Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 9 | Réseau Alègre-Baudis

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L’affaire Alègre in extenso ou la blanchisseuse à notables
On va aborder aujourd’hui l’affaire Alègre de manière aussi complète que possible.

Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.

Podcast – Réseau Alègre-Baudis Partie 1 (70′)

Podcast – Réseau Alègre-Baudis Partie 2 (45′)

 

D’une part, parce que la plupart des textes concernant cette affaire sont en train de disparaître du web.

D’autre part, afin de relever tous ces petits éléments qui posent question dans cette affaire qui fut un magistral exemple d’enterrement judiciaire.

Malgré des dizaines de morts suspectes, malgré des aveux circonstanciés, malgré diverses preuves, il fallait sauver la face de celui qui est devenu ensuite le Défenseur des Droits du peuple français, et de ses petits copains.

Pourquoi revenir sur cette affaire?

Parce que l’impunité des notables a toujours été de mise et que cela continue.

Du meurtre de Bruay-en-Artois à l’affaire du réseau pédophile d’Angers, les notables cités dans ces affaires, et parfois inquiétés, ont comme un blanc seing des autorités en matière de perversion.

Notables donc innocents, pourrait-on dire depuis que l’argent public a servi à financer un téléfilm déplorable intitulé “Notable donc coupable“, donnant la part belle au point de vue de Baudis sur sa non implication dans l’affaire Alègre.

Pour bien étouffer l’affaire qui serait remontée aux plus hauts niveaux de l’État, le dossier a été saucissonné comme dans les affaires Outreau ou Dutroux, ou toutes les affaires qu’on cherche à étouffer : il est plus simple d’enterrer à chaque fois un petit bout de l’affaire plutôt que de risquer un scandale en mettant toute l’affaire à la poubelle d’un seul coup.

 

La chronologie et les disparitions

Alègre, né en 1968, est arrêté en 1997, et reconnaît avoir commis cinq meurtres et six viols, pour lesquels il est condamné à 30 ans de prison en 2002.

Mais, la cellule de gendarmerie Homicide 31, chargée d’enquêter sur 195 disparitions non élucidées dans la région de Toulouse au cours des années 80 et 90, met la main sur des témoignages qui ouvrent un nouveau volet de l’affaire: le volet des notables toulousains et de leurs soirées sado-maso, pour lesquelles Alègre servait d’homme de main.

En 2002, une vingtaine de vieux dossiers de meurtres non élucidés sont rouverts.

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Déjà condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans pour les meurtres et viols de cinq jeunes femmes et un sixième viol en 2002, Patrice Alègre est mis en examen en 2003 à cinq reprises par le juge d’instruction Serge Lemoine.

Il est poursuivi pour de nouveaux chefs : les meurtres de Josette Legoy en 1987, de Line Galbardi, de Josette Poiroux, deux prostituées, du travesti Claude Martinez, de Patricia Ballejos, une vendeuse mère de famille, et pour le viol d’une prostituée, le tout au cours de l’année 1992.

Outre ces informations judiciaires, le parquet de Toulouse ouvre le 15 avril 2003 une information contre “Patrice Alègre et tous autres” pour des faits de “proxénétisme en bande organisée, viols et complicité, actes de tortures et de barbarie, viols sur mineurs par personne dépositaire d’une autorité publique”.

La procédure est confiée aux juges Nicole Bergougnan et Thierry Perriquet.

C’est dans ce volet que cinq prostituées sont parties civiles.

 

Liste de meurtres et disparitions attribués à ALEGRE, ou auxquels il pourrait être lié

Cette liste reprend une partie des disparitions non élucidées dans la région toulousaine.

Alègre a été impliqué dans certains, en a nié beaucoup, et n’est probablement pas impliqué dans tous.

Cependant, toutes ces disparitions pourraient être liées aux mœurs nocturnes locales.

Au sein de l’association Stop à l’Oubli, des proches de certains disparus ont tout fait pour que la justice se penche sérieusement sur ces affaires, en vain.

==> Jean-Jacques ALLEMANE, 20 ans, a été jeté, lesté, dans le canal du midi.

Il avait le corps entravé par des liens et relié à un plot en béton.

Là aussi, les deux légistes BRAS et ALENGRIN concluent au suicide.

Au total, 15 morts suspectes ont été classées en suicides.

==> Disparition de Martine ESCADEILLAS, 30 ans, à Ramonville (nord est de Toulouse), le 8 décembre 1986.

==> Assassinat de Suzanne MORTESSAGNE, 65 ans, à Gagnac, voisine de Josette Legoy à Toulouse, le 6 juin 1987.

Elle a été tuée d’un coup à la tête, et son corps est retrouvé sous des branchages, pas loin de là où on a retrouvé le corps de Laure Martinet, une victime avérée d’Alègre.

==> Anne-Marie NAYRAL DE PUYBUSQUE, 60 ans, infirmière, disparait le 6 août 1987.

C’est la sœur du premier président honoraire de la cour d’appel de Toulouse.

Tuée chez elle à Launaguet, commune voisine de Saint-Géniès-Bellevue où vivait ALEGRE.

 

==> Hadja BENYOUCEF (DAROLLES), 26 ans.

Retrouvée morte par son fils, chez elle à Toulouse le 30 novembre 1987, avec une cordelette autour du cou, une couche-culotte pliée en huit dans la bouche et un couteau dans la gorge.

Elle a été égorgée et étouffée mais on a conclu au suicide.

Les deux experts légistes adeptes du suicide Bras et Alengrin ont estimé que “la défunte, après avoir essayé dans un premier temps de s’entailler la gorge avec un couteau, avait pu tenter de se pendre à l’aide de la cordelette, puis, n’y parvenant pas, se planter le couteau de cuisine à travers la gorge […], a provoqué la section de la carotide”.

Conclusion des deux experts : “Acte suicidaire double ayant débuté par une tentative infructueuse de pendaison.”

En outre, ses proches confirment qu’elle n’était pas du tout suicidaire et qu’elle avait des projets à court terme, et il y avait des traces de sang dans l’escalier donnant accès à l’appartement.

Le dossier a été rouvert en 2002, et en 2005 un ancien compagnon de la victime est mis en examen, et renvoyé aux assises en 2009 [1].

==> Josette LEGOY : prostituée assassinée par étranglement le 5 décembre 1987.

Alègre avait 20 ans et vendait de la drogue dans le quartier.

Il a bénéficié d’un non-lieu, pourtant l’appartement de la victime avait été incendié, comme dans 3 autres meurtres pour lesquels Alègre a été jugé coupable, et pour lesquels un expert a relevé une “unicité d’auteur”.

Deux prostituées du quartier ont refusé de monter avec lui ce jour-là à cause de son comportement.

En outre, Alègre avait une moto similaire à celle vue dans le coin du meurtre, et enfin 9 jours après le meurtre, une médaille portant le prénom de Marie (comme la colocataire de Josette) a été vendue à un bijoutier, où ALEGRE avait déjà vendu des bijoux d’une autre victime, Laure Martinet, 10 jours après sa mort.

==> Valérie TARIOTE, 21 ans, ex-serveuse au buffet de la gare Matabiau où Alègre travaillait aussi, est tuée le 27 février 1989.

Découverte sur son lit, bâillonnée avec les poignets liés et la tête reposant sur une casserole pleine de sang, habillée seulement d’un T-shirt.

Les légistes n’avaient pas repéré de coups mais elle avait un foulard dans la bouche.

Cinq jours auparavant, le gardien de l’immeuble avait trouvé dans le local à poubelle son sac à dos jeté contenant ses papiers d’identité [2].

Pourtant, les légistes Bras et Alengrin ont conclu à une intoxication aux médicaments.

Le 2 décembre 1997, Alègre avoue aux gendarmes l’avoir tuée, en disant:

“J’ai tué une fille là, elle s’appelait Valérie, elle travaillait avec moi au buffet de la gare”.

Il avait travaillé avec elle au bar de la gare.

Alègre a été condamné en 2002 pour ce meurtre.

 

==>  Helène LOUBRADOU : 27 ans, mère d’un enfant, disparue le 16 août 1989 de la clinique Aufery à Pin-Balma où elle séjournait suite à une dépression, en y laissant ses affaires.

Dans son journal intime (remis à la police), elle mentionne une rencontre avec “Pat”au cours de sa promenade autour du lac de Flourens où Alègre allait souvent pêcher.

Au bar du lac, un serveur la reconnait et dit qu’elle était souvent avec un type qui ressemblait à Alègre, et que leur dernier entretien était plutôt orageux.

Pour cette affaire, Alègre a eu un non lieu confirmé le 9 septembre 2010 par Panzani.

Un chauffeur de taxi qui passait souvent à la clinique Aufery a dit qu’Alègre s’y trouvait régulièrement [3].

Un  gendarme de  la Cellule interroge le chauffeur de la navette effectuant le trajet entre Balma et la clinique, qui reconnaît en Alègre un habitué des lieux.

Le gendarme fait un PV d’audition mais quelques jours plus tard il est dessaisi de ce dossier et réintègre  sa brigade d’origine.

Le chauffeur est réentendu un an plus tard par la cellule, mais il ne se souvient plus d’Hélène Loubradou, et Alègre n’a jamais été entendu sur cette affaire.

==> En septembre 2000, le père d’Hélène Loubradou rencontre Roussel qui ignore de nombreux détails.

Son père, enseignant à la retraite, qui fut l’adjoint de l’ancien ministre Maurice Faure à la mairie de Cahors, a été l’un des fondateurs de l’association Stop à l’oubli.

Quand il a appris l’arrestation d’Alègre, il a demandé à voir le dossier de sa fille, qui était vide.

Presque toutes les pièces qu’il avait vues dans le dossier, y compris certaines qu’il avait données, avaient disparu.

Finalement, le dossier a été clos par un non lieu en septembre 2010.

On n’a toujours pas retrouvé le corps d’Hélène.

==>  Laure MARTINET, une jeune étudiante de 19 ans violée et assassinée avec grande violence lors d’une fête à Saint-Geniès le 24 janvier 1990 dans le village de sa mère (Alègre était son voisin de lotissement à Saint-Geniès-Bellevue).

Alègre l’a violée, battue et tuée.

On a fait des prélèvements ADN sur les habitués du bar de Saint Genies de Bellevue, mais Alègre y a échappé, alors qu’il y allait souvent avec son frère.

Les faits se sont produits à Plaisance-du-Touch.

Le dossier est rouvert en juillet 1997 après l’arrestation d’Alègre.

==> Marie LOMBRASSA, 40 ans, infirmière vivant à Castres, retrouvée morte un mois après sa disparition dans le bois de Dourgne, dans un secteur où Alègre se rendait parfois.

Elle disparait de chez elle le 1er mai 1990.

L’autopsie révèle des traces de fractures, y compris au visage.

Le corps a manifestement été déplacé mais l’affaire est classée.

La cellule Homicide 31 reprend le dossier 10 ans plus tard et les premières investigations révèlent plusieurs individus étranges dans l’environnement de Marie Lombrassa.

Puis, l’enquête est interrompue.

==> Valérie REORDA : 16 ans, disparue le 7 avril 1990 à Saint-Jory.

On a retrouvé le corps dans un terrain vague, dissimulé sous des branchages.

Causes de la mort inconnues ; dossier clos en 1999.

Le dossier a été rouvert quand Alègre a été arrêté, une deuxième autopsie a montré une trace de coup violent à la tête, mais Alègre a finalement eu un non lieu en mars 2008.

Des soupçons se sont aussi portés sur le père de la jeune fille.

Alègre avait des amis proches à Saint-Jory, comme Gilles Bivi, chez qui il avait séjourné et avec qui il a pris l’apéro chez Bourragué.

Il participait aussi à des fêtes au foyer des jeunes qu’il fréquentait à l’époque.

C’est à Saint-Jory aussi que sa compagne Cécile était hébergée chez une amie, employée communale, durant l’été 1990.

Il la rejoignait entre deux deals dans le quartier de la gare Matabiau, à Toulouse, pour voir sa fille Anaïs, âgée d’1 an à l’époque.

“Ma nièce a été vue aux autos tamponneuses avec un homme ressemblant à Patrice Alègre.

Il y a des gens qui savent ici, ils me l’ont dit, mais ils ont peur de parler, sachant qui il est”

s’indigne Elizabeth Réorda, qui attend un aveu pour faire le deuil de Valérie.

Précision de Michel Roussel : dès avant la création de la cellule, Alègre indique qu’il a son coiffeur à Saint-Jory, où il vient pêcher régulièrement.

En 2000, on sait aussi que Alègre a trois amis très proches qui habitent à moins d’un kilomètre de chez Valérie Réorda.

Il avait caché une voiture volée et du foie gras provenant d’un cambriolage d’usine chez l’un d’eux.

Il faut reprendre l’enquête et refaire analyser l’ADN du sang trouvé sur le carrelage de la maison familiale de Valérie, réentendre ses amis.

De plus, les policiers de la cellule Homicide 31 ont reconnu Alègre sur les photos de l’enterrement de Valérie Réorda [4].

 

==> Meurtre de Edith SCHLEICHARDT, à 22 ans, le 17 septembre 1990.

Elle disparaît en faisant du stop dans l’Ariège, et est retrouvée dans un fossé, la jupe relevée, à Cintegabelle, fief de Jospin.

Elle a reçu des coups au visage, et a été retrouvée avec une bombe lacrymogène entre les jambes, le collant baissé.

Les légistes Bras et Alengrin ont conclu au suicide par intoxication médicamenteuse, sans prélèvements biologiques, et délivrent le permis d’inhumer.

A l’époque, les flics tentent de faire croire aux parents qu’Édith se prostituait.

Après exhumation du corps en 2004, on a découvert des traces de “coups extrêmement violents au visage” et conclu à une “mort violente”.

Marc Bourragué était de permanence ce jour-là.

Selon l’enquête de l’époque, Edith Schleichardt est présentée comme une marginale, toxicomane et prostituée occasionnelle.

Mais les procès-verbaux des gendarmes sont peu documentés et font la part belle aux rumeurs plutôt qu’aux faits.

Si cette jeune femme originaire de Chamonix a bien eu dans le passé des soucis avec la gendarmerie pour des affaires de stupéfiants, rien à Toulouse, où elle était installée depuis huit mois, ne permet de la mettre en cause.

Elle ne figure pas au fichier des mœurs.

“Elle vit effectivement dans un petit village de l’Ariège, avec son ami, se lève tous les matins pour aller travailler à Pamiers comme secrétaire, si c’est cela la marginalité…”

s’indigne Me Pierre Dunac, l’avocat de sa famille.

Bourragué voyait Fanny le soir où Edith Sschleichardt a été tuée, et il est parti brusquement pour se rendre sur les lieux du crime, comme en attestent des photos prises sur place.

==>  Nicole GINESTET, 38 ans, est retrouvée noyée dans la Garonne à Cordes-Tolosannes, le 30 janvier 1991.

Son visage portait des traces de coups.

 

==>  Meurtre de Line GALBARDI dans la nuit du 2 ou 3 janvier 1992, à 28 ans, dans un hôtel de Toulouse [5].

Patricia dit avoir assisté au meurtre, commis par Alègre et Lakhdar Messaoudène (Alègre a eu un non-lieu en janvier 2010, on a conclu que Galbardi était morte par intoxication).

La raison était que Line avait parlé à un flic, Jean Ziegler [6], qu’elle ne savait pas pourri, de l’assassinat d’une jeune prostituée de 16 ans, jetée dans le lac de Noé.

Ziegler a immédiatement prévenu Messaoudène et Alègre et leur a conseillé de la liquider.

Fanny dit avoir assisté à cette conversation également.

Malgré cela, Messaoudène nie connaitre Alègre, et au départ les flics soupçonnent le frère de Line Galbardi d’être responsable de sa mort, et il est même accusé d’avoir eu avec elle des relations incestueuses.

Line Galbardi s’est prostituée très jeune, dès ses 18 ans probablement, en France, mais aussi à Madrid ou Barcelone.

Elle est vite devenue toxicomane, et a perdu tout contact avec sa famille.

Elle arrive à Toulouse fin 1991 avec son mac, Biriam Djallo.

Quelques semaines plus tard, elle est assassinée à l’hôtel de l’Europe.

On a rouvert le dossier Galbardi (classé en suicide [7]) quand Alègre a dit qu’il avait déjà tué une prostituée à l’hôtel Europe, en 2005.

Les enquêteurs retrouvent Fanny et Patricia, qui signalent séparément  que Line Galbardi a été assassinée avec une grande violence par son souteneur Lakhdar Messaoudène, et par Alègre qui fournit la drogue et servait d’ “essayeur” pour les nouvelles filles.

Line aurait été tuée après avoir assisté à l’ “essayage” d’une fille, qui a mal tourné, et a été tuée parce qu’elle en parlé aux flics.

La première autopsie avait conclu à une mort par asphyxie, la deuxième constate des coups sur la tête.

Peu de témoins sont interrogés.

Le gardien de l’hôtel (qui avait effacé les traces du meurtre et disait ne pas se souvenir qu’il s’agissait d’un hôtel de passe) n’a jamais été interrogé.

Il est mort en 2003.

La deuxième autopsie de Line Galbardi en 2005 montre que la mort est due à des coups assénés sur le crâne avec une grande violence.

Patricia a expliqué qu’à l’époque, terrorisée, elle n’avait rien dit sur l’ordre d’un policier.

“Le 3 janvier 1992, poursuit-elle, elle est allée voir le commandant Lionel Ziegler, car “(elle) lui faisait confiance.

Je lui ai révélé ce qui s’était passé pour Line.

Il me répond que, pour moi, il est temps de partir, que je dois faire une déposition et m’indique de n’en rester qu’aux généralités…

Il m’accompagne devant ses collègues, qui, d’ailleurs, ne me poseront aucune des questions que vous me posez…

Lionel m’avait dit que l’affaire allait être classée”.

 

Le procureur Marc Bourragué, substitut du procureur au parquet financier (de 1989 à 2002), était présent sur les lieux du meurtre de Line Galbardi avant la police, alors qu’il n’était pas de permanence au parquet.

Il a écrit le contraire au juge Lemoine.

Le lendemain, les policiers de la sûreté présents, les commandants de police Jean-Pierre Zerr, Jean-Claude Jolibert et leur patron le commissaire Gérard Athier, mentionnent six fois dans les procès-verbaux le déplacement de “monsieur le procureur de la République” sans le nommer; et oublient de qui il s’agit.

Marc Bourragué se mêle de l’enquête sur le meurtre en se rendant sur les lieux à l’hôtel de l’Europe, alors qu’il n’est pas de permanence (le tableau des permanences disparaîtra, mais la magistrate Brigitte Grosjean a confirmé que c’était elle qui était de permanence).

La scène de crime aurait été modifiée par Patricia, qui aurait même changé le corps de chambre.

D’ailleurs, la chambre où s’est déroulé le crime officiellement ne correspond pas à la description des faits.

En outre, lors de la reconstitution, Alègre s’est dirigé directement vers une autre chambre que celle où a été retrouvé le cadavre.

La dernière confrontation, organisée le 23 Janvier 2008,au cours de laquelle les scellés renfermant la literie saisie à l’époque ont été ouverts, soulève de nouvelles zones d’ombre.

On découvre que la scène du crime a été modifiée, et aussi que les draps housses ne correspondent pas à ceux utilisés dans l’hôtel, comme viennent le confirmer l’ancien propriétaire et la femme de ménage.

Ces derniers rappellent également qu’une forte somme d’argent liquide (au moins 50.000 Francs) se trouvait dans un sac de supermarché sur une table, parfaitement visible .

Aucun autre client, aucune prostituée de l’entourage de Line Galbardi, n’a été entendu, et encore moins Messaoudène.

Le gardien de l’hôtel a été simplement interrogé alors que le magistrat instructeur avait demandé  sa garde à vue.

Il aurait participé au nettoyage de la chambre et disait même ignorer qu’il s’agissait d’un hôtel de passe, ce qui est fortement improbable.

Le gardien est mort en 2003, juste avant le non-lieu prononcé pour le meurtre de Line Galbardi.

Alègre a avoué le meurtre de Line Galbardi le 30 mai 2003 au juge Lemoine, puis dans sa lettre à Karl Zéro, avant de se rétracter le 19 juin 2003.

Il change alors d’avocat et depuis il n’a plus jamais rien dit.

Il y a un non lieu en janvier 2010 pour ce meurtre.

Le meurtre dont parlait Line Galbardi était, selon Patricia et Line Galbardi, celui, en décembre 1991, d’une prostituée de 16 ans, appelée “la puce” (Patricia CAYET ?), qui était enceinte.

Elle débutait dans la prostitution depuis quelques jours.

Messaoudène, Alègre, Line Galbardi et Patricia l’ont emmenée dans un bois au bord du lac de Noé près de Saint-Gaudens, pour “la débourrer”, c’est-à-dire la violer au maximum pour qu’elle soit bien docile.

Ils l’ont frappée, Alègre l’a violée, puis ils l’ont étranglée et jetée dans le lac avec du ciment aux pieds (Messaoudène avait le matériel dans sa voiture).

Quatre autres jeunes filles auraient été “cimentées” dans ce lac.

Plus tard, les fouilles menées par la justice n’auraient rien donné.

Apparemment, il existe des traces du passage de Patricia au commissariat peu après le meurtre de “la puce”.

Suite à cela, un ami d’Alègre lui a donné rendez-vous dans un hôtel où elle devait se rendre sous un faux nom, si bien que Patricia a choisi d’arrêter la prostitution et de fuir Toulouse.

==>  Claude MARTINEZ : travesti SM poignardé dans son studio le 25 février 1992.

Il organisait des soirées qu’il filmait et avait l’habitude de faire chanter certains de ses clients mariés.

Sa sœur a remis son carnet d’adresses aux flics, mais quand leurs collègues ont ouvert le dossier en 2000, le carnet avait disparu (et il ne figurait pas parmi les fichiers détruits), ainsi que plusieurs cassettes vidéo.

En 2003, tous les scellés concernant ce dossier avaient disparu.

Alègre, mis en examen en mai 2003 pour ce meurtre, a avoué l’avoir tué pour récupérer les vidéos.

Selon la sœur de Claude Martinez, le crime a eu lieu quelques jours après une menace de chantage mettant en cause un gros entrepreneur toulousain.

==>  Non lieu pour le viol avec arme de Françoise DORIVAL, 33 ans, en février 1992.

Elle est allée porter plainte contre Alègre en 1999.

Lorsque les enquêteurs lui posent des questions sur Galbardi, elle leur répond que Patricia et Fanny, selon elle, ont “assisté au meurtre”.

==> Corinne LAZZARI, 29 ans, une aide-soignante volatilisée sur la RN 117 le 2 mars 1992.

On retrouve sa voiture abandonnée près de Saint Gaudens, en panne de carburant, fermée et avec le sac à main de Corinne.

L’enquête n’a jamais été rouverte.

“Des éléments essentiels ont été négligés, lors des premières constatations”, avait dit en 2000 l’avocat des parents.

==> Le 29 mars 1992, on retrouve les corps carbonisés de quatre travestis, dans leur appartement.

L’autopsie conclut à une mort par asphyxie.

Aucune autopsie n’est pratiquée, contrairement à ce qui est assuré aux familles.

En septembre 2004, à la faveur de l’Affaire Alègre, les corps de deux d’entre eux sont exhumés, les deux autres ayant été incinérés.

Les expertises révèlent alors des “lésions ante mortem traumatiques troublantes sur la boîte crânienne que l’incendie ne peut expliquer et, notamment l’enfoncement d’un os dans le conduit auditif “.

Il n’y a aucune trace d’oxyde de carbone dans les poumons comme cela aurait dû se produire en cas de mort par asphyxie.

Quelques jours avant, deux d’entre auraient été entendus dans le cadre d’une  enquête ouverte sur le meurtre de Claude Martinez, qui connaissait au moins deux des victimes.

 

Alègre a été soupçonné du meurtre de Patricia Ballejos Gélis, 29 ans, mère de famille disparue le 5 octobre 1992.

Son corps est retrouvé le 6 décembre 1992, à demi immergé dans la Garonne, vingt kilomètres en aval de Toulouse, près de Merville, dans une zone où Alègre allait pêcher et proche des lieux où on a retrouvé les corps de deux femmes dont l’une a été tuée.

Deux commerçants ont vu Patricia Gélis sortir de la voiture d’Alègre plusieurs fois.

Un autre témoin, patron d’un bar en face du magasin où elle travaillait a vu Alègre venir parfois, à la même place face au magasin.

Le corps a été retrouvé dans la Garenne là où il pêchait, et où plusieurs corps ont été retrouvés, dont une victime d’Alègre.

Il a été mis en examen pour ce meurtre, classé par un non lieu.

==> Josette POIROUX : non lieu aussi.

Masseuse érotique SM de 42 ans assassinée au couteau le 21 octobre 1992, et là aussi l’appart’ a été incendié de la même manière que celui de Josette Legoy et deux autres victimes.

Une prospectrice de France Loisirs avait reconnu Alègre dévaler les escaliers de l’immeuble à ce moment-là.

En plus, dans le carnet de rendez-vous de Josette Poiroux, on voit qu’elle a eu rendez-vous à 13 reprises avec Alègre (“Patrice”).

Son mac était un avocat appelé “René”.

Il est possible que Josette Poiroux ait été tuée car elle cassait les prix.

==> Hélène RODES, 41 ans, mère de cinq enfants, noyée le 19 juillet 1995 dans le lac de Cazères.

La justice conclut au suicide, mais Roussel a rouvert le dossier en janvier 98, après qu’Alègre, qui a travaillé à la base nautique de ce lac, ait déclaré lors d’une audition qu’il avait “entre 92 et 95 balancé une femme dans le lac de Cazères après l’avoir  violée et étranglée”.

L’affaire a été conclue par un non lieu.

On peut encore ajouter que Cazères, c’est la ville où un incinérateur aux activités suspectes était en activité à l’époque de l’affaire Alègre, et certains pensent que des corps humains y ont été incinérés discrètement.

Une seule de ses victimes en a réchappé : Emilie ESPES, 20 ans, agressée le 10 février 1997.

Ce soir-là, elle sort en boîte avec Alègre, qui vient de rompre avec Sylvie P.

Elle s’endort dans sa voiture et sent qu’il l’étrangle.

Alègre la viole, la bat et l’oblige à passer la nuit avec lui, avant qu’elle ne s’échappe.

Alègre savait qu’il allait être identifié et est parti en cavale.

C’est elle qui permet d’identifier Alègre.

Là, on compare l’ADN avec celui retrouvé sur Laure MARTINET.

Selon l’ancien policier Alain Vidal qui a retrouvé le corps [8], Alègre a aussi tué Martine MATHIAS, secrétaire de direction chez Siemens et championne de boxe française, dans son appartement, le 21 février 1997.

Vidal a dit qu’il a “la conviction que Martine MATHIAS a été exécutée sur commande.

Ce n’est pas le meurtre d’un simple tueur en série comme on a voulu le faire croire.

C’est un contrat.

Son assassinat est lié au monde de la nuit toulousaine”.

Avant le meurtre, Alègre avait démonté le système d’éclairage de l’étage.

Ça a été classé en suicide le soir même.

Pourtant, la victime a été violée et torturée, les poignets attachés aux chevilles et son appartement a été incendié [9] via deux départs de feu différents, et VIDAL avait conclu à un meurtre en l’espace de deux heures.

Alègre avait fini par avouer ce meurtre également.

 

==> Il a aussi tué, durant sa cavale, Mireille NORMAND, 35 ans.

Les faits se sont produits en juin 1997, en Ariège, dans une communauté soixante huitarde où Alègre s’était planqué.

Le corps de Mireille Normand a été enterré dans le jardin de sa grande maison, en Ariège.

Elle a été bâillonnée, ligotée, violée et torturée [10].

==> Arrivé en Espagne, il tue Isabelle CHICHERIE, 28 ans.

Elle est employée de la SNCF et l’invite chez elle à Paris.

Battue, violée, appartement incendié.

En juin 1997, elle avait croisé Alègre en Espagne et l’avait invité chez elle à Paris deux mois plus tard.

Quand elle lui a demandé de partir, il l’a tuée.

Suite à ce meurtre, il est arrêté le 4 septembre 1997.

==> Hélène LOZ, mère de famille dont la police a dit qu’elle s’est suicidée, ce qui serait faux.

Pour les nombreux meurtres devenus des suicides, on a mis en accusation deux médecins légistes, Pierre-Marie Bras et Danièle Alengrin, qui étaient deux experts incontournables de la région.

Alengrin avait aussi conclu au suicide du juge BORREL en 1995.

Une mère de victime a été obligée par les policiers de dire que sa fille, violée et torturée par Alègre, était une prostituée.

==> 4 travestis (Jean-Tony Kokou, dit “Paco”, Gilles Laclotte, dit “Gina”, Serge et Jean-Claude Marco meurent dans l’incendie de leur appartement le 29 mars 1992 à Toulouse.

Pas d’autopsie.

En 2004, une information est ouverte pour homicides volontaires.

Nouvelle autopsie.

Traces de coups et 2 employées d’une boîte sado-maso de Lisle-sur-Tarn, en 1992 car (“elles parlaient beaucoup trop”), ont aussi disparu.

 

L’ “enquête”

Selon Fanny, Christelle Bourre (Patricia) serait peut-être un faux témoin, destiné à décrédibiliser les autres qui tentent de dire la vérité.

Fanny a écrit :

“Je n’ai rien en commun avec elle.

Elle, elle a dressé des filles pour les mettre sur le trottoir.

Elle a déclaré des choses que je ne confirme pas.

Jamais je n’ai vu Alègre et Messaoudène lester une fille d’un bloc de ciment pour la jeter dans le lac de Noé”.

Pourtant, la justice a saisi l’occasion de l’échec des recherches dans ce lac pour décrédibiliser tous les propos de tous les témoins à charge.

Au final Alègre a comparu pour 6 violés et 5 meurtres en 2002.

Mais dans le secteur de Toulouse, il y a pas moins de 191 morts suspectes entre 1989 et 2002.

Et selon l’IGPN, il y a 195 morts et disparitions non élucidés à Toulouse entre 1986 et 1997.

Les derniers non lieux dans l’affaire Alègre ont été prononcés à l’été 2010 par Jean-Dominique Panzani, président de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Toulouse.

Patricia et Fanny, elles, ont été condamnées pour dénonciation calomnieuse le 26 mars 2009.

Les premières dépositions sur les sévices sexuels commis par Alègre et Baudis ont été recueillies les 10 et 13 février 2003, à un moment où la cellule de 8 enquêteurs travaillait sur 26 enquêtes en cours.

Les premières vérifications n’ont lieu qu’en avril 2003 quand le procureur Bréard est nommé sur l’affaire.

C’est à ce moment que la cellule Homicide 31 a été réorganisée.

Juste après avoir remis son rapport, Bréard est muté à Bordeaux.

 

Vidal a écrit :

“Quelle ne fût pas ma stupéfaction d’apprendre que dans les années 88-89 une jeune fille mineure avait  été employée dans les locaux  du Commissariat Central de Toulouse.

Si j’en crois sa date de naissance, elle avait maximum quinze ans.

Pire encore, cette même personne  réapparaîtra dans le dossier Alègre comme prostituée à l’âge de 17 ans.

Fait avoué et reconnu puisque son proxénète sera condamné en correctionnelle de ce chef “.

Ou encore :

“D’autres témoins nous apprendrons que courant 87-88, à l’issu d’un repas dans une discothèque renommée de  la capitale des violettes en compagnie d’un notable également visé dans l’affaire Alègre, la personne l’accompagnant, en remontant dans son  véhicule notera qu’il y règne une odeur particulière.

Il aura la bonne idée d’ouvrir le coffre et, stupéfaction, y découvrira la présence d’un cadavre.

Il confiera alors à ses proches qu’à Toulouse, il se passait des choses très graves…

Mais, il semblerait qu’à priori, on ne signalera pas cette découverte, comme cela aurait du être le cas, à la Police”.

Au sujet des soirées à Toulouse, Vidal ajoute :

“Découvrons également qu’un des Magistrats cité dans ce sulfureux dossier “était au mieux” avec une tenancière de bar dit “Américain” où il passait de nombreuses soirées dans cet établissement à la superficie des plus modestes mais au nom évoquant un bâtiment que l’on trouve à Versailles…

Ce monsieur était très connu des autres établissement semblables situés en divers points de la ville rose.”

Très dévouée pour ses amis, cette personne organisait des soirées très chaudes, se chargeant même de trouver les lieux ou demeures pour ce faire.

Il paraît même qu’elle organisait des soirées “spéciales flics”.

Les témoins sont fort nombreux pour attester que sur le quai où était situé cet établissement c’est à longueur de nuit que les véhicules y stationnaient et que même des policiers s’y trouvaient à demeure.

Ces soirées se passaient dans les environs de Toulouse et même dans des établissements de départements limitrophes.

Selon les aveux d’une tenancière il y avait parfois jusqu’à soixante-dix personnes par soirée, de préférence masqués (mais dans la nuit, les masques tombaient d’eux mêmes) et ainsi tout ce “beau monde” se reconnaissait.

Il a même été indiqué que chaque participant réglait la somme de 4.000 francs”.

 

==> Nadia: 30 ans, soignée pour dépression nerveuse, première à expliquer que la mort de Galbardi pouvait être une punition infligée par ses proxénètes.

Mère d’un garçon de 7 ans, “recrutée” et violée par Alègre en 1991.

Puis elle a vécu avec MESSAOUDENE.

Elle raconte les relations de celui-ci avec des policiers du commissariat de Toulouse et son implication dans des trafics d’armes et drogues.

Elle a témoigné dans les colonnes de la Dépêche de ce qu’elle a vécu avec Marc BOURRAGUE et avec Alègre.

Elle se retrouve à 18 ans, en novembre 1991 sur le trottoir, face à l’hôtel de l’Europe, dans le quartier Matabiau.

Elle affirme n’avoir jamais participé à des soirées sadomasochistes.

“Mais un jour, explique-t-elle, Lakhdar m’a dit : Ce soir, tu pars avec un client pour la nuit”.

Je suis partie avec ce client, qui s’avère aujourd’hui être Marc Bourragué.

Je ne le savais pas à l’époque mais je l’ai reconnu en photo dans La Dépêche lorsque le scandale a éclaté mais aussi à une audience au tribunal de Montauban.

Ce soir-là, on a fait beaucoup de kilomètres et on est arrivé dans une grande maison à Arbas.

En fait, je suis restée deux ou trois heures avec lui et il m’a ramenée à Toulouse.

Les rapports ont été normaux, il n’y avait pas plusieurs personnes, ni d’acte de barbarie.

Il ne m’a pas payé la passe, Lakhdar m’avait dit que c’était arrangé avec lui.

De toute façon Lakhdar me prenait tout…

Pour moi, c’était juste pour une ou deux passes par jour.

Patricia m’a dit qu’il fallait être protégée et m’a présenté Lakhdar.

Il m’a amené chez lui au Mirail où il m’a “essayée”.

Il m’a enfermée durant quinze jours à clef » avant de la mettre sur le trottoir à côté de Patricia.

“À chaque passe, Lakhdar était toujours derrière moi et prenait l’argent.

Il me battait aussi, je prenais des coups”.

Sur instruction de Messaoudène, elle remettra “une seule fois, une enveloppe à des policiers que je ne connais pas”.

==> Magali: née en 1974, famille de banlieue toulousaine.

Père éducateur, mère assistante sociale.

Ado turbulente, prostituée en septembre 1991, quand elle est hébergée par Messaoudène, à 16 ans.

Le 16 novembre 1991, elle est arrêtée par une patrouille de gendarmerie avec un client dans une voiture.

Elle explique comment Patricia l’a mise en contact avec Messaoudène qui prend tout son argent, la viole et lui fait faire jusqu’à 14 passes par soir.

Sa famille porte plainte contre Messaoudène le 3 février 1992, et il est arrêté 2 mois après.

Il est jugé en correctionnelle au lieu des assises, et ne prend que trois ans de prison en correctionnelle avant d’être expulsé en 1995.

Le colonel Kouider Lakhal qui mène l’enquête a mis de côté les charges les plus graves contre Messaoudène, comme les actes de totures et les viols sur mineure.

Quand “l’affaire ALÈGRE” éclate vraiment en 2003, elle est amenée a témoigner dans le cadre de l’enquête menée par la cellule Homicide 31.

12 ans après les faits, elle se porte partie civile et porte plainte pour viol et acte de barbarie contre Messaoudène, Alègre et une troisième personne qu’elle refuse de nommer (Claude de B., alors cadre d’Aérospatiale, qui aurait été le premier mac de Fanny) le 11 juillet 2003.

Le procès se retourne contre les plaignants.

Florence Khelifi et Christelle Bourre sont condamnées pour diffamation, Magali n’est pas reconnue comme victime.

Messaoudène et Alègre obtiennent un non-lieu.

Parallèlement, avec ses parents, Magali porte plainte contre l’État pour dysfonctionnements graves et déni de justice dans la procédure la concernant alors qu’elle était mineure.

 

Au moment de la plainte de Magali contre Messaoudène, Nathalie, une autre prostituée, âgée de 19 ans à l’époque, à l’enfance douloureuse et mère d’un petit garçon de 2 ans placé à la Ddass, vend ses charmes pour subsister dans le quartier de la gare Matabiau.

Patricia l’a aussi présentée à Lakhdar, qui, assure Nathalie, “me prenait tout l’argent et me procurait les préservatifs”.

Mais le proxénète a des projets pour la jeune femme, qu’il veut placer sur le trottoir à Marseille.

Elle refuse car elle veut surtout conserver son droit de visite à son fils tous les quinze jours.

Elle dépose plainte et Lakhdar sera finalement arrêté le 24 janvier 1992 à son QG, le bar de la Meunière, par les inspecteurs Brousse et Bernardou de la sûreté toulousaine.

On savait qu’il était le mac de Line Galbardi, mais il n’a jamais été interrogé au sujet du meurtre à cette époque.

Fanny affirme être montée fin 1990 à l’Hôtel de l’Opéra, place du capitole, avec Bourragué, substitut du procureur de Toulouse, et y avoir retrouvé Jean-Jacques Ignacio, substitut général, et le procureur général de Toulouse Jean Volff (surnommé par elle “l’homme du capitole”)

==> Flics suspects: Gérard AUTHIER, ancien commissaire de la sûreté dans les années 90, entendu comme témoin par le juge Lemoine en juin 2003, Alain DREUILHE, Kouider LAKHAL, directeur de la brigade de recherches de Haute-Garonne de 1987 à 1993 qui a été mis en cause en 2003 en tant qu’ex-chef de la brigade de recherches, dix ans après la fin de se carrière, en 1993, dans une affaire de trafic de meubles volés.

D’après certains témoins, Lakhal a trainé du côté de l’incinérateur de Cazères.

Cet incinérateur était destiné aux animaux, et Lakhal était depuis 1997 président départemental de la SPA, qui avait accès à l’incinérateur.

Il a été viré de la SPA en 1997 suite à sa gestion contestée.

Lakhal nie aussi, contre toute évidence, avoir jamais rencontré Messaoudène, alors que Messaoudene dit que Lakhal lui a conseillé de se mettre au vert.

On peut aussi noter que la fille de Lakhal était amie avec l’une des disparues, Hélène Loubradou.

Depuis, Lakhal est devenu avocat…

 

Le 24 janvier 1992, Nadia dénonce son proxénète qui lui a volé 40.000 F et veut l’emmener à Marseille [11].

Messaoudène est emprisonné le 25 pour proxénétisme aggravé, sur réquisitoire de Bourragué, et le 28, il est interrogé par les gendarmes.

Le PV d’audition disparaîtra.

Condamné à 3 ans de prison, il est expulsé en Algérie en juin 1994, selon lui afin qu’il ne parle pas:

“Sur ma première condamnation, le gendarme L. m’a auditionné, il m’a demandé de me taire.

J’ai été manipulé par une société pourrie”.

Messaoudène rentre spontanément en France en juin 2003 pour y être mis en examen [12].

Il avait déjà fait l’objet d’une enquête pour proxénétisme aggravé dès le 17 novembre 1991.

En juin 2000 on met en place la cellule Homicide 31.

Le 21 février 2002, après dix jours d’audience, les assises de Haute-Garonne condamnent Alègre à la perpétuité avec une période de sûreté de vingt-deux ans.

8 janvier 2003, au bout de sa onzième audition par Roussel et des mois à la mettre en confiance sur la volonté d’élucider l’affaire, Patricia craque et avoue avoir assisté au meurtre de Line Galbardi par Alègre pour la punir d’avoir parlé.

Elle dit qu’Alègre travaillait pour Messaoudène et qu’ils étaient protégés par les inspecteurs Lionel Ziegler, et deux autres qui couvraient leurs activités contre des fellations et des “enveloppes marron de 900 francs chaque semaine”.

Fanny, ex-“gonzesse” d’un directeur de firme, M. de B., puis d’Alègre puis d’un substitut du procureur toulousain surnommé “Marcus” (Marc Bourragué), affirme avoir participé avec Patricia à des séances sadiques dans le bureau de cinq magistrats du palais de justice de Toulouse.

Elle dessine un plan du bureau de Marcus et un portrait de celui-ci, tous deux très ressemblants, en écrivant à côté: “personne meyllan [m’ayant] fait beaucoup de mal avec Patrice”.

Rapport BREARD : remis à sa hiérarchie en 2005.

Il soupçonnait un magistrat de Toulouse d’avoir eu des relations amicales avec Alègre, disant que ce magistrat s’est retrouvé sur les lieux d’un crime avant l’arrivée de la police, alors qu’il n’était pas de permanence.

Il s’agit de Marc Bourragué.

Trois des quatre prostituées figurant dans le dossier sont passées par la “protection de l’enfance” : l’Oustral, le foyer Pargaminières et Sauvegarde 31 (qui a aussi pris en charge la fille d’Alègre et les enfants de Fanny).

Laurence a fugué à 13 ans du foyer Pargaminières, et s’est retrouvées entre les mains de Messaoudène et du policier Z.

Elle veut s’en sortir, va voir le directeur de l’Oustral Jean-François Curvale, qui contacte à ce sujet son “ami magistrat” au parquet financier de Toulouse, c’est-à-dire Marc Bourragué.

Laurence en a aussi parlé à la police des polices, qui n’a rien fait. Z. a été muté à Blagnac mais n’a eu aucune sanction.

 

En 2003, on constate que le dossier judiciaire de Messaoudene a disparu des archives.

En 1992 il avait déjà eu une procédure pour proxénétisme aggravé.

Il a nié connaître Alègre et les prostituées qui l’accusent.

Pourtant au moins deux d’entre elles figurent déjà dans la procédure de 1992, et une était mineure.

A cette époque, Messaoudène disait qu’il travaillait dans les produits pharmaceutiques pour Baudis.

En 1995, Messaoudène a été expulsé de France.

Il a montré un passeport qui prouverait son innocence pour le meurtre de Galbardi.

Selon Patricia, Alègre avait ses entrées au commissariat, trois inspecteurs de la brigade des mœurs de l’époque, dont l’un est toujours en activité ont touché des enveloppes en échange de leur protection.

Patricia a avoué avoir mis des mineures sur le trottoir.

On ne s’est jamais occupé de les retrouver, et encore moins leurs clients.

Elle a aussi parlé de racket des prostituées par les flics, sans que rien n’ait été fait pour que cela change.

Selon Roussel,

“En 1995, alors que Patrice Alègre est hébergé chez un ami, une mineure du voisinage remarque plusieurs matins de suite qu’un individu la suit lentement sur le chemin du lycée ou s’embusque dans une 205 blanche.

Son père décide de piéger seul l’individu qui menace sa fille.

Un matin, il a suivi sa fille discrètement et, dès qu’il a vu la voiture, il s’est précipité sur le capot.

A travers le pare-brise, il a distinctement discerné le visage du conducteur qui a immédiatement démarré en trombe, le jetant du même coup à terre.

Des années plus tard, le père de l’adolescente, lorsque nous lui avons présenté des photos de Patrice Alègre, a été formel… “

L’écoute téléphonique judiciaire du 7 novembre 1996 à 21h14 enregistre la conversation d’Anita Brumark (plus tard condamnée pour proxénétisme) et d’une prostituée de son réseau parisien démantelé Wafaa (37 ans en 2003, domiciliée à Paris), orthographiée “Vafa” sur les écoutes.

Elle parle de Dominique Baudis comme d’un client “sûr” de Toulouse qui “monte une fois par semaine ou tous les quinze jours” [13].

Comme par hasard, les flics n’ont jamais retrouvé la dénommée Wafa que le juge N’Guyen voulait auditionner, car elle se trouvait dans une autre ville.

 

En février 2002, Alègre est condamné pour 5 meurtres et 6 viols.

Puis, Fanny et Patricia, qui avaient fui la région de Toulouse après le meurtre de Line Galbardi, sont mises en confiance par Roussel et elles parlent des soirées toulousaines.

La deuxième affaire commence, impliquant des notables, dont Baudis.

Le 22 février 2003, Pierre Roche, président de la cour d’Appel de Montpellier et ancien magistrat à Toulouse, est suicidé.

Juste avant, il a parlé à ses enfants des soirées sado-maso des notables et magistrats toulousains, ainsi que de leurs arrangements avec la “””justice”””.

Il est incinéré contre sa volonté très rapidement après sa mort.

Le 15 avril 2003, le procureur Bréard ouvre une information judiciaire “contre Patrice Alègre et tous les autres” pour “proxénétisme en bande organisée, viols, viols en réunion, viols par majeurs ayant autorité sur mineures, actes de tortures et de barbarie”.

L’enquête est divisée en deux: les patrons de la section de recherches de Toulouse écartent de la partie consacrée aux notables (confiée aux juges Thierry Perriquet et Nicole Bergougnan).

Roussel qui, sous la direction du juge Serge Lemoine, ne se consacrera plus qu’aux vingt-trois meurtres imputés à Alègre.

La hiérarchie de la gendarmerie reprochait à Roussel d’avoir acté sur procès-verbal les noms qui dérangent, et de ne pas avoir “tamisé les auditions”, ce qui est pourtant illégal.

Le 12 mai 2003, une nouvelle équipe d’enquêteurs est nommée autour de l’adjudant chef Patrick Mouret, qui vient de la cellule Homicide 31.

Le 14 mai, on dit que Patricia est une affabulatrice.

Le 13 mai, Patricia et Fanny se rendent à la brigade d’Artix dans les Pyrénées Orientales, et accusent Baudis, Douste-Blazy et André Labarrère d’être impliqués dans une affaire de pédophilie.

Elles précisent que des séances sado-maso allant jusqu’à la mort étaient filmées.

La petite Marion Wagon serait enterrée avec d’autres corps dans 12 mètres de béton sous l’autoroute.

En faisant ces révélations, Patricia est terrorisée.

C’est aussi en mai 2003 que Henri Masse, ancien propriétaire de la Maison de Noé, disparaît.

Le 18 mai Baudis fait son show sur France 2 et révèle être accusé par des prostituées.

Le 22 mai 2003, VSD révèle l’écoute téléphonique judiciaire de Wafaa qui parle de Baudis comme d’un client régulier à Paris.

Pourtant, Baudis dit:

“Quand on est maire, tout est noté, consigné.

Tous les soirs, j’étais chez moi avec ma famille”.

Avant même que leurs noms ne soient cités publiquement, Dominique Baudis, Marc Bourragué, un ancien substitut du procureur de la République de Toulouse, Jean Volff, ex-procureur général de la cour d’appel, ou encore Jean-Jacques Ignacio, avocat général, ont choisi de prendre les devants pour se défendre et clamer leur innocence.

Note de la gendarmerie remise au ministère de l’Intérieur le 21 mai par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) et publiée dimanche dans le Monde, qui soulignait que “les éléments matériels décrits par les témoins n’ont pas été découverts” et estimait que les témoignages de Fanny et Patricia “apparaissent pour l’instant d’une crédibilité douteuse”.

Cette note blanchit aussi BAUDIS et les notables, et dit que rien ne prouve les liens d’Alègre avec eux.

 

Le syndicat de la magistrature avait demandé le dépaysement du dossier, mais les avocats de plusieurs intervenants ont refusé.

Barrau a aussi refusé, selon Perben.

Entendue par le juge le 22 mai 2003, Fanny dit que

“des policiers venaient la chercher comme un dû dans son studio pour l’emmener le soir, au palais de Justice à des magistrats qui la prenaient de force dans les bureaux”.

Sur les photos montrées par les gendarmes, elle reconnaît sans hésiter cinq magistrats et montre “sur le plan les bureaux qui correspondent bien à ceux de ces hommes”.

Il s’agit de trois magistrats de la cour d’appel, un président de chambre correctionnelle et du substitut du procureur surnommé “Marcus”, Marc Bourragué.

Elle dit avoir été emmenée “dans une belle demeure près du casino de Salies-de-Salat”, en présence du surnommé “Nénette”, Dominique Baudis.

Elle a raconté deux scènes de viols.

Le premier viol se serait passé dans une chambre d’un grand hôtel, place du Capitole.

Trois magistrats, connus et déjà cités, auraient sodomisé “Fanny”, pendant que l’un l’attrapait par les cheveux et que l’autre la brûlait avec des cigarettes.

L’autre scène se serait déroulée dans un parking, où des policiers l’auraient violée.

“Fanny” a aussi raconté à M. Perriquet les pressions – évoquées devant le juge Lemoine, le 3 mars – qui auraient été exercées sur elle pour qu’elle désigne des visages au hasard si les gendarmes lui montraient des photos de magistrats.

C’est le flic Ziegler qui l’aurait poussée à le faire.

Aucun des magistrats et policiers mis en cause n’a été entendu par les juges [14].

Le garde des sceaux a annoncé jeudi 22 mai avoir demandé l’ouverture “d’une enquête sur les conditions dans lesquelles le secret de l’instruction est ou non respecté par les différents acteurs de la justice” dans l’affaire Alègre.

Enquête confiée à Barrau, nommé la veille par le conseil des ministres en tant que nouveau procureur général à Toulouse.

C’est le début du “recadrage” du dossier.

Quelques jours plus tard (27 mai 2003), Djamel se rétracte et est mis en examen pour “dénonciation de crime imaginaire”.

Le 28 mai 2003, Perben annonce que Jean Volff est démis de ses fonctions pour n’avoir pas averti la chancellerie et le garde des Sceaux “des éléments qui étaient à sa disposition”.

Il le remplace par le procureur de la République de Créteil, Michel Barrau (surnommé “l’effaceur”), qui avait méticuleusement déminé l’affaire des HLM de Paris, qui concernait les magouilles de Chirac.

Le même jour, Baudis demande sa mise en examen.

Le 29 mai, le ministre de la Justice Dominique Perben déclenche une enquête sur les violations du secret de l’instruction.

 

Le 4 juin 2003 un conseiller municipal de Toulouse, Xavier Eychenne, dit que Baudis est bien allé dans des soirées spéciales.

Il est viré moins de deux semaines plus tard par Douste-Blazy alors maire de Toulouse, à la demande de Baudis.

Eychenne a été balancé par une ophtalmologue de la clinique où il travaillait.

En juin 2003, Laurent Nion, juge d’instruction qui a émis des doutes sur Bourragué auprès de sa hiérarchie.

Il a eu droit à deux inspections du ministère de la Justice.

Michel Roussel demande à partir en retraite.

Le lendemain de son départ, le système de surveillance électronique mis en place en mai 2003 par le GIGN pour Fanny et Patricia est arrêté.

Le 20 juin 2003, Patricia est mise en examen pour “complicité de faux témoignage” en ayant manipulé Djamel, qu’elle aurait connu depuis des mois et hébergé, et elle est incarcérée.

Il avait notamment expliqué comment il avait participé, sur recrutement par Alègre et avec des personnalités, à des “parties” sadomasochistes au château d’Arbas, propriété aujourd’hui du service social de la mairie de Toulouse.

Le même jour, Lakhdar Messaoudène revient d’Alger et se rend à la justice.

Il avait été arrêté et écroué pour proxénétisme, en 1992, moins d’un mois après le meurtre de Line Galbardi, avant d’être expulsé en Algérie après avoir purgé sa peine.

Il est aussi désigné par Patricia et Fanny, comme l’organisateur, aux côtés de Patrice Alègre, de soirées sadomasochistes auxquelles auraient participé des magistrats, des policiers et des notables toulousains.

Le 23 juin Messaoudène est mis en examen pour complicité d’assassinat de Line Galbardi avec Alègre.

Le 23 juin 2003, Jean Volff, malgré sa faute professionnelle, est nommé à un poste plus important: avocat général à la Cour de cassation, sur décret de CHIRAC.

Le 1er juillet, il nie toutes les accusations portées contre lui dans Le Figaro.

Fanny aurait quitté Toulouse en 1992, et VOLFF n’y serait arrivé qu’en 1994, il n’aurait donc pas assisté aux soirées SM.

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Le 25 juin, Patricia est placée en détention provisoire, notamment, dit-on, pour des raisons de sécurité.

Djamel aussi a été envoyé en taule pour “témoignage mensonger”.

Les seuls à avoir été emprisonnés sont ceux qui se disaient victimes.

De l’autre côté, les accusés se sont portés partie civile…

“On peut s’étonner de ces constitutions de parties civiles alors que ces personnes n’étaient pas dénoncées publiquement et que les faux témoignages étaient théoriquement couverts par le secret de l’instruction”, a noté un avocat.

Le 27 juin Alègre se rétracte dans une lettre au procureur Barrau, par rapport à sa lettre à Karl Zéro.

En juillet 2003, Jean-Jacques Ignacio demande le renvoi de Messaoudène en correctionnelle et pas aux assises, pour les dossiers “Fanny” et “Magali”.

L’affaire de viol n’a pas été retenue par la justice, ni les violences physiques.

En parallèle, on refuse à Patricia et Fanny de se porter partie civile pour les violences qu’elles ont subies lors du meurtre de Line Galbardi, alors que ceux qu’elles accusent ont pu le faire.

Arnaud Montebourg a laissé entendre qu’il y avait des pressions du “pouvoir exécutif” sur la Justice.

Le 2 juillet, la presse annonce que André Mayrac, 58 ans, proprio de plusieurs établissements de nuit à Toulouse [15], veut être entendu par les juges chargés de l’affaire.

Cela, “dans un souci de clarté et pour sa sécurité”.

Mayrac détenait des milliers de photos et de vidéos concernant les soirées SM de Toulouse au début des années 90.

Il s’agirait de photos “accablantes”.

Selon Mayrac, ces photos ne concernaient pas directement les acteurs supposés de l’affaire Alègre, même s’il laisse entendre qu’y figurent des personnes qui ont, depuis, connu de beaux itinéraires professionnels ou électifs dans la ville.

Quelles sont les garanties qui ont été offertes à Messaoudène qui risque gros s’il est reconnu coupable de ce qui lui est reproché.

Selon certaines informations, une nouvelle stratégie a été mise au point par tous ceux qu’inquiète la résurgence du rôle de Patrice Alègre.

Elle consisterait plutôt qu’à nier, à faire dire par d’incertains témoins des énormités qui discréditeraient l’enquête toute entière.

Le 17 septembre 2003, Fanny revient sur ses accusations de viol concernant Dominique Baudis.

En septembre 2003, Magali porte plainte contre l’État pour faute lourde : elle était mineure et la justice n’en a pas tenu compte.

Elle a été victime de deux viols en novembre 1991.

Elle a des cicatrices, des marques de brûlures de cigarettes au niveau des seins, des marques aux avant bras typiques des pratiques SM…

Extrait du téléfilm Notable donc Coupable:

Lakhdar Messaoudène est libéré à la mi-octobre 2003, suite aux rétractations de Fanny, qui a dit qu’il n’était pas là lors du meurtre de Line Galbardi.

En février 2004, Patricia refuse de revoir le juge Perriquet, qui veut selon elle enterrer le dossier et la traite comme une coupable.

Elle quitte la confrontation avec Fanny.

De fait, il voulait la mettre en examen, mais le parquet s’y est opposé, rappelant qu’il fallait instruire à charge et à décharge.

Le Figaro du 19/06/2003 parle du “vrai-faux dessaisissement de Nicole Bergougnan“.

“Au Palais de Justice de Toulouse, on soulignait la “mésentente” entre Nicole Bergougnan et Thierry Perriquet, qui de concert instruisent le volet sadomasochiste de cette affaire…

Les plus retors croyaient eux savoir que, tandis que Nicole Bergougnan  cherchait à avancer, Thierry Perriquet avait, lui, le pied sur le frein…

Au plus fort de la rumeur est même “tombée” une dépêche AFP, dûment certifiée par une “source judiciaire”, annonçant le remplacement de Nicole Bergougnan  par Jean-Claude Vaucheret.

Puis venant de Toulouse, le vent de la rumeur a peu à peu changé de camp.

Et la Chancellerie a finalement officialisé que la juge Bergougnan  gardait l’affaire Alègre…”

En juin 2003 a lieu la confrontation Patricia / Baudis.

L’avocat de Patricia dénonce le comportement du juge Perriquet et parle de demander sa révocation.

En juillet 2004, “Laurence”, une des prostituées, explique qu’elle a été frappée au visage quelques jours plus tôt par MESSAOUDENE, ce qui lui a valu deux points de suture.

Les faits se sont produits lors d’un dîner organisé par une connaissance commune.

“Les coups auraient été portés à la suite d’une “discussion” animée portant sur les liens présumés existant entre le proxénète et le tueur en série.

Des liens que Laurence affirme bien connaître pour avoir fréquenté les deux hommes au début des années 90 sur les trottoirs du quartier Matabiau”, explique La Dépêche du 22 juillet 2004.

“Laurence, de son côté, a fait constater ses blessures par un médecin et entend porter plainte malgré l’accueil indifférent de la cellule de gendarmerie “Homicides 31″ où on l’a simplement incitée à s’adresser à son commissariat de quartier.

Autre incongruité de la situation, ces dernières semaines, Lakhdar et Laurence, aux intérêts pourtant antinomiques, partageaient le même avocat, Me Kamel Benamghar.

Ce n’est plus le cas.

Dans l’affaire Alègre, Laurence est d’abord celle qui a mis directement en cause un policier de l’ancienne brigade des mœurs.

Elle dit qu’il avait négocié ses charmes en échange de l’indulgence pour son souteneur.

Ce policier n’a toujours pas été entendu”

 

Le 11 juillet 2005, non lieu général confirmé par la chambre d’instruction de Toulouse dans l’affaire des notables et du réseau de prostitution.

Le 20 juillet 2005, Patricia et Fanny sont condamnées à 3 ans de prison ferme et 5 ans de privation de droits civiques dans le volet “Djamel” de l’affaire, alors que Fanny n’a jamais rencontré Djamel qu’elle ne connait pas.

En février 2007, un reportage de France 3 donne la parole à différents témoins du milieu de la nuit à Toulouse, qui déclarent que le successeur de Roussel à la tête de la cellule Homicide 31, Jean-Pierre Nicolaon, traine dans ce même milieu de la nuit.

Les propos de ces témoins sont corroborés par une ancienne procureure de Toulouse, Mme Vignaux-Rabastens qui estime que ces activités sont peu compatibles avec ses fonctions.

Nicolaon a poursuivi le journaliste et les témoins pour diffamation, et tous ont été relaxés.

Le journaliste Olivier Bonnet a aussi remporté une procédure intentée contre lui par Bourragué, pour “injures envers un fonctionnaire public”.

Bonnet a été relax par la 17e chambre correctionnelle à Paris.

En juillet 2008, Alègre reçoit des ordonnances de non lieu pour trois des meurtres dont il était suspecté, et un viol avec arme: les meurtres de Josette Legoy, Josette Poiroux, Patricia Gélis et le viol de Françoise D.

Le 26 mars 2009 Fanny et Patricia prennent 3 ans de sursis pour dénonciation calomnieuse.

Les derniers non-lieux pour des crimes non élucidés sont rendus durant l’été 2010 et en septembre 2010, par Jean-Dominique Panzani de la cour d’appel de Toulouse.

Selon plusieurs témoins, la cocaïne coulait à flots lors des soirées, notamment à la maison de Noé.

 

Peu avant d’être suicidé, Djamel (Pierre-Olivier Puis) a écrit au juge d’instruction qu’il a été forcé par les gendarmes à signer des déclarations disant qu’il avait été manipulé pour accuser les notables.

Il avait aussi dit avoir assisté à la mise à mort d’adultes et d’enfants, dont la petite Marion, qu’il était chargé de filmer.

Il est mort juste avant de revoir le juge.

Dans sa lettre à Karl Zéro, Alègre affirme que ce sont Baudis et Bourragué les commanditaires.

Fanny a subi des pressions pour qu’elle accuse Jean Volff.

Ainsi, on a jeté le bébé avec l’eau du bain et toutes ses déclarations ont été décrédibilisées, surtout celles concernant Baudis.

Elle a aussi été obligée à se rétracter concernant Baudis:

“Lors d’une confrontation, j’ai dû me rétracter car je ne dispose d’aucunes preuves matérielles contre lui.

Je n’avais pas les moyens d’argumenter.

Je n’avais pas le choix.

Épuisée, sous tranquillisants, je ne pouvais m’opposer à des gens aussi puissants”, dit-elle.

Jugement en faveur de l’asso Stop à l’oubli : condamnation de Baudis pour diffamation contre Michel Roussel, le chef de la cellule Homicide 31 :

“Attendu qu’afin de traiter ce second volet de l’affaire Alègre impliquant des notables, la hiérarchie de la gendarmerie a décidé de réorganiser la cellule Homicide 31 en confiant ce volet à un nouvelle équipe d’enquêteurs dirigée par l’adjudant chef Patrick Mouret”…

Baudis avait dit que Roussel serait un naïf et n’aurait pas vérifié les propos des prostituées, qu’il était complaisant, qu’il les avait orientées dans leurs réponses, et qu’il avait enfreint la procédure.

“On pouvait par ailleurs difficilement reprocher à Michel Roussel de n’avoir effectué aucune vérification alors que sa hiérarchie l’avait dessaisi de l’enquête avant qu’il ne puisse lui-même y procéder”.

En plus, Baudis avait accès au dossier entier, mais n’a fait que se baser sur des articles de presse.

Gabriel Loubradou a dit:

“Tant que Patrice Alègre apparaissait comme un tueur psychopathe, cela ne posait de problème à personne.

Mais à plusieurs reprises, il tue sur ordre.

Il a des commanditaires qui sont manifestement protégés.

Différents trafics apparaissent en arrière-plan.

Chercher plus loin, ce serait prendre le risque de révéler des liaisons dangereuses”.

 

Les personnages clés

 

Patrice ALEGRE

Né à Toulouse le 20 juin 1968, fils de Roland Alègre, CRS et d’une mère elle-même enfant de la DDASS.

Premier cambriolage à 13 ans, chez les voisins.

Il est placé en foyer (1981) où il dit avoir été violé par deux autres jeunes.

De 1981 à 1986 il vit chez sa grand-mère et multiplie les actes de délinquance.

Son père fait jouer ses relations pour lui éviter la prison.

En 1985 à 17 ans, il tente pour la première fois d’étrangler sa copine.

Dealer et portier de boîte, violeur en série.

Cette année-là, il est arrêté en avril pour un vol de mobylette, ses empreintes digitales sont relevées.

C’est aussi en 1985 qu’il commence à avoir des relations avec un travesti.

Par la suite, il le revoit régulièrement, ainsi que d’autres travestis.

Grâce à son père qui le sort toujours d’affaire grâce à ses relations, il trouve un job de barman au commissariat de Toulouse.

En 1989 sa compagne Cécile C. a une fille, Anaïs.

Autre compagne : Sylvie Prouillhac, gérante de boite de nuit.

Ses deux parents ne sont jamais venus le voir en prison.

Il a avoué ne s’être arrêté de tuer que pendant deux ans.

En 1994, il casse la mâchoire de Cécile, sa compagne.

Il est condamné pour coups et blessures volontaires et fait plusieurs semaines de prison.

En 1995 il la quitte pour Sylvie P.

Fin 1997, Sylvie Pouilhac, avec qui il vit depuis mai 1995 et qu’il connaît depuis 1992, le quitte en lui interdisant l’accès à la boite de nuit qu’elle gère, Planète rock (ex-Voie-12, à Toulouse).

Elle tente de rentrer chez elle sans lui, mais il la rattrape et lui fait une scène très violente, avec coups et menaces de mort dans la rue.

La police intervient.

En 1997, un commandant de police fait une enquête discrète pour tenter d’expliquer le comportement de certains policiers vis à vis d’Alègre.

Il retrouve les pièces de cette altercation et découvre que la police sait parfaitement à qui elle a affaire avec Alègre et surtout qu’il est fiché comme violent et comme voleur.

 

Quand il part de chez elle il lui prend ses cartes bancaires.

Lors de sa fuite, en mars 1997, Alègre est à Aubenas, chez son ancien amant médecin.

Déçu, il quitte Aubenas, le médecin ne pouvant lui faire faire des casses (ce médecin est soupçonné d’avoir été le “formateur” d’Alègre au trafic d‘objets anciens, selon Roussel).

D’après un de ses codétenus [16],

“Il connaissait aussi du monde dans le grand banditisme.

On a trouvé beaucoup de personnes qu’on connaissait ensemble.

Des gens qui sont aujourd’hui arrêtés, et des gens qui sont en liberté.

C’était quelqu’un de connu dans le milieu, il y était quelqu’un de correct.

C’est pour ça qu’il a du mal à être une balance”.

 

“Je sais que Patrice Alègre connaît aussi le secteur de Sète et surtout le Cap d’Agde, pendant la période estivale.

Il y a beaucoup de monde interlope qui travaille là-bas, avec les casinos, l’échangisme, le camp naturiste le plus grand d’Europe.

Moi aussi je suis allé dans le secteur à cette période, et on en a parlé”.

 

” Alègre a été plusieurs fois “bodyguard” pour les bars américains de Toulouse.

Moi, j’y vendais de l’alcool (N.D.L.R. : clandestinement) ça a été un temps mon boulot, et je connais le fonctionnement d’un bar américain.

L’un des bars où il a travaillé sur les bords de la Garonne, dans une petite ruelle, a pris feu, c’était un feu criminel.

Il connaissait bien ce monde de la nuit et des bars américains”.

 

“Le truc que je sais, c’est qu’il procurait de la bonne cocaïne pour du beau monde.

Il jouait l’intermédiaire, il achetait moins cher, il revendait plus cher pour ces gens-là.

Il fréquentait le Shangaï, il y était connu, aussi.

Vous savez, quelqu’un qui a une bonne coke, il se balade dans tous les bars où on le connaît, où il fixe ses rendez-vous.

Dans la même soirée, il pouvait passer dans trois, quatre, cinq bars”.

 

“J’ai pas de noms, mais il me disait que beaucoup de monde, par exemple des hauts fonctionnaires, venait dans des bars américains pour savourer du sexe.

Beaucoup de monde aussi qui cherchait de la cocaïne de bonne qualité, et lui, il avait des contacts pour la drogue.

Je suis persuadé qu’il a été un intermédiaire, mais il n’était pas le seul à procurer des drogues, des filles, dans des soirées un peu spéciales qui existaient à Toulouse.

Il y avait une demande de filles pour les soirées sado-masochistes, il connaissait du monde pour faire ce boulot, et ça rapporte aussi de l’argent, il en avait besoin”.

 

“Il connaissait des gens bien, pas ceux qui fréquentent les bars américains, et ces gens bien avaient du sexe un peu hors du commun.

Du sadomasochisme, des homosexuels aussi.

Il m’en a parlé dans des conversations où il essayait de me faire comprendre que tout le monde peut basculer, comme lui a basculé.

Quand on a un goût pour le sadomasochisme, par exemple, on peut basculer, parce que tous les jours on veut passer à quelque chose de plus fort.

Ça suffit pas de taper, il faut faire un peu plus”

 

Un jour, il m’a dit :

” Si je parle, beaucoup de grosses têtes vont tomber.

Je suis persuadé qu’il sait beaucoup de choses sur beaucoup de monde”.

 

“Ce qu’il pouvait sentir quand il couchait avec une fille qu’il violait et qu’il tuait, il ne pouvait pas le ressentir avec une fille qui couchait avec lui normalement.

Et ça, périodiquement, ça lui manquait.

Ça lui donnait à nouveau l’envie de goûter à cette espèce d’extase que lui procurait le mélange de la drogue et de tout le reste.

Parce qu’il m’a expliqué qu’au moment où il commettait ses crimes, il prenait une espèce de cocktail molotov de différentes drogues.

De la cocaïne, mais aussi de l’ecstasy, du haschich, de l’alcool (…)

Il avait envie d’arrêter, mais c’était plus fort que lui.

Après une période, il avait un manque.

Il fallait qu’il le fasse encore une fois.

Il ne m’a pas dit s’il a commis d’autres crimes.

Il m’a expliqué que les enquêteurs cherchaient à lui mettre sur le dos beaucoup de crimes non résolus qu’il n’a pas commis”.

 

D’après Patricia, Alègre était lié au clan Perletto dans le Var.

 

L’été 1991, elle s’est prostituée dans un bar de Saint Laurent du Var, grâce à Franck Perletto, sur recommandation d’Alègre.

D’autres témoignages corroborent ces affirmations.

Perletto était l’un des adjoints de Francis Le Belge, tué en 2000.

Or, l’avocat de Fanny en 2003 n’était autre que le ténor varois Jean-Claude Giudicelli, a été l’avocat de Franck Perletto ou encore d’un des assassins de Yann Piat.

Vu les finances exsangues de Fanny, et que les ténors ne prennent pas l’aide juridictionnelle, on se demande pourquoi Giudicellei a accepté de travailler presque gratos…

A ce moment, Alègre s’est trouvé en taule avec un bras droit de Perletto (Raymond Mihière), et c’est là qu’il s’est isolé totalement et s’est rétracté.

Mihière aurait conseillé à Alègre (qui en principe était au secret) de changer sa stratégie de défense.

C’est lui qui lui a suggéré de prendre Collard comme avocat.

Mais Collard n’a jamais été l’avocat de Mihière, contrairement à ce qu’a dit Collard.

Le 17 juin, Alègre écrit à Collard.

Le lendemain, c’est au tour du nouveau procureur général de la cour d’appel de Toulouse, Michel Barrau, de recevoir un courrier signé Patrice Alègre.

“La Dépêche du Midi” révèle l’existence de cette correspondance, d’abord démentie par Michel Barrau puis confirmée le 19 juin.

Entre-temps, la lettre est partie pour avis à la chancellerie.

Plus surprenant, le tueur en série, qui affiche un niveau scolaire pour le moins modeste et de grosses lacunes en orthographe, cite au passage selon la Dépêche, un extrait de “L’homme révolté” de Camus.

L’écrivain préféré de Raymond Mihière [17]…

C’est après l’arrivée de Guidicelli que Fanny a déclaré n’avoir jamais rencontré Baudis.

Bourragué était ami avec le procureur Kubiec, camarade de promotion de Pierre Roche.

Selon les enfants Roche, tous les magistrats cités dans l’affaire Alègre se connaissaient très bien, et étaient aussi proches de Pierre Roche. (Volff et Ignacio).

 

Marc BOURRAGUE

Membre fondateur de Sauvegarde 31, l’association qui a eu en charge le placement de Fanny puis celui de ses enfants, ainsi que de plusieurs jeunes prostituées prises dans le milieu toulousain.

Entré au palais de justice de Toulouse en 1989, jusqu’en 1992 quand il part à Montauban comme procureur adjoint.

Il représentait le ministère public au tribunal de commerce de Toulouse.

C’est à cette époque que Guigou lance une inspection générale des services au TGI, et Bourragué est dans la ligne de mire.

En 1991, Alègre a pris l’apéro chez lui en compagnie de Gilles Bivi.

Bourragué dit qu’il a coupé les ponts avec Bivi en 1997.

Différents P.V. attestent que plusieurs témoins, à des moments différents, les ont vus ensemble :

– au relais de Fonbeauzard, anciennement “Le Mariel”

sur P.V. du 10.08.2004 , M. P., propriétaire du relais de Fonbeauzard, dit avoir vu à la même table Alègre, Bivi et Bourragué et notamment lors d’une fête du Beaujolais Nouveau.

sur P.V. du 19 août , D.M. client du “Mariel”, se souvient « avoir vu Bourragué, au comptoir, avec Patrice » et ajoute :

“ce sont des gens qui donnaient l’impression de bien se connaître”.

– à son domicile (P.V. du 04.11.2004)

Ryad Kouka, ancien restaurateur, affirme avoir surpris des visites d’Alègre au domicile de Bourragué.

De plus, le patron de Fanny quand elle travaillait au restaurant “Le Venise”, un certain Kouka, a affirmé au juge qu’il avait vu Fanny en compagnie de Bourragué, selon le rapport Bréard [18].

Au début des années 90, un policier municipal a verbalisé la voiture de Bourragué devant une maison de Launaguet lors d’une réunion de truands:

“Les gendarmes de la section de recherches m’avaient dit que ces individus étaient des braqueurs et que, parmi eux, se trouvait un nommé Gilles Bivi”

En 1996 il a failli passer en correctionnelle pour avoir fait faire des travaux au noir chez lui, par la SOTRAME, à laquelle le fisc s’intéressait.

La SOTRAME était alors dirigée par l’ancien trésorier de Sauvegarde 31.

Le dossier a été classé sans suite + affaire des travaux chez Bourragué par la COFITEC vers 1990-1991.

 

Le Rapport Bréard révèle aussi les marchandages autour de la discothèque “le Saint Georges” et la licence IV de cet établissement, apportée par Mr T., un ami de Bourragué, membre lui aussi de Sauvegarde 31.

En 1998, à propos de l’affaire Escoulan, grande firme toulousaine, le juge d’instruction Laurent Nion reproche à sa greffière de communiquer des pièces à Bourrégué qui n’y a aucune fonction officielle, et l’IGSJ enquête.

Bourragué finit par avoir une promotion.

En janvier 2001, une lettre anonyme arrivée au cabinet du juge Nion le dénonce comme étant au centre d’un pacte de corruption impliquant Jean-Marcel Lavergne, un administrateur judiciaire de premier plan mis en examen et incarcéré en novembre 2000.

Il s’agissait du redressement judiciaire de la société Escoulan, basée à Tournefeuille, près de Toulouse, une grosse entreprise de distribution régionale qui a déposé son bilan en 1992.

Des accusations graves qui n’ont jamais été vérifiées.

Les anciens présidents du Tribunal de Commerce ont pointé un certain nombre de procédures dans lesquelles la position de Marc Bourragué , en tant que Substitut chargé des Affaires financières pose problème : la SARL Sofabat, Le Cristal (où Alègre aurait été employé comme portier), la SARL Scaravetti, la SARL Les Compagnons (dont le siège est au Restaurant le Belvédère)….

Ils confirment que Bourragué avait table ouverte dans ce restaurant, propriété d’A. F.

Or les sociétés d’A. F. qui étaient en redressement judiciaire ont fait l’objet d’une ordonnance de dépaysement au Tribunal de Montauban, où Bourragué est Vice-Procureur depuis 2002.

Fanny a dit qu’elle a été sa “maîtresse” quand elle était encore mineure.

Et qu’elle lui a volé des vidéos compromettantes.

Elle les aurait cachées en compagnie de Claude Martinez et un autre travesti dans la région de Biarritz. Bourrégué aurait cherché à racheter ces vidéos.

Il y a aussi un témoignage particulier, celui d’une prostituée appelée Marie Tiblemont, qui a déclaré sur PV que Bourragué avait des demandes spéciales, comme se faire uriner dans la bouche.

Mais, cette femme était aussi, semble-t-il, membre du comité de soutien à Dominique Baudis. Pourtant, son témoignage est diffusé dans Paris-Match.

Alors qu’il était substitut au parquet financier, il s’est rendu sur les lieux du meurtre d’Edith Sschleichardt et de Line Galbardi avant l’arrivée de la police.

En juillet 2007, Bourragué n’avait encore été entendu que comme une victime, jamais comme témoin ou coupable.

Il a dit qu’on s’en prenait à lui car il avait attaqué des franc-maçons.

Sous-entendant qu’il n’en était pas.

Dans son rapport, essentiellement tourné sur le cas de Bourragué, l’auteur s’étonne que Bourragué ait instruit lui-même un dossier pénal le concernant, sans que cela ne pose problème au parquet de Toulouse.

 

Dominique BAUDIS

Ancien député maire de Toulouse et président du CSA au moment de l’affaire.

Il est aussi le fils d’un ancien maire de Toulouse.

Maire de Toulouse lui-même de 1982 à 2001, élu à chaque fois au premier tour avec 56% des voix.

C’est Douste-Blazy dont il était la parrain politique qui lui succède avant d’aller au gouvernement.

Ses agendas n’ont jamais été saisis par les juges, malgré plusieurs demandes en ce sens.

Il a fait surveiller Douste de très près en réclamant qu’il le soutienne de manière ostensible.

Il lui reprochait aussi de ne pas l’avoir informé de sa mise en cause dans l’affaire Alègre.

Selon Baudis, Douste et quelques autres propageaient des rumeurs à son sujet, via “La Dépêche du Midi”.

Et tout cela n’est qu’une cabale orchestrée parce que Baudis, président du CSA s’en était pris à la pornographie à la télé, lui qui rentre chez lui tous les soirs pour rester avec sa tendre épouse.

Il y avait en revanche un groupe pro-Baudis autour du député Jean Diebold.

D’après Patricia, il se faisait surnommer “nénette” lors des séances sado-maso, dont une s’est déroulée à l’hôtel de l’Europe et une autre chez Messaoudène.

On apprend grâce à des indiscrétions que de mystérieuses réunions tenues entre Barrau et Perben ont permis de mettre au point une tactique : il faut d’abord combattre les fuites judiciaires de manière à arrêter l’hémorragie.

Puis (mais c’est au conditionnel) il faut décrédibiliser les témoignages des anciennes prostituées.

Cela a d’ailleurs commencé avec la rocambolesque attaque de Baudis contre l’industrie du porno.

Deuxième volet : affirmer que ces pauvres filles ne sont en définitive que des prostituées (et merci pour l’égalité des citoyens).

On se demande d’ailleurs à Toulouse qui a bien pu aiguiller le travesti Djamel, témoin totalement improbable, vers les caméras de TF1.

 

Au sujet de la nomination de Baudis au CSA, l’association Stop à l’Oubli se disait scandalisée et a écrit :

“ce que nous lui reprochons avant tout ce sont ses mensonges lors de son intervention télévisée du 18 Mai 2003, lorsqu’il a expliqué n’avoir jamais eu de lien avec le milieu du proxénétisme et de la prostitution (…)

Or ces propos ont été démentis par des écoutes téléphoniques parfaitement légales puisque exécutées à la demande de la justice dans une affaire de proxénétisme qui n’avait rien à voir avec l’affaire Alègre et révélées par l’hebdomadaire “V.S.D” le 22 Mai 2003, sous le titre : “Le document qui dérange” [19].

Il est en effet incroyable que les autorités aient hésité entre Dominique Baudis et Jack Lang pour occuper ce poste.

Cela montre en tout cas dans quel type d’Etat nous vivons.

Concernant Dominique Baudis, Paul-Emile Charlton, qui a enquêté sur plusieurs affaires dans le sud de la France dont celle-ci, a posé une question interpellante:

Il a demandé ce qu’il en était de cette histoire de cadavre, retrouvé dans une malle dans le coffre du véhicule de Dominique Baudis ?

Renseignements pris, des témoins ont déclaré qu’un soir où Baudis avait demandé qu’on lui amène sa voiture en urgence, le chauffeur qui avait senti une forte odeur avait regardé dans le coffre et trouvé ce cadavre.

Hélas, cette histoire, à la lumière de toute l’affaire Alègre, ne semble pas forcément invraisemblable, et la justice dispose des informations et contacts pour aller plus loin bien avant le décès de Baudis.

Il semble aussi que Michel Roussel a été informé de cette histoire, et Paul Emile Charlton a donné le nom de la victime, qui était propriétaire de plusieurs établissements de nuit à Toulouse, dont le Bacchus ou le Van Gogh, et qu’on avait retrouvé mort dans l’appartement au-dessus d’un de ses bars.

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Témoignage des enfants ROCHE sur les propos tenus par leur père Pierre Roche, procureur à Toulouse

Il nous a parlé d’un groupe secret et relativement informel, basé dans la ville de Toulouse (où il a exercé), auquel il avait eu le malheur d’appartenir et dont il semblait impossible de sortir.

Ce groupe rassemblait des personnalités de la “bonne société”, haut placées dans différentes sphères.

Notre père a certes mentionné le monde judiciaire où l’on recrutait paraît-il beaucoup, et pas seulement parmi les magistrats, puisque même certains hauts dignitaires de la police étaient considérés comme des recrues de choix.

Mais à l’entendre, étaient aussi concernés des sphères aussi différentes que la politique, la finance ou encore le monde médical, et plus généralement des gens qui comptent dans les secteurs les plus divers – ainsi y aurait-il eu, parmi les participants, et pour prendre qu’un dernier exemple, quelques universitaires.

Il ne serait pas rare que ces soirées dégénèrent pour finir par déraper complètement (…) cela parfois par accident non anticipé, et d’autres fois de manière parfaitement préméditée.

Il y a apparemment des sortes de cérémonies animées par un célébrant, comme s’il s’agissait d’une secte où d’on ne sait trop quel culte.

C’est au cours de ce genre de soirées que sont pratiqués des sortes de rituels allant du sacrifice d’un animal à l’homicide pur et simple (c’est en tout cas ce que notre père prétendait avoir vu de ses yeux), en passant par d’autres joyeusetés telles que la scarification de l’adepte.

Notre père nous expliquait que les proies du groupe en question étaient toujours sélectionnées parmi les couches les plus isolées de la population et les catégories de gens les moins susceptibles de causer un quelconque émoi ou d’attirer une quelconque attention en cas de volatilisation pure et simple.

Ce qui revient à dire que, sauf “pêche miraculeuse”, nos tortionnaires en col blanc n’avaient pas grand’chose de plus à se mettre sous la dent que des “clodos” (c’est une citation de notre père), des prostituées (parfois mineures, nous a-t-il précisé) et, dans certains cas, des étrangers en situation irrégulière (y compris des enfants).

Snuff movies

Sur un plan plus périphérique, notre stupéfaction fut à son comble lorsque notre père évoqua devant nous le spectre d’un trafic de videos illégales s’échangeant sous le manteau à des prix astronomiques et dont le sujet était l’humiliation bientôt suivie de la torture et de la mise à mort du premier rôle bien involontaire.

 

Le père Roche a créé un site internet avec des photos pornos de sa deuxième épouse, une prostituée, et a cherché à accuser ses enfants de l’avoir fait.

L’affaire a intéressé les médias en 2002, mais grâce à Baudis alors patron du CSA, il a obtenu que personne n’en parle.

Perben a assuré l’impunité au père Roche [20].

Il a nommé Barrau dans l’affaire Alègre et lui demande tout de suite de démarrer une instruction sur le non respect du secret de l’instruction, si bien que Montebourg a carrément accusé Perben de chercher à étouffer l’affaire.

Perben a refusé de répondre à deux questions parlementaires sur son rôle dans l’affaire Alègre.

Lors d’une confrontation le 12 mai 2003, Patricia a demandé à Alègre:

“Et Perben, tu te souviens ?”

mais la phrase ne figure pas au PV.

 

Philippe DOUSTE BLAZY

A Toulouse, Douste-Blazy était le poulain de Baudis.

En 2004, il est mis en cause par Patricia

“Lors de ses dépositions mettant en cause Dominique Baudis, Patricia a également cité le nom de deux autres élus, Philippe Douste-Blazy… et André Labarrère…

Le 13 février 2003, l’ex-prostituée affirme avoir vu passer “des mallettes remplies de billets de 500 F”.

“Une fois, une mallette était destinée à chaque député-maire, Dominique Baudis et André Labarrère”, affirme-t-elle avant d’évoquer un réseau de proxénétisme régional”.

Le mois suivant, devant les gendarmes, l’ancienne prostituée parle “de soirées très spéciales avec Dominique Baudis et Philippe Douste-Blazy”.

Concernant ces élus, elle assurera devant les enquêteurs qu’ils avaient “acquis une garçonnière à Tarbes”, puis parlera “d’un château acheté en commun près de Lourdes”.

André Labarrère et Philippe Douste-Blazy n’ont jamais été entendus dans ce dossier…

Puis, elle serait revenue sur ses accusations concernant Douste-Blazy et Labarrère.

A un moment, on a dit que c’est Douste-Blazy qui filait des infos à Jean-Michel Baylet de La Depêche, pour enfoncer Baudis.

NDLR:

Au sujet de Douste-Blazy, on peut ajouter que son ex-compagne, productrice à France 2, est venue sur le plateau de Laurent Ruquier il y a un ou deux ans, afin de jurer qu’il ne s’était jamais rien passé à Marrakech.

Il serait également le ministre cité par Luc Ferry comme s’étant fait “poissé” à Marrakech dans une partouze avec des gosses.

Aujourd’hui il travaille à l’ONU.

 

Le livre de Fanny

Fanny, l’une des deux prostituées qui se sont trouvées dans la ligne de mire des médias, a écrit un livre intitulé “Mes Nuits Noires dans la Ville Rose” publié en 2004, pour raconter comment elle a vécu toute cette affaire.

Du moins, après la censure d’une dizaine de passages mettant en cause Marc Bourragué, qui a également demandé le retrait de la vente.

A lire ce livre, on comprend toute la douleur de cette jeune femme quand elle dit :

Ma vie est  détruite pour avoir aidé la justice“.

Pourtant, le gendarme Roussel qui l’a persuadée de parler, lui avait dit que tout irait bien.

“Je lui en veux car il nous a abandonnées en chemin”, dit-elle de lui.

En juin 2005, Fanny et Patricia ont été privées de droits civiques pendant cinq ans et condamnées à 3 ans de prison fermes [21] pour “complicité de témoignages mensongers dans le volet “Djamel” du dossier proxénétisme de l’affaire Alègre”, nous dit Le Monde.

Djamel est ce travesti (lui aussi suicidé dans les mois suivant ses déclarations, le 20 septembre 2003), qui avait parlé de la présence de Dominique Baudis à des parties sado-maso, qui avait aussi cité Nicolas Sarkozy comme étant présent aussi, et qui disait avoir vu là-dedans la petite Marion Wagon, disparue en 1996.

Et en mars 2009, Patricia et Fanny ont été condamnées respectivement à 3 et 2 ans de prison avec sursis pour “dénonciation calomnieuse” envers Baudis et Bourragué, avec en prime deux ans de mis à l’épreuve au cas où elles auraient envie de reparler de cette affaire.

Dès le 11 juillet 2005, un des avocats de Dominique Baudis, Me Serge Didier, a annoncé un prochain dépôt de plainte avec constitution de partie civile “pour savoir qui est à l’origine de cette saloperie”.

Il avait ajouté qu’une action pour “dénonciation calomnieuse” serait engagée, si le tribunal correctionnel condamnait les deux jeunes femmes dans le dossier “Djamel”.

En tout cas, Baudis a été totalement blanchi, puisqu’il s’est retrouvé au poste de défenseur des droits.

En 2008, c’est Karl Zero qui est mis en examen par  la cour d’appel de Paris, puis renvoyé en correctionnelle [22], pour avoir lu la lettre que lui avait écrite Patrice Alègre à l’antenne du Vrai Journal, le 1er juin 2003 [23].

“Dans cette missive, ce dernier reconnaissait les meurtres d’une prostituée et d’un travesti et désignait le magistrat Marc Bourragué et Dominique Baudis, alors président du conseil supérieur de l’audiovisuel, comme les commanditaires de ce dernier assassinat”, nous explique Mediapart.

Il est finalement relaxé en … novembre 2012.

 

Fanny a donc décidé d’écrire un livre pour raconter son histoire.

D’après Alain Vidal, ce qui y est écrit est vrai.

Si elle a parlé, c’est parce que le gendarme Roussel ne l’a pas lâchée pendant plusieurs mois.

Fin 2002, Fanny s‘installe de Lyon à Toulouse avec sa famille, alors qu’elle vient d’avoir son cinquième enfant.

Durant l’hiver 2002-2003, elle subit de nombreux interrogatoires, étalés sur cinq mois.

Roussel lui promet de la soutenir jusqu’au bout de la procédure, car Fanny sait très bien, et même mieux que le gendarme, qu’on fera tout pour empêcher l’affaire d’éclater.

Dans son livre, Fanny, née en 1973, raconte qu’elle a été confiée en 1981 à un organisme qui l’a placée dans un foyer.

Cet organisme a toujours refusé qu’elle conserve son dossier, dont il manque plusieurs pièces.

Son histoire est donc un peu floue.

Elle a très vite commencé à tapiner : sa mère lui demandait de se prostituer quand il manquait de l’argent.

En 1977, sa mère demande à un juge de la confier, ainsi que sa sœur, à une institution religieuse à Issiz dans la banlieue de Toulouse.

Leur frère est envoyé ailleurs.

Quand elle rentre parfois dans sa famille, le week-end, les maltraitances sont la norme, puis elle commence à fuguer.

Puis à l’âge de 8 ans, on vient la chercher, on la sépare de sa sœur et on l’envoie dans l’organisme évoqué plus haut.

Quand elle est enfin placée dans une famille où les choses se passent bien, sa mère demande de l’envoyer ailleurs.

A 12 ans, elle continue ses fugues, on lui reproche de se droguer, et elle est internée dans un hôpital qui a brûlé en 2001 et où plusieurs de ses collègues du trottoir sont également passées.

Venue pour une simple consultation, elle y restera six mois et passe des heures en cellule capitonnée.

Heureusement pour elle, elle faisait mine de prendre ses cachets.

 

Elle retourne dans un foyer de la DDASS dans l’Aveyron, d’où elle fugue à nouveau.

Un responsable qu’elle appelle “Cobra” a signé pour qu’elle aille dans ce foyer.

Finalement, elle tombe sur une famille où elle se sent à nouveau bien, ces gens veulent même l’adopter mais cette demande est refusée, sans qu’elle sache pourquoi puisque ces pièces ne figurent pas dans son dossier.

Puis, elle est encore transférée, et se retrouve à 15 ans dans un foyer en plein cœur de Toulouse, entre la Garonne et la place du Capitole.

En face, il y a le bar d’un certain M., grand ami de Cobra.

Dans ce foyer, il y a une douzaine de filles âgées de 15 à 18 ans, qui vivaient chacune dans un studio équipé d’une petite cuisine.

Le vice, c’est qu’on ne leur donne que 50 Francs par semaine pour vivre, ce qui est impossible à tenir si bien que les filles magouillent, ou tapinent.

Puis elle tombe sur son frère en 1987.

Il traine dans le quartier de la gare de Matabiau, où traine aussi un certain “Monsieur Trois” la quarantaine, qui lui dit qu’il est directeur d’une grosse entreprise, et lui lâche quelques billets, de 50, 150 Francs…

Au début il ne couche pas avec elle, il la met en confiance. Il s’agit de Lakhdar Messaoudène.

Pendant ce temps, son frère rencontre Patrice Alègre, et Fanny le rencontre au Café Noir à Matabiau.

Ils se rapprochent car ils ont un passé similaire.

Il a quatre ans de plus qu’elle mais le courant passe bien.

Des années plus tard, Fanny analyse que déjà à l’époque, les jeunes types du quartier de la gare servaient de rabatteurs à “Monsieur Trois” à qui ils présentent les filles du foyer.

A 17 ans, elle croise souvent les flics dans ce milieu.

Petit à petit, Monsieur Trois l’emmène dans des hôtels, couche avec elle et lui donne de l’argent.

Puis il l’envoie chez un homme pour “faire tout ce qu’il te dit et ne discute pas”.

Parfois il arrive à Fanny de faire des passes au foyer, pour éviter aux plus jeunes de devoir tapiner.

Les clients sont envoyés par “Monsieur Trois” : des notables, des cadres…

“Monsieur Trois” garde presque tout l’argent, qu’elle lui remet, soit 4.000 à 6.000 Francs par semaine.

Plus tard, quand elle ne gagne pas assez, “Monsieur Trois” la fait frapper par Alègre ou par un ami flic.

Le soir ils vont au restaurant avec “Monsieur Trois”, “Alègre et sa bande de copains flics”[24].

Au début, il ya une bonne ambiance, puis les choses changent, ça se tend.

A cette époque, Fanny sert à “Monsieur Trois” à signer de gros contrats, mais elle le voit moins, et il lui amène des clients “de plus en plus spéciaux” tout en lui prenant maintenant tout l’argent qu’elle gagne.

Du coup, elle trouve ses propres clients et met l’argent de côté.

Elle n’a alors même pas 18 ans.

Les flics l’arrêtent et la fichent comme prostituée mineure.

“C’est bizarre”, écrit-elle, “parce que d’un côté je les fréquente et de l’autre ils m’arrêtent”.

Très vite, ces mêmes flics lui demandent de leur payer une taxe d’environ 1.500 F par semaine, comme ils le font avec toutes les prostituées.

Elle est parfois violée au passage…

Elle rencontre pas mal de filles, dont Patricia.

Alègre est chargé de les “corriger”, y compris Fanny.

“Monsieur Trois” la fait surveiller à longueur de temps, et quand elle gagne un peu moins d’argent elle se fait tabasser.

Fanny a pu constater qu’Alègre n’a jamais payé une seule contravention de sa vie, et qu’il n’était jamais embêté pour ses nombreux casses.

 

Les “soirées toulousaines”

“Monsieur Trois” lui présente aussi celui qu’elle appelle “Cobra” (en réalité il s’agit de Marc Bourragué), un haut fonctionnaire  bourgeois qui au début se montre “plutôt gentil” quand il vient la voir au foyer (où, décidément, les allées et venues de monsieurs d’un âge respectable ne semblaient déranger personne).

Trois mois plus tard, il lui demande de coucher avec lui.

Puis il lui demande de l’accompagner à des soirées.

“C’est le roi des pervers”, écrit-elle.

Mais, cela, elle ne s’en rend compte que plus tard.

Elle devient donc son accompagnatrice dans le “des notables pervers”, amateur d’une boite échangiste appelée le Quai des Brumes, un des QG de Cobra également, ou encore d’un hammam libertin appelé “Les Vapeurs”, et ailleurs encore.

Il y avait aussi, explique Fanny, les soirées à la maison de Noé (qu’elle appelle la maison de Labaz), au bord d’un lac qui sera partiellement comblé pour faire passer une autoroute, dans un village situé à une trentaine de kilomètres de Toulouse.

Autour de cette maison, il y a un parc paysager avec une petite forêt.

Elle savait qu’il se passait des choses louches au premier étage, mais elle ne s’en occupait pas, c’était juste ce qu’on lui avait dit.

Petit à petit, Fanny se rend compte qu’elle est en danger de mort dans ce milieu.

Un soir elle cherche Alègre, et c’est dans un hôtel qu’elle le trouve, dans une chambre, assis sur une fille en lui tenant un oreiller sur la tête.

Elle s’enfuit, mais quand elle le recroise il lui taillade la main pour la dissuader de parler.

Fanny se rend alors au commissariat pour porter plainte, la tête en sang, la main coupée.

Le flic commence par prendre sa plainte puis la met à la poubelle quand elle cite les protagonistes.

 

A ce moment, Fanny va avoir 18 ans et doit quitter le foyer.

Mais, elle obtient une dérogation car elle est enceinte.

Elle explique d’ailleurs que c’est seulement lors de son troisième avortement qu’elle a appris comment on tombait enceinte.

Quant à sa voir qui est le père, c’est difficile entre ses clients et tous ceux qui la violaient, comme Cobra, Monsieur Trois etc.

Cobra, qui est donc ce magistrat co-fondateur de Sauvegarde 31, l’organisme chargé de placer les enfants, lui aurait même dit :

“Vous les putes, vous n’avez pas le droit d’avoir des enfants.

De toute façon, ils ne vous appartiennent pas, ils sont à la Justice dès la naissance”.

D’ailleurs, l’enfant est rapidement placé suite à un rapport de l’assistante sociale à la DDASS.

Suite à ce placement, Fanny est effondrée.

Elle ne peut voir l’enfant qu’en point rencontre, en présence d’un éducateur.

En parallèle, de plus en plus de prostituées disparaissent dans la région, même de très jeunes filles.

Fanny apprend que des filles sont font enfermer dans un cabanon à la maison de Noé, et qu’après cela elles mettaient des semaines à s’en remettre.

D’autres étaient enfermées dans le grenier situé en haut de la tourelle, qu’on appelait “la chapelle”.

Un soir, Fanny raconte qu’elle est montée au premier étage, et qu’elle y a vu Cobra attacher une gamine à des anneaux ou des crochets fixés dans le mur[25].

La gamine ne se débattait pas, ne disait rien.

Fanny est sûre que c’était une enfant, car sa poitrine n’était pas du tout développée, et elle pense qu’elle devait avoir 12 ou 13 ans…

C’est là qu’elle a compris qu’il y avait d’autres mineures dans ces soirées.

Elle retourne dans cette maison la semaine suivante.

Là, elle voit beaucoup de filles très jeunes qu’elle ne connaît pas. Ce soir-là, elle dit à Cobra qu’elle l’a vu avec la gamine la semaine précédente.

Alors il la fait monter au premier étage avec le flic, puis au grenier où ils l’attachent à une poutre pendant 24 heures.

Ils la laissent enfermée là-haut pendant une semaine.

De plus en plus, elle voit des filles revenir “défoncées” de leurs soirées avec “ces messieurs de la haute”…

Un soir alors qu’elle est chez Cobra, elle se met à fouiller pour tenter de savoir ce qu’il se passe.

Elle trouve une petite mallette, qu’elle embarque.

Dedans, elle trouve des photos de gens connus dans des positions compromettantes, et divers documents.

Fanny entend parler de plusieurs meurtres de filles déguisés en suicides, de tortures “grassement payées par de riches pervers”, de prostituées insoumises qu’on enferme dans des baraques de chantier pour être violées par des dizaines de types chaque jour, tout en étant droguées.

Certaines étaient utilisées ainsi pendant plusieurs semaines avant d’avoir une overdose.

 

Le meurtre de Line Galbardi

Fanny a assisté au meurtre de cette prostituée, le soir du 3 janvier 1992, à l’hôtel de l’Europe, face à la gare de Matabiau.

Ce soir-là, Fanny est avec un client, un vieux qu’elle aime bien.

Dans la chambre d’à côté, elle entend une importante dispute.

Des cris, des coups, des gémissements allant crescendo…

Elle entend parler de came, de déposition, de meurtre.

Elle va donc voir ce qu’il se passe car elle sait que l’homme qui se trouve dans la pièce est un sadique.

Line a assisté à un meurtre et s’est mise à insulter son souteneur.

Une troisième prostituée est présente. Alègre les force à assister à la mise à mort.

Dans la pièce, elle voit Line Galbardi en sang, à moitié nue, l’air hagard.

C’est là qu’elle la reconnait.

Alègre la frappe à coups de poing au visage, il la défonce littéralement, la viole, tout en souriant.

Il quitte la chambre trois quarts d’heure plus tard, et Fanny se rend dans la chambre où elle voit Line sur le dos.

Là, Alègre, Messaoudène, le souteneur de Line et la troisième prostituée remontent et mettent le corps dans la salle de bains.

Quelques jours plus tard, Fanny est convoquée chez les flics.

Celui qu’elle appelle “La Faux” arrive dans le bureau où elle est entendue, et les flics demandent à savoir ce qu’elle a vu le soir du 3 janvier à l’hôtel de l’Europe, à quoi elle répond qu’elle n’a rien vu.

La Faux dit de l’attacher au radiateur, et fanny crie qu’elle a tout vu et qu’elle va tout balancer, du coup La Faux la viole pendant la fouille et la met en garde-à-vue.

Le lendemain, il lui dit de quitter Toulouse et que l’affaire est classée.

 

Le meurtre de Claude Martinez

Un soir où Fanny se trouve à la maison de Noé en compagnie de Cobra,Patricia, La Faux et d’autres, Cobra reçoit un coup de fil d’Alègre, qu’il met sur haut parleur.

Elle entend ALègre parler de vidéos compromettantes de lui, avec des passages sado maso, qui pourraient ruiner sa carrière.

Il dit qu’une certains Claudia, un travelo, aimait bien filmer les partouzes.

Claudia, c’est Claude Martinez, et Fanny le connait bien, puisque c’est avec lui qu’elle planqué la mallette avec les photos de partouzes volée chez Cobra.

Bref, on compte sur “Pat” et La Faux pour se charger de cette affaire bien embêtante.

1992, c’est l’année où Cobra devient véritablement le tortionnaire de Fanny.

Elle n’est plus à ce moment sous la coupe de “Monsieur Trois”, et passe sous celle de Cobra.

La violence devient telle, même pour Fanny qui y est habituée, qu’elle le fuit.

Alors il fait rechercher par les flics et amener dans son bureau au tribunal, où la viole et l’humilie devant les flics, qui regardent.

Toujours en 1992, Fanny se rend chez “Monsieur Trois” pour une séance particulièrement crade, et il réclame qu’elle lui donne 4 à 6.000 Francs par semaine, en plus de l’enveloppe qu’elle donne aussi à La Faux.

Dans la soirée, Fanny est emmenée en voiture avec Alègre, Monsieur Trois, Cobra, et La Faux, qui l’emmènent dans un coin où ils la frappent partout et la violent.

A la fin de la séance de torture, elle saigne de partout et n’a plus du tout de force.

Elle va ensuite à l’hôtel avec “Monsieur Trois”, qui la viole à nouveau.

Elle mentionne une fois où elle a essayé de parler à quelqu’un, et où elle a encore fini à l’hôpital psychiatrique où l’a gavée de cachets.

Elle n’a pu en sortir qu’après avoir dit qu’elle avait tout inventé.

 

Le gendarme Roussel contacte Fanny

Fanny quitte la région de Toulouse suite à ces violences, de plus en plus graves et fréquentes.

Durant l’hiver 2002, alors qu’Alègre est en prison depuis bien longtemps pour divers meurtres, le gendarme Roussel contacte Fanny.

Très vite, elle reçoit des menaces de la part de La Faux, Cobra et d‘autres, se fait encore une fois massacrer.

Elle est suivie près de chez elle, alors qu’elle vit à plusieurs centaines de kilomètres de Toulouse.

Le 18 mai 2003, elle voit Baudis qui s’épanche sur le plateau du JT de France 2.

“Tout de suite après, il y a eu le témoignage de Djamel, qui aurait appartenu au milieu”

en même temps qu’elle, écrit Fanny, qui précise que pourtant elle ne le connaît pas.

Fanny vérifie quand-même auprès d’anciennes collègues de trottoir, mais personne ne le connaît non plus et Fanny pense qu’il ne se trouvait pas à Toulouse en 1992 – 1993.

Véritablement, Djamel est arrivé à point nommé pour décrédibiliser toute l’affaire, disant par exemple qu’il était le fils caché de Mickael Jackson.

Le dénommé Djamel s’est très vite suicidé après être intervenu dans l’affaire.

Elle constate aussi qu’au moment du scandale sur les notables toulousains, l’avocate de Patricia, son ancienne collègue, multiplie les interventions médiatiques.

Il y a aussi cette émission de Karl Zéro, dans laquelle il lit la lettre d’Alègre, et Fanny dit qu’elle reconnait son écriture.

La suite, on la connaît.

Fanny, comme elle e craignait depuis le départ, a payé très cher le fait d’avoir parlé.

Comme elle le craignait dès le départ, elle s’est retrouvée seule à se débattre dans des procédures sans fin.

Même son frère l’a poursuivie pour son livre (mais elle a été relaxée), ses enfants ont été placés, elle a été envoyée en prison, tabassée, menacée.

————————–

Si l’on était encore dans un Etat de droit, on se serait indignés de voir Dominique Baudis, mis en balance avec Jack Lang pour occuper le poste de défenseur des droits des citoyens français.

Que veut dire une telle nomination, quand on recense les manquements et les mensonges dans l’affaire Alègre/notables toulousains?

Une claque aux victimes?

La revendication de vivre dans un État népotiste?

La toute puissance des pervers?

Je vous laisse le soin d’interpréter les choses.

 

En tout cas, il reste presque 200 meurtres non élucidés dans la région toulousaine, de nombreux pervers impunis, et tout un système qui n’a pu que perdurer face à l’impunité qui fut la sienne.

Une impunité assurée la main dans la main par une classe politique vérolée et une justice tout aussi vérolée.

La conclusion, pour le citoyen lambda, est simple: il faut faire table rase de ce système, lâcher la ripouxblique et construire une véritable démocratie.

En tout cas, on pourrait bien reparler de cette affaire très bientôt.

 

[1]

“Ces aveux, observent les juges, il les a faits plusieurs fois à son ex-femme qu’il a menacée.

Cette femme a aussi affirmé que, le jour des faits, elle avait constaté des griffures sur le torse et les mains de son mari et qu’elle l’avait vu laver ses vêtements.

Si les juges insistent, c’est que le parquet n’a pas eu la même vision du dossier en requérant un non lieu et en réactivant même l’hypothèse du suicide”, explique La Dépêche du 20 janvier 2009.

[2] Il y avait aussi dans ce sac des cotons de démaquillage imbibés de sang, une chaussure de tennis sans lacet et un cendrier en verre sur lequel sont visibles des empreintes digitales.

Les empreintes digitales ne seront pas comparées à d’autres.

[3] Le gendarme de la cellule Homicide 31 qui l’entend est dessaisi du dossier par sa hiérarchie dans les jours qui suivent l’audition du chauffeur de la clinique qui identifie Alègre comme étant un familier de la clinique

[4] Mais, interrogé sur ce meurtre, il ne dit rien.

Michel Roussel a écrit dans son livre que Alègre évite soigneusement dans toutes ses réponses aux interrogatoires, d’être compromis dans une affaire de mineure : il est parfaitement conscient que cela lui vaudrait une peine de sûreté de 8 ans de plus.

[5] Le veilleur de nuit de l’hôtel, Gilbert Cartrayrade a été mis en préventive cinq mois dès le début de l’affaire.

À propos du rôle du veilleur de nuit, Gilbert Cartrayrade, mis en examen pour complicité d’assassinat de la prostituée et remis en liberté début juillet, Le Parisien note une contradiction entre le témoignage du commandant Jolibert, qui, dans un rapport sur la mort de la prostituée notait à propos du veilleur de nuit, :

“Je le soupçonnais de ne pas avoir dit à qui il avait donné la clé (NDLR : de la chambre d’hôtel), et qui avait utilisé la chambre.”

Tandis que de son côté le commandant Zerr affirmait le contraire au juge Lemoine :

” À aucun moment, nous n’avons pensé que le veilleur de nuit puisse avoir un rôle quelconque”.

[6] Alors que le scandale bat son plein, Ziegler est muté à la police de l’air et des frontières à l’aéroport de Blagnac.

[7] Une seconde autopsie en 2005 a confirmé les déclarations de Fanny sur les circonstances du meurtre.

[8] VIDAL a aussi continué l’enquête sur ce meurtre à titre privé, dès 2003.

“Je souligne au passage que je m’étais rendu compte, sans être le seul,  que dans la ville rose, Franc-Maçonnerie et Scientologie semblaient ” régner en Maître” ce qui, en partie, peut expliquer bien des choses dans l’aboutissement de l’affaire en question… “, écrivait-il en 2007.

[9] “Une ampoule noircie est à côté du corps alors que l’éclairage du même étage a été démonté, et un chargeur de pistolet automatique près d’un genou.

Dans la salle de bain, il y a un soutien-gorge et un tapis de bain imprégnés de sang.

Des traces sur une serviette révèlent un ADN masculin.

L’autopsie démontre que Martine a peut-être subi des sévices sexuels.

Elle aurait été tuée par inhalation de monoxyde de carbone.

Le médecin légiste trouve des traces d’alcool et de chloroforme. La veille vers 10h30, une voisine a entendu «trois cris effroyable”.

[10] Précision de Michel Roussel : les constatations scientifiques faites par Francis Hébrard contredisent le récit de Patrice Alègre, qui raconte son scénario habituel (herbe, refus, disjonctage, viol, meurtre).

Mireille Normand s’est réfugiée dans sa chambre, où Alègre l’a violemment  frappée avec  une  chaise.

Il a ensuite “joué” avec sa victime pendant qu’elle agonisait, l’a bâillonnée parce qu’elle l’empêchait de dormir à côté de lui, mourante sur le lit, l’a descendue à l’étage inférieur et lui a obstrué le nez et la bouche pour qu’elle meure asphyxiée lentement…

Il a ensuite ficelé le corps dans une couette, brûlé un jean et un godemiché dont les policiers ont retrouvé des pièces métalliques sur un trottoir, poncé les escaliers pour effacer les traces de sang, nettoyé et repeint en bleu une moquette incrustée de sang, puis creusé un trou la nuit dans le jardin pour enterrer le corps.

Il a ensuite laissé un mot pour brouiller les pistes.

“Mireille, je sais pas où tu es, j’ai fini de bricoler, je m’en vais. A la prochaine. Franck”.

Il a volé la voiture de la victime, pris des outils pour les revendre et fui en Espagne.

[11] Patricia et d’autres ont raconté comment elles étaient envoyées, l’été, tapiner à Saint-Laurent-du-Var pour “des passes de luxe” au contact de proxénètes du cru…

Il y a là toute une partie de la biographie de Patrice Alègre qui reste à explorer.

[12] Il dit qu’il n’était pas à Toulouse le 3 janvier 1992, le jour du meurtre de Line GALBARDI, et montre un passeport qui prouverait qu’il était en Algérie, où il s’est même marié le 23 décembre.

Pourtant, Nadia, Fanny et Patricia confirment sa présence à Toulouse à ce moment.

[13]

“V: […] À toi je peux le dire… je vois Dominique BAUDIS de temps en temps

A: Qui?

V: Dominique BAUDIS

A: Qui c’est?

V: C’est un homme politique avant tout

A: Ha bon?!

V: Et je le vois de temps en temps parce qu’il est de TOULOUSE. Et il monte une fois par semaine, des fois tous les quinze jours. Et la dernière fois quand tu m’as appelée c’était lui. Et là quand c’est lui je peux pas dire non

A: Ah d’accord!

V: Parce que quand il monte à Paris, il faut que je sois dispo quoi. Et lui je peux pas le rater, parce que c’est quand même quelque chose qui arrivera régulièrement, tout le temps

A: Et ouais ouais …

V: Donc là c’est vraiment sûr. C’est pour ça quand il m’appelle, je dois refuser tout le reste.»

Lorsque le juge d’instruction N’ Guyen demande à auditionner Wafaa , la police judiciaire, opportunément, ne la retrouve pas, précisant qu’elle était à Biarritz [W:18].

[14] Par exemple, BAUDIS n’a été entendu que comme “victime” de diffamation !

Mais il a quand-même été confronté à Patricia.

Il a dit qu’elle avait baissé les yeux devant lui et était revenue sur ses accusations, ce qui est faux.

[15] Tels que Le Pharaon, un sauna homo, le Club Drouot, le Look, des clubs échangistes.

Il est aussi le propriétaire de la boîte libertine Le Cercle, située avenue de la Gloire.

“C’est là que mon client a côtoyé une femme employée de l’établissement dont le mari propriétaire du restaurant “Le Paysan”, rue Gabriel Péri, était également l’organisateur de soirées privées”, souligne Me Yves Carmona, l’avocat de Mayrac.

Ces soirées se déroulaient dans un « donjon » privé du port Saint-Sauveur où des scènes ont été filmées et photographiées.

C’est ce restaurateur qui aurait pris des photos de ces parties fines.

Le restaurateur décédé, son épouse se retrouve en possession de milliers de photos enfermées dans un coffre.

Elle les confie à André Maurac.

Selon l’avocat elle lui dit que s’il lui arrivait quelque chose, il devait les récupérer et les détruire.

Cette femme de 40 ans est morte dans un accident de voiture le 17 septembre 1997, quelques jours après l’arrestation d’Alègre.

[16] Constantin Davidof a été condamné le 3 juin 1998 à un an ferme à Toulouse pour usurpation d’identité, usage de faux papiers, détention d’arme et recel.

Le 9 octobre 1998, le tribunal correctionnel de Béziers lui a infligé un an ferme pour séjour irrégulier, recel et dégradation.

Le 6 janvier 1999, il a été condamné à trois ans fermes à Millau pour vol avec arme et en réunion.

Il s’est également évadé lors d’un transfert en Allemagne, avant d’être repris au Cap d’Agde en novembre 1997.

[17] Le 23 juin Mihière est transféré ailleurs après avoir menacé de mort le directeur de la prison.

Il n’est resté que deux mois à Seysses.

[18] Kouka le dit dans deux PV, du 4 octobre 2004 et du 28 mai 2004

[19] C’est ce document qui nous renseigne sur les liens de Dominique Baudis avec une  “prostituée occasionnelle” de Paris, document sur lequel s’est appuyée la Cour d’Appel de Versailles dans son arrêt du 23 février 2005 pour le débouter de toutes ses demandes contre Philippe Berti et V.S.D.

[20] Via une lettre de la Chancellerie datée du 4 Septembre 2002, dans laquelle le Directeur des Services Judiciaires assure à Pierre Roche l’impunité, et l’assure également de la part du Garde des Sceaux Dominique Perben de la protection personnelle de ce dernier, qui s’engage à le couvrir.

Le père Roche meurt en février 2003.

Le document en question est signé par rien moins que le Directeur des Services Judiciaires (qui est, en quelque sorte, le numéro 2 du ministère en ce qui concerne la hiérarchie de la magistrature), lequel avertit Pierre Roche, de la part de Perben, en son nom et à la demande de ce dernier, de la “couverture” personnelle du Garde des Sceaux, et l’assure du double quitus suivant : il n’a pas à redouter, de la part de son ministre de tutelle, les moindres poursuites, disciplinaires ou de quelque autre nature que ce soit.

Deuxièmement, Perben donne à Pierre Roche le feu vert qu’il attendait pour lancer à l encontre de ses enfants et de son ex femme une campagne de persécutions d’un niveau inédit.

Bizarrement, cette lettre a disparu du dossier copie remis aux enfants Roche et à leur mère.

[21] En appel en février 2006, Patricia a pris 3 ans dont 18 mois fermes, et Fanny a été relaxée.

[22] A cette occasion, Karl Zero avait demandé :

“Pourquoi veut-on m’envoyer devant un tribunal contre l’avis de deux procureurs de la République et de deux juges d’instruction dont l’une a enquêté trois ans sur cette affaire?”

[23] Baudis et Bourragué avaient porté plainte pour “sortie illicite de correspondance”, “violation du secret de l’instruction” et “violation du secret professionnel”.

[24] Parmi lesquels Lionel Ziegler.

[25] Lors des perquisitions effectuées ensuite dans cette maison, on a retrouvé les trous de ces anneaux, quia avaient été rebouchés.

En outre, le nouveau propriétaire avait changé la moquette de cette pièce, car elle était tâchée de nombreuses traces brunâtres.

 

Actualisation d’avril 2021

Karl Zéro pour la sortie de son nouveau magazine “L’envers des affaires” a écrit un article sur l’affaire alegre avec quelques infos inédites.

Le voici ci-dessous.

 

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