Tarbes | Un père incestueux se dénonce aux forces de l’ordre

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“J’ai eu de mauvaises pensées dès la naissance de ma fille”
Un père incestueux s’est rendu en juin 2023 à la gendarmerie d’Ossun (Hautes-Pyrénées) pour avouer qu’il a attouché ses enfants quasiment dès leur naissance. Il a été condamné par le tribunal de Tarbes, tout comme sa femme poursuivie pour ne pas avoir dénoncé les faits.

Daniel D., ingénieur, un père incestueux s’est rendu en juin 2023 à la gendarmerie d’Ossun pour avouer qu’il a attouché ses enfants quasiment dès leur naissance.

Il a été condamné à 2 ans de prison dont 1 an avec sursis, à un suivi socio-judiciaire de 6 ans avec une interdiction de contact avec tout mineur non accompagné et toute activité en lien avec des mineurs pendant 10 ans, et au retrait de l’exercice de l’autorité parentale.

La mère à 1 an de prison avec sursis.

Un verdict prononcé par le Tribunal de Tarbes.

Vers qui se tourner pour décrire l’indicible et trouver de l’aide dans de pareilles circonstances ? L’affaire d’un père incestueux qui s’est dénoncé à la gendarmerie en juin 2023 a été jugée cette semaine devant le tribunal de Tarbes.

Un dossier aussi douloureux que perturbant tant les sujets de l’inceste et de la pédophilie demeurent les plus tabous dans notre société.

Pourtant, face à la recrudescence des viols et atteintes sexuelles sur mineurs dans notre département, comme à l’échelle nationale, elle nous enjoint de nous questionner : si nous ne sommes pas en capacité d’écouter les auteurs en proie à leurs déviances, combien d’enfants continueront à vivre un calvaire dans le huis clos familial ?

Il a fallu cinq longues années, et la dénonciation des faits par sa petite fille à sa mère, pour que Daniel D., ingénieur, décroche son téléphone dans l’espoir de trouver un thérapeute.

« J’ai eu de mauvaises pensées dès la naissance de ma fille »,

a-t-il reconnu devant une salle d’audience comble et les magistrats tarbais.

« J’avais des pulsions au moment de lui changer les couches, quand je lui donnais le bain ou quand on jouait à la poupée. »

Pâle, amaigri et tremblant, le père de famille a relaté comment il est devenu « sale » selon ses propres termes, envahi par des désirs sexuels contre nature qui se sont rapidement traduits par des passages à l’acte.

Daniel D., a avoué avoir léché le haut des fesses et caresser le sexe de sa fille nourrisson.

Des attouchements qui lui prodiguaient une excitation sexuelle, assouvie par masturbation dans les toilettes.

Jusqu’à ce que la petite fille dise stop avec ses mots d’enfant à l’âge de 5 ans.

« Ce jour-là, vous avez utilisé du gel lubrifiant »,

a précisé la juge assesseur Elisabeth Gadoullet qui a ensuite ajouté :

« Votre petite fille vous a dit que c’est « à maman qu’il faut faire ça ».

Une phrase qui a sonné la fin des agissements du père sur sa fille selon lui, et qui a suscité l’inquiétude des magistrats.

« On se questionne. Des caresses légères ne nécessitent pas de lubrifiant.

Et l’homme de rétorquer que

« c’était pour ne pas laisser de marques. »

Si la petite fille a fini par raconter à sa maman

« que papa a pris la crème qu’ils ont sous leur lit pour lui faire des choses »,

le père confronté à la colère de son épouse n’a pas osé lui dire qu’il a commencé à reproduire les mêmes faits sur leur fils tout juste né. Elle l’apprendra quelques mois plus tard.

« Quand ma fille m’a raconté, je l’ai crue. Le monde s’est écroulé »,

a décrit la mère de famille, poursuivie pour ne pas avoir dénoncé les faits aux autorités.

« Je suis passée par toutes les phases. Comment mon mari, cet homme qui m’a tout donné et avec qui j’ai construit une vie de bonheur, pouvait faire ça ? On a beaucoup pleuré et discuté, puis on a mis en place un protocole. »

L’épouse a ordonné à son mari de suivre des soins, et l’a de plus interdit de se retrouver seul avec les enfants.

« Je leur donnais le bain et je ne voulais plus qu’il les conduise en voiture sans moi. »

« Vous avez continué à vivre normalement en somme ? »,

a rebondi la magistrate.

« Non, j’ai eu une discussion avec ma fille et elle savait que si cela se reproduisait, elle pouvait me le dire. »

Une réaction égoïste selon le ministère public :

« On comprend qu’elle aime son mari. Mais son bien-être personnel aurait dû passer après celui de ses enfants.»

Si la situation a perduré ainsi quelques mois, Madame a posé un ultimatum à son époux en septembre 2022 après l’avoir trouvé en train de se masturber devant un manga pédopornographique visionné sur le darknet.

« Elle m’a mis dehors et ordonné de me faire soigner. »

Plusieurs mois se sont encore écoulés avant que l’homme ne trouve une oreille attentive :

« J’ai appelé plusieurs psychologues et psychiatres en leur racontant ce que j’avais fait. Personne ne voulait me recevoir. Seule une sexologue a accepté. Elle m’a dit qu’il fallait que je me dénonce, et qu’il fallait aussi que je me soigne. »

À l’issue de plusieurs séances, elle finira par l’adresser à son mari psychologue. En mai 2023, le père incestueux a fait le choix de quitter définitivement le domicile familial après un épisode de décompensation :

« J’ai dû appeler les pompiers et les gendarmes sont venus à la maison car mon mari n’était plus dans son état normal »,

a relaté l’épouse.

Brièvement hospitalisé en psychiatrie, il a assuré avoir tout avoué sans être pris au sérieux.

« Ce jour-là j’ai lâché prise. J’ai dit aux pompiers, aux gendarmes et au psychiatre que j’avais touché mes enfants. Ils ne m’ont pas cru ou entendu puisqu’on m’a laissé repartir. C’est à la sortie de ma première séance avec le psychologue que je suis allé me dénoncer. Il m’a dit de son côté qu’il se devait de me signaler. »

Finalement, l’homme a été placé en garde à vue en février 2024.

Me S. Balespouey, en charge de défendre les intérêts des enfants du couple, a déclaré que

« ce n’était pas aux époux de décider ce qui était bon de faire ou pas, mais à la justice. »

Un avis partagé par la procureure qui a requis 3 ans d’emprisonnement et un suivi socio judiciaire de 10 ans à l’encontre du père, et 2 ans de prison avec sursis pour la mère.

Pour Me Barnaba, avocat de la mère,

« elle n’a jamais remis en cause la parole de ses enfants et attendait inconsciemment cette dénonciation ».

Me Chevrier, conseil du père, a appuyé sur la démarche rare de son client.

« Il n’a jamais nié ses victimes. C’est l’honnêteté qui vient devant vous. »

 

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