Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 33 | Réseau Isère

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Enfants disparus et tués en Isère: des dossiers sabotés ?
En l’espace de 16 ans, 11 meurtres et disparitions d’enfants ont eu lieu en Isère, dont Grenoble est le chef-lieu. Seuls deux de ces meurtres auraient, selon la justice, été résolus, et les dossiers de deux meurtres viennent d’être enterrés.

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.

La justice dit avoir exploré toutes les pistes, ce qui ne semble pas être l’avis des familles.

En tout cas, comme dans le dossier des disparues de l’Yonne, comme dans l’affaire Alègre et bien d’autres, on a pu constater quelques “dysfonctionnements” assez incroyables dans des affaires aussi graves.

Entre 1980 et 1996, 11 enfants âgés de 5 à 13 ans ont été tués ou portés disparus dans ce département d’1,2 millions d’habitants (aujourd’hui).

On est dans la région de Grenoble, pas loin de la Suisse et de l’Italie, tout près de Lyon.

Pour situer le tableau, pendant cette période, de 1983 à 1995, le maire RPR (ex-Les Républicains) de Grenoble était Alain Carignon, dont on se rappelle les démêlés avec la justice [1].

En 1986, Carignon, élu député, entre dans le gouvernement Chirac, et de 1985 à 1997 il est président du Conseil général de l’Isère.

Grenoble, c’est aussi le secteur où a eu lieu une partie de l’affaire du Temple Solaire, avec un des trois “suicides collectifs” qui s’est produit dans le Vercors, et c’est là que l’affaire a été “instruite”.

Aujourd’hui, la mafia sicilienne semble bien implantée à Grenoble, avec quelques débordements tels que l’assassinat à l’aide d’une carabine de chasse à lunette d’un détenu dans la cour de la prison juste avant qu’il n’aille voir le juge, en 2008.

Les meurtres et disparitions

Officiellement, on en comptabilise 9, mais certains ont été oubliés, semble-t-il, des bilans officiels.

  • Philippe Pignot, disparu le 25 mai 1980 à La Morte sur Isère, à l’âge de 13 ans.

On n’a jamais retrouvé son corps.

  • Ludovic Janvier, disparu le 17 mars 1983 (trois jours avant le 20 mars, date de rituel satanique) à Saint-Martin-d’Hères, à l’âge de 6 ans et demi.

Un peu avant 20h, il était parti avec ses deux frères chercher un paquet de cigarettes à deux cents mètres du domicile familial.

Il est enlevé devant plusieurs témoins par un homme avec un casque de motos sur la tête, en bleu de travail et portant des chaussures de sûreté.

Cet homme, en outre, avait l’air gentil et connaissait les noms des enfants.

Les enfants ne se sont pas méfiés quand il leur a demandé de l’aider à chercher son chien.

La famille de Ludovic s’était installée en Isère depuis la Sarthe trois semaines plus tôt.

Le corps de Ludovic Janvier n’a jamais été retrouvé.

Un non-lieu a été rendu, mais le dossier de Ludovic, comme quatre autres, a été “perdu” puis retrouvé en 2009.

“Il faut qu’un avocat saisisse un ministre pour lui signaler qu’il y a un problème au tribunal de Grenoble pour que, subitement, ils retrouvent les dossiers perdus”, a souligné la sœur de Ludovic devant France-Soir.

Des ossements d’enfants retrouvés dans le Vercors en 1985 remonte à l’époque à la disparition de Ludovic [2].

  • Grégory Dubrulle est enlevé en bas de son domicile à Grenoble, le 10 juillet 1983, à l’âge de 7 ans.

Il est retrouvé vivant le lendemain dans une décharge à Voreppe, à 40 km de Grenoble environ.

“Il faisait jour tard.

J’avais 7 ans, et comme tous les gamins j’allais jouer dehors.

Je me vois encore assis sur les marches au pied de l’immeuble, rue Adrien-Ricard à Grenoble.

Une voiture passe et s’arrête.

Le conducteur est un homme, un Européen, au teint mat.

Il m’a demandé où mène la rue, qui est en impasse”, a-t-il expliqué au Parisien en 2008.

Ensuite, la victime ne se rappelle plus de rien à part s’être réveillée dans un décharge à Pommiers-la-Placette, avec le crâne fracassé.

Il a probablement été drogué et sans doute laissé pour mort.

  • Anissa Ouadi est enlevée an bas de chez elle le 27 juin 1985 à Grenoble, à l’âge de 5 ans.

Elle était descendue jouer en bas de son immeuble, on retrouve son corps 13 jours plus tard au barrage de Beauvoir.

Elle aurait été étranglée mais n’aurait, selon la justice, pas subi de violences sexuelles.

Mais, on peut se demander si un séjour prolongé dans l’eau permet de tirer de telles conclusions.

  • Charazed Bendouiou disparaît le 8 juillet 1987 au pied de son immeuble à Bourgouin-Jallieu à l’âge de 10 ans.

Vers 13 h elle descend jusqu’au local à poubelles de son HLM, et disparaît.

La police met plusieurs heures à entamer des recherches.

En plus, ils considèrent qu’on n’a plus revu la fillette après qu’elle soit descendue, ce qui est faux: sa sœur l’a vue remonter chercher de l’eau pour sa mère qui se trouvait en bas de l’immeuble.

Pourtant, impossible de faire admettre cela à la justice qui a toujours refusé de voir la famille.

Impossible également de mettre l’ADN de Charazed dans le FNAEG, le fichier qui les recense.

Pas d’enquête non plus sur les possesseurs de Renault Bleue, comme celle dans laquelle un ami de Charazed a cru la reconnaître après l’enlèvement.

Quelques jours après la disparition de Charazed, les gendarmes reçoivent un coup de téléphone anonyme d’une femme qui balance le signalement d’un de ses amis qui l’a appelé pour s’accuser de l’enlèvement de plusieurs fillettes dans la région : un homme de 44 ans, qui aurait fait son service militaire pendant la guerre d’Algérie.

Les enquêteurs vont alors interroger l’armée, qui identifie 20 anciens d’Algérie correspondant à ce profil.

Mais seulement une dizaine sera interrogée.

En 2003, la famille apprend par hasard qu’une instruction a été ouverte et que l’enquête est close depuis 13 ans !

Le dossier prescrit a été rouvert en 2010 en considérant qu’il s’agissait d’une “séquestration illégale”.

Le dossier a finalement été classé par un non-lieu le 8 novembre.

La famille dénonce un “scandale“.

Les avocats, eux, dénoncent “une justice qui n’a jamais accepté de recevoir les parties civiles, alors que nous l’avons sollicitée à plusieurs reprises, alors que nous estimions avoir des éléments nouveaux à apporter au dossier”.

On n’a jamais retrouvé le corps.

  • Nathalie Boyer disparaît le 3 août 1988 (date de rituel satanique), près de son domicile, à l’âge de 15 ans.

Elle habite Villefontaine (commune de l’affaire Romain Farina) près de Bourgoin-Jallieu.

Elle était d’origine réunionnaise et paraissait plus jeune que son âge.

Le lendemain, son corps est découvert par un cheminot sur un sentier près de la voie de chemin de fer, à Saint-Quentin-Fallavier.

Elle aurait été égorgée.

  • Fabrice Ladoux disparaît le 13 janvier 1989 (quatre jours avant une date de rituel satanique) près de son domicile à Grenoble, à l’âge de 11 ans.

Son corps est retrouvé trois jours plus tard à 20 km de Grenoble, au fond d’un ravin escarpé à Quaix-en-Chartreuse, dans le massif de la Chartreuse (une zone de montagne difficile d’accès) sur le même versant que là où on retrouve Grégory Dubrulle.

Il a été violé, violemment frappé à la tête, et étranglé.

En 2010, habitant de la région déjà condamné pour agressions sexuelles sur des mineurs dans les années 80 est fortement soupçonné du meurtre mais l’ADN l’a innocenté.

  • Rachid Bouzian disparaît le 3 août 1990 (date satanique) au pied de son HLM à Echirolles, à l’âge de 8 ans.

Il est vu pour la dernière fois par son père vers 19h30, et à 20h on s’aperçoit de sa disparition.

La police intervient deux heures plus tard, et des membres de sa famille retrouvent son corps le dimanche 5 août, roulé dans une couverture, dans un garage collectif.

Il a été violé avant d’être tué, mais on nous dit que le corps était en état de décomposition avancée et qu’il était impossible de dater la mort.

La porte du garage collectif où l’enfant a été retrouvé était en panne depuis deux jours, bloquée dans la position ouverte.

Dans les semaines suivantes, un voisin, Karim Katefi, 26 ans, est arrêté.

Il avoue avoir transporté le corps de l’enfant tué par son frère, Kamel, à ce moment en Algérie.

Finalement, c’est bien Karim qui a été condamné à perpétuité et est mort en prison, encore jeune, et sans qu’on ait cherché s’il avait pu commettre d’autres enlèvements ou meurtres.

  • Sara Siad disparaît le 15 avril 1991 (quatre jours avant une période de sacrifices), à Voreppe au Nord de Grenoble, à l’âge de 6 ans.

Elle aussi disparaît en début de soirée, vers 18 ou 19h.

On la retrouve morte le lendemain, violée et étranglée, dans un bois situé à 200 mètres de son domicile.

Sa culotte a été arrachée et les policiers relèvent des traces de sperme sur tout son corps.

Mais, on a dit que les mouchoirs pliés autour de l’enfant étranglée étaient les seuls indices exploitables [3].

Une empreinte digitale est aussi disponible dans l’affaire Siad, retrouvée sur un paquet de mouchoirs jetables.

L’information judiciaire est close en 1999, faute d’éléments probants, avant d’être rouverte en février 2006 suite à un rapprochement avec le cas de Saïda.

Il disparaît entre 17 et 19h alors qu’il est au bord du lac avec son père et deux amis de son père.

Il s’évanouit dans la nature alors qu’il rejoint, seul, son père en train de planter la tente quelques dizaines de mètres plus loin, et qu’il vient de quitter les adultes partis chercher de l’eau.

Le dossier a été clos par un non-lieu en décembre 2012.

Une Citroën BX immatriculée dans les Bouches-du-Rhône est repérée dans le secteur de l’enlèvement, mais cette piste ne donne rien.

Le corps n’a jamais été retrouvé.

Plusieurs années après une chose bizarre est ensuite arrivée à la famille de Léo Balley: un usurpateur, Frédéric Bourdin, s’est fait passer pour le petit Léo auprès de sa famille, mais un test ADN a révélé la supercherie au bout de deux jours.

L’affaire a été définitivement close en 2013.

  • Saïda Berch disparaît vers 16 h 30 le 26 novembre 1996 près de chez elle, à Voreppe, dans la banlieue de Grenoble, alors qu’elle fait un trajet d’une centaine de mètres entre son domicile et un gymnase situé à côté.

Elle est retrouvée morte deux jours plus tard à 1 km de chez elle, dans un canal, étranglée avec son sweat-shirt.

Elle a été étranglée, vraisemblablement dans l’eau, mais l’examen médico légal ne révèle aucune trace de violences sexuelles.

Non loin du corps de la petite Berch, retrouvé au bord du canal à Voreppe, un magazine pornographique a été retrouvé.

Des similitudes sont vite survenues avec le meurtre de Sara Siad à Voreppe en 1991.

Les suites

En 2008, 12 gendarmes sont mobilisés en grande pompe pour créer la cellule Mineurs 38, destinée à faire un lien entre toutes les affaires d’enfants disparus.

Mais, très vite les effectifs sont réduits, les dossiers classés, et les familles ne sont toujours pas entendues par la justice.

Suite aux pressions menées par des avocats de familles, la justice relance l’enquête sur 9 meurtres ou disparitions en 2010, suite à la découverte, en juin, de trois dossiers perdus (ceux de Ludovic Janvier, Grégory Dubrulle et Charazed Bendouiou).

C’est la cellule Mineurs 38 qui est chargée de l’enquête.

Le 21 juin 2010, trois dossiers d’instruction, égarés en raison d’un changement de numérotation lié à l’arrivée d’un nouveau juge d’instruction, avaient été retrouvés dans les archives du tribunal de grande instance de Grenoble.

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, demande une enquête interne sur les “dysfonctionnements” de la justice dans les dossiers de ces meurtres et disparitions.

En effet, non seulement des dossiers avaient “disparu”, mais des corps ont carrément été détruits au lieu d’être rendus aux familles.

Certains autres corps étaient non identifiés, comme les ossements d’enfants retrouvés dans une grotte du Vercors en 1985.

Malgré tout, les enquêteurs étaient certains qu’on n’avait pas à faire à un tueur en série et que les meurtres ne sont pas liés.

Début 2013, une juge d’instruction relance deux dossiers, ceux de Syad et Berch, en envoyant des traces ADN jusque là inexploitables.

Ces analyses mettent en cause un auteur, déjà fiché pour usage de stupéfiants en 2005 et 2008.

Âgé de 15 ans et demi au moment du premier meurtre, il avait été entendu comme témoin pour le second, sans être inquiété.

Proche des frères des victimes, il continuait depuis à vivre dans le même quartier.

En juillet 2013, un recoupement ADN mène la justice sur les traces d’un type dont on a prélevé l’ADN suite à une infraction routière en 2005, Georges Pouille.

Il avait été vu par plusieurs témoins peu avant la disparition de Saïda Berch, et il est entendu comme témoin par les gendarmes, mais nie avoir vu la fillette.

Pourtant, alors que 960 personnes ont été fichées durant l’enquête, les empreintes de Georges Pouille n’ont jamais été prélevées.

Au sujet de l’affaire Berch, il a raconté que Saïda lui avait demandé de lui prêter son vélo – ce qu’il a fait –, avant de s’énerver lorsqu’elle a réitéré sa demande.

Il l’aurait alors frappée à la tête, étranglée avec le sweat-shirt qu’elle portait, et déposée à proximité d’un canal.

Sur la suite, il n’a guère de souvenir mais assure qu’il s’agissait d’un “accident”, expliquait Le Monde.

Il avait 15 ans lors du meurtre de Sara et connaissait les deux familles de Sara et Saïda, notamment certains de leurs frères.

Le dénommé Pouille a été décrit comme un pauvre clampin, handicapé, employé dans un centre d’aide par le travail, vivant dans “la misère“, mais apprécié dans tout son quartier où tout le monde, y compris sa compagne, a été très surpris d’apprendre qu’il avait commis ces deux meurtres.

Mais finalement, les médias lui ont quand-même trouvé un profil inquiétant.

Il aurait admis avoir été présent sur les lieux des crimes au bout de sa quatrième audition.

Selon la police, l’assassinat de Saïda était en fait une vengeance contre ses frères.

Pourtant, la justice n’a pas reconnu la préméditation.

Georges Pouille n’a toujours pas été jugé, pourtant la presse considère que ces deux crimes sont résolus.

Quant à deux autres meurtres, ceux de Charazed Bendouiou et de Ludovic Janvier, resteront irrésolus puisqu’ils ont été classés début novembre par un non-lieu, malgré qu’on n’ait toujours pas retrouvé les corps.

Deux dossiers qui faisaient partie des missions confiées à la cellule Mineurs 38.

“Il faut savoir fermer un dossier”, a déclaré le procureur.

“Nous sommes effarés par ces décisions.

Les juges ont refusé de les recevoir durant la procédure et de prendre en compte nos demandes d’enquête complémentaire.

La justice ne s’est clairement pas donné les moyens d’enquêter.

C’est ahurissant, je n’ai jamais vu un tel défaut d’humanité”, a réagi Me Seban, l’un des avocats des familles, interrogé par Le Parisien.

Malgré tout, la justice se dit sûre qu’aucun tueur en série n’a été impliqué dans ces disparitions et meurtres, et que les meurtres n’avaient pas de lien.

Même si ce n’est pas le cas pour tous, il est assez clair que des similitudes apparaissent entre certains de ces 12 dossiers.

Pour la presse de l’époque non plus,  ces affaires n’avaient aucun lien.

A part, peut-être, l’impunité du tueur et la maigreur des dossiers d’enquête.

Documentaire de Karl Zéro qui résume l’affaire:

https://wantedpedo-officiel.com/mur_video/video/le-scandale-des-disparus-de-lisere-karl-zero/

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On n’en revient pas qu’autant d’enfants aussi jeunes puissent disparaître et être massacrés en France dans un si petit périmètre, sans que la justice ne débloque des moyens suffisants pour faire cesser l’épidémie de meurtres et d’enlèvements de mineurs.

Il est incroyable qu’on ne nous trouve un coupable qu’aujourd’hui, suite à la lutte d’un cabinet d’avocats.

Une dizaine de ces meurtres, disparitions, ou même l’agression de Gregory Dubrulle restent irrésolus.

Depuis, en tout cas, on n’entend plus parler d’affaires similaires dans cette région.

[1] Il a été poursuivi pour abus de biens sociaux et recel pour avoir lancé des journaux de campagne payés par l’argent public, puis pour “faux, usage de faux et abus de biens sociaux”  dans l’enquête sur la société Grenoble Isère développement (GID), suite à quoi il fait 29 mois de prison et doit rembourser avec son associé à rembourser 253.000 € au conseil général, à payer  51.000 € d’intérêts, ainsi que 25 000 € d’amende pour Alain Carignon.

[2] Le cadavre de cet enfant présentait une blessure importante à la tête par un objet contondant, ce qui l’a tué.

Mais, on n’a plus jamais réentendu parler de ce corps jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il avait été détruit en 1998 dans un des “dysfonctionnements” de cette affaire, ce que la justice nie officiellement.

Légalement, le corps n’aurait pas du être détruit, car on ne les détruit pas comme des vulgaires pièces à conviction.

[3] D’après la police, dans le cas de Sara Siad, on a soudain trouvé une tâche de sperme sur la chemise de la fillette, qui n’avait jamais été repérée auparavant.

C’est la même trace ADN qui aurait ensuite été retrouvée sur le T-Shirt de Saïda.

 

Deux documentaires sur le sujet

Le scandale des disparus de l’Isère

LES DISPARUS DE L’ISÈRE – Affaires non résolues

 

Actualisation décembre 2024

Tout arrive, les traces ADN des disparus de l’Isère commencent à être étudiés et cela a engendré une mise en examen.

Vivement qu’ils s’attaquent à d’autres affaires/réseaux.

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/disparus-de-l-isere-une-lueur-d-espoir-phenomenale-comment-le-pole-cold-cases-a-permis-la-mise-en-examen-d-un-suspect-3071029.html

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/cold-cases-disparus-de-l-isere-l-homme-suspecte-de-deux-meurtres-en-1988-et-2000-mis-en-examen-3070090.html

 

Cold cases. Disparus de l’Isère : l’homme suspecté de deux meurtres en 1988 et 2000 mis en examen

Suspecté d’avoir tué Nathalie Boyer en 1988 et Leïla Afif en 2000, un homme a été mis en examen et placé en détention provisoire ce lundi 2 décembre, a indiqué le parquet de Nanterre.

Âgé d’une soixantaine d’années, l’individu a été relié à ces deux cold cases grâce à de nouvelles analyses ADN.

L’étau se resserre autour du suspect dans l’affaire des “disparus de l’Isère”.

Après avoir été présenté à un magistrat instructeur le lundi 2 décembre, l’homme âgé d’une soixantaine d’années a été mis en examen pour deux homicides et placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention de Nanterre, a précisé le parquet.

Principal suspect dans deux cold cases, il est soupçonné d’avoir égorgé Nathalie Boyer, une adolescente de 15 ans à Saint-Quentin-Fallavier en 1988.

Et d’avoir tué Leïla Afif en 2000 sur la commune de La Verpillière.

 

Identifié grâce à son ADN

L’individu, résidant en Bourgogne, avait été arrêté et placé en garde à vue la semaine dernière dans les locaux des gendarmes de la section de recherches de Grenoble après avoir été identifié par son ADN.

Sa garde à vue avait été levée vendredi matin et avait ensuite été présenté à un juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Dijon, qui l’avait placé en détention, dans l’attente de son transfèrement à Nanterre.

Le pôle des crimes sériels ou non élucidés (les “cold cases”) de Nanterre, créé en 2022, a relancé ces deux procédures, désormais jointes.

Nathalie Boyer fait partie des victimes du dossier des “disparus de l’Isère” qui concerne neuf disparitions ou meurtres d’enfants dans le département entre 1983 et 1996.

 

Disparus de l’Isère. “Une lueur d’espoir phénoménale” : comment le pôle cold cases a permis la mise en examen d’un suspect

Plusieurs décennies après les meurtres de Nathalie Boyer et Leila Afif, un suspect a été arrêté et mis en examen ce lundi 2 décembre.

L’individu a été identifié grâce à de nouvelles analyses ADN, ordonnées par le pôle cold cases de Nanterre.

De quoi redonner espoir à toutes les familles de disparus en France.

Un tournant majeur dans une enquête vieille de 36 ans, et des dizaines de familles qui retrouvent foi en la justice.

Lundi 2 décembre, un sexagénaire suspecté d’avoir égorgé Nathalie Boyer, 15 ans en 1988, a été mis en examen et placé en détention provisoire.

Même si cette personne reste présumée innocente, le fait qu’on puisse identifier 36 ans après les faits une personne potentiellement impliquée dans cette disparition, c’est une lueur d’espoir phénoménale pour toutes les familles de disparus qui sont très nombreuses, se félicite Florian Callet, représentant isérois de l’association Assistance et Recherche des Personnes Disparus (ARPD).

Chaque année, il y a 40 000 disparitions en France, précise-t-il.

 

Une nouvelle avancée du pôle cold cases

Le retraité a été identifié grâce à de nouvelles analyses ordonnées par le pôle cold cases de Nanterre.

Également soupçonné d’être impliqué dans le meurtre Leila Afif, une quadragénaire tuée par balle à La Verpillière en 2000, il aurait été confondu par son ADN retrouvé dans les scellés du dossier.

Les enquêteurs auraient ensuite fait le lien avec le meurtre de l’adolescente Nathalie Boyer, survenu dans une commune voisine douze ans plus tôt.

Nathalie Boyer a disparu à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), en août 1988, alors qu’elle âgée de 15 ans.

Quand on n’entend plus parler de ces affaires dans les médias pendant 10 ou 20 ans, les gens oublient aussi, regrette Florian Callet.

C’est là qu’on se rend compte que le pôle cold cases a effectué un travail formidable.

Il a des moyens nouveaux, avec des juges d’instruction dédiés à ces affaires, et surtout avec des moyens technologiques nouveaux.

En deux ans et demi, une dizaine d’affaires ont avancé avec des mises en examen.

Jacques Dallest, ancien procureur général à l’initiative de la création du pôle Cold Cases

Ce pôle, créé au parquet de Nanterre en 2022 à l’initiative du magistrat Jacques Dallest, se saisit uniquement d’affaires non élucidées.

Cette arrestation, c’est une nouvelle illustration de l’intérêt d’un pôle spécialisé, ce dont je n’ai jamais douté, explique Jacques Dallest.

En deux ans et demi, une dizaine d’affaires ont avancé avec des mises en examen.

C’est important pour les familles.

Dans ces dossiers d’une gravité particulière, avec des crimes de sang, on leur devait de tout faire et de ne pas désespérer.

 

Faire parler les scellés 

Le premier axe de travail des enquêteurs de ce pôle, ce ne sont pas les témoins, car c’est difficile de retrouver les emplois du temps des uns et des autres vingt ans plus tard.

Mais c’est de faire parler les pièces à conviction en les faisant de nouveau expertiser, explique le magistrat.

L’objectif, c’est de passer sous le crible de la science d’aujourd’hui des objets scellés.

Ancien procureur général auprès la cour d’appel de Grenoble Jacques Dallest a écrit un rapport pour inoculer la culture du “cold case” dans la justice française.

Et c’est justement une nouvelle technique utilisée par la police scientifique, celle de la “recherche par parentèle” qui a permis au pôle cold cases d’identifier l’homme suspecté d’avoir tué Nathalie Boyer et Leïla Afif.

Cette méthode permet d’identifier un ADN inconnu grâce à celui d’un membre de sa famille, dont le profil génétique est référencé dans les fichiers nationaux.

Cette technique a fait ses preuves pour la première fois en 2012, en permettant de révéler l’identité du violeur d’Elodie Kulik, une banquière assassinée dans la Somme dix ans plus tôt.

Beaucoup de vieux scellés qui contiennent de l’ADN pourraient mener à l’auteur présumé des faits grâce à cette technique, souligne Florian Callet.

On peut espérer des avancées sur les autres disparus de l’Isère.

Selon lui, une quinzaine de dossiers sur des disparitions et des affaires non élucidées concernent le département.

Il y a le dossier ‘disparus de l’Isère’, qui concerne neuf enfants, mais aussi celui de Marie-Ange Billoud, à Pontcharra, ou plus récemment de Malik Boutvillain et de Nicolas Suppo dans les années 2010.

Ces avancées donnent de vraies lueurs d’espoir à toutes ces familles”, ajoute-t-il.

En cette fin d’années 2024, le pôle cold cases de Nanterre est actuellement saisi d’une centaine de dossiers, dont une demi-douzaine concerne des meurtres et des disparitions non élucidées en Isère.

Toutefois, “il faut accepter que certains assassins ne seront jamais jugés”, tempère Jacques Dallest, notamment dans les cas de disparitions.

Car “quand on n’a pas de cadavre sur lequel enquêter, c’est le début du crime parfait“, conclut-il.

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