Jura | Grand-père accusé d’inceste, le parquet réclame d’autres investigations
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 09/02/2021
- 03:57
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Elle attend, depuis quatre ans
Depuis que les médecins qui se sont succédés à son chevet l’ont convaincue de porter à la connaissance de la justice ce qu’elle leur a confié dans un cabinet.
Mais la messine, pas encore la trentaine, ne compte plus ces périodes de doute qui l’assaillent alors que sa plainte pour des viols répétés et des agressions sexuelles, qu’elle dit avoir subis de son grand-père, a été déposée en 2016.
On le sait aujourd’hui, si ce dossier a donné lieu dès les premières semaines à plusieurs auditions des membres de la famille, il est ensuite resté coincé, près d’un an, dans un commissariat de Franche-Comté.
En novembre dernier, Lionel Pascal, procureur de la République du parquet de Lons-le-Saunier où vivent également des proches de la victime présumée, regrettait en effet avoir découvert
« en 2018, qu’aucun acte d’enquête n’avait été effectué.Ce n’est pas le fait d’une personne en particulier mais tout un service qui dysfonctionne depuis longtemps, submergé par des milliers d’enquêtes ».
Le droit va dans le sens des victimes
Un ratage embarrassant alors que les faits dénoncés sont graves, et qui a conduit le magistrat à confier urgemment l’enquête aux gendarmes.
Et on apprend du même procureur que son parquet, après avoir été destinataire des résultats de l’enquête, à la fin de l’année dernière, a renvoyé le tout aux militaires pour des investigations supplémentaires.
La raison :
Un hiatus observé entre les éléments recueillis et ce que détaille la plaignante sur ce que lui aurait infligé son parent depuis sa petite enfance jusqu’à ses 13 ans.
Du côté de la gendarmerie de Moissey, dans le Jura, dont dépend la commune où est domicilié l’auteur présumé des faits, il nous est précisé « que les bouchées doubles sont mises pour aller vite ».
Une nouvelle qui redonne espoir à la jeune messine, tétanisée par l’idée que toutes ses dépositions douloureuses pourraient finir par un classement sans suite.
Il faut ici rappeler que les crimes dénoncés sont déjà vieux de quinze ans. Une autre difficulté et non des moindres pour les enquêteurs.
Mais la victime a pour elle le droit qui, en matière de crimes sexuels, a beaucoup évolué. Notamment en matière de prescription. Les affaires Flamant , Springora et dernièrement Kouchner, s’en font largement l’écho.
Anna a créé un collectif et une chaîne… de solidarité
La plainte de 2016 a évidemment charrié son lot de souvenirs enfouis, subitement remontés à la surface et hantant certaines nuits de la jeune femme.
Anna (*) le dit aujourd’hui après des années de consultations :
« Il fallait que j’en passe par là. Une fois que l’on a décidé de dire les choses, de saisir la justice, il faut à nouveau vivre avec tout ça. Mais je suis décidée à ne plus avoir honte, je n’ai rien fait, moi »
Quatre années sont passées mais la jeune Messine n’est pas restée les bras croisés. Motivée, entraînée par l’énergie bienveillante de ses proches, dont son époux, elle a fondé un collectif.
Les réseaux sociaux ont fait le reste…
« Je ne suis pas seule, j’en suis sûre désormais ! Un tas de victimes attendent, comme moi, qu’on les entende. »
Eric, un ami d’enfance, cofondateur du collectif, veut avoir confiance en cette justice dont il est également un garant, un fonctionnaire.
« C’est difficile de découvrir qu’une amie aussi proche a été abusée, je suis tombé des nues. Aujourd’hui, il faut que les faits soient punis, elle ne ment pas »
Et tandis que les lenteurs de l’enquête plombent encore l’ambiance au sein du collectif, à leur façon, les membres deviennent eux-mêmes très curieux, posent des questions ici et là, remontent le temps.
« Quand vous entendez que ce dossier est une sorte de patate chaude, que les faits sont trop vieux, qu’il fallait qu’Anna se réveille avant, vous perdez en optimisme… Mais on est avec elle ».
Pour l’heure, et après son audition, une expertise psychiatrique a été réalisée sur la personne du grand-père, aujourd’hui octogénaire.
Me Thomas Hellenbrand et sa jeune cliente attendent, eux, une mise en examen. Rien de moins.
* le prénom a été modifié pour le respect de la présomption d’innocence.
S.-G.S.
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