Fontenay-le-Comte | Comment un club de handball a intégré malgré lui un pédophile
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 07/02/2020
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À l’heure où le monde du sport professionnel brise peu à peu le silence au sujet des agressions sexuelles sur mineur(e)s, les structures amateurs vivent, elles aussi, des traumatismes.
Il y a deux ans, un club de handball à Fontenay-le-Comte (Vendée), a ainsi vu arriver un bénévole qui semblait au-dessus de tout soupçon. Cet homme avait pourtant déjà été condamné plusieurs fois et avait interdiction d’approcher des enfants. Témoignage.
Le récit de Stéphanie Lettier, trésorière du club de handball de Fontenay-le-Comte (Vendée), est glaçant. Elle le dévoile pour que
« cela puisse permettre aux clubs de comprendre, et surtout qu’ils puissent éviter à l’avenir que des telles histoires se reproduisent ».
Le voici.
« Très vite, il a commencé à tisser sa toile »
« Ce fléau ne concerne pas que le sport pro, mais aussi des structures amateurs et elles ne sont pas armées suffisamment. Cela remonte à la saison 2017-2018. Nous avons vu arriver un jeune homme au club, la trentaine. Il venait d’un club où il avait déjà eu des responsabilités. Il déménageait et souhaitait s’investir dans notre club.
Nous, de notre côté, nous sommes un petit club, 150 personnes, avec seulement des bénévoles, pas de salarié. Comme on a toujours besoin d’aide, nous n’allions pas refuser ses services.
Il était déjà licencié en tant que dirigeant à la Fédération française, il a obtenu une nouvelle licence pour intégrer notre club, c’était parti. On l’a accueilli cordialement.
Très rapidement, il s’est retrouvé à effectuer des tâches bénévoles au sein du club, mais donc aussi en contact avec des enfants. Il notait les scores des matchs, il n’avait pas les clés d’une équipe, n’entraînait pas, mais avait la possibilité d’entrer en contact avec les enfants.
Assez vite, il a commencé à tisser sa toile, à repérer des victimes potentielles. En trois mois, il avait déjà pris des renseignements sur des enfants. Il en avait approché, il avait proposé à certains de venir regarder des matchs chez lui le week-end, d’aller au stade ensemble…
« Un enfant a alerté ses parents »
Finalement, un enfant a alerté ses parents, qui sont venus alerter le club. Nous sommes allés voir la gendarmerie et il a été arrêté. Dans son ordinateur ont été retrouvées 150 000 photos à caractère pédopornographique.
Jusque-là, nous avions eu un sentiment bizarre le concernant. Mais nous n’avions aucune preuve. Les gendarmes nous ont appris qu’en réalité, c’était un pédophile multirécidiviste, quelqu’un de très dangereux. Il avait déjà été condamné par la justice, avait fait de la prison pour des attouchements sexuels, etc.
Par chance, il n’est pas passé à l’acte dans notre club, aucun enfant ne s’est plaint de violences sexuelles, mais nous avons eu beaucoup de chance que cet enfant en ait parlé à ses parents. Nous avons été victimes de sa présence, pas de ses actes.
Par chance aussi, les enfants ne se sont pas rendu compte de ce qu’il se passait, du risque qu’il y avait et de la gravité des faits qui auraient pu se produire. Mais nous, oui.
Prévention et sensibilisation aux risques
Cet hiver, nous avons contacté l’association Colosse aux pieds d’argile, qui fait de la prévention et de la sensibilisation aux risques pédophiles, notamment en milieu sportif. Les enfants ont pu écouter et en parler.
Cette histoire soulève plusieurs problèmes, forcément.
Nous ne sommes que des bénévoles et nous n’avons pas la possibilité de lutter. Nous n’avons pas le droit, comme nous ne sommes pas employeurs, de demander à voir un casier judiciaire.
Autre chose : il avait une interdiction d’approcher des enfants, de par ses condamnations précédentes. Mais il a continué d’avoir des licences, car la Fédération, pour cela, ne demande à aucun moment de fournir son casier judiciaire.
Jusque-là, c’était un peu « fleur bleue », le monde du sport amateur… Même pour nos encadrants, qui ont leurs diplômes, on ne leur demande pas de fournir leur casier.
« On ne veut plus fermer les yeux »
Depuis, j’ai écrit à la Fédération française de handball et je sais qu’elle est en train de plancher sur le sujet.
Désormais, au club, on ne veut plus fermer les yeux. On a décidé de lutter, de rentrer dans le combat. Nous, victimes à notre manière, nous voulons montrer aux clubs amateurs que ce qui nous est arrivé peut très bien leur arriver. Nous voulons que nos dirigeants, aux instances, ne nous oublient pas. Qu’ils comprennent que nous, les clubs amateurs, pouvons être des proies faciles, malheureusement.
Depuis, cet homme a été condamné à de la prison pour le non-respect de son obligation de ne pas approcher des enfants, et pour la détention de ces photos à caractère pédopornographique. »
Source : ouest-france.fr
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