Y a ces actes de barbarie, c’est des piqûres avec de l’eau, avec de l’alcool,
moi j’ai vu un surveillant arracher une grosse touffe de cheveux à mains nues
et puis le fait de nous laisser dehors toute la nuit sur le perron quand on est gosse (…)
dès le premier soir je me rend compte que j’ai fait la plus grosse bêtise de toute ma vie à 14 ans en demandant à entrer à Bétharram (…)
j’ai des black-outs comme toutes les victimes (…)
à 40 dans un dortoir avec des lits en ferraille, un papa d’ami militaire de carrière disait que les soldats étaient quand même mieux logés que nous (…)
j’ai pas les codes, je me lève dans le bus, les lycéens sont responsables et me tabassent à quatre à l’arrêt suivant (…)
la violence était en cascade et les lycéens relayaient cette violence (…)
Elvis arrive sur Arnaud, il prend ses cheveux, il fait tellement de tours qu’une touffe lui reste dans la main
et je revois un rond blanc de la taille d’un carreau de lunette de peau arrachée sur le cuir chevelu,
« tu crois quoi, prend tes cheveux mets les à la poubelle, je veux plus t’entendre et les autres c’est pareil » (…)
un peu de bruit dans le dortoir mais vraiment presque rien, Albator allume la lumière,
tout le monde, les 40 jeunes au garde à vous devant leur lit, pas un bruit, et ça dure et ça dure,
et là un élève tombe dans les pommes comme un pantin, malaise vagale,
et là vous avez 39 garçons qui ne bougent pas, pas un bruit, personne n’ose l’aider

1992-1994 : Loïc
On est typiquement dans un établissement du 19ème siècle, c’est insalubre au possible,
y quatre toilettes pour cinquante élèves, lavés une fois ou deux par semaine donc les toilettes c’est un cloaque absolu. (…)
les douches y en a deux par semaine mais avec pas assez d’eau chaude pour tout le monde,
ou parfois il faut passer par l’extérieur, avec un soupirail ouvert qui donne sur la rivière, c’est complètement carcéral (…)
si on ne se lève pas assez vite le matin, le lit est entièrement renversé sur nous, c’est extrêmement violant et dégradant (…)
le perron c’est du dressage, je vois pas d’autre objectif que de faire peur, la peur qui crée tout le climat de l’établissement (…)
je me souviens de cet élève qui s’était un peu rebellé et le surveillant s’est jeté sur lui,
l’a saisi par le col et l’a traîné dans toute la salle d’étude et l’a jeté dans les escaliers en le tenant par le col et la ceinture.

1998 : Franck
A 11 ans, le jour où je devais me rendre à l’enterrement de mon père.
Carricart me réveille avant tout le monde et m’emmène dans une salle de bain au sous-sol avec une baignoire.
Il me dit « est-ce que tu veux que je te lave ? ».
Comme une poupée inerte, je n’ai pas de mots ou de réactions.
Il s’est déshabillé, il a essayé de me sodomiser, il a pas réussi.
Il m’a retourné violemment et il m’a mis son sexe dans la bouche. (…)

Quelques heures plus tard, il accueille la mère de Franck qui vient chercher Franck pour les obsèques en lui faisant la bise et rend l’enfant complètement « perturbé au maximum ».
Franck fera une tentative de suicide à Bétharram en 1999.

2003-2005 : Adrien Honoré
Quand vous arrivez là-bas, vous y arrivez et vous y restez (…)
Ça nous a détruit là-bas (…)
le dernier jour est arrivé, mon persécuteur me dit, ça y est vous vous barrez enfin,
rassurez vous un jour je reviendrai et j’aurais votre tête,
malheureusement il est mort l’an dernier, c’est malheureux mais c’est comme ça (…)
c’est toujours dur de raconter, moi je le revis à chaque fois (…)
là-bas c’était un broyeur d’enfant (…)
les victimes devenaient les bourreaux d’autres élèves (…)
personne ne se disait rien car c’était « mon dieu je ferme les yeux et je prie pour que ça ne sois pas moi »,
c’est ça l’omerta de Bétharram, vous priez pour qu’ils ne vous repèrent pas et vous laisse un peu dans un coin (…)
j’ai vécu la violence physique, la violence psychologique, la violence sexuelle,
j’étais dans le dernier cercle de l’enfer, c’était des tabassages, on me poursuivait dans les bois (…)
j’avais eu des frottements et des comportements inappropriés de certains prêtres
et après ça a été aussi plusieurs agressions sexuelles par des élèves qui m’enfermaient dans les toilettes et qui me violaient
Caroline
Caroline est l’une des filles d’un surveillant devenu professeur à Bétharram pendant plusieurs décennies.
Il tabassait ses enfants à la maison, comme ses élèves la journée.
Elle a été violée de manière répétée par son instituteur dans son école St-Joseph à Jurançon, son père a minimisé.
D’autres filles victimes aussi parlent, une plainte est déposée mais ses cibles sont des petites presque exclusivement issues de l’immigration et en foyer ASE.
Il a été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir violé une dizaine de gamines.
Il s’est remarié en prison avec une maman d’élève et encadre aujourd’hui des enfants.
Bayrou venait diner chez eux.
Être à moitié nue, été comme hiver, la nuit sur la terrasse,
des privations alimentaires, j’ai du voler pour manger assez jeune,
coups de livres dans la figure ou sur le corps pour ne pas laisser de traces (…)
mon destin était tout tracé, je devais finir sur un trottoir, il me traitait de pute très jeune (…)
il se targuait très régulièrement des sévices qu’il infligeait aux élèves,
il pratiquait un sport de combat et savait où et comment frapper (…)
y avait pas de secret sur ça (…)
j’ai peur de parler aux policiers car j’ai peur des représailles (…)
deux policiers qui insistent énormément, finissent par vous faire douter du peu que vous avouez
et aussi on vous rabâche que ce que tu dis va avoir des conséquences très négatives sur cette personne donc fait bien attention,
presque on vous menace en vous faisant culpabiliser (…)
on se retrouve à dix petites filles de CM1 dans le bureau du juge avec l’accusé devant nous de dos entre nous et le juge
et à un moment il se retourne et nous fixe toutes, une par une et installe une crainte chez tout le monde,
ni le juge ni les policiers présents ne disent rien,
au bout de quelques minutes interminables, le juge lui dit de se retourner,
ça laisse l’empreinte indélébile qu’on ne peut faire confiance à personne,
une intimidation validée par la justice, c’est effrayant (…)
ma mère a fait une lettre pour soutenir l’instituteur pédocriminel (…)
mon frère en CE1 a tenté de se pendre dans les toilettes de l’école avec son lacet, parce qu’on vivait des violences extrêmes à la maison,
il exprimait clairement sa volonté d’en finir à un âge très jeune (…)
j’ai été violé une seconde fois à mes 18 ans dans mon domicile parental avec une tentative d’étranglement,
j’ai voulu déposer plainte, la policière m’a incité à faire une simple main courante,
le jeune est parti en hôpital psychiatrique (…)
l’un des enfants Bayrou venait chez nous car mon père était son prof’ et on allait aussi chez eux (…)
les enfants de Bayrou on ne les touchaient pas,
je me souviens de ça dans des discussions entre mon père et d’autres prof’ de Bétharram mais ils assistaient aux violences (…)
mon père évoque ses méthodes à Bayrou et il acquiesce, les gamins sont là pour ça, il est pas choqué (…)
y a une noirceur dans ces milieux là, qui est proportionnelle à la bienséance qu’on veut vous faire croire (…)
ça crée des dissonances énormes dans la tête des gamins (…)
il est temps d’assumer, il est temps de regarder la vérité en face
Antton Rouget, un des enquêteurs de Mediapart synthétise bien les choses
C’est plus interne à l’église, ça vient percuter les responsabilités politiques (…)
c’est le réseau des notabilités locales, du socle électoral, des relations d’amitié et de soutien (…)
Bétharram, c’était un établissement où il y avait les grandes familles du sud-ouest, de Pau, de Bordeaux, de Toulouse, de Biarritz (…)
quand il y avait des comités de soutien à Bétharram dans les années 90 (…)
Bayrou s’est inscrit dans les pas des personnes qui composaient son environnement social, politique voir ses relations amicales
D’autres cas similaires dans le sud-Ouest

Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac (65)
D’autres témoignages similaires à Bétharram pleuvent un partout dans le sud-ouest.
Par exemple à Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac (65) avec des viols commis sur mineurs (1991-1993) et un collectif de victimes qui se monte.
Le directeur depuis plus de 20 ans, Joseph Corteggiani, s’était ému dans la presse des actes commis à Bétharram alors qu’il était lui-même un agresseur.
Le surveillant général le corrige à l’aide d’une cravache pour avoir mangé des biscuits dans son lit.
Il m’a traîné, il m’a déchiré mon pyjama, c’est assez fou mais je me suis retrouvé nu.
Il a allumé les douches froides et a continué à me frapper” témoigne Grégory (1983-1985)
Il fait mine de déplorer des faits alors qu’il est lui-même l’auteur de violences similaires.
Cet homme pratique la terreur, il est dangereux pour tout le monde.


Notre-Dame du Sacré Cœur, dit “Cendrillon”, à Dax
Il y a également un collectif de victimes (desgarbado.aficionado@orange.fr).
Huit témoignages d’anciens élèves disant avoir été violés, agressés sexuellement ou violentés pendant leur scolarité dans le collège privé catholique, des années 1960 aux années 1980.
Trois prêtres et un laïc sont mis en cause.
L’abbé G. (1957-1963) recevait, le soir dans sa chambre, des élèves pour les confesser et en profitait pour les faire asseoir sur ses genoux et leur caresser le sexe, ou les fesses.
Il a ensuite été prêtre à Biscarrosse, avant de devenir instituteur à Tartas à partir de 1965.
Cet abbé est mort en 1980.
L’abbé C. (1959-1968) remplaçait également les confessions du soir par “des attouchements et des baisers forcés”.
L’abbé V. (1957-1958) a violé un ancien élève.
Monsieur M. (1961-1964 puis 1970-1976) a violé un enfant pendant quatre ans en lui infligeant des “pénétrations anales” et des “fellations”.
Le frère de cet homme était à Bétharram et violait aussi un autre élève là-bas.
L’évêque d’Aire et de Dax, Monseigneur Souchu, avait pourtant, reçu “deux signalements en 2021”, indique ce dernier, après que deux anciens élèves aient témoigné dans le cadre de la commission Sauvé, chargée de réparer les crimes et délits sexuels commis dans l’Église.

Chaque matin il fallait vite se lever, celui qui flemmardait un peu au lit, le surveillant de nuit tirait les couvertures,
plutôt que de nous réveiller normalement, il avait quelques mains baladeuses qui s’égaraient (…)
c’était une terreur absolue, certain préféraient faire pipi au lit plutôt que de se lever pour aller aux toilettes avec le risque de se faire agresser (…)
la terreur c’était de nous asséner une claque à nous décrocher la mâchoire avec la marque de la chevalière imprimée sur la joue
J’ai subi des agressions sexuelles, des fellations, pénétrations anales avec les doigts, oui j’ai été violé, oui (…)
ça pouvait être pendant des récréations ou le soir, témoigne Joseph.

Saint-François-Xavier à Ustaritz
Ou encore à St-François Xavier à Ustaritz (64) en 1983 où Cyril Ganne en CM2 a été violé par un élève.
Il ira ensuite à Bétharram où il sera aussi violé.
Dès le début de l’année, je me fais coincer dans un coin de la cour par des élèves plus vieux que moi,
l’un d’entre eux me met le ventre sur ses genoux,
et en public, il passe sa main sous mon short et procède à des pénétrations anales
Après le viol et les coups donnés par des élèves et des surveillants à Ustaritz,
j’ai abordé la rentrée 87 à Bétharram avec la peur au ventre,
mais j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait”
Les béatitudes
Bayrou fait le lien entre Bétharram et la communauté des Béatitudes implantées principalement dans la région d’Albi au départ.
En effet, il a fréquenté et soutenu cette communauté dès les années 80, n’étant au courant d’aucun des crimes qui y avait lieu malgré sa très grande proximité avec ses dirigeants notamment Gérard Croissant.
Il allait à la messe le dimanche à la communauté de Nay (64).

Ainsi l’extrait suivant datant de 2011 est éloquent.
Moi je n’ai jamais rien vu, si j’avais su la moindre chose, je vous assure que j’en aurais avisé les autorités,
je déteste l’esprit sectaire (…)
je les vois vivre depuis 30 ans, je n’ai jamais vu la moindre dérive de cet ordre.
La communauté des Béatitudes a été fondée par deux couples protestants en 1973, sous le nom de communauté du Lion de Juda et de l’Agneau Immolé, dont Gérard Croissant alias « Ephraïm » deviendra rapidement le gourou et le prédateur.

Elle prône de revenir aux racines juives du catholicisme et de vivre de manière très simple, voir pauvre comme Jésus de son vivant.
Des dérives sectaires se révèlent, avec un patrimoine immobilier énorme, des viols sous emprise du gourou et des viols sur mineurs par dizaines.
Cela représente au moins 51 communautés dans 27 pays (Allemagne, Belgique, Bosnie, Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Suisse, Italie, USA, Pérou, Kazakhstan, Liban, Israël, Nouvelle-Zélande, Mali, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire, Gabon, RCA, RDC et un orphelinat au Vietnam).
En France métropolitaine, elles se situent à Auribeau-sur-Siagne (06), Autrey (88), Blagnac (33), Casteil (66), Cuq (81), Sables-d’Olonne (85), Lisieux (14), Lourdes (65), Maisons-Alfort (94), Nay (64), Nouan-le-Fuzelier (41), Pont-St-Esprit (30), Saint-Broladre (35) et Villefranche-de-Rouergue (12).
Gérard Croissant a été fortement marqués par l’Arche de Lanza del Vasto, qu’il avait beaucoup fréquenté et qui était présent à l’abbaye de Bonnecombe dans l’Aveyron où auront lieu de nombreux viols d’enfants par les béatitudes.
Un autre “mentor” de Gérard Croissant est Thomas Philippe, inventeur d’une doctrine mystico-sexuelle qu’il avait appliqué à la communauté l’Eau vive, nous y reviendront.
En 1996, un livre est écrit par d’anciens membres « Les naufragés de l’esprit », dénoncent publiquement des dysfonctionnements et une obéissance conduisant à l’infantilisation des fidèles, qu’ils considèrent comme des dérives sectaires.
À partir de 2007, la communauté est l’objet de plaintes en justice pour des abus sexuels notamment.
La revue Golias de la maison d’édition catholique du même nom, y consacre même un numéro spécial en juin 2007.
Notre dame de Bonnecombe (Aveyron)
Depuis 2008, de nombreux scandales émaillent la vie de la communauté notamment celui de Pierre-Étienne Albert, ami proche du fondateur et n°3 des Béatitudes.
Confronté par une membre respectée sur ses comportements suspects avec les enfants, Pierre-Etienne Albert lui avoue ses penchants pédophiles et va même lui confier la liste de ses victimes.
Elle le convainc d’aller se dénoncer, et, en allant au tribunal pour rencontrer un juge, il avoue 15 crimes dans la voiture.
Finalement, il écrit des noms pendant trois semaines et finit par se rappeler d’au moins 50 victimes.

Puis à sa grande surprise, elle est ostracisée et reclus dans la communauté car elle est soi-disant possédée par le démon.
Pierre-Étienne Albert a violé au total au moins 61 enfants de 5 à 14 ans à Bonnecombe entre 1985 et 2001.
Une partie des crimes étaient prescrits.

Pierre-Étienne Albert a été condamné à seulement 5 ans de prison en décembre 2011, dans un premier jugement concernant 38 enfants et à 3 mois et 2.000 euros d’amende dans un deuxième jugement, en 2015, pour une agression sur une jeune fille de 12 ans.
Il sera seul sur le banc des accusés, alors qu’au moins trois responsables de la communauté dont Gérard Croissant savaient, depuis au moins 10 ans qu’il était pédocriminel (aveux recueillis par les policiers).
Une lettre, même, l’atteste.
Gérard Croissant lui ordonne de garder le silence au tribunal sur ce sujet.
Tu ne voudrais pas que tes supérieurs fassent 18 mois de prison ferme,
la justice des hommes n’est pas celle de dieu.
Amélie, violée de 6 à 11 ans par Pierre-Etienne Albert témoigne :
Il m’a violé pendant au moins 5 ans (…)
ça pouvait être en public sous la robe ou alors il venait dans ma chambre ou il m’emmenait dans sa chambre (…)
cette douleur ne s’atténue pas du tout, on vit avec la souffrance de ce qu’on nous a fait, avec la honte, la culpabilité (…)
les adultes qui n’ont rien fait et qui aujourd’hui ne font toujours rien,
et nous laisse avec cette honte en gardant le silence
et eux ils se lavent les mains de tout ça.
Gérard Croissant et Philippe Diacre sont finalement renvoyés par l’Église en 2007 et 2010.

Notre Dame d’Autrey (Vosges)
En 2008, dix anciens élèves auraient été victimes de viols de la part de deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio (alias Georges Silva, Martin de Tours ou Martin Silva) et Henri Suso (alias Marie-Bernard d’Alès) dans les années 90, à l’internat d’une école gérée par la communauté des Béatitudes au sein de l’abbaye Notre-Dame d’Autrey (1988-2007), dans les Vosges.


Ces trente dernières années, plusieurs responsables de l’Église ont été alerté des agissements des deux prêtres.
Huit anciens élèves se sont déjà suicidés.
L’affaire a été classée sans suite en 2010.
Dominique Savio est nommé « numéro deux » des Béatitudes en 2015, puis écarté en 2023 suite à une enquête du magazine catholique La Croix Hebdo.
David, violé par le berger d’Autrey, s’est suicidé après plusieurs tentatives à Autrey même.
Le berger a été transféré dans une autre communauté.

Florent, 13 ans à l’époque en 1998, aujourd’hui quarantenaire et père de famille témoigne :
Si j’accepte de parler à la presse, c’est parce que j’ai la rage (…)
J’ai mis tellement de temps à prendre conscience de la perversité de ce que j’ai vécu…
Alors aujourd’hui, je n’ai plus peur. C’est à eux d’avoir peur. (…)
On nous répétait que d’anciens élèves essayaient de détruire la communauté (…)
Le père Henri Suso nous a demandé de ne pas dire aux gendarmes en charge de l’enquête que certains accompagnements spirituels se passaient dans la chambre (…)
J’avais des douleurs anales, je l’ai pris comme un acte médical (…)
Un soir, j’appelle mes parents et juste avant de raccrocher, je dis à ma mère :
“Il faut que j’aille retrouver le père Suso dans son lit pour lui faire un câlin.”
Ma mère m’a interdit d’y aller.
Florent raconte que le père Henri Suso le fait s’allonger nu, de côté, sur l’épaule gauche, dans son lit une place.
Le prêtre aussi est nu.
Il se place derrière l’adolescent de 17 ans, en chien de fusil, et lui dit à l’oreille : « Ne bouge plus. »
Florent se sent maintenu entre ses bras qui l’enlacent. Tétanisé.
À plusieurs reprises, Henri Suso aurait tenté de le sodomiser.



En 2009, un documentaire de Karl Zéro intitulé « Dans l’enfer des Béatitudes » est diffusé sur la chaîne 13ème rue et expose le scandale pédocriminel au sein des communautés des béatitudes.
Ils décrivent la séduction d’une « famille », dont le « berger » est le père et la communauté la mère.
Sauf que le père n’est pas protecteur et la mère, pas nourricière.
Des techniques d’épuisement sont décritent: bâtiments mal chauffés, nourriture très pauvre en faible quantité, pas forcément de soins autrement que par des exorcismes et des prières, des levers forcés au milieu de la nuit pour des prières et un jeûne forcé de 72 heures par semaine.
Ainsi, on casse les défenses de la personne pour les violer psychiquement.
Petit à petit, ils acceptent tout et s’abandonnent.
Les membres préférés d’Ephraïm, sont ceux qui ne posent pas de questions.
On faisait des exorcismes sur les esprits critiques (traîner les gens dans la chapelle).
En 1976, Cathy, une jeune prostituée de 20 ans, arrive aux béatitudes et a été l’objet de multiples exorcismes.
Elle a été changée de communauté de manière discrète et s’est suicidée là-bas dans sa « chambre » et presque personne n’a été au courant.

La première chose qu’on demande à un nouveau membre, c’est de donner tous ses biens à la communauté.
Au bout de 6 ans, il y a la signature de contrats de dons de tous ses biens présents et à venir, avec une clause de non réclamation.
Le top de la manipulation mentale était l’induction sous hypnose de faux-souvenirs, « reçus du ciel », pour couper les liens avec les membres de leur famille biologique (souvent les parents), en leur révélant un terrible drame familial (viol, maltraitance, avortement, inceste platonique, etc).
En 2011, un documentaire intitulé « Les béatitudes : une secte aux portes du Vatican » est réalisé par Sophie Bonnet pour l’agence CAPA.

On y apprend qu’à partir de 1992, Gérard Croissant avait fait aménager de luxueux appartements dans un château donné à la communauté, pour y vivre avec sa « compagne » mineure à l’époque des faits (16 ans à 24 ans) et sous emprise avec des menaces de suicide.

Alain Legros, son ancien homme à tout faire, y témoigne :
Gérard Croissant avait besoin de voitures assez confortables,
n’hésitait pas acheter trois bateaux, il n’avait aucun scrupules à être dans le luxe (…)
Ephraïm a eu des liaisons (…) j’ai protégé la vitrine des années (…)
en plus d’être vraiment un malade, c’est un obsédé sexuel (…)
même avec une mineure et pendant ce temps-là, j’étais avec les parents qui étaient au courant
ne sachant pas comment faire pour retirer leur fille des mains de cet homme.
On complétera le tableau par un aquarium en extérieur chauffé, alors que les membres sont transis.
Une fidèle constatant ses multiples « entorses » à son vœu de chasteté et les conséquences terribles pour les victimes (la plupart du temps des jeunes sœurs en couvent) prévient Robert Coffy, l’archevêque d’Albi (1974-1985) puis de Marseille (1985-1995), qui lui dit de se taire.

Il couchait avec des bonnes sœurs de la communauté et aussi en dehors, qui étaient très meurtries (…)
et si jamais elle tombe enceinte ?
Il répond qu’elle ira faire sa grossesse aux USA et elle reviendra avec le bébé comme si elle l’avait adopté,
ça m’a fait un tel choc que je leur ai balancé que pour moi c’était une secte.
On y retrouve aussi Gérard Croissant au Rwanda, avec sa nouvelle ONG « Anawa » où il avait ouvert un orphelinat miteux, avec uniquement des enfants pré-adoslescents et sans jouet.
Cela est très suspect de notre point de vue, les « orphelinats » tenu par des pédocriminels dans le tiers-monde sont des couvertures aisés pour du tourisme sexuel pédocriminel.
Aujourd’hui, il coule une retraite paisible et décomplexée, dans les Landes.
On se souviendra par exemple du juge pédocriminel Broaly avec ses ONG et orphelinats au Cambodge (“Enfants du Cambodge” et “Sourires retrouvés”).
En 2019, le prêtre Jacques Marin est accusé d’avoir agressé sexuellement au moins trois religieuses lors de confessions notamment.
Il avait déjà été pris pour des mêmes faits en interne en 2001, mais sans conséquences.
Il mourra six mois plus tard fin 2019.
En 2021, un enfant de 15 ans déclare avoir été violé en 1999 par le prêtre belge Bernard L., dans une maison de la communauté des béatitudes installée en 1991 à Makoua au Congo-Brazzaville.
Il reconnaît les faits et paye un dédommagement de 10.000 euros à la victime.
L’eau Vive, L’arche, Points-Cœurs, la communauté Saint-Jean…
Le mentor de Gérard Croissant est Thomas Philippe, inventeur d’une doctrine mystico-sexuelle qu’il avait appliqué à la communauté l’Eau vive (de multiples viols sous emprise commis sur des bonnes sœurs) dans les années 1950, avec officiellement un groupe d’une petite cinquantaine de membres.

Mais malgré la dissolution de l’Eau Vive en 1956, le groupe renaît en 1964, à Trosly-Breuil dans l’Oise, avec le canadien Jean Vanier (lui-même agresseur d’au moins six sœurs entre 1970 et 2005) sous la forme de la communauté de l’Arche.
Jean Vanier est commandeur de la légion d’honneur canadienne en 2015.
Il meurt en 2019.

Aujourd’hui, l’Arche regroupe 154 communautés dans 38 pays (39 en France et 30 au Canada) totalisant plus de 10.000 personnes.
L’activité principale est d’accueillir plus de 1.300 handicapés qui y vivent et/ou y travaillent.
En 2023, la communauté décomptera au moins 25 victimes entre 1952 et 2019.


Ce Thomas Philippe influencera aussi Thierry de Roucy, qui fera des victimes dans la communauté « Points-Cœur » (encore appelée la fraternité Molokai) qu’il créera en 1990, à Parana en Argentine (viol sur son bras droit, condamné en 2011 à 80.000 euros de dédommagement).
Suivra les dissolutions des communautés en 2017 et 2020 par la Vatican.
Mais la communauté est toujours existante et a prospéré sous la forme d’une ONG et met des jolies photos d’enfants en couverture.
Elle est présente dans 17 pays et regroupe presque 300 membres (Cuba, Honduras, Salvador, Costa Rica, Équateur, Pérou, Brésil, Chili, Argentine, Uruguay, Roumanie, Grèce, Italie, Sénégal, Inde, Philippines et Japon).
Son objectif est d’offrir une amitié gratuite et désintéressée à ceux qui souffrent dans le monde,
spécialement les enfants, en apportant une présence d’amour et de réconfort.
En 2023, une émission de télé-réalité, réalisée par feu la chaîne de télévision C8, est tournée du couvent Saint-Dominique de Corbara, géré par la communauté Saint-Jean alors concernées par des scandales de viols sur mineurs.
Une communauté, où le concept d’« amour d’amitié » de Thomas Philippe était établi, et se traduisait par des gestes de « tendresse » illimitée tant qu’il n’y a pas de pénétration, sous couvert de montrer à la personne qu’elle est aimée de Dieu.
37 sont encore dans la Congrégation et 6 ont été condamnés par un tribunal étatique.
10 enquêtes sont encore en cours, et au moins 12 plaintes ont déjà été classées sans suite par le parquet.
Quel choix judicieux…
Des communautés déviantes ?
Nous devons prendre un peu de recul.
Il est clair que le pouvoir est globalement anti-clérical en France et que le fait de taper sur les catholiques est toujours bien vu par tout le monde, journalistes et politiques les premiers.
On doit rappeler que l’omerta sur les actes pédocriminels n’est pas une spécialité de l’Église.
Les mutations discrètes ont été constatées de la même manière dans l’Éducation nationale par exemple.
On rappellera ici l’affaire de Villefontaine (banlieue de Grenoble) avec l’instituteur franc-maçon pédocriminel récidiviste Romain Farina, qui avait déjà sévit à Vénissieux (banlieue de de Lyon) pendant de nombreuses années et qui s’est opportunément suicidé en prison avant son procès (ses nombreux disques durs pleins de matériel pédopornographiques n’ont jamais été exploités).
Et c’est bien dommage, on y aurait certainement appris des choses intéressantes…
A quand un rapport Sauvé dans l’Éducation Nationale, dans l’ASE, dans les structures d’accueil des handicapés, dans les structures de l’animation, du sport, la franc-maçonnerie, etc ?
Ceci dit, nous devons rappelé le réseau Spire-Ettal en Allemagne avec des réseau d’enfants esclaves sexuels au sein même des couvents à destination des ecclésiastiques et des notables locaux.
De même, souvent les victimes tombent des nues, quand elles découvrent que ces communautés étaient “validées” par le Vatican.
Rappelons ce documentaire de Karl Zéro, “Vatican la conspiration du silence”, traitant de ce pays qui est un quartier de Rome et qui a longtemps voulu gérer en interne les multiples cas de pédocriminalité dans l’Église au travers le monde (“le linge sale se lave en famille”, ” la justice des hommes est différente de la justice divine”).
Mais il semblerait que le Vatican soit lui-même complètement corrompu (économiquement et moralement), notamment avec le Concile Vatican 2 (1962), qui a entériné cet état de fait aux yeux de nombreux catholiques lucides, qui prennent leurs distances avec l’institution.
Ainsi un article de 2013, faisait état d’un lobby gay au Vatican (ou théoriquement tout le monde a fait vœux de chasteté) dénoncé par l’exorciste du diocèse de Rome, Gabriel Amorth.
Cela a été outrageusement démontré par la découverte en flagrant délit d’une orgie gay avec grand renfort de drogues en 2017 par des prêtres dans le Vatican même.
Faut-il vraiment attendre quelque chose en termes de contrôle, de la part d’une institution qui selon les principes catholiques, est “infiltré de longue date par le diable lui-même pour la détruire de l’intérieur” ?
Un contre-feux politique
On se rappellera alors le soi-disant duel Cohn-Bendit/Bayrou lors des élections européennes de 2009.
On imagine la frustration de Cohn-Bendit face à Bayrou, qui utilise la carte « pédo » alors que, comme tout le monde, il sait pour Bétharram.
On se rappelle aussi, atterrés, de la lever de bouclier de tous bords qui a suivi (Xavier Bertrand le franc-maçon « de droite » et Martine Aubry la franc-maçonne « de gauche ») contre cette « attaque personnelle » manquant de dignité et « pas à la hauteur du débat politique ».
Bayrou et Cohn-Bendit se réconcilieront très vite évidemment.
Vous voulez l’union nationale en France ?
Parlez de pédocriminalité et vous aurez tout le monde contre vous.
Personne n’est dupe que la nomination de Bayrou en décembre 2024, alors que le collectif est actif depuis fin 2023 et médiatisé nationalement depuis début 2024 est très étrange.
Qu’on ne trouve personne pour accepter d’être premier ministre en France dans la macronie agonisante, d’accord.
Mais là, c’est un peu gros.
C’était un homme avec des énormes casseroles, tout le monde le savait, Macron le premier.
Le scénario actuel était une évidence, facile à anticiper et donc à prévoir.
Ce choix est forcément un sacrifice prévu, un contre-feux, un os à ronger pour l’opposition.
On laissera le Youtubeur “Juste Milieu” étayer un peu cette affirmation dans cet extrait de sa chronique sur Bétharram.
Les temps changent, aujourd’hui la pédocriminalité est donc devenu un moyen « accepté », par les politiques, pour faire tomber quelqu’un.
Tant mieux, sans naïveté.
Refermons le dossier Bétharram en laissant la mot de la fin à Karl Zéro, qui, lucide, constate les avancées (symboliques) du combat contre la pédocriminalité de réseau en France.
C’est déjà pour moi une immense victoire qu’une affaire de pédocriminalité soit remontée à un tel niveau en France,
c’est la première fois historiquement que notre combat à droit de citer de façon si voyante.

On reviendra aussi sur la question de la prescription pour les crimes pédosexuels.
Toutes les victimes demandent l’imprescriptibilité pour les crimes pédosexuels (notamment du fait de la réalité clinique de l’amnésie traumatique).
Soyons précis et rappelons les arguments qui closent ce débat selon les législateurs jusqu’à présent, avec ci-dessous les propos de la sénatrice Marie Mercier (idiote utile), qui reprend les conclusions du “toujours anonyme” conseil d’État.
Malgré toute l’horreur de ces crimes, on ne peut pas les traiter de la même façon que la shoah (…)
sinon où est-ce qu’on va placer la hiérarchie (…)
la prescription elle ne va pas protéger les criminels,
elle protège le droit à un procès équitable et respecte aussi et encore la victime.
A bon entendeur !
Enfin, concluons tout cela en citant celui qui est dans la bouche de tous, mais dont la parole est continuellement bafouée par ces réseaux soi-disant chrétiens.
Scandaliser = Mépriser, maltraiter, pervertir.
Petits = enfants
Il est impossible qu’il n’arrive des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent !
Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer, que de scandaliser un de ces petits.
Jésus Christ d’après l’Évangile selon Saint-Luc
Chapitre 17, Verset 1 et 2
C’est pourtant clair !
Honneur, force et courage.
Ne rien dire, c’est accepter.
Ne rien faire, c’est cautionner.
On lache rien.
L’équipe Wanted Pedo.
Actualisation mars 2025
Deux plaintes ont été déposées contre Bayrou pour non-dénonciations de crimes.
Ce 3 mars, elles viennent d’être classées sans suite par le procureur général de la cour de cassation, Rémy Heitz.
Dans les années 1990, au sein de la mairie de Saint-Germain-en-Laye, Rémy Heitz était adjoint à la sécurité du maire RPR Michel Péricard, père de Arnaud Péricard, actuel maire de St-Germain-en-Laye.

Voici également un article de Dondevamos sur le sujet
La vie à Pédoland suit son cours, avec comme dernier épisode en date, les dénégations de Bayrou, actuel 1er ministre, au sujet de l’étouffement d’un scandale de pédocriminalité dans un institut privé catholique qu’il connaît très bien.
Comment est-il possible que Bayrou soit toujours là après sa 4e version de l’affaire, déballée à l’Assemblée nationale ?
Comment est-il possible que cet individu soit défendu par la quasi totalité de la classe politique ?
Cette affaire est l’occasion pour le grand public de découvrir à quel point l’omerta sur les actes pédocriminels est forte et bien entretenue par la classe politique.
Ce 19 février, la presse annonce que “Trois hommes ont été placés en garde à vue pour “viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées”, a annoncé le parquet de Pau, mercredi 19 février.
Nés respectivement en 1931, 1955 et 1965, ils sont soupçonnés de faits “susceptibles d’avoir été commis entre 1957 et 2004 au sein de l’établissement scolaire Notre-Dame de Bétharram”.
Avec 70 à 20 ans de retard, la “justice” a enfin décidé en 2024 de remuer un peu.
70 ans de violences en toute impunité
L’affaire remonte aux années 50, dates des maltraitances et violences sexuelles les plus anciennes mentionnées, et n’a jamais cessé puisque dans ce pays, tout est fait pour protéger les pédocriminels, surtout lorsqu’ils sont dans des réseaux, et pour faire taire les victimes.
La “justice”, les forces de “l’ordre” (lequel?), et le monde politique s’empressent de mettre un couvercle, voire une chape de plomb, sur ces affaires.
Depuis Outreau, plus jamais il n’a été question de réseau pédocriminel.
C’est comme le nuage de Tchernobyl : ce pays serait épargné par le fléau mondial des réseaux de pédos, satanistes ou non.
Bétharram est un collège et lycée catholique privé sous contrat et largement financé par l’argent public -comme toutes les écoles privées, ouvert en 1837 et situé à environ 20 km de Pau et 10 km de Tarbes.
Depuis les années 50 au moins, les enfants de familles privilégiées y sont envoyés pour avoir une éducation bien conservatrice.
D’autres y allaient pour être “corrigés” : La violence dans cette structure était donc bien connue.
Parmi ses illustres élèves, on peut citer Michel Camdessus qui a ruiné nombre de pays d’Afrique et d’Amérique latine quand il dirigeait le FMI, en imposant ses “politiques d’ajustement structurel” destinées à tout privatiser et à ruiner la souveraineté des États.
Bayrou y a mis plusieurs de ses enfants et son épouse y enseignait le catéchisme.
L’impunité fut la règle pour Bétharram, comme elle l’est dans toutes les affaires de réseaux et dans plus de 80% des affaires de viol de mineur déférées devant les tribunaux.
Il est justement reproché à Bayrou d’avoir couvert cette affaire malgré moult signalements, alors qu’il était maire de Pau (où se trouve l’établissement Bétharram), puis ministre de l’Éducation nationale de 1993 à 1997, année de la première plainte, contre un surveillant, pour une baffe très violente.
Bayrou a été :
- conseiller du département de 1982 à 2008,
- président du conseil général des Pyrénées Atlantiques de 1992 à 2001, en charge semble-t-il de la protection de l’enfance.
- député de 2e circonscription des Pyrénées qui comprend Lestelle-Bétharram où se trouve l’Institut de 1986 à 1993, de 1997 à 1999 et de 2002 à 2012
- ministre de l’Éducation nationale de mars 1993 à juin 1997
Il est question de plus d’une centaine de plaintes jusqu’à présent, dont la moitié pour des violences sexuelles, presque toutes déposées depuis 2024 et l’ouverture d’une instruction judiciaire médiatisée dans la presse locale et nationale.
L’une des victimes, Jean-Marie Delbos, qui mentionne des violences sexuelles commises entre 1957 et 1961, a été interné en hôpital psychiatrique après avoir parlé de ce qu’il subissait au confessionnal : le système, c’est-à-dire l’institut et des médecins, l’ont fait passer pour un malade psychiatrique [1].
Rien ne s’est passé jusqu’en 2024 [2] : c’est à ça que sert la “justice”.
A enterrer tout ce qui dérange le système, à s’occuper de ce qui se voit, à dissimuler ce qui peut l’être. Saluons les rares exceptions, ces magistrats qui essaient encore de faire du droit dans cette institution mafieuse.
Je ne vais pas retracer le fil du scandale, même Wikipedia l’a fait de manière assez complète.
Concernant Bayrou, qui a déclaré à l’assemblée n’avoir jamais entendu parler d’aucune affaire de violences, “a fortiori des violences sexuelles“, dans cet établissement, on sait désormais qu’il a été informé à la fin des années 90 par une enseignante, un gendarme et par un juge -accessoirement son voisin comme l’a précisé Bayrou- de maltraitances et violences sexuelles ainsi que de l’existence de plaintes à ce sujet.
L’inspection d’académie, la “justice”, n’ont cherché qu’à blanchir l’institut.
Pourquoi autant d’énergie, autant de monde impliqué dans l’organisation du silence, permettant que des dizaines d’enfants soient agressés et maltraités ?
L’affaire Bayrou / Bétharram, symptôme d’une société malade
On a parlé ici de nombreuses affaires de réseaux pédocriminels, toutes étouffées par la “justice”, la police et le monde politique, car de nombreux élus et candidats à la présidentielle ont été informés, qu’il y a eu deux rapports de l’ONU sur le traitement lamentable de ces dossiers à Pédoland, que les citoyens et les victimes sont nombreux à dénoncer depuis les années 90 cette propension à protéger les pédocriminels et à écraser les victimes.
Bayrou est un de ceux dont je n’ai pas entendu parler dans mes recherches sur les réseaux pédocriminels.
Mais il vient de Pau, où je sais qu’ils sont bien présents, y compris dans leur forme la plus obscure et sanglante, et cela au moins depuis les années 80.
En 2000, quand le JT de France 3 local a traité le suicide d’un directeur de l’Institut mis en cause par deux enfants pour des viols, dont l’un avait 10 ans au moment des faits, voici le commentaire du journaliste qui a suivi l’interview complaisante de l’avocat expliquant que la suspicion fut insoutenable pour son client :
Reste le doute sur une affaire qui avait coûté deux semaines de prison préventive au prêtre sur la seule foi du témoignage d’un enfant.
Une détention jugée inutile et excessive et injustifiée à l’époque, y compris par la partie civile qui évoque aujourd’hui la responsabilité du juge d’instruction.
Puis l’avocat des victimes tape sur le juge d’instruction qui a mis le pédo en préventive.
Incroyable, mais cela montre l’ambiance décomplexée de l’époque.
Le conseil général a été mis au courant : Selon Marianne (13/02/2025)
Françoise Gullung, professeure de mathématiques à Bétharram de 1994 à 1996, a porté plainte à l’époque pour y dénoncer un climat violent.
J’en ai parlé de vive voix à François Bayrou pour lui dire qu’il fallait être vigilant parce qu’il se passait des choses anormales,
affirme-t-elle aujourd’hui, ajoutant avoir alors également écrit, avec l’infirmière du collège-lycée, au conseil général des Pyrénées-Atlantiques où il siégeait.
Qu’est devenue la plainte ?
Bayrou avait pris la défense de l’établissement lors d’une visite officielle en 1996 en tant que ministre de l’Éducation, et il était allé voir le juge pendant la détention de Carricart pour parler de l’affaire, probablement pour essayer d’en savoir davantage et pour défendre le mis en cause.
Bien qu’il a affirmé n’avoir rien su et n’être jamais intervenu dans cette affaire, il avait demandé début 1996 une inspection suite à la gifle donnée à un élève [3] qui a blanchi l’établissement à ce sujet sans aller plus loin, et dont l’auteur déclare aujourd’hui que sa conclusion “ne tenait pas la route“.
Et toujours selon Marianne, d’après Médiapart,
Selon Alain Esquerre, plaignant à l’origine de la dénonciation collective des faits l’an dernier, ce religieux était en réalité “un ami de la famille Bayrou”.
“Sa femme était aux obsèques” du prêtre en 2000, ajoute une autre victime, Jean-Marie Delbos.
C’est donc à l’unisson que tous ceux qui auraient pu agir dans la chaîne de responsabilités ont entretenu l’omerta.
Bayrou n’a pas compris que l’époque a changé et que maintenant, les souris, ce sont les pédos.
Tout ce petit monde s’est activé pendant au moins 30 ans pour ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire.
Comme dans un système mafieux.
Et alors qu’il est acculé, que dit Bayrou pour se défendre devant les députés ?
Si je ne savais pas, d’autres savaient.
Quel était le gouvernement à cette époque ?
C’est le gouvernement socialiste de 1997 à 2002.
Le ministre de la Justice était Élisabeth Guigou.
Guigou qui a enterré l’affaire Zandvoort en 2000.
Et France Info de préciser que
Selon des documents que nous nous sommes procurés, le procureur général avait averti à au moins trois reprises la garde des Sceaux.
C’est probablement pour l’ensemble de son œuvre qu’elle a été nommée par la micronie pour présider une commission bidon sur les violences sexuelles contre les enfants.
Autres ministres de l’Éducation visés par Bayrou : Claude Alègre (décédé récemment) et Ségolène Royal, qui a annoncé porter plainte.
Je vais ici proposer des pistes de réflexion sur cette affaire, sans que cela puisse être des accusations : je n’ai que ma connaissance des réseaux, notamment dans ce secteur, pour poser quelques éléments.
- D’abord : quels sont les autres échelons concernés par le silence imposé sur cette affaire ? Le député de la circonscription ? Les élus régionaux, alertés eux aussi ? Des ministres de l’Éducation nationale ? Et du côté de l’Église ? L’évêque du secteur ? Des procureurs, des juges, leur hiérarchie : le ministère de la “justice” ? Encore au-dessus ? Bayrou n’est évidemment pas le seul à avoir couvert cette histoire. Et tout le monde a pu se cacher derrière l’absence de condamnations par la “justice”.
- Il est beaucoup question de secret dans cette affaire : qu’est-ce qui permet de sceller le secret ? Un mélange de compromission et de copinage. Certains sont compromis et doivent agir parce qu’ils n’ont pas le choix, d’autres agissent en espérant un renvoi d’ascenseur. Grâce à quels réseaux ce schéma peut-il être facilité et mis en œuvre ?
- Est-il possible que certains enfants particulièrement vulnérables aient été agressés par des individus de l’Institut hors de l’établissement, par exemple dans des soirées avec d’autres personnes, au hasard, des notables du coin ?
- Y a t-il d’autres affaires dans ce secteur ? Plusieurs meurtres d’enfants ou d’adolescents qui posent question à Pau et a proximité, dans les années 80 – 90 surtout (maintenant on fait davantage d’effort pour trouver des lampistes). On a aussi un certain nombre de prêtres incriminés pour des faits de pédocriminalité ces dernières années, pour des faits souvent anciens.
- Cette affaire se limite-t-elle à des pervers isolés dans la même institution, et sur le long terme ? S’il y avait un réseau pédocriminel derrière cette affaire, l’organigramme et le schéma de la mise en œuvre du silence seraient les mêmes. On sait aussi que des élèves en ont agressé d’autres : où sont-ils aujourd’hui ? Ont-ils envie que l’affaire soit exposée ? Et les notables qui y envoient leurs enfants et protègent l’établissement, quelle est leur position sur ce scandale ?
- Il est aussi intéressant de voir qui il tente de mouiller dans l’affaire, comme pour détourner les regards, ou peut-être pour menacer si jamais l’étau devait se resserrer sur lui : c’est la mitterrandie. Certes, c’est l’opposition et il plus facile de renvoyer la balle à des opposants politiques. Mais, plusieurs témoins m’ont parlé de certaines figures de la mitterrandie impliquées dans des systèmes pédocriminels, à différents degrés, dans les années 80 et 90 surtout.
- Que pourrait-il y avoir derrière cette affaire, derrière cette impunité, pour que tout le monde se soit désintéressé pendant si longtemps des dérives dans cette “école” ?
- Pourquoi n’a t’il pas agi ? Au moins essayé de poser des questions aux responsables de cet institut, voire mis en garde l’autorité scolaire ? N’avait-il pas à cœur le bien-être des enfants ?
- Pourquoi Bayrou se risque-t-il aujourd’hui à nier l’évidence, en sachant parfaitement que ses mensonges vont être vérifiés et lui revenir dans la figure comme des boomerangs ? N’a t’il pas de portes de sortie plus honorables, par exemple en admettant avoir été au courant mais n’avoir pas agi parce que personne n’avait été condamné ?
Il n’y a peut-être pas de réseau organisé derrière cette affaire, mais plusieurs signaux d’alerte existent.
N’oublions pas que nous sommes dans un pays où la question de la majorité sexuelle est si sensible que le lobby pédocriminel se met à l’œuvre à chaque fois qu’il en est question, dans les médias, au Parlement, dans les gouvernements, dans les milieux judiciaires notamment.
Un pays dans lequel les plaintes pour violences sexuelles sont classées à tour de bras malgré les pseudos “priorités nationales”, dans lequel la protection de l’enfance est systématiquement piétinée.
Un pays où Jack Lang a été proposé pour être défenseur des droits des enfants (finalement ce sera Dominique Baudis), et où on nous présente Brigitte Macron comme une défenseuse des enfants contre les violences, y compris sexuelles.
Chaque jour des affaires Bétharram sont stoppées avant d’arriver à un procès.
Il ne faut pas ouvrir la boîte de Pandore : on ne sait jamais jusqu’où cela ira, et la colère des citoyens risque d’être difficile à contrôler s’ils découvrent à quel point notre société est vérolée par ces actes, et envisagent le coût que cette impunité représente pour les victimes d’abord, et par ricochet pour l’ensemble de la société.
———————–
Bayrou n’est qu’un symptôme de cette omerta généralisée sur la question, qui ne peut s’expliquer simplement par des actes isolés : il faut un système de compromissions et d’obligations sur le mode féodal.
Des seigneurs corrompus et tout le monde en dessous doit obéir pour avoir sa part dans la gamelle.
Nous sommes manifestement soumis à un système pédocriminel, l’affaire Bétharram n’est que la brindille qui cache une jungle foisonnante de dossiers pourris, d’actes barbares sur des enfants, de chantage, de pouvoir.
Le point positif, c’est que les temps changent.
Les citoyens, l’opinion publique, n’acceptent toujours pas la pédo”philie” comme disent certains : malgré la propagande, l’épidémie de pédocriminalité, l’ “éducation sexuelle”, les gens ne veulent pas qu’on touche aux enfants.
Bétharram révèle que ce n’est pas le cas dans certaines sphères, hélas dans celles qui ont du pouvoir et de l’influence sur nos vies.
___________________________________________
[1] Jean-Marie Delbos a été indemnisé en 2023 par la Commission reconnaissance et réparation (CRR) suite à une enquête interne à l’Église.
[2] La seule fois où une procédure a un peu avancé, le mis en cause, le directeur de 1987 à 1993 Pierre Silviet-Carricart qui est cité actuellement dans 16 plaintes, a eu la bonne idée de se suicider à Rome après avoir été mis en examen en 1998 pour viols sur un garçon de 10 ans. Une deuxième plainte avait suivi. On l’a repêché dans le Tibre.
[3] Cette violente baffe a entraîné une perte d’audition de 40% chez l’enfant. Il s’est enfui de l’établissement juste après l’avoir reçue, en décembre 1995. Une plainte a été déposée peu après.
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