Divion | Le sinistre tonton forçait les enfants à manger leurs excréments, 5 ans ferme
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 12/12/2017
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C’est un autre monde. Où la protection parentale est un naufrage, où des pratiques barbares tiennent lieu d’éducation. Cela se passe à Divion, près de Bruay-la-Buissière, durant l’été 2016. Le sinistre « tonton Marc » dort heureusement en prison…
Pas une larme, pas un sanglot.
Rien ne transparaît sur le visage de Marc B*., 53 ans.
Aucune réaction non plus chez ses proches assis dans la salle.
Mais le plus incroyable, c’est que Fabienne B. reste elle aussi de marbre.
La Saint-Poloise de 35 ans écoute les horreurs qu’ont subies cinq de ses enfants, âgés de 3 à 11 ans.
Elle était là, elle n’a rien dit, rien fait.
Au tribunal d’Arras, le récit, terrible, glisse sur elle.
Celle qui n’a jamais travaillé de sa vie fuit son mari violent et quitte le domicile conjugal l’an dernier.
Elle va se réfugier chez son demi-frère, Marc B., chômeur lui aussi, à Divion.
Durant les deux mois de l’été 2016, les enfants vont vivre l’enfer.
Il y a des coups de ceinture, des mises au coin à genoux, les mains sur la tête.
Et la barbarie.
Plusieurs fillettes défèquent dans leur culotte après s’être longuement retenues, tant la tension est grande dans ce foyer mal entretenu.
« Pour plus qu’elles pissent, je leur fais manger leur maronne ! », se vante Marc B. devant l’assistante sociale qui finit, après moult tentatives, par accéder au logement.
Les enfants sont placés en urgence dans des familles d’accueil.
Ils ne parleront que de longs mois plus tard.
« Tonton Marc », comme disent les petits, leur frottait leur culotte souillée sur le visage en guise de leçon.
« Il leur faisait littéralement bouffer leur caca », abonde la compagne de B., face aux gendarmes.
Toute la maisonnée vit dans la terreur installée par l’homme.
À tel point qu’il pratique aussi des attouchements sur plusieurs enfants… sous le regard parfois direct de leur mère.
La scène se répète chaque jour, lorsqu’il les lave.
« J’ai rien fait parce que j’avais peur de sa violence », dit Fabienne B.
Pourtant, elle quittait la maison le soir pour retrouver son nouveau petit ami.
Laissant les fillettes dormir dans la même chambre que leur oncle.
« J’ai jamais fait de mal à mes enfants », avance encore la femme.
Quelle défaite.
Lundi, elle donne l’impression d’être coopérante (elle l’était moins durant l’enquête) afin de retrouver la garde des enfants… et de récupérer ses allocations.
« On est dans un milieu social très peu porteur, avec ces carences éducatives importantes, euphémise la procureure Élise Bozzolo.
Il y a une extrême banalisation des choses violentes. »
Un jour, Marc B. a bu du désherbant mélangé avec de l’alcool après un pari stupide.
Des OVNIS…
«À trois ans, la petite parle le patois!»
Où sont les limites, quelles sont les bornes morales chez Marc B. et son entourage ?
C’est une question qu’il faut se poser au moment de juger.
« Nous sommes dans un milieu culturel qui n’a rien à voir avec le reste de la société, relève la procureure Élise Bozzolo, qui porte l’accusation.
La petite de trois ans parle le patois.
C’est fou, ça doit être la seule du Pas-de-Calais !
Cet homme fait régner la tyrannie autour de lui, il s’autorise à commettre des abus en public, ce qui témoigne d’un milieu culturel très limité. »
Avocate de la partie civile, au profit des enfants, Ginette Pagin manque de mots pour exprimer son indignation.
« On devrait inventer, en expertise, un coefficient d’empathie.
Monsieur en est totalement dépourvu !
Pour lui, les douches froides, ça peut avoir un intérêt.
Sortir la ceinture aussi.
Je me suis dit qu’il avait sans doute été lui-même abusé.
Non !
Cette attitude confine à l’imbécillité, questionne l’intelligence de cet homme.
Heureusement qu’il y a l’institution, qui a littéralement sauvé ces enfants. »
Pourquoi pas aux assises?
La gravité et la violences des faits aurait pu conduire leur auteur devant une cour d’assises.
La peine encourue aurait été bien plus importante.
Marc B. y a échappé parce que les examens des enfants ont montré qu’il n’y avait pas eu de pénétrations, même digitales, malgré les témoignages des enfants qui disaient l’inverse.
Il peut aussi paraître étonnant que le quinquagénaire a été jugé sous le régime de la comparution immédiate, donc rapidement.
« L’enquête a permis de réunir tous les éléments rapidement, je n’ai pas eu besoin de saisir un juge d’instruction, justifie la procuruer Élise Bozzolo.
Si on avait suivi cette voie, cela prend beaucoup plus de temps, le prévenu peut demander sa libération en attendant le procès et il y avait des risques pour la société. »
Beaucoup de monde, dont des enfants, passaient en effet chez Marc B., à Divion.
Les peines prononcées
Marc B. est condamné à cinq ans de prison et a été maintenu en détention.
Il aura ensuite l’obligation de se soigner et l’interdiction d’entrer en contact avec ses victimes et toute personne mineure.
S’il ne s’y conforme pas, il repartira en détention pendant trois ans.
Fabienne B. écope, elle, de deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve durant deux ans.
Elle n’a pas été écrouée.
Elle doit travailler et suivre des soins psychologiques.
Les deux devront aussi indemniser les enfants (le montant sera déterminé plus tard).
(*) Nous n’indiquons pas l’identité des deux prévenus afin de préserver l’anonymat des victimes mineures, et ainsi de les protéger.
Source : La Voix du Nord
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