Vexin-sur-Epte | Laxisme judiciaire après avoir abusé de ses petites-filles pendant 15 ans

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“Ses explications sont aussi épouvantables que ses actes pervers”
Habitant à Vexin-sur-Epte (Eure), il était jugé pour des faits d’agressions sexuelles commis sur ses petites-filles entre 1991 et 2006. Agé de 86 ans, il a été reconnu coupable.

Un calvaire qui aura duré quinze ans.

Mardi 12 décembre 2023, Michel R., un homme âgé de 86 ans et habitant de Vexin-sur-Epte (Eure), était jugé au tribunal correctionnel d’Évreux pour des faits d’agressions sexuelles sur des mineures de moins de quinze ans (à une exception près).

À la suite du décès de son épouse, il avait été dénoncé par ses quatre petites-filles qui avaient été abusées par lui entre 1991 et 2006.

Le papi « coquin »

Résidant à Fourges, commune de Vexin-sur-Epte, il exerçait le métier de gendarme et avait 54 ans lorsque les faits ont débuté.

À l’époque, il décide de louer un appartement à Lorient (Morbihan) pour se rapprocher de sa famille.

Retraité, le militaire s’était installé dans le même immeuble que ses proches, et avait pris l’habitude de s’en prendre à ces jeunes filles.

Pendant l’audience, les quatre sœurs ont témoigné des caresses et baisers, dans le cou ou sur une cuisse, pendant que le grand-père leur montrait des revues ou films pornographiques.

Ce dernier se disait « coquin » et incitait l’enfant à « faire une caresse à pépé » tout en ouvrant sa braguette.

La nuit, il se levait pour « coller » son sexe en érection contre l’une de ses victimes endormies. D’ailleurs, l’agresseur sexuel avait surnommé deux de ses descendantes ses « deux petites bonnes femmes. » Il obligeait ses victimes à regarder des photos d’hommes nus.

En 2005, l’une des petites-filles avait révélé ces agressions incestueuses à sa mère, qui avait décidé de rompre les liens familiaux avec le grand-père.

Malgré tout, ce dernier n’hésitait pas à envoyer des lettres enflammées qui continuaient de bouleverser les adolescentes.

C’est au décès de la grand-mère, en octobre 2020, que les victimes décident de déposer une plainte conjointe en 2021.

Dénonciation tardive

Lors du jugement, le président Bertrand Brusset a exposé les multiples atteintes contre le quatuor, à quelques mètres seulement du prévenu qui a nié tout en bloc.

Michel R. a nié toutes les lettres d’amour adressées à ses petites-filles, tout comme les gestes d’agressions physiques et sexuelles.

« Montrez-les ! C’est un montage », s’est emporté l’octogénaire, qui n’avait pas d’avocat puisqu’il se dit innocent.

Si cette dénonciation est arrivée tardivement, c’était avant tout pour préserver la grand-mère.

C’était un secret de famille bien gardé, mais qui avait provoqué notamment : une tentative de suicide, des troubles émotionnels importants, divers traumatismes et troubles psychiatriques traités et avérés par des rapports d’expertises. La cadette est d’ailleurs encore suivie pour son traumatisme psychologique.

Une tentative de suicide

« Je ne vois pas le mal qu’il y a ! Elle n’est ni agressive ni anormale », a affirmé le prévenu lors de la lecture d’une des lettres d’amour, par le président de l’audiences, envoyées à ses victimes.

« C’est un complot élaboré avec ces quatre filles ? Cohérent, pour un ancien gendarme », a conclu le président, un peu agacé.

Les quatre sœurs ont raconté leurs agressions et les craintes de les dénoncer. Selon leurs dires, leur mère avait peur d’en parler à la grand-mère.

« C’était un dieu quoi », précise l’une d’elles.

Quant à leur père :

« Il était très effacé et n’avait pas vraiment réagi. »

Selon l’expertise, le grand-père :

« Ne présente aucune altération de ses facultés et possédait tout son discernement à l’époque des faits. Il est encore pleinement responsable de ses actes. »

Me Francis Delacroix, avocat des parties civiles, estime que le prévenu tente toutes les manœuvres pour se dire innocent.

« Ce n’est pas de l’amour de grands-parents comme il dit. Il faut que ces quatre femmes déconstruites entendent la sanction et soient dédommagées », proteste l’avocat, rappelant le « climat incestueux entretenu par l’ex-gendarme qui se sert de son aura. »

Ses victimes savaient qu’il ne dirait rien, et encore d’avouer.

Le substitut du procureur, Théo Touzeau, a rappelé que le retraité avait simulé pendant les examens et que son casier judiciaire était néant.

« Ses explications sont aussi épouvantables que ses actes pervers, estime le magistrat. Plus que l’importance de la peine, il faudra entendre le calvaire subit par les adolescentes : un sabotage affectif commis par un grand-père adulé et respecté. »

Peine de deux ans avec sursis requise

Le substitut du procureur a aussi remarqué l’agressivité dont fait preuve le prévenu, qu’il juge inquiétant. Il a requis une peine de deux ans de prison avec sursis, ainsi qu’une interdiction de contact avec les victimes.

Le tribunal a requalifié les faits et prononcé une peine de prison de trois ans, dont deux avec sursis, et interdisant tout contact (même écrit) avec ses petites-filles durant trois ans.

Il devra les dédommager à chacune 5 000 euros, sans compter 500 euros pour leurs frais de justice.

Le tribunal a constaté également d’office l’inscription au Fichier national des agresseurs sexuels (FIJAIS). La partie ferme de prison sera effectuée, sous des horaires stricts, sous bracelet électronique et à son domicile de Fourges.

Volontaire, aucun nom ou lieu de résidence des victimes n’a été indiqué. Aucune n’habite dans la région.

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