Douai | 30 ans après les faits, un ancien professeur de l’Ecole Saint-Joseph condamné à 4 ans de prison pour agressions sexuelles sur des mineurs du Primaire

L’instituteur modèle de l’école Saint-Joseph avait abusé de trois élèves

La façade de l’école Saint-Joseph, vue du parvis de Monseigneur Génie, à Douai.

 

Un ancien enseignant de l’école Saint-Joseph, à Douai, a été condamné à quatre ans de prison ferme, ce lundi, par le tribunal correctionnel de Lille pour avoir agressé sexuellement plusieurs de ses élèves.

Face à la présidente Audrey Bailleul, au tribunal de Lille (1), seul un homme se tient debout, Michel Bonnier, 65 ans, désormais retraité.

Ce procès-là tire pourtant tous azimuts.

« Au nom de l’institution judiciaire, je présente mes excuses aux victimes »,

annonce la procureure Sophie Noël. Dans ce dossier, entre traumatisme, omerta et, aussi, atermoiements sur les recours légaux, d’anciens écoliers ont dû patienter plus de trente ans pour entrevoir un début de justice.

Les débats rappelleront cependant qu’un autre procureur, à Douai, a su redonner espoir à des plaignants craignant une double peine. D’une part, les jeux sexuels d’un « enseignant modèle » subis à huis clos. De l’autre, une menace de prescription (date butoir permettant au bourreau d’échapper à ses responsabilités) finalement (au moins en partie) écartée.

« On va jouer à un jeu »

Sur le banc des parties civiles, un quasi quadragénaire. Lui a déposé plainte dans les temps, mais longtemps, très longtemps, après une sinistre année de CE 2. Dans ce corps d’homme, barbu et à lunettes, un petit garçon se débat encore face à l’injustice.

« On va jouer à un jeu, lui a lancé Michel Bonnier, en tête à tête dans sa salle de classe de l’école Saint-Joseph de Douai. Touche les parties de mon corps ! »

Dans le prétoire, une longue liste de sévices se dévide. C., le petit garçon-quadra, ferme les yeux. Michel Bonnier, lui, ouvre à peine la voie vers la vérité. Face à la police, il a fini par avouer ses écarts sur trois anciens élèves. Du bout des lèvres, il admet « des pulsions ». Mais, craignent ses adversaires, l’homme reste dans la toute-puissance. Même face à des magistrats endurcis, il maintient un cap. Michel Bonnier s’est, jure-t-il, toujours auto-maîtrisé.

« J’ai tout de même passé trente ans, rappelle l’enseignant, à propos de sa carrière. Il n’y a rien eu. »

Une pincée de dérapages en un tiers de siècle.

« Les parents se battent pour lui confier leur enfant »

Les juges, les avocats des victimes, Patrick Delahay, Anne Fougeray ou Patrick Kaczmierzak, font la moue. Ils pensent à A. qui dès le CP, tentera d’alerter sa famille. Réponse de la mère : une immense gifle. Michel Bonnier est alors une icône.

« Les parents se battent pour lui confier leur enfant »,

grimace une robe noire. Il y a également cette ex-élève des années 1980. Elle déposera plainte trois décennies plus tard. À propos de Bonnier, un inspecteur d’académie écrira :

« Je serais très étonné que les faits relatés soient réels. »

La plainte sera classée sans suite. Le 1er avril 2019, Michel Bonnier, défendu par Alban Deberdt, écopera de quatre ans de prison pour des agressions sexuelles sur A. et C. La peine n’est pas aménageable et n’est pas non plus définitive : ce mardi, Alban Deberdt a annoncé son intention de faire appel.

1. Le procès a été dépaysé à Lille du fait des liens professionnels de l’une des parties civiles avec le tribunal de grande instance de Douai.

Source : lavoixdunord

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