Gers | Une peine de 14 ans de prison pour viols incestueux sur sa belle-fille mineure
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 05/06/2024
- 19:09
Catégories :
Mots clés :
La question est posée par la présidente de la cour à la victime :
«Qu’est-ce que vous attendez de ce procès ?»
«Je souhaite que les faits soient reconnus par l’accusé», répond ce jeudi, d’une voix douce, Marine*.
Sous les yeux de son agresseur, elle décortique au fil des questions les 6 années durant lesquelles elle a été violée par son beau-père.
«À quelle fréquence ?» demande la cour.
«C’était variable […] Plusieurs fois par semaine», rétorque Marine, âgée de 11 à 16 ans au moment des faits.
Elle revient aussi sur la journée du 30 mars 2021.
Au détour d’une blague d’un de ses camarades sur sa grossesse (Marine a subi une IVG à l’hôpital d’Auch), lequel avançant que son beau-père serait le géniteur…
L’adolescente âgée de 16 ans, reste sans réaction.
Questionnée, elle finit par acquiescer d’un geste de la tête, avant de révéler au grand jour la relation incestueuse vécue avec Manuel*.
«Sans eux, je n’aurais pas pu le faire», notifie Marine, sans manquer de remercier ses camarades, qui, après avoir alerté l’infirmière scolaire, l’accompagneront à la gendarmerie, lui évitant ainsi de se retrouver sous le même toit que Manuel durant le 3ème confinement, entré en vigueur quelques jours plus tard, le 3 avril.
Manuel*, depuis le box des accusés, prend la parole : «J’ai de la peine pour toi, je m’excuse de ce que j’ai fait»
Des mots sur lesquels la présidente rebondit : «Pourquoi vous vous excusez si Marine était consentante selon vous ?»
Il peine à trouver les mots. Il se contente d’un simple «Oui» ou «Non» pour répondre aux questions.
Mais durant près d’une heure, la cour criminelle va l’assaillir de questions.
Manuel est «amoureux» de sa compagne, la vie sexuelle du couple est jugée «normale»…
«Alors, pourquoi va-t-il y avoir des relations sexuelles avec Marine ?»
À la barre, le maçon de profession maintient sa version, exposée lors de la lecture des faits, ce jeudi, en ouverture du procès.
Autre zone d’ombre : la date du début de la relation «interdite».
L’accusé ne cesse de changer de version.
Il a d’abord expliqué que ça ne pouvait pas être antérieur au confinement de mars 2020.
Face au juge d’instruction, Manuel* date cette fois-ci la 1ère relation sexuelle en 2019.
Ce vendredi, lors de son interrogatoire, il lui semble qu’elle remonterait finalement au retour d’un voyage au Portugal, à l’été 2018.
Pour son avocat, Maitre Roujou de Boubée, la question peut être posée mais n’est en rien cruciale.
D’autant que, pour lui, «il y a un énorme manque de preuves».
Avant d’étayer son argumentaire : «La demi-sœur a vu des choses dans la voiture et le salon. Quand est-ce que ça s’est passé ? Il y avait 5-6 personnes dans la maison toutes ces années, mais personne, à part la demi-sœur, n’a jamais rien vu». «Pourquoi croire plus la version de Marine que la sienne ?»
La question est posée à la cour et au public garnissant la salle d’audience. « Personne n’a la réponse…»
Seule certitude dans ce dossier : les relations sexuelles.
Elles sont reconnues depuis la 1ère audition, il y a 3 ans, de Manuel.
Et puis, son client, et c’est sur ce point qu’il attire l’attention, reconnaît de vive voix, ce vendredi, qu’elles se déroulaient «sous la contrainte».
De ce cheminement-là, Maitre Roujou de Boubée exhorte la cour à prononcer «une juste peine».
Une peine de 18 ans de prison a été requise par l’avocate générale.
«18 ans, c’est dans des affaires avec des faits incontestables ou quand il y a plusieurs victimes», souligne la défense. Surtout, que, depuis son incarcération provisoire il y a 3 ans, «il subit déjà la sanction».
Au final, la cour criminelle l’a condamné à une peine de 14 ans de prison.
Délestée de l’«emprise psychologique» exercée par son ex-beau-père, Marine ne souhaite qu’une chose : tourner la page.
(*) prénoms modifiés
Source(s):