L’Argentière-la-Bessée | Un homme ayant des antécédents de pédophilie se charge de conduire des enfants à l’école avec l’aval de leurs parents. Les enquêteurs retrouvent des photos pédopornographiques scatophiles sur son ordinateur
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 03/02/2019
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Malgré son lourd passé et sa recherche perpétuelle d’être au contact des enfants, le quinquagénaire au passé pédophile a été relaxé par le tribunal qui a finalement jugé qu’il n’avait pas commis d’infraction
Alors qu’il avait des antécédents de pédophilie, un homme 57 ans s’est proposé d’accompagner des enfants à la maternelle. Le tribunal doit décider : était-il encore sous le coup d’une interdiction ?
L’homme de 57 ans avait écopé de cinq ans de prison, dont trois ans de sursis avec mise à l’épreuve en 2010 dans une affaire de pédophilie.
La présidente du tribunal, Isabelle Defarge, lui dira à cette occasion :
« Et c’était assez grave pour qu’on vous colle une interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des enfants »
En novembre dernier, pourtant, la directrice d’une des écoles maternelle de L’Argentière donne l’alerte quand elle le voit accompagner de jeunes enfants à l’école. Il s’est proposé de faire le taxi pour quatre familles « précaires et fragiles qui ne connaissent pas son passé », dont une irakienne et une guinéenne.
Des photos équivoques dans son ordinateur
Dans son ordinateur, les enquêteurs retrouvent des photos pédopornographiques scatophiles et la photo d’une des petites filles qu’il transportait et qu’il a téléchargée depuis Facebook. La présidente souligne :
« Voilà pourquoi il ne faut pas mettre les photos de ses enfants sur Facebook »
En garde à vue, l’homme a reconnu que ces photos l’excitaient et qu’il se masturbait devant.
Les gendarmes ont entendu les parents.
« Les auditions sont édifiantes, parce qu’ils ne voient pas de problème », souffle Isabelle Defarge.
Elle lit celle du père de la petite fille en photo. Il raconte que l’homme rend des services, notamment en déposant et en récupérant la petite à l’école depuis le début du mois de novembre. Quand les gendarmes exposent la situation, le père interroge :
« Comment je vais mettre ma fille à l’école s’il ne peut plus l’emmener ? »
Le père demandera même une « dérogation » pour qu’il y soit autorisé !
Le prévenu, lui, insiste. Il a demandé au service de probation et d’insertion.
« Ils m’ont dit que maintenant je pouvais avec les mineurs et puis, je demandais qu’il y ait une grande personne avec moi »
Le substitut du procureur, Sébastien Bautian, fait l’historique des révocations de son sursis avec mise à l’épreuve.
Il tonne :
« La deuxième révocation, c’est parce qu’il s’est engagé auprès du club de foot, où il y a des enfants, et il a demandé à être moniteur de ski, au jardin d’enfants. Puis, en 2015, il devient bénévole au Restos du cœur, en contact avec des enfants. Il s’était même proposé de faire le père Noël. Il est en recherche perpétuelle d’être au contact des enfants »
L’argument principal, c’est qu’à chaque fois ses obligations lui ont été rappelées.
« Vous savez ce que ça veut dire dé-fi-ni-tif ? épelle la présidente. C’est comme quand on meurt, c’est pour toujours »
L’avocate de la défense ne l’entend pas de cette oreille :
« Nous sommes là pour faire du droit, attaque Me Bussereau. Je ne vois pas comment une obligation pourrait être définitive dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve (SME)* », « En janvier 2016, le SME a été révoqué dans sa totalité, il a fait ses trois ans et aujourd’hui on vient vous dire qu’il a violé une obligation qui n’existait plus. »
Le tribunal a rendu son délibéré le 28 février et lui a donné raison dans sa décision. Il a jugé qu’il n’y avait pas d’infraction. Le quinquagénaire est relaxé.
* Un SME a une durée
Source : ledauphine.com
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