Hauts-de-Seine | Un réalisateur condamné à 8 ans de prison

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Cinq femmes déclarent avoir été violées par le réalisateur Cyril Robert
Réalisateur parisien, Cyril Robert attirait de jeunes actrices au prétexte d’un casting, les incitait à boire et à consommer de la drogue avant d’abuser d’elles. A sa sortie de détention provisoire, il s’était établi sur la Côte d’Azur.

Il est venu s’établir sur la Côte d’Azur en juillet 2018, après un an de détention provisoire.

Il s’est rendu à son procès à Nanterre, le 1er décembre, convaincu de son innocence et plutôt confiant à l’idée d’un acquittement.

Mais cinq jours d’audience intenses devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine ont bousculé les certitudes de Cyril Robert.

Si bien que cet Azuréen d’adoption a préparé ses affaires, prêt à retourner derrière les barreaux.

C’est désormais chose faite.

À 51 ans, Cyril Robert a été reconnu coupable de viols et agressions sexuelles, et condamné à huit ans de prison.

La sentence est tombée vendredi, peu avant minuit, après huit heures de délibéré.

Elle fut longue à se dessiner.

Les faits remontaient à 2015-2016, voire 2010 pour les plus anciens.

Avec à chaque fois un mode opératoire mêlant alcool, drogues et chantage.

Vin, vodka, cocaïne, MDMA…

L’affaire débute en avril 2017, quand une jeune actrice, Julie (1), dépose plainte au commissariat de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Elle déclare avoir été violée dans cette même ville, le 28 novembre 2015, dans les locaux de Cyril Robert.

Ce réalisateur, qui compte une poignée de courts-métrages à son actif, prépare alors un long-métrage, « Putain de résistance ».

Il a repéré Julie sur le site Book.fr.

Il lui propose un rôle important.

Il l’invite dans ses locaux professionnels, situés à la même adresse qu’une société de production en vue.

Elle accepte.

Catherine Deneuve, Jean Dujardin, François Berléand… Le prétendu casting s’annonce 5 étoiles.

Et le rôle est pour Julie.

Mais bientôt, le rendez-vous dérape.

Il faut « fêter ça », s’enflamme son hôte.

Elle refuse.

Il insiste.

Il lui sert un verre « du domaine de Brad Pitt et Angelina Jolie », puis un autre, et un autre encore…

Vient ensuite la vodka.

Puis la MDMA.

Et enfin, la cocaïne.

Sous leur effet conjugué, la jeune proie est tétanisée.

Julie se retrouve nue et se voit imposer des relations sexuelles, avec le renfort d’un godemiché.

Trois autres femmes décriront un scénario similaire, ponctué d’un « trou noir ».

Aveux à l’audience

Cyril Robert leur a fait miroiter la perspective d’une prétendue soirée chez José Garcia… opportunément tombée à l’eau.

Les victimes décrivent les manipulations qu’elles ont subies.

« Il me dit que le rôle est pour moi à 95 %. À 100 %, si je lui fais une fellation », déclare une jeune victime, citée par Le Parisien.

Elle refuse le chantage.

Manon (1), petite sœur de l’ex-compagne de Cyril Robert, a elle aussi été victime d’un cocktail fatal à base d’alcool et de drogues en 2010.

Elle avait 17 ans, lui 36.

Il la croyait consentante, tout comme les autres, assure-t-il.

Leurs récits l’ont fait évoluer.

« Putain de résistance » était au programme ?

« On aurait pu mettre en sous-titre : « Putain de traquenard » », assène Me Stéphane Roquebert, le conseil de Lucie (1).

Poussé dans ses retranchements par Me Benoît Chabert, avocat de Marilou (1), l’accusé finit par concéder un viol.

D’abord à demi-mot.

Puis plus clairement.

Mais avec des nuances.

« C’est moi qui ai proposé la drogue, j’ai été très insistant, je suis d’accord. Du coup, ça mène à un viol que je ne voulais pas », cite Le Parisien.

« Attirer, forcer, réduire au silence »

Depuis, l’affaire Weinstein et la révolution #MeToo ont changé le regard de la société.

Me Dylan Slama, l’avocat de la défense, l’évoque lui-même dans sa plaidoirie.

Certes, son client a manqué de vigilance.

Mais il n’y avait pas « pas d’élément intentionnel » de sa part, estime le pénaliste.

Voilà pourquoi, malgré les aveux de son client, il plaide l’acquittement.

Il l’obtiendra pour deux viols.

Cyril Robert est reconnu coupable de trois autres faits et d’une agression sexuelle.

L’avocat général Philippe Molderez avait dénoncé « un mode opératoire très clair : attirer les victimes, les forcer à avoir une relation, les réduire au silence ».

Et requis 15 ans de réclusion.

Acquittement partiel

La cour présidée par Jeanne Duyé s’en tient à 8 ans de prison.

« Même si les réquisitions ont été divisées par deux, la peine prononcée reste lourde.

Nous sommes toutefois satisfaits d’avoir été partiellement entendus puisque mon client a été acquitté sur deux viols, réagit Me Slama.

Je vais aller le voir en prison pour réfléchir à l’opportunité d’un appel. »

Avant de retrouver l’ombre carcérale, Cyril Robert a assuré être devenu un autre homme.

Il aurait ressenti une certaine « plénitude » en reconnaissant la responsabilité de ses actes.

Plusieurs victimes, pour leur part, en restent profondément marquées.

Pour Lucie, ce premier casting aura été le dernier.

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