La tête engoncée dans le col relevé de son blouson, il refuse d’affronter le regard des magistrats.
Il garde ainsi les yeux rivés vers le sol et donne à voir l’image d’un enfant grondé après une grosse bêtise.
Mais à bientôt 30 ans, Gérard (*) n’est plus un gamin. Et sa comparution immédiate, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel d’Orléans, ne s’apparente pas à un coup de règle sur les doigts.
Voici une dizaine de jours, Gérard a mélangé de l’alcool et des médicaments. Peut-être pour en finir. Plus sûrement pour se libérer d’un secret obsédant et honteux.
Dans cet état de détresse, il a révélé à sa compagne les agressions sexuelles auxquelles il se livrait, depuis deux ans, sur leur fillette seulement âgée de sept ans.
“Je l’aimais comme il ne faut pas aimer”
Marion, nous l’appellerons ainsi, a tout confirmé. On lui a demandé combien de fois son père avait abusé de sa candeur innocente. Elle n’avait pas assez de doigts pour compter.
En garde à vue, Gérard a tout reconnu. Il a fait part des pulsions qui l’habitaient et contre lesquelles il ne parvenait pas à lutter.
« Ce n’était pas ma fille. Je l’aimais comme il ne faut pas aimer », confie-t-il au tribunal, tandis qu’une culpabilité infinie semble s’abattre sur ses épaules voûtées.
Les faits se sont déroulés à Fleury-les-Aubrais. Dans un appartement où Gérard, sans emploi, s’isolait chaque jour un peu plus. Les nuits, il les passait devant son ordinateur. Souvent, il visionnait des films pornographiques, en nourrissant le secret espoir que l’accumulation de ces images constituerait un exutoire à ses fantasmes inavouables.
Ce huis clos sordide servait de sinistre décor à ses passages à l’acte dont sa concubine ignorait tout.
“La peine maximale”
Le procureur de la République s’attache à tenir un discours teinté d’humanité. Face à « la détresse d’un homme qui, placé dans une situation d’enfermement, a consommé un enfant sexuellement », Alain Leroux réclame trois ans, dont deux ferme.
« Il est complètement abîmé par la vie. Il a été en proie à une confusion complète » observe son avocat, Me Hervois.
Gérard a la parole en dernier. En guise de châtiment, « pour avoir brisé ma famille », il réclame « la peine maximale ».
Le tribunal ne lui inflige pas les dix ans encourus, mais se conforme aux réquisitions du ministère public.
Gérard devra se faire soigner. A sa sortie de détention, il aura interdiction d’entrer en contact avec sa fille, en dehors d’un cadre judiciaire.
(*) Le prénom a été modifié.
Source: La République du Centre