La Roche-sur-Yon | Un homme a été condamné pour corruption et atteinte sexuelle sur mineure

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« Par messages, vous lui dites qu’elle va prendre cher»
Âgé de 27 ans au moment des faits, un homme a été condamné pour “corruption et atteinte sexuelle” sur une mineure de 13 ans par le tribunal de La Roche-sur-Yon, le 8 octobre.

Marie* avait entre 12 et 13 ans au moment des faits, survenus entre novembre 2017 et mars 2018.

Pierre*, alors âgé de 27 ans, s’était rapproché de la jeune adolescente, avec laquelle il entama une relation et eut trois rapports sexuels.

Accusé de « corruption et atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans », il comparaissait devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon lundi 8 octobre.

Messages à caractère sexuel

Initialement, Pierre était en couple avec la cousine de Marie, mais il a continué à fréquenter son cercle familial après leur rupture.

Il se rendait fréquemment au domicile familial de Marie, y compris lorsque ses parents étaient absents.

Commencent alors de très nombreux échanges de messages via Facebook, dont une grande majorité à caractère sexuel, ainsi que des photos dénudées.

La présidente du tribunal, pointant la violence des conversations, énumère:

« Vous lui demandez régulièrement si elle s’est masturbée (…) Vous la qualifiez de chienne et de grosse coquine, vous lui dites que vous voulez lui tirer les cheveux, qu’elle avale quand elle suce (…) Vous lui faites comprendre qu’elle n’aura pas le choix si elle ne veut pas »

Pierre et Marie ont eu trois relations sexuelles, impliquant un rapport vaginal la première fois, ainsi qu’une fellation la seconde et un rapport anal la troisième.

Les deux premiers rapports ont eu lieu au domicile familial – en présence des parents la première fois – puis, pour le dernier, Pierre a insisté pour fixer un rendez-vous en dehors.

La présidente poursuit indiquant que ledit rapport a finalement eu lieu dans la voiture de Pierre:

« Par messages, vous lui dites qu’elle va prendre cher, que vous ne mettrez pas de capote au début et qu’elle n’aura pas le choix »

Emprise psychologique

Lors de ces relations sexuelles, Marie indiquera à plusieurs reprises à Pierre qu’elle ressent des douleurs, sans que ce dernier n’en tienne compte.

Il lui demandera au contraire de taire la nature de leur relation.

Marie expliquera a posteriori qu’elle ne désirait pas vraiment envoyer des photos de son corps, ni avoir ces rapports sexuels, mais qu’elle a fini par se sentir « obligée » face aux demandes répétées de Pierre et qu’elle a accepté « pour lui faire plaisir », note la présidente, faisant état de « l’emprise psychologique » du prévenu sur la victime.

Alertée par le mal-être de Marie, sa mère va découvrir sur son compte Facebook les nombreux messages échangés avec Pierre.

Elle dépose plainte, alors qu’une autre de ses filles avait elle-même été victime d’attouchements sexuels dans une autre affaire, quelques années auparavant.

« Les sentiments, ça ne se contrôle pas »

Lors de son jugement, Pierre* ne nie nullement les échanges de messages, les demandes répétées de photos dénudées, les rapports sexuels ainsi que les refus préalables de Marie.

Il parle d’une « grosse connerie » et dit avoir « fait souffrir quelqu’un [qu’il] ne voulai[t] pas faire souffrir ».

Lorsque la présidente lui demande pourquoi il a agi ainsi, l’accusé répond tantôt qu’il ne se l’explique pas, tantôt que « les sentiments, ça ne se contrôle pas ».

Il se dit « prêt à assumer les faits » mais refuse vigoureusement le qualificatif de « pédophile », que la procureure utilisera néanmoins à son encontre.

Cette dernière ajoutera que cette affaire serait jugée aux Assises si les faits s’étaient déroulés plus récemment, la question du consentement des mineurs de moins de 15 ans n’étant plus évaluée depuis la loi du 21 avril 2021.

Traumatisme à long terme

Présente à l’audience, Marie a choisi de ne pas s’exprimer, tout comme ses parents, tous représentés par leur avocate.

Pierre ne regardera pas cette dernière durant son plaidoyer.

L’avocate pointe:

« Un adulte qui veut assouvir ses pulsions sexuelles, pour qui [Marie] n’est qu’un jouet, qu’il s’autorise à casser ».

Elle insiste sur le traumatisme à long terme que ces actes vont engendrer sur Marie, dont l’éducation sexuelle était encore largement incomplète.

Elle rajoute:

« Aucune fille ne devrait avoir à vivre ça »

Témoignant également « la culpabilité » que doivent ressentir ses parents en ayant laissé entrer cet homme dans le foyer.

Elle s’est en outre dite  inquiète , ne voyant pas de remords sincères dans l’attitude de Pierre à la barre, des termes repris à l’expertise psychologique de ce dernier.

Déclaré coupable

L’accusé a fermement nié ce constat, confiant « se sentir perdu, avoir du mal à dormir et à s’alimenter ».

Sans pouvoir le prouver, son avocat a indiqué le croire , demandant à l’audience, en dépit des actes commis par son client, d’essayer « autant que possible de se mettre à sa place ».

L’avocat a lourdement insisté sur l’immaturité de Pierre, à plusieurs reprises, qualifiant même ses quelques maigres excuses de « piètres ».

L’avocat poursuit, mentionnant par ailleurs la tentative de suicide de son client, il y a plus de dix ans, et un environnement familial compliqué:

« Au moment des faits, la lumière n’a pas clignoté, il n’y a pas eu d’alarme dans son esprit »

Déclaré coupable, Pierre a été condamné à deux ans de prison ferme assortis d’un suivi sociojudiciaire de trois ans.

Il a l’obligation de se soigner et de ne pas entrer en contact avec Marie.

Son nom sera inscrit au fichier des agresseurs sexuels.

Il devra en outre verser 5000 € à la victime, ainsi que 900 € à chacun de ses parents et enfin 1813 € pour les frais d’avocat de l’accusation.

*Les prénoms ont été modifiés.

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