Eure | Un père gaillonnais condamné pour agressions sexuelles sur ses fille et nièce

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« Je m’en fiche, je serai nourri et logé»
Un homme de 47 ans installé au moment des faits dans la région de Gaillon a été condamné à trois ans de prison, dont un avec sursis, pour des faits d’agressions sexuelles commis sur sa fille et sa nièce il y a plus de dix ans. Les deux victimes étaient alors mineures.

Il est des audiences où la noirceur et les travers délictueux peuvent prêter à sourire, à écrire et raconter sans état d’âme, des histoires de vol ou d’escroquerie, en tenant compte de ce que peuvent ressentir les victimes.

Il en est d’autres qui posent questions…

L’audience de mardi au tribunal judiciaire d’Évreux, en partie consacrée à une affaire d’agression sexuelle, et plus précisément à un « viol correctionnalisé », comme on dit dans les prétoires, était de celles-là.

Les deux victimes, aujourd’hui majeures, étaient âgées de 6 et 7 ans au moment des faits.

Elles mettent en cause le père de l’une d’elles, l’accusant de gestes déplacés et de pénétrations.

Digne et sobre, la fille du prévenu, les jambes tremblantes, éclate en sanglots :

« Papa je t’aime, je ne veux pas que tu ailles en prison. Je veux simplement que tu reconnaisses ce que tu m’as fait. »

« Je serai nourri et logé »

Sans emploi, déclarant ne plus travailler depuis des années et passer son temps devant une console de jeux vidéo, il n’aura aucune réaction et nie toujours les faits.

Le procureur adjoint, tout comme le président du tribunal Franck Doudet, ont tenté de le faire parler.

« Vous risquez de la prison ferme »

l’a menacé ce dernier.

« Je m’en fiche, je serai nourri et logé »

a rétorqué le prévenu à la chevelure gominée et au regard absent, comme s’il assistait au procès d’un autre.

Dans ses réquisitions, le ministère public évoque la seconde victime, qui n’est autre que la nièce de l’Eurois.

Bien que réticente, elle déclare finalement :

« Il m’a mis un doigt dans le vagin. »

Les avocates des victimes, Mes Martine Legendre et Émilie Haussetête, réclament 5 000 € et 10 000 € de dédommagement.

Le parquet, lui, est revenu sur la longueur de la procédure.

Quatre ans durant lesquels les parties ont campé sur leur position.

À l’encontre du père incestueux, il requiert cinq ans de prison, dont trois de sursis probatoire accompagné d’un mandat de dépôt.

« Voilà deux vérités qui s’opposent, mettant en doute et en cause des réactions purement émotionnelles, sans preuve »

a plaidé Me Laurent Taffou en faveur du prévenu.

Le père de famille a été condamné à trois ans de prison, dont un de sursis probatoire comportant des obligations de soins, de travail et d’indemnisation des victimes.

Mais il n’a pas été incarcéré à l’issue de l’audience. Elles recevront 5 000 € et 6 000 € chacune.

La peine sera également inscrite au fichier des délinquants sexuels.

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