La Réunion | “Le violeur du Crous” dans le box des accusés
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 30/09/2018
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Cette semaine, les jurés auront à se pencher sur deux dossiers sordides qui avaient défrayé la chronique. En 2015, les policiers avait traqué “le violeur à la capuche” du Port.
L’année suivante, ils étaient aux trousses du “violeur des douches” du campus du Moufia à Saint-Denis.
Une jeune fille de 17 ans violée en plein après-midi dans la salle des douches du Crous. L’affaire avait suscité un vif émoi sur le campus du Moufia de l’université de Saint-Denis, à la rentrée 2016.
Le 26 septembre, l’étudiante en faculté de lettres est enfermée dans un des boxes de la salle des douches à l’issue d’une séance de sport.
Quelqu’un toque à la porte. Elle demande de qui il s’agit. Une voix masculine répond “Kévin”. Elle ne le connaît pas. Il réplique : “C’est pas grave, laisse-moi entrer”. Comme il menace d’enfoncer la porte, elle tente une sortie en force. Peine perdue. La porte d’entrée de la salle est fermée.
L’inconnu lui saisit le cou par derrière au moyen d’une clé de bras avant de la violer avec ses doigts. La malheureuse finit par se dégager. Elle l’aveugle en plongeant ses doigts dans les yeux de l’agresseur. Alertés par ses hurlements, d’autres étudiants viennent à son secours. Le fuyard est rattrapé et frappé à coup de manche à balai, mais il parvient à fuir.
Les policiers de la sûreté départementale se heurtent à l’identification de l’agresseur. Un premier suspect est arrêté, reconnu sur tapissage photo par la victime. Il est finalement mis hors de cause.
SA PETITE AMIE LE DÉNONCE
C’est un coup de fil anonyme qui oriente les enquêteurs sur “le violeur de la douche”. Il s’appelle Kévin Victoire. C’est cet homme de 25 ans qui comparaît à compter d’aujourd’hui dans le box des accusés de la cour d’assises de Saint-Denis.
Le témoin mystère des policiers n’est autre que sa petite amie. Après les faits, Kévin Victoire lui avoue par téléphone avoir fait “une connerie” avant de lui dire de vive voix qu’il est l’auteur du viol de la fac de Saint-Denis. Il pousse même le vice jusqu’à faire défiler sous ses yeux les images d’une fille de dos, nue sous sa douche.
Kévin Victoire est interpellé par les policiers après avoir joué au chat et à la souris avec eux pendant près de deux mois, n’hésitant pas à les insulter alors qu’il se sait sur écoute. En garde à vue, le suspect au casier judiciaire chargé de 20 condamnations pour des faits de vol et de violence, reconnaît avoir agressé l’étudiante dans les douches d’un coup de pied au ventre avec l’intention de la dépouiller de son portable. Par contre, il réfute catégoriquement le viol.
Comme aucune trace ADN n’a été mise en évidence et que la vidéo a disparu avec son portable, il reviendra sur sa version au cours de l’instruction. Il aurait été présent dans l’immeuble concerné pour dérober des téléphones mais il n’aurait jamais fait irruption dans les douches. Personne n’en croit un mot.
Car non seulement il a été formellement identifié par la victime et par un couple venu à son secours, mais il est également mis en cause par son ex petite amie. Sans oublier le faisceau de présomptions qui pèse sur lui. Autant dire que la marge de manœuvre sera mince pour Me Alex Vardin, l’avocat en charge de sa défense. Face à lui, il aura Me Marie Briot, en partie civile, tandis que l’accusation sera soutenue par Marion Menot.
L’heure des explications pour le « violeur à la capuche »
LE PORT. Le passage à l’acte de Jean Philippe Pagnest reste incompréhensible. Comment cet homme de 46 ans sans histoire en est-il arrivé à abuser d’une adolescente de 16 ans dans le lit de la Rivière des Galets ?
L’homme qui “n’a pas le profil type d’un violeur”, défend son avocat Ibrahim Akhoun, a pourtant contraint la victime à deux rapports sexuels, dans la nuit du 19 août 2015. Ce soir-là, la victime quitte le centre commercial en compagnie d’une amie quand le quadragénaire vêtu d’une sweat à capuche noir les aborde.
Les deux jeunes filles prennent aussitôt la fuite sur un sentier, en direction de la Rivière des Galets. L’homme à la capuche réussit à rattraper la moins jeune qu’il emmène de force de l’autre côté de la rivière, en descendant vers la mer, avant d’abuser d’elle sur un rocher.
L’autre adolescente donne rapidement l’alerte. Un groupe d’une vingtaine de personnes se lance à la recherche de la victime, avant d’être bientôt rejoint par la police peu avant 21 heures. Alors qu’il entend les cris des proches et qu’il voit aussi la lumière de leurs lampes trancher l’obscurité, l’homme à la capuche ne s’arrête pas pour autant.
Ce n’est qu’au terme de ce second rapport contraint qu’il prend la fuite en ordonnant à l’adolescente de le suivre. Celle-ci profite de la nuit noire pour s’échapper et se diriger vers les policiers et sa famille.
« JE SUIS VENU ME RENDRE »
Retrouvée en état de choc et en pleurs, la jeune fille se confie plus tard à une infirmière. Les traces ADN de l’auteur prélevées sur son corps ne donnent rien. Celui-ci n’est pas connu de la justice. Malgré un appel à témoin lancé par les autorités, l’inconnu décrit comme un homme d’1m80 “entièrement vêtu de noir”, reste introuvable.
Ce n’est que six mois plus tard, le 28 février 2016, que Jean Philippe Pagnest finit par se livrer au commissariat du Port. “Je suis venu me rendre car il fallait que tout cela cesse, il faut rendre justice pour cette fille”, expliquera-t-il.
La nuit du viol, il avait dormi sur la plage de Saint-Paul avant de se rendre en bus chez une proche, à L’Etang-Salé pour nettoyer ses vêtements. Il avait ensuite continué à dormir à la belle étoile, sur les plages de l’Ouest. “Il n’est pas question de frustration sexuelle, avait indiqué Me Akhoun à l’issue de sa mise en examen. Mon client évoque plutôt une frustration davantage due à sa condition qu’il estime misérable”.
Sans emploi, le Portois s’était retrouvé seul après s’être montré violent et volage avec sa dernière compagne, alors enceinte de son deuxième fils.
Son procès se tiendra sur deux jours, de mercredi à jeudi. Du côté du ministère public, on retrouvera l’avocat général Souad Meslem tandis que la victime et sa famille seront représentées Me Lucas Caliamou.
Source : clicanoo.re
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