Dieppe | Un père condamné à 18 mois de prison pour agression sexuelle incestueuse

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“Qu’est ce qu’il se serait passé ce soir-là si vous n’aviez pas été interrompu ? “
Lundi 6 décembre 2021, le tribunal correctionnel a condamné un Dieppois de 41 ans à 18 mois de prison ferme pour agression sexuelle sur sa fille.

Âgé de 41 ans, le Dieppois a du mal à soutenir le regard et les questions de la présidente du tribunal correctionnel.

Lundi 6 décembre 2021, l’homme était jugé pour agression sexuelle incestueuse.

La victime ? Sa propre fille, âgée de 14 ans au moment des faits.

Présente dans la salle, c’est elle qui a souhaité que l’audience ne se déroule pas à huis clos comme la loi l’autorise lorsque les victimes sont mineures.

Son avocate explique:

« C’est la première chose que je lui ai demandée. Elle a été très claire. Elle a estimé qu’elle n’avait pas à avoir honte de son statut de victime. Elle voulait également être là car elle a besoin de savoir ce que son père va dire. »

De multiples gestes

Le prévenu a énormément de mal à prendre la parole au moment de revenir sur ses actes.

Le 6 octobre dernier, il multiplie les gestes et les attitudes déplacés.

Sous prétexte d’un massage, il touche la poitrine de sa fille dans le salon.

Il est interrompu par l’arrivée de son autre fille, plus jeune.

Dans la soirée, il pénètre dans la chambre de sa victime alors allongée sur son lit.

Il l’embrasse « langoureusement » après lui avoir mis la main sous les fesses avant d’aller encore plus loin en lui caressant le sexe.

Une nouvelle fois interrompu par l’arrivée de sa plus jeune fille, il reprendra plus tard dans la soirée.

Cette fois, il fait venir sa fille dans la chambre parentale, lui prend la main, la pose sur son sexe et mime une masturbation.

Un signalement à l’école

Mais il est interrompu une fois de plus par un appel de sa femme.

L’ultime épisode a lieu le lendemain matin, dans la cuisine.

Là, il touche à nouveau la poitrine de sa victime.

C’est elle qui va donner l’alerte.

En arrivant à l’école, elle évoque ces scènes avec ses amis avant d’aller voir l’infirmière scolaire et de répéter son récit.

L’infirmière fait immédiatement un signalement et appelle la mère de l’adolescente.

Cette dernière demande alors à la voisine du couple de venir chercher sa fille et de l’emmener déposer plainte au commissariat.

Le père sera interpellé quelques minutes plus tard.

La présidente demande au père:

« Qu’est-ce que vous voulez dire après cette lecture des faits monsieur ? »

Le prévenu répond tête basse:

« C’est vrai ce que vous avez lu et dit madame »

La présidente enchaîne:

« Qu’est ce que vous en pensez monsieur ? »

Le prévenu continue:

« Je ne sais pas ce que j’en pense. C’est une grosse grosse bêtise ce que j’ai fait à ma fille »

La présidente poursuit:

« La question qu’on se pose monsieur, c’est qu’est ce qu’il se serait passé ce soir-là si vous n’aviez pas été interrompu ? »

Il assure:

« Je ne sais pas. Je me rends compte que j’ai fait une grosse connerie sur ma fille. L’objectif, ce n’était pas autre chose que de la toucher »

« Assez révoltant »

Des affirmations mises en doute par la présidente qui demande ensuite au prévenu comment il explique ses gestes:

« Depuis que le petit est arrivé, madame m’a délaissé, je pense que c’est à cause de ça. »

 

Réponse sans équivoque de la présidente :

« Monsieur, ce que vous venez de dire est assez révoltant. Quand bien même votre femme vous aurez délaissé, rien ne justifie vos actes. »

L’homme baisse la tête.

Avant les faits, ce dernier était inconnu des services de police.

Son casier judiciaire ne mentionne aucune condamnation.

Mais les faits en eux-mêmes suscitent de l’inquiétude chez l’avocate de la partie civile :

“Ce qui est inquiétant, c’est qu’il n’a jamais, de lui-même, réussi à s’arrêter”

Le procureur de son côté revient sur des déclarations faites par le prévenu lors de ses dépositions :

« Il y a des propos qui choquent. Vous dites quand même être prêt à faire de la prison pour cette gamine en parlant de votre fille. »

Une vertu reconstructive ?

Les réquisitions sont lourdes puisque le ministère public réclame quatre ans de prison dont deux avec sursis ainsi qu’un suivi socio-judiciaire de cinq ans avec trois ans de prison supplémentaire en cas de non-exécution de ce suivi :

« J’espère que la peine aura une vertu reconstructive pour la jeune victime »

Mais l’avocate du prévenu va regretter dans sa plaidoirie que la justice et le tribunal ne veuillent pas tenir compte de l’expertise psychologique qui a été faite de son client :

“Il y a des faits qui sont graves mais quelle personne saine d’esprit et intellectuellement cohérente évoque un délaissement de l’épouse pour justifier d’une agression sexuelle incestueuse, il n’y a aucun calcul, mais une déficience mentale mise en avant par l’expertise qui évoque des capacités de raisonnement et de jugement altérés par cette déficience mentale”

Elle demande que cela soit pris en compte dans le jugement.

Une altération prise avec réserve

Le prévenu sera finalement condamné à 18 mois de prison ferme avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans et une peine de trois ans de prison supplémentaire en cas de non-exécution du suivi.

Il a également interdiction de contact avec sa fille.

Il devra lui verser 3 000 € à titre de dommages et intérêts.

La présidente conclut:

« Le tribunal a également décidé de ne pas écarter l’altération du discernement tout en la prenant avec réserve »

Le prévenu fait l’objet d’un mandat de dépôt différé au 20 décembre prochain.

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