Gilly-sur-Isère | Prison ferme et acquittement pour les deux hommes dans l’affaire de « chemsex »

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Soirée chemsex organisée via le site de rencontres “coco.gg”
La cour criminelle de la Savoie a condamné à 7 ans d’emprisonnement mercredi 15 mai, le plus jeune des accusés et acquitté le plus âgé, dans l’affaire de viols à l’occasion de « chemsex » (sexe sous stupéfiants) qu’elle jugeait depuis lundi 13 mai et dont avaient été victimes 2 mineurs début 2022

Actualisation du 15 mai 2024

Verdict dans l’affaire des viols aggravés par deux Savoyards de 27 et 47 ans de 2 mineurs de 16 et 17 ans en fugue d’un foyer de l’ASE lors d’une soirée chemsex organisée via le site de rencontres “coco.gg” .

Le plus jeune, Cyril Bribanick, a été condamné à 7 ans de prison ferme. Le plus âgé a été acquitté.

Le plus jeune, considéré comme le protagoniste “aux commandes” de la nuit libertine des 9 et 10 janvier 2022, a été jugé coupable de tous les viols reprochés ce 15 mai par la cour criminelle de la Savoie.

Tant sur la jeune fille, âgée de 17 ans lors des faits, que sur le garçon en transition de genre, âgé de 16 ans. Deux ados très fragiles, en fugue du foyer de Meyrieu-les-Etangs.

Le «plan cul à 3 avec prise de drogues» convenu entre lui et les victimes s’était achevé le matin du 10 janvier 2022, au domicile du plus âgé des accusés, à Gilly-sur-Isère (Savoie), après des étapes dans un hôtel de Bourgoin-Jallieu et un studio dans le centre de Chambéry. Les deux niaient les viols.

Le 2ème homme, âgé de 45 ans à l’époque, avait pris part aux relations sexuelles après avoir été contacté sur un forum internet spécialisé au cours de la nuit.

Lui a été acquitté. Son avocate, Me Solène Royon, avait demandé aux magistrats de s’interroger sur ce que son client «avait compris au moment des faits» du consentement ou du non-consentement des deux victimes.

«Tout le monde est d’accord : il n’était pas au courant qu’ils avaient pris de la drogue», a-t-elle rappelé.

En reprenant, surtout, les déclarations répétées de la jeune fille qui avait affirmé, en se décrivant sous l’emprise des stupéfiants excitants sexuels, «consentante par la parole et par les actes mais pas» dans son for intérieur.

«Elle est contre au fond d’elle-même mais ce n’est pas ce qu’elle montre. Mon client voit des jeunes sous adrénaline en fin de soirée, une fille défoncée, excitée et entreprenante.»

Malgré cela, au ministère public, l’avocat général Pierre Becquet, avait requis en faveur de sa culpabilité en considérant que le plus âgé avait fait preuve «d’une cécité difficile à admettre», d’une mise à profit de la situation, face à deux jeunes «pas frais», selon lui, «vulnérables» de manière évidente.

Il réclamait aussi la culpabilité pour le plus jeune des accusés.

«C’est lui qui fournit la drogue, c’est lui qui la donne à des doses jamais vues, c’est lui qui porte la responsabilité. On a l’impression que tout était programmé, qu’il était l’organisateur, le maître d’orchestre : partenaire particulier cherchait partenaires particulières…»

À la défense, Me Orlando Canton-Gonzalez et Me Arnaud Bouchard, plaidaient l’acquittement.

Leur client ignorait la minorité des victimes qui s’étaient déclarées majeures lorsqu’il s’était «renseigné sur leur âge» et, d’après leur lecture du dossier, «jamais la jeune fille n’a indiqué qu’elle s’est opposée verbalement ou physiquement» aux actes entrepris.

«Ce n’est pas parce que les plaignants sont déconstruits que notre client doit être condamné.»

Des victimes aux «profils improbables» selon l’avocate de la jeune fille et du garçon transgenre, Me Margaux Mediell.

Elle les a comparés à des personnages de mangas, «jeunes et vulnérables», se battant «contre l’injustice et pour leur dignité».

« Elles étaient d’accord pour certaines choses convenues. Pas dégueulasses, pas graveleuses, comme elles se sont passées. La drogue était le moyen pour les obtenir. Elles auraient subi tout ça pour quoi, alors ? Pour la recherche du plaisir ?»

Et elle a ajouté à l’adresse des juges :

«Vous êtes sûrs ?»

8 ans de prison étaient requis par l’accusation contre le plus jeune accusé, 3 ans avec sursis probatoire contre le plus âgé. Cyril Bribanick, 27 ans, a été condamné à 7 ans de prison et 3 ans de suivi sociojudiciaire avec injonction de soins.

Le plus âgé a été blanchi.

Source

Article du 13 mai 2024

Deux Savoyards de 27 et 47 ans sont jugés pour viols aggravés depuis ce lundi 13 mai par la cour criminelle de la Savoie après avoir été accusés de viols par 2 mineurs contactés sur un site de rencontre, avec lesquels ils ont eu des rapports sexuels sous l’emprise d’ecstasy et le 3-MMC

La question du consentement sous l’emprise de drogues utilisées par les accros du sexe est au centre des débats

Ils reconnaissent avoir eu des rapports sexuels avec les deux plaignants, mais consentis.

Cette « nuit libertine », entre le 9 et le 10 janvier 2022, a mis en présence un garçon de 16 ans en cours de transition de genre, une fille de 17 ans, et deux Savoyards, âgés lors des faits de 25 et 45 ans,

Le premier contact a été établi par le plus jeune des accusés avec la jeune fille sur le site de rencontre spécialisé “Coco.fr”, a priori réservé aux majeurs.

Un plan sexe a été convenu, la jeune fille viendrait accompagnée d’un garçon pour des relations à trois.

Elle a dit quels actes elle accepterait, lesquels elle refuserait. Cela a commencé dans un hôtel à Bourgoin-Jallieu.

Le plus jeune des accusés pensait la fille et le garçon majeurs. En fait, ils ne l’étaient pas.

Il s’agissait de mineurs fragiles, sujets à des conduites à risque, en fugue pour l’occasion de leur foyer où leur disparition a été immédiatement signalée, à Meyrieu-les-Étangs, commune où il était allé les chercher depuis Chambéry.

Après Bourgoin-Jallieu, cela a continué à Chambéry, dans un studio auquel avait accès le plus jeune des accusés. Avec des prises de drogue considérables et des rapports sexuels multiples et de toute nature. Avec et sans accessoires, comme cette “laisse humaine” dont il est question, avec et sans travestissements, avec et sans gestes de violence comme des gifles ou des fessées.

Un autre homme, mis hors de cause par un non-lieu, contacté sur le site de rencontre, a participé en milieu de nuit.

Et c’est le lendemain matin qu’est entré en scène, toujours par le biais du site de rencontre, le plus âgé des accusés. Le trio initial est allé chez lui, à Gilly-sur-Isère, où les relations sexuelles ont continué.

Au retour des mineurs au foyer, des plaintes ont été déposées et des lésions corporelles “compatibles avec leurs récits de la nuit” ont été constatées par un médecin légiste sur la jeune fille et sur son ami. Et que la présence de drogues diverses dans leurs organismes a été vérifiée.

La présence de MDMA, ecstasy, 3-MMC (3-méthylmethcathinone), un cocktail de drogues de synthèse utilisées par les accros du sexe, a été vérifiée.

« En concentration forte, en doses significatives, on est typiquement dans du “chemsex” », a commenté l’expert en toxicologie, le docteur Jérôme Grosjean.

Ces produits illégaux sont réputés aphrodisiaques et désinhibiteurs.

« Ce sont des psychostimulants forts qui altèrent la perception, la capacité de réaction, l’état de vigilance. Vous avez toutes les envies de plaisirs », sans forcément les désirer, sans les freins ni les limites.

D’après l’expert, la concentration de MDMA mesurée chez le garçon a « fait partie des records de l’année du labo ». Tous les protagonistes avaient pris de ces drogues.

Dans ce contexte de “chemsex”, qu’est-ce qui a pu être consenti ou pas, de quelle manière la douleur ressentie dont ont fait état les plaignants a-t-elle été exprimée et comment cela a-t-il été compris ou perçu par les deux accusés au moment des faits ?

C’est la question centrale qui occupe la cour criminelle qui va entendre les deux mineurs, ce mardi 14 mai, ainsi que les accusés sur le déroulement des faits.

Ils risquent une peine maximum de 20 ans de prison.

Verdict le 15 mai.

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